Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

De l'autre côté du miroir


Par : Schivardi
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 7


Publié le 14/02/2010 à 16:48:01 par Schivardi

Chapitre 7 : La cathédrale de glace.
« L’aube est proche. » Pensa Midna.
La neige crissait paresseusement sous leurs pas, encore colorée de ce bleu unique qu’elle prend la nuit comme si elle voulait refléter l’intensité du ciel, tout en gardant l’éblouissement des étoiles. C’était tout de même moins lumineux que le rêve qui avait marqué le commencement de l’histoire, et la princesse du crépuscule cherchait malgré elle la sensation qu’elle avait éprouvé, qui la mènerait à la rencontre avec le loup gris qu’elle avait tant envie de voir, le seul qui pourrait jamais l’aider et la rassurer réellement… Il lui dirait sans doute que tout cela n’était qu’un mauvais rêve, rien de bien grave en perspective…
Mais personne n’apparaissait, les Pics Blancs ne semblaient même pas être habités par les choucas, chauves-souris des glaces, ou autres petits animaux qui les faisaient habituellement vivre, aucun loup blanc n’avait même porté d’attaque, et le lieu semblait vide de tout…

« - Vous avez exterminé les animaux des Pics Blancs ? Demanda-t-elle tout en essayant de distinguer un bruit autre que celui qu’elle faisait en se mouvant.
- Non, ils sont redevenus plus pacifiques, répondit vaguement Zelda, le regard perdu vers les hauteurs, cherchant un point invisible. Mais c’est la première fois qu’ils sont aussi discrets…
- C’est comme au château ! Murmura frénétiquement Deby tandis qu’ils entamaient une pente plus rude. Il n’y a plus d’animaux ! Plus aucun ! »
Midna se surprit à chercher un nouveau piège de la princesse Zelda, mais elle se rendit compte que jusque-là, elle n’avait en fait eu aucun problème direct à cause d’elle, et elle décida donc d’ignorer le pressentiment oppressant auquel elle était soumise, qui lui faisait craindre de voir soudainement la souveraine d’Hyrule se tourner dans sa direction avec des yeux effrayants, un regard mauvais, rouge et cireux.
Après un instant d’escalade périlleuse, la princesse du crépuscule avait une fois de plus réalisé la puissance et l’équilibre qui reposait dans le canidé qu’elle montait la première fois qu’elle avait gravi la montagne, se surprenant à pousser un soupir de lassitude, regrettant sa présence.
Mais aussi longue qu’elle pouvait paraître, la route blanche sur laquelle Zelda le menait avait une fin, et les deux jeunes femmes s’arrêtèrent bientôt devant une pierre ovale assez imposante, à moitié ensevelie sous la neige et recouverte d’une pellicule de givre.
Délicatement, la princesse d’Hyrule posa sa main sur une proéminence ronde qui émergeait du flanc du roc, et une forme d’œil se mit à briller, produisant un sifflement semblable au vent.
D’un autre gracieux mouvement, la princesse fit apparaître une sorte de fin bâton argenté et ouvragé qui scintillait et renvoyait les lueurs pastel de couleur encore indéfinie de l’aube naissante comme le reflet de la lune dans une eau troublée.
Puis elle commença à remuer lentement la baguette, fermant les yeux et fredonnant une mélodie, bouche fermée ; cet air s’unit avec le son de la pierre d’appel et s’intensifia pour résonner sur les parois de la montagne.
L’écho se poursuivit bien après que son point de départ ait cessé de chanter, continuant comme un message lancé de roche à roche, et il rebroussa lentement chemin, tel une prière reprise par un chœur de fidèles, se rapprochant des deux princesses.
Marchant sur les traces des voyageuses et ne laissant aucune empreinte, des loups d’un blanc immaculé apparurent sur la neige au moment où l’aurore s’enflammait pour de bon et baignait la scène d’un feu glacé.
D’un sifflement, la baguette de la princesse d’Hyrule s’abattis et forma une courbe en remontant, marquant d’un petit coup sec le point final, et les loups cessèrent de chanter, formant un cercle silencieux et attentif autour d’elles.
« Est ce qu’ils veulent nous manger ? » Pensa Midna un peu inquiète, et elle sentit soudainement la neige glacée et fondue qui avait imprégné le bas de sa robe, remontant comme un poignard le tissu plaqué le long de ses jambes : elle était trempée.
Après un signe de tête, les loups se retournèrent et commencèrent à guider les deux princesses vers un endroit plus caché de la montagne. Grelottante, Midna cacha ses mains à l’intérieur de sa cape, essayant de capter un peu plus de chaleur crépusculaire, mais le soleil était glaçant et cet objet frêle ne pouvait pas tout apporter. Elle eu l’impression que ses doigts de pieds allaient s’effriter dès qu’elle se mit à marcher, mais sans rien dire, elle suivit tant bien que mal aux côtés de Zelda qui ne laissait rien paraître de l’état dans lequel elle se trouvait.

Plus ils marchaient et plus les parois de roches gelées et blanches semblaient se refermer comme un cocon de givre autour d’eux, c’était à la fois menaçant, mais cela promettait tout de même un abri plus sûr du vent mordant qui soufflait par intermittences, cruel. Enfin, le tunnel gelé laissa place à une grotte blanche et bleue aux murs glacés et ouvragés.
Avançant encore de quelques pas avant de s’arrêter au centre de l’immense pièce, les deux jeunes filles regardèrent avec curiosité le spectacle qui s’offrait à leurs yeux : une pente douce montait en colimaçon autour de l’espace central, des colonnes de glace scintillantes taillées en forme de loups, d’humains, de chouettes, le ponctuant en soutenant le plafond. Le lieu était une véritable œuvre d’art changeante au cours du jour ; et on l’imaginait parfaitement s’enflammer de magnifiques couleurs aux extrémités de la journée.
Un trou dans le plafond laissait pénétrer les oiseaux et quelques rayons de soleil qui n’apportèrent aucun réconfort à la princesse du crépuscule, mais mettaient en valeur un objet singulier au centre de la pièce. Midna cru d’abord que c’était une nouvelle sculpture de glace, gisant sur le côté, puis en regardant de plus près, il lui sembla que c’était un coffre qui devait renfermer un quelconque trésor… Mais les gravures qui l’ornaient ne laissaient rien présager de bon quand à son contenu : Triforce craquelées, yeux menaçant, et symboles de mort divers, il se pouvait finalement que le fameux objet soit un cercueil…
Un loup plus imposant que les autres, au poil jauni et à la truffe pâle, avec une véritable crinière de fauve lui enserrant la tête, et des dents et des griffes proéminentes et bien aiguisées, détourna momentanément son attention. D’un pas majestueux, il s’avança vers elles tandis que les autres loups s’écartaient avec respect et s’asseyaient sur le sol en signe de soumission, puis d’une voix caverneuse, il commença à parler.

« - Princesse Zelda, vous avez lancé l’appel.
- Oui, répondit simplement cette dernière.
- Alors… Le temps de la prophétie est arrivé. »
Une prophétie ? Quelle prophétie ? Midna commençait à ne plus rien comprendre, elle se demanda si son cerveau n’avait pas gelé et était ainsi ralenti, jusqu’à ce que le loup s’installe face à elle et la fixe de son regard rouge et flamboyant. Un instant, elle cru voir en lui une version plus vieille et plus abîmée du loup d’or qui hurlait en choeur avec Link… Mais non, ce ne pouvait être lui, toute cette histoire était finie, la magie du héros s’était éteinte, rien ne pourrait plus jamais sauver son monde ; à part elle et ses propres pouvoirs.

« - Connaissez vous la prophétie des Sept Sages, princesse du crépuscule ? Demanda le roi des Loups, car elle était persuadée qu’il était une forme de souverain d’une meute très élargie.
- Je connais la légende des Sept sages, mais je n’ai jamais entendu parler de la moindre prophétie à ce sujet… Répondit-elle poliment.
- Les prophéties doivent pourtant êtres transmises de génération en génération dans les familles royales… Enfin, peut être, celle-ci fut cachée à la vue du crépuscule, il y a bien longtemps… Cela n’a plus d’importance maintenant que nous sommes tous égaux. »
« La prophétie des Sept Sages… Nous devrions en fait parler de l’histoire des Sept Jeunes Filles Endormies… Car les sept sages qu’Agahnim envoya dans le monde des ténèbres étaient des femmes, qui avaient été choisies par les déesses pour protéger un pouvoir de manière funeste. Chacun sait que le Héros arriva trop tard pour sauver six d’entre elles, malheureusement… Leur corps restèrent dans les temples, mais leurs esprits étaient partis, bien loin de leur terre natale. Les écrits racontent qu’elles avaient toutes été bien choisies et gâtées par la nature, chacune dotée d’un caractère et d’un physique bien particulier : L’une venait du désert, reine de la souffrance des âmes enchaînées à la chaleur et à la guerre ; une autre était pâle et froide, créature des glaces, à la peau aussi fragile que les cristaux de la neige… La troisième était une enfant issue des profondeurs, aux écailles de poisson et ayant différentes parties de son corps palmées de gracieux voiles ; la quatrième était très sauvage, farouche petit fille élevée par les animaux de la forêt ; la cinquième avait un tempérament de flamme, c’était, dit-on, une fille de glaise aux yeux brillant d’un feu qui suffisait à faire fondre les joyaux. La sixième ne sortait qu’à la tombée du jour, elle ne supportait pas la lumière du soleil et sa peau gardait tout le temps une coloration maladive et cadavérique, mais elle avait d’autres atouts qui lui semblaient donnés par le crépuscule ; la dernière, enfin, la seule ayant été vraiment sauvée, n’était autre que la princesse lumineuse du saint royaume, la gardienne suprême d’Hyrule ! »
« Encore une histoire bien embrouillée et très vague… » Pensa Midna en se frottant les yeux parce que ses cils étaient givrés. Deby sautilla le long de son épaule et vint lui lécher le bout du nez et se frotter contre son front pour la réchauffer, et cela fut étonnamment efficace. Surprise, mais plus à l’aise, elle concentra son attention sur le roi loup et lui demanda :

« - Ces jeunes filles existent toujours ?
- Bien sûr, répondit le loup après un instant de silence.
- Et il faut les réveiller pour que la prophétie s’accomplisse, je suppose ?
- Vous êtes perspicace. S’étonna son interlocuteur. En effet, il est dit que « Les sept jeunes filles éveillées, elles imploreront en un conseil un Héros de l’Aurore, que les fées désigneront. ». »
Réfléchissant un instant en observant l’écureuil qui glissait le long de sa robe pour courir vers Zelda, Midna posa un nouveau problème :

« - Comment sommes nous sensés rappeler l’esprit des jeunes filles dans leur corps ?
- Seule la princesse de la lumière, ici présente, est capable de murmurer les mots qu’il faut à leur corps pour qu’elles s’éveillent enfin et sortent de leur torpeur…
- D’ailleurs, ne devrais-je pas commencer dès maintenant à voir ce que je peux faire pour la jeune fille des glaces ? Coupa la princesse Hylienne, s’approchant du cercueil gelé et commençant à en ouvrir le couvercle. Le temps presse, nous ne pouvons nous permettre de débattre plus longtemps. »
Midna regarda Zelda et le loup s’affairer à gratter les contours de la boîte, peu convaincue par la prophétie, et, voyant le somment de glace basculer et s’écrouler sur le côté dans une fumée blanche, elle s’approcha et se pencha au-dessus avec ses congénères, plus par curiosité morbide que par intérêt pour ce qui allait se passer.


Commentaires

Aucun commentaire pour ce chapitre.