Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Une vie brisée


Par : sazetre
Genre : Sentimental, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 14 : Mon Secret


Publié le 26/05/2012 à 17:23:56 par sazetre

Peu à peu, ma conscience refit surface. Je n’ouvris pas les yeux tout de suite, essayant de replacer les événements. Anna, Alexis, l’unité de mon père, cette douleur que j’ai ressentie. Malgré mes yeux fermés, des larmes s’écoulent le long de mes joues. Je me souviens peu à peu, ma colère, mon désir de vengeance. Ils paieraient, ils paieraient pour tout ce qu’ils ont fait à Anna, je les tuerais pour ça. Mais je devais devenir fort, bien plus fort, je devais avoir un plan. C’est alors que je me rappelai : je m’étais écroulé sur le sol dehors, or j’étais dans un lit, la tête posée sur un oreiller, qui n’était pas le mien, je le sentais.
 


J’ouvris les yeux. J’étais dans une chambre, mais ce n’était pas la mienne, ce n’était même pas chez moi. C’était une pièce assez spacieuse, aux murs blancs, une fenêtre sur ma gauche, à ma droite une armoire. Les murs étaient recouverts de posters et photos en tout genre, mais une seule image m’interpella. Une photo, je la connaissais, c’était la même que celle que mon père m’avait laissée.
Je sortis du lit, m’habillant avec les habits mis à côté du lit, c’était mes habits, je le savais, quelqu’un était donc entré chez moi. Je sortis de la chambre, et me retrouvai dans un long couloir, qui mena dans un cuisine. De cette cuisine émanait de la musique, une musique entrainante que je ne connaissais pas. Un homme était en train de cuisiner, je le reconnus de suite à sa carrure, c’était l’ami de mon père.
« -Hum… Bonjour.
Salut.  Me répondit-il, sans se retourner.
-Je… Merci pour hier soir.
-De rien, mais apparemment tu te débrouillais plutôt bien tout seul.
-Comment ça ?
-On vous observait depuis quelques minutes, ta copine nous avait appelé, elle avait entendu ce qui se passait, on est arrivé quand tu t’es dégagé de l’autre costaud, impressionnant, c’est ton père qui t’a appris tout ça ?
-Eh bien, oui, mais je n’ai pas été assez fort.
-Ils se sont attaqués de façon lâche à ta seule faiblesse, celle de ton cœur, mais c’est ce qui fera aussi ta plus grande force, car pour la défendre tu es prêt à tout.
- Comment va-t-elle ?
-Eh bien… J’ai soigné tes blessures, mis à part une sacrée écorchure à la lèvre tu n’as que des bleus et sur le corps, ils ne se voient pas, mais pour elle, je l’ai laissée au médecin de l’unité, c’est une femme ne t’inquiète pas, mais je crains qu’elle soit plus amochée que toi.
-Quand puis-je la voir ?
-J’irai tout à l’heure, tu pourras venir, mais en attendant mange, tu dois avoir faim, et tu me diras ce que tu veux me dire après. »
Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire par « ce que tu voudras me dire »,  mais je ne relevai pas, c’était vrai, je mourrais de faim, et il avait fait des œufs au bacon, mon petit déj’ préféré.
 

Nous mangeâmes dans le silence, chacun préférant garder ses pensées pour lui-même. Une fois le repas fini, il décida d’aller courir et ajouta que je pouvais l’accompagner si je le voulais. J’acceptais, de l’endurance ne serait pas de trop pour mon grand projet. Nous avons couru ainsi pendant une heure et demie, sans pause, sans parole, chacun avait mis ses écouteurs sur ses oreilles. J’aimais courir, cela me permettait de penser, de faire le vide et de ne me concentrer que sur l’important. Je pensais à Anna, à la veille, à ma colère, et surtout à ma vengeance. Pendant tout ce temps, je calculais ma vengeance, cherchant les points faibles de chacun, le bon moment pour frapper, quand, comment. Ma haine s’intensifia au fil du parcours, et sans m’en rendre compte, ma personnalité changeait peu à peu, je devenais froid, calculateur, sans pitié, je les tuerais dans la douleur, ou je mourrais dans la honte. Une fois rentrés, nous prîmes une douche chacun. J’étais pressé de partir voir Anna, elle me manquait, j’avais peur pour elle, je voulais absolument être avec elle, la consoler, lui montrer que je serais toujours présent, que plus personne ne lui ferait jamais de mal tant que je serais là.
 

Nous partîmes vers 14h et arrivâmes vers 14h30. Tout le trajet, je n’ai cessé de me demander comment elle avait, je m’imaginais ce que j’allais lui dire, si elle allait pleurer, si elle était traumatisée. Je n’avais jamais été bon pour consoler les gens, j’avais toujours fait plus de mal qu’autre chose en voulant faire bien, j’avais peur de faire pareil avec elle. Nous entrâmes. Je vis d’abord une femme, grande, la trentaine, elle avait néanmoins une carrure anormale pour une fille. Elle imposait le respect et montrait une grande force mentale, beaucoup de sang-froid. Ils se firent un signe, puis elle me dit où se trouvait Anna. Elle ajouta qu’elle ne savait pas que j’allais venir et que je ne devais surtout pas la brusquer, qu’elle risquait d’être choquée. Je m’avançai vers la porte, chaque pas me donnant l’impression d’approcher de la potence. Je mis la main sur la poignée de la porte, inspirai un grand coup, et ouvris la porte. Anna était allongée sur un lit, encore endormie, son visage présentait une marque bleue au niveau de la joue, et je supposai qu’il devait en être de même pour son corps. Je caressai sa joue, malgré la marque qu’elle avait, elle restait magnifique. Je m’allongeai à côté d’elle, la serrant dans mes bras. Elle bougea se retourna, un sourire sur les lèvres, les yeux toujours fermés. Je lui murmurai un petit bonjour, auquel elle me répondit en m’embrassant. Je l’enlaçai par la taille, appréciant la chaleur de son corps. Anna rompit le contact de nos lèvres, me regardant avec effroi
« -Tu vas bien ? me demanda-elle.
-Je vais plutôt bien, mais c’est surtout pour toi que tu devrais te poser la question.
-ne t’inquiète pas pour moi Daniel, je suis plus forte que tu ne le crois.
-Oui, j’ai  vu cela, merci beaucoup de les avoir appelés.
-C’est normal, même si tu te débrouillais bien, je savais que tu ne pouvais pas gagner.
-Ils me le paieront, ils paieront le mal qu’ils t’ont fait.
-La vengeance n’est pas une solution tu le sais.
-Non mais elle apaise, et cette vengeance sera bien plus grande que ce que tu imagines.
-Et que vas-tu faire ? Les tuer peut être ?
-Tu as tout compris.
-Je te l’interdis Daniel, si tu les tues tu iras en prison, qu’est ce que je ferai sans toi ? Et tu imagines seulement, me dire que je suis amoureuse d’un assassin ?
-Tu seras amoureuse d’un homme qui tue ceux qui font du mal à celle qu’il aime, et un bon assassin ne se fait pas prendre.
-Arrête Daniel, tu ne peux pas faire ça, jte l’interdis.
-D’accord… »
Non, ce n’était pas d’accord, ils auraient ce qu’ils méritaient, pas de place pour la pitié ou la culpabilité, je les tuerais tous.
 

Nous passâmes le reste de l’aprem chacun dans les bras de l’autre, profitant de ce moment pour chacun consoler  l’autre, elle était tellement gentille, c’était elle qui avait le plus souffert mais elle ne se plaignait pas, elle restait forte, je la respectais pour ça.
 

Nous rentrâmes le soir, dans la voiture, je demandai :
«- J’ai quelque chose à vous demander…
-je sais, et la réponse est oui, je t’apprendrai tout ce que tu voudras, le maniement des armes, le combat au corps à corps, et tout le reste.
-Merci vraiment, je vous le revaudrai.
-Pas la peine. Ah et au fait, je m’appelle Christophe.
-D’accord, je m’en souviendrai.
-On attaque la première leçon ce soir, dès qu’on rentre.
-D’accord. »
Je me préparai mentalement, heureux que mon plan se mette peu à peu en place.
Nous arrivâmes chez lui, et il me guida non pas dans la maison, mais dans le garage, qui était en fait… Une salle d’arme. Je n’en revenais pas, il y avait tout, des armes à feu, des équipements de combat au corps à corps, je me sentais intimidé par tout ça. Christophe me regarda et commença :
« -j’ai vu que ton père t’a un peu appris à te battre, mais tu ne sais pas quoi faire contre plus d’une cible, de plus, tu ne sais manier ni le couteau, ni les armes à feu, tu ne sais pas agir furtivement et encore moins récolter des informations sur ta cible, en conclusion, tes chances de tuer tes cibles sans te faire repérer  sont proches de zéro.
-Euh… Mais attendez, vous êtes qui exactement ?
-Là n’est pas la question, mets toi en garde. »
Je me mis en garde, attendant les instructions. Il n’y en eut pas, il m’attaqua sans prévenir. Son poing s’abattit sur mon visage, j’avais mal. « Relève toi. » me dit-il. Je m’exécutai. Il frappa à nouveau, mais cette fois j’esquivai le coup, frappant à mon tour. J’étais sûr de toucher, un sourire se dessina sur mon visage, mais au dernier moment, mon poing dévia vers le bas à gauche. Je regardai, il avait bloqué mon poing avec le plat de sa main. Il souriait. Il releva la main et me frappe de la paume dans le plexus, m’envoyant voler avec une force incroyable. Je me retrouvai au sol, sonné, une douleur traversant mon torse.
-Intéressant, tu es rapide, tu as des réflexes, tu apprendras vite je le sens.
-Mais… C’est fini pour aujourd’hui ?
-Oui je voulais juste voir tes capacités, et je ne suis pas déçu, reviens le mercredi après-midi et le vendredi soir, je t’apprendrai tout ce que je sais. Maintenant rentre chez toi. »
 

Une fois chez moi, ma mère me demanda où j’étais la nuit dernière, et comment je m’étais fait cette blessure. J’inventai que j’avais dormi chez Clément, qu’on avait un peu déconné et que je m’étais un peu blessé. Ma mère me crut, ce qui me rassura, je n’avais pas perdu mes capacités à mentir. J’allai me coucher de suite, fatigué par cette longue journée. En m’endormant, je pensai à Anna, Alexis, mon envie de vengeance, mon apprentissage, la souffrance que je leur causerais, leurs supplications quand je voudrais les tuer. Oui, je voulais les entendre me supplier à genoux avant de les exécuter, sans aucune émotion, un sourire froid sur mon visage. Il ne fallait pas qu’Anna comprenne un jour que c’était moi, il ne fallait qu’un jour elle sache mes idées, tout cela devait rester un secret, un secret que je ne devais partager avec  personne, un secret que je devais garder au plus profond de moi, mon plus lourd secret.
 


Commentaires