Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

De l'autre côté du miroir


Par : Schivardi
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3


Publié le 14/02/2010 à 16:43:16 par Schivardi

Chapitre 3 : Le silence des légendes.
« - Je peux te rapporter à manger ! Héhé !
- Pas besoin d’un régime végétal pour rongeur.
- Heu heu… Je sais voler ! Oui, comme les pies !
- Ça ne m’intéresse pas. »
Le petit écureuil leva une tête éplorée vers l’implacable princesse, et vit au regard qu’il rencontra que couiner « ne me tue pas ! Ne me tue pas ! » avec des yeux emplis de larmes ne servirait à rien. Personne pour lui venir en aide à gauche, ni à droite d’ailleurs, l’épée se rapprochait tandis que la tête aux fines moustaches palpitantes tournait frénétiquement dans tous les sens.

« - Heu, tu ne peux pas être toute seule sous les rayons !
- Comment ça ? Fit la twilienne en arrêtant sa main temporairement.
- Oui oui ! Tu te transformes ! Lentement et sûrement quand tu es au soleil ! »
C’était donc pour cette raison que Midna n’était pas totalement devenue un arbre… « Une chance que mes pouvoirs m’aient protégée, je suppose. » Pensa t’elle. Mais il fallait trouver un moyen de contrer le maléfice si elle ne souhaitait pas prendre racine au bout d’un moment et donc échouer inévitablement.

« - Comment dois-je faire pour ne pas me transformer en arbre ? » Demanda t’elle en rangeant l’épée.
L’écureuil hésita un instant, mais il comprit que la partie était gagnée, il dit finalement :
« - Les esprits de lumière le savent ! Ho ho, oui !
- Tu en es sûr ?
- Sans doute, sans doute ! S’exclama la petite bête.
- Tu pourrais aller le voir de ma part ?
- Ho oui ! Si tu me laisse en vie, j’irais le voir vite ,vite ! s’exclama l’écureuil, les yeux brillants d’espoir.
- Très bien.
Il atterrit par terre avec un petit bruit, et courut jusqu’à une fenêtre, se dressant enfin hors de portée de la prédatrice à moitié feuillue réfugiée à l’ombre du nouvel habitant de la maison. Il se frotta le museau rapidement avec les pattes avant, se les léchant pour lisser le poil ensuite, et sauta de l’autre côté du verre brisé.
Après avoir sautillé du rebord à la plate-forme extérieure, puis de barreau en barreau le long de l’échelle, le rongeur posa ses pattes sur la pelouse verte qu’il avait bien cru ne jamais revoir tandis qu’un certain nombre de ses congénères venait à lui.

« - Alors ? Cette maison ferait-elle un bon nid ? Demandèrent-ils.
- Ho oui ! Mais pas encore, pas tout de suite ! J’ai un problème ! Un gros gros problème !
- Quoi ? QUOI ? Comment ?! » Firent les membres de la communauté pendant qu’il leur contait son aventure. « Nous devons prévenir l’esprit de la forêt, vite, vite ! »
Le petit groupe se précipita alors en direction de la forêt de Firone. Cependant, le premier écureuil ayant donné l’alerte les abandonna à mi-chemin, et tandis qu’ils traversaient le pont, il tourna à gauche, pénétrant dans un lieu clair et dégagé bordé d’arbres, où chantait une eau fraîche et lumineuse.
Il s’avança en sautillant au bord de la source et se dressa sur ses pattes arrière, reniflant l’air et sentant l’odeur de la lumière de l’esprit.

« - Latouane ?. .. Latouane ! Appela t’il plusieurs fois de suite, sentant sa voix comme aspirée par l’attention que le liquide lui portait.
Mais aucune réponse ne parvint.
Continuant de couiner, l’écureuil longea le bord de l’eau tout en gardant un œil sur son centre, guettant le moindre frémissement de l’eau habitée, le moindre scintillement dans l’air au-dessus de la source qui aurait laissé place à l’ esprit. Il arrivait à l’extrémité droite du lieu lorsqu’il commença à apercevoir, à une certaine distance de lui, une forme ressemblant à du tissu sombre qui semblait flotter à la surface, répandant presque sa couleur foncée comme de la brume méandreuse.
« Hohoho ! » se contenta de frémir le petit animal ,se demandant comment il allait faire pour attraper la chose.
Regardant autour de lui, il vit alors une brindille relativement longue qu’il semblait pouvoir traîner. Il s’en saisi, espérant s’en servir pour pêcher le tissu et le traîner jusqu’à lui, quand il se rendit compte que les volutes d’étoffe naviguaient jusqu’à lui, poussés par un courant invisible.

« - Mais que dois je en faire ? Que dois je en faire ? » Demanda t’il en la réceptionnant.
Il constata, la prenant entre ses pattes, que l’étoffe était constituée d’une matière riche qu’il n’avait jamais vue. Bien que sa couleur noire fasse penser à de la soie, elle n’en avait ni la lourdeur, ni la brillance, et encore moins la chaleur ; car elle était d’une fraîcheur qui ne venait pas de l’eau d’où elle sortait, et semblait aspirer la lumière sans la réfléchir, ou bien ne pas en être affecté par les rayons ; comme si elle était venue d’une autre dimension et que même le jour ne la reconnaissait pas.
Attrapant le long tissu par deux cordons qui semblaient faits exprès pour son transport, le rongeur commença à le traîner derrière lui pour quitter les lieux. Arrivé à l’endroit où les arbres se resserrent comme pour cacher et préserver l’endroit pur, l’écureuil se retourna, laissant retomber le tissu sur le sol, et scruta une dernière fois l’eau qui sembla se terrer et se taire malgré les petits mouvements bruissants qui en animaient la surface. Puis, sautillant à nouveau si vite que l’étoffe planait derrière lui comme un nuage orageux poussé par le vent, il retourna à la maison.

« - Tu ne t’es pas pressé dis moi. Fit Midna quand il entra à nouveau par la fenêtre d’où il était parti.
- L’esprit est devenu muet, muet ! S’exclama l’écureuil en brandissant les cordons du tissu qui dépassait encore au-dehors. « Mais il m’a donné ça ; c’est utile, j’en suis très sûr, hihihi ! »
Le rongeur sauta aux pieds de la princesse qui se pencha vers lui pour saisir la forme sombre aux plis légers qu’il lui tendait.

« - Hoo… C’est une cape, mais je n’ai jamais vu ce tissu auparavant. Il doit sans doute avoir des propriétés magiques.
- Ho oui ! Ho oui ! renchéri l’écureuil en sautillant de contentement. Tu ne seras pas transformée si tu ne t’exposes pas à la lumière, comme avec les coups de soleil, c’est évident, évident !
- Je ne pense pas que cela soit aussi simple. S’amusa la princesse en enfilant la cape. Ce tissu me semble imprégné d’un pouvoir des ombres. C’est étonnant qu’un esprit de lumière possède une telle chose.
- La lumière est absolue ! Rien ne l’arrête, hahaha !
- Ce que tu peux être bête… Mais en tout cas je te remercie ; dit elle en palpant ses oreilles redevenues normales à l’ombre du capuchon, soignant celle qui était entaillée d’un mouvement de doigts.
- De rien, hoho ! Aider les gens dans le besoin, c’est la devise des habitants de la forêt ! Ho ho, oui ! »
Vérifiant qu’elle était bien enveloppée, Midna se tourna vers l’écureuil. « Vraiment ? » pensa t’elle en haussant les sourcils. Cette bestiole serait peut-être plus utile que prévu « on peut toujours faire confiance à une simplicité pareille, mais il faut faire attention à ce que tout lui plaise ou elle se retournera judicieusement contre moi… »

« - Est ce que tu pourrais m’aider à aller jusqu’au château d’Hyrule, finalement ?
- Oui oui, bien sûr ! Hoo ! Quelle joie, hi hi hi ! je peux venir avec toi ! »
D’un hochement de tête entendu, les deux nouveaux compagnons s’apprêtèrent à sortir de la maison, lorsque dans un fourmillement de poils bruns de toutes nuances et de petites pattes galopantes, un armée d’écureuils pénétra par la fenêtre et dégringola jusqu’au sol à grand renfort de couinements.

« - Deby ! Deby ! criaient-ils.
- Ho ! Ho ! Que se passe t’il ? » demanda le rongeur tandis que le groupe se remettait sur pieds.
Un jeune écureuil roux se détacha alors des autres et pris la parole :
« - C’est terrible ! Oui oui, terrible ! L’esprit de Firone est parti ! Par-ti ! On l’a appelé, retourné tous les fourrés ! Il n’y a plus personne, per-sonne !
- Ho non ! L’esprit de Latouane aussi a disparu ! Mais qu’allons nous faire ? Qu’allons nous faire ? S’exclama Deby en posant ses pattes de chaque côté de sa tête et en poussant un long gémissement en la secouant dans tous les sens, bientôt imité par les autres.
La communauté écureuille piaillait, criait et courait partout, se demandant que faire, quand Midna, excédée par le tapage, s’avança au milieu d’eux et les fit taire d’un regard.

« - Écoutez. » Fit elle en regardant les paires d’yeux brillants comme des myrtilles rivées sur elle. « Je vais au château d’Hyrule car un malheur a transformé mon peuple en forêt. Cet événement est sans doute lié à la disparition de vos esprits, alors si vous voulez, envoyez… Deby avec moi, et il plaidera votre cause auprès de la princesse Zelda. »
Après un silence pesant durant lequel la princesse se demanda si elle n’avait pas dit quelque chose de mal ou d’incompris, l’assemblée éclata :

« - oui oui ! c’est ça ! elle a raison, hohoho ! Couinèrent ils tous.
-Mais comment se rendre vite au château ? » demanda un écureuil d’âge imposant, ses moustaches blanchissant et retombant presque jusqu’au sol. « Nous n’avons pas de temps à perdre ! »
- Ho oui, comment ? Repris le groupe en chœur.
- Il nous faudrait un moyen de locomotion, comme un cheval par exemple.
- Bien sûr ! Bien sûr ! »
Le groupe quitta alors la maison à la recherche d’une monture pour les deux messagers, les laissant à nouveau seuls.

« - Alors comme ça tu t’appelles Deby ? Demanda la princesse à son compagnon.
- Oui oui ! répondit ce dernier en faisant une pirouette.
- Il te va plutôt bien. Autant parce que tu as un … Débit de parole très important ; et aussi parce qu’on peut le rallonger pour découvrir le qualificatif parfait correspondant à ta personnalité.
- Haha ! tes blagues sont nulles ! très mauvaises !s e défendit le rongeur.
- C’est de l’humour noir, Deby-le. »
Tandis que l’écureuil effectuait une grimace horrible en réponse, consistant à écarter ses babines sur le côté avec ses pattes avant, dévoilant ainsi la totalité de ses dents, tirant la langue et hérissant sa queue, un bruit de sabot éclata au dehors. « Ha ! Les écureuils se révèlent vraiment plus utiles que prévu » pensa Midna en souriant pour elle même tout en chassant Deby et sa grimace d’une claque. Juste avant de quitter définitivement la pièce, elle se tourna et jeta un regard fier à l’arbre qui se dressait, déjà habité par un couple de mésanges bleues. « Ne t’inquiètes pas, Kard, j ‘irais vite voir de quoi il retourne. Bientôt les arbres pourront cesser leur complainte. »
Une monture aux couleurs peu fréquentes l’attendait dehors. En effet, le vieux cheval avait une robe crème presque rose au niveau des naseaux et au-dessus de ses sabots d’un noir sali par la terre, la poussière et le temps. Son crin aurait pu ressembler à de l’argent si le gris clair qui le colorait n’avait pas viré au marron sale au niveau des pointes. La bête enfin, Non sellée et sans bride, tourna tranquillement ses yeux larmoyants entourés de cercles de couleur chair et mouchetés de tâches noires comme si on avait agité un pinceau dégoulinant de peinture devant elle. Elle prit alors la parole :

- Bonjour, on m’appelle Jeanne. Fit la jument tandis que Deby escaladait les crins de sa queue pour monter sur sa croupe. Je suis un cheval retraité qui coule ses vieux jours à Toal. Si tu souhaite te rendre à la citadelle d’Hyrule, je peux t’y emmener plus vite qu’à marche humaine.
- Merci de nous aider. S’inclina poliment la princesse du crépuscule en ajustant sa cape. « Je peux vraiment faire confiance à cette antiquité ? » S’inquiéta t’elle en silence. « Espérons qu’elle ne va pas lâcher en route… J’ai assez perdu de temps et d’hommes comme ça ».
- Ne t’inquiète pas pour moi. Dit posément Jeanne comme si elle avait lu les pensées de Midna écrites dans son regard. Je suis plus forte que ce que mon âge laisse paraître. »
Avec un sourire, Midna s’approcha lentement de sa monture.

« - Bon voyage ! Revenez nous vite, vite ! Piailla la communauté écureuille tandis que la princesse agrippait un pan de la crinière pour se hisser sur sa monture qui sembla se ramasser sur elle-même avant de se propulser tel un ressort, après s’être assuré que sa cavalière et son petit compagnon étaient bien installés.

Tandis que l’étrange formation galopait vers la forêt de Firone et au-delà, faisant siffler le vent sur son passage, une brise légère agitait faiblement les feuilles du bouleau sortant par la fenêtre, comme un au revoir de la nuit au départ des guerriers sous la pointe des rayons de soleil.


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