Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Kaileena, l'Impératrice des Papillons


Par : SyndroMantic
Genre : Fantastique, Horreur
Statut : Terminée



Chapitre 49 : Zohak, Le Prêtre Obstétricien (6)


Publié le 17/12/2010 à 20:48:31 par SyndroMantic

[ATTENTION, CHAPITRE TRASH : Ce chapitre est beaucoup plus morbide que tous les autres de cette fanfic. Certain se souviennent peut-être de mon hésitation à la poster quand je suis arrivé sur Nf, craignant qu'elle comporte trop de trash pour la tolérance des admins. C'est à ce qui suit à partir de maintenant que je pensais alors. :mort: ]





Je crus que mes yeux allaient sortir de leurs orbites. Que ma gorge allait devenir aphone. Si l'une me parut devenir hors service, les autres en revanche débordèrent d'activité. Je sentis avec cela le goût du poulet grillé remonter dans ma trachée. Ce n'était plus l'effet d'une quelconque respiration de Sables, mais celui d'une réaction purement instinctive. Il était la seule personne que j'avais côtoyée depuis huit ans, et j'avais dirigé vers lui tout l'attention qu'on peut porter à nos semblables. Ainsi pouvais-je le considérer sans rien oublier de ce qui le caractérisait. Tout m'apparut en l'espace d'une fraction de seconde : ses rides, son visage abattu, son crâne blanc, son cou décharné, ses yeux tristes, sa barbe miteuse, ses mains pleines de terre, sa bouche sale, ses brochettes, son bandeau pour la sieste, ses déjeuners, sa canne à pèche, ses légumes secs, sa machette... Tout cela me revint soudain, englobé dans cette hallucinante et incroyable idée :

Zohak m'aimait.

- Je... je pense tout le temps à toi, bredouilla-t-il, ému d'être lui aussi libéré à sa manière. Ton visage, tes sourires... J'aime regarder ta chevelure, quand tu dors. Ta voix... Je ne peux plus me passer de toi, Kaily !
Je frémis de tout mon corps, le souffle saccadé. Mon cœur battit plus fort encore, mais ce n'était sûrement pas de la même façon que pour le prince. Ces battements cardiaques, eux, exprimaient la panique qui m'emportait. Je n'arrivais pas à y croire. Ce renversement m'ébranlait de son énormité. J'aurais tout vu venir. La méchanceté, la cruauté, la dépression, la folie,... le diable, même ! Zohak aurait très bien pu être mon véritable assassin monstrueux, ce géant noir coiffé de cornes. J'aurais pu multiplier le triple de ces sortes de soupçons. Mais, cet amour ! Non, jamais je n'aurais pu l'imaginer.

- Tu es tellement belle... Oh, Kaily...
- Mais arrête ! Arrête, Zohak ! Qu'est-ce qui te prends !
Rien ne m'avait jamais autant perturbée, malgré les nombreuses autres épreuves par lesquelles j'étais déjà passée.
- Je... je sais pas. Je suis amoureux, c'est tout ! expira-t-il, profondément nerveux. Tu... tu es la meilleure chose qui me soit arrivée... Ma vie t'appartient, Kaily, le comprends-tu ?!
- Mais... t'es un gros taré ! Put... Et arrête de m'appeler comme ça ! Tu m'as compris ?! Arrête !
Sa bouche tremblait. Des reflets s'accentuèrent dans ses cornées.

- S'il te plaît... je ne sais pas ce que je ferai, sans toi ! Aies pitié, K... Kaileena... Regarde-moi ! Je t'aime ! Je t'aimerai toujours !
Des larmes perlèrent, sur ses paupières inférieures.
- Hé ! Oh ! protestai-je, révoltée. Tu te prends pour qui, là !? J'ai quinze ans, merde ! Lâche-moi, espèce de débris ! Tu t'es vu !?
Cette remarque était certes vexante, mais il fallait bien qu'il l'apprît. J'étais d'ailleurs persuadée qu'il en avait déjà conscience, sans vouloir l'accepter.
- Je t'en prie... Je ne peux plus renoncer ! Écoute-moi ! Essaye de me comprendre !
Cela aurait été la mer à boire... Comment pouvait-il me demander cela ?
- Non ! Je veux plus en entendre parler... ! refusai-je. C'est bon, je me casse !

Je n'avais pas encore posé un pied en retrait qu'il accourrait déjà sur moi. Le contact de sa main sur mon bras nue m'horripila davantage que s'il avait craché dessus. J'étais à la limite de le frapper, totalement ulcérée.
- Kaileena ! Je t'en supplie, ne t'en vas pas !
- Laisse-moi ! tonnai-je en rejetant violemment son geste.
Il chavira sur les rotules avec des geignements confus. Les doigts pendus vers mes chevilles, il tourna ses paumes vers le haut, à genoux. Ses yeux étaient en larmes. Je partageai moi aussi sa tristesse. Cette situation était devenu dramatique pour nous deux. C'était justement pour cela que je ne pouvais plus la tolérer. Il leva son regard suppliant et me fit sa prière, comme à son dieu ancestral.
- Pour l'amour du ciel, Kaileena, reste avec moi !

Ma tête souffrait du même tournis que le sien, d'une quantité équivalente : je me sentais complètement dépassée par tout ce qui arrivait. Jamais je ne me serais sentie d'assumer l'importance que j'avais à ses yeux. Lui aussi le sentait. Son contrôle lui échappait. Nulle torture, nul sacrifice, nul martyr n'est pire que les flammes de la Passion. Je vis toute cette douleur, à travers la vitre liquide de son âme. Rien d'autre que la compassion ne motiva mon rejet de cette attention. Nous ne devions surtout plus rester ensemble. Pour lui comme pour Moi.
- Vas-t-en ! Je veux plus te revoir !

Mais alors que je me retournais vers la sortie, il se redressa vivement et empoigna mon col, tel un fou furieux. Je serrai les poings, prête à lui en envoyer un dans la figure, tandis qu'il me tirait contre lui. Son regard était dément.

Sa barbe était à quelques centimètres de mon nez, lorsqu'il éructa :
- T... tu ne peux pas me faire ça ! Je t'ai aimée, Kaileena ! Je t'ai nourrie ! Je t'ai logée ! Je me suis occupé de toi ! Tu ne peux pas m'abandonner comme ça ! C'est injuste !
- Zohak, lâche moi... murmurai-je en tentant une esquive, mais son étreinte me bloquait.
- Tu n'as pas le droit !
- Zohak, lâche ma robe ! insistai-je, des tressaillements dans la voix.

Loin de lui faire relâcher prise, il enfouit sa tête dans mon cou, d'où je sentis dégouliner ses pleurs. Répugnée par cette impudence, j'essayai de le repousser, mais cela n'eut pas de meilleur effet que d'encore accroître ses élans. Alors que me jambes reculaient avec effroi, il frotta son corps contre le mien et m'agrippa de ses pattes, le visage toujours collé contre ma nuque.
- Mais qu'est-ce que... !

Immédiatement, je compris qu'un stade avait été franchi, et qu'il était maintenant impossible de revenir en arrière. Pas si tôt. Je fis tous mes efforts, pour dégager mon bras de son enserrement et le pousser faiblement. Pas assez pour m'en débarrasser.
- Hey ! m'exclamai-je.
Mais il n'écoutait plus. C'était à se demander s'il était encore doué de pensée. Il revint à la charge, plus impétueux que jamais.
- Kaileena...

Cette fois-ci, il alla jusqu'à tenter de m'embrasser, m'attirant avec force de ses bras furibonds. Un coude à la perpendiculaire, sur son torse, je maintenais sa bouche distante avec la paume de mon autre main. Hélas, je fis l'erreur de prendre appui avec mon talon contre sa poussée inchangée. La mare de boue lécha ma plante du pied, à coté du feu de bois. Cette chatouille fragilisa la contraction de mes muscles. Et Zohak me déséquilibra, pour me ruer comme un bélier, les crocs sur mon épaule.

- Zohak ! Arrête ! lui hurlai-je, apeurée.
De bascule en bascule, il me fit reculer jusqu'à la palissade, en renversant tous les objets sur le passage. Le prêtre me plaqua contre les planches, compressé sur mon ventre, la tête dans ma poitrine. Ses mains glissèrent après mes hanches, pour venir chercher mes fesses où je l'empêchai de caresser. J'ôtai ses doigts de mes cuisses. Je retirai ses mains de mon col. J'extrayai sa paume de mon nombril. J'enlevai ses pattes de mon cou... Il ne faisait jamais de halte. Comme les flots jamais dissuadés. Une vague s'échoue, une autre lui succède, éternellement. Les larmes me grimpèrent aux yeux. J'étais complètement perdue. Je ne savais plus quoi faire. En dernier recours, je me débattis avec fureur et comptai le cogner en pleine face. Mais il maîtrisa mes membres, ses mains accrochées à mes poignets, pour les écarter de ses points faibles. Il me tira les bras sur toute leur longueur, et me garda dans cette position en croix, contre le mur de bois. Une fois que je fus immobilisée, ses mains jointes dans les miennes, il approcha sa bouche de mes lèvres, le souffle frétillant de désir. Une boule dans la gorge, je me reteins de faiblir pour ne pas me déconcentrer du maigre de ce que je pouvais encore sauver. Les joues crispées, je détournai la tête de son visage désespéré.

- Je voulais pas... chuchota-t-il. Je te jure que je voulais pas...
Se larmes versaient par flots, sur ses pommettes. Je le sentais véritablement bouleversé. Je n'y comprenais plus rien. Je ne savais plus de quoi me plaindre. Si ce devait être de sa trahison, si ce devait être de son amour, de ses excès, de son instinct... Rapidement, je me rendis compte qu'il ne m'était plus permis de compatir. Il était trop proche. Son haleine était trop vive. Ma défense trop démunie. Nous étions allés trop loin. Et si cela devait continuer... L'expression du zervaniste se contracta en un rictus de haine. Il serra les dents, et appuya mes mains des siennes.
- Zohak... Non, ne fais pas ça... !
Même s'il dut m'entendre, il ne m'obéit pas. Son choix était scellé. Nous avions franchi le point de non-retour. Il ne pouvait plus faire qu'aller jusqu'au bout. Foncer dans le mur, pour lui donner un avenir. Pour Me donner un avenir...

Zohak lâcha ses prises, pour immédiatement les rabattre sur ma robe. Il me prit par le tissu et fit volte face, la marche dirigée vers sa cabane. Je le freinai de tout mon poids, mais la terre fit déraper mes talons, traçant une empreinte longiligne derrière moi. Mes doigts se tortillèrent pour enlever son poing. Mais c'était comme tordre la pierre. Je jurai de tout donner pour me libérer, les trois prochaines secondes. Le vieil homme atteignit le palier de sa chaumière, et enfonça la porte de son pied. L'aliénation l'affublait d'une énergie extraordinaire. Les trois prochaines secondes. Il pénétra à l'intérieur et me tira derrière lui. J'appuyai une jambe sur l'encadrement, pour résister. Les trois prochaines secondes. Je me sentais si faible, sous l'emprise de sa force. Ma tentative rata. Il m'emporta dans la pièce commune, bousculant tous les meubles qu'il devait. Les trois prochaines secondes. Étendue par terre, je ripai mes ongles sur le sol, comme une chienne estropiée. Zohak me traîna par la cheville, m'éloignant de la porte extérieure. Les trois prochaines secondes ?

Il me saisit les cheveux et m'entraîna vers la chambre. C'était là qu'il voulait m'emmener. Le lit était plus confortable, pour le plaisir qu'il voulait voler. Il me tenait depuis trente-quatre secondes. Je n'avais depuis pas pu l'empêcher de nous y réunir. Et cela, ce n'était pas un hasard. J'étais beaucoup trop faible. Mes frayeurs ne pouvaient rivaliser face à sa démence. Contrairement à lui, j'étais tout à fait impuissante. Il allait me ruiner, si rien ne survenait. Je criai au secours.
- A l'aiiide ! Aidez-moiii !
Seulement, je n'avais personne. Pas un seul ami. Depuis toujours. Quand bien même des zervanistes se seraient-ils trouvés dans les environs, aucun d'eux ne se serait désisté pour me secourir. Mais leur présence aurait au moins dès le départ retenu les pulsions du vieil homme. Effrayé par le jugement punitif qui aurait suivi. En l'occurrence, Zohak était dans les meilleures dispositions. A l'abri des regards, sa folie n'aurait aucune limite. Comme au temple. Comme pour Reihak. Comme pour cette fichue promenade. Les volets étaient fermés. Tout se passerait dans l'ombre...

- Zohak, par pitié... Non...
Il m'envoya brutalement sur le matelas. La pièce tourna et je me retrouvai dans ses draps. A peine rebondissais-je qu'il se jetait sur moi, les mains sur mes épaules. J'étais vidé par la peur, incapable de la moindre force pour m'en défaire. Le prêtre obstétricien saisit des pans de ma robe et déchira une ouverture, au niveau de mes jambes. Je n'aurais jamais cru mes vêtements si fragiles. Je hurlai dans tous les sens. Non seulement il était moralement insensible à mes appels, mais en plus il n'en souffrait rien pour ses tympans. Sans prêter la moindre attention à mes mouvements récalcitrants, il étira une fente vers le bas dans ma robe jusqu'à pouvoir déshabiller mes chevilles. Tout mon bas était dénudé.

Mon vagin avait grandi, depuis la dernière fois qu'il y avait jeté un œil, sur le navire. Je comprenais, maintenant, ce dont il avait parlé à Gulhak, en disant que je n'avais rien vu encore. Certes, ma jeunesse aurait pu ne pas survivre, en apprenant trop tôt la fourberie de mon compagnon. Maintenant qu'une décennie s'était écoulée, j'étais en mesure d'outrepasser ma douleur émotionnelle. Mais de l'autre coté, tout ce que j'avais pu vivre auparavant, la torture, les coups, tout, tout cela prenait un sens. Et il n'y avait rien de plus représentatif à mes yeux que de me faire violer par l'homme avec qui j'avais partagé tellement de temps. Encore que, tout en me retenant à distance avec son bras, l'homme qui dégrafait sa ceinture n'eût plus rien de commun avec Zohak. Le temps l'avait aussi métamorphosé. Toute la paternité de son regard avait disparu, de même que la peine enfouie, ou le calme moribond. Il était à présent animé d'un esprit autrement plus tonique. Je m'étais demandée comment il avait pu montrer tant de puissance, en m'amenant où il l'avait voulu. Maintenant, je savais. Les moindres aspects civilisés s'étaient évanouis dans l'animalité. Je la connaissais bien, après qu'il m'y eût envoyée. Mais si j'avais jusqu'au bout gardé la tête froide, accrochée à toutes mes valeurs, lui s'en était définitivement affranchi. Et rien d'autre qu'une bête ne produisait cette violence dans ses gestes. Zohak s'était transformé en une créature immonde, comme tous ceux-là que craignent les inquiets. Jusqu'où sommes-nous des dieux, je vous le répète, et jusqu'où sommes-nous des démons ?

Tel était son vrai visage. La véritable nature de Zohak, le prêtre obstétricien banni des siens pour avoir rejeté tout ce que pouvait encore conserver l'humanité. Le pire monstre qui eût pu fouler la terre, mon île. Son bonheur s'était construit sur la déchéance atroce d'âmes innocentes. A l'état de la plus basse nature, il jouissait en toute impunité de tous les corps qu'il pouvait consommer. Il était le plus abominable de tous les tyrans inconnus dont notre imagination ne peut atteindre l'horreur. Rien ne m'avait jamais autant effrayé. Mon monde se détruisait, autour de sa domination.

Au paroxysme de ma terreur, Zohak ouvrit sa toge et retira son pantalon, découvrant à son entre jambe un étrange bâton de chair, comme un pouce gigantesque, se terminant par un grand cône arrondi. Il se déroula comme un serpent par dessus deux sphères siamoises et très poilues, et se gonfla vers le haut, sans arrêter de rougir. De plus en plus rouge...



A la place de ce gros tube, j'avais, moi, une longue fente profonde. Il était un homme, j'étais une femme. Il n'était pas nécessaire d'exceller dans l'intelligence pour conclure que l'attirail de l'un servait à combler l'orifice de l'autre. Il allait me donner, j'allais le recevoir. Son sexe, et toutes sa nourritures, ses attentions, ses offrandes, son éducation... Huit années allaient me pénétrer dans le ventre, par mon postérieur. Le viol de Zohak n'était peut-être pas aussi récent que je l'avais senti. Je m'étais toujours nourrie dans son biberon. Le Temps... Parfois le temps se fait insaisissable. Certaines choses ne peuvent pas être datées. Je ne parvenais à me le représenter, trop nébuleux pour moi. Trop secondaire, aussi, car une autre question m'importait beaucoup plus, à cet instant :


Combien de temps cela prendrait-il ?


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