Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

De l'autre côté du miroir


Par : Schivardi
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5


Publié le 14/02/2010 à 16:46:37 par Schivardi

Chapitre 5 : L’ange à genou.
« -Mais comment connais-tu le chemin ? Hein, hein ?
- Mais puisque je te dis que je suis déjà venue il y a longtemps !
- Oui mais c’était la guerre avant, la guerre ! Alors pourquoi tu y étais ?
- Tu n’aura qu’à te demander à tes chers arbres parlants de te raconter. »
En cette heure tardive, le château était si désert que nos deux héros déambulaient l’un à côté de l’autre en discutant, prêtant seulement une oreille à intervalle régulier pour entendre arriver le vague tour de garde qui avait lieu dans les couloirs.
Tranquillement, au fil des questions pointues de Deby, et des réponses énigmatiques de Midna, ils cheminaient vers la plus haute tour du château, où la princesse Zelda devait être enfermée selon la routine, tout en se faisant une idée plus approfondie l’un de l’autre.
« C’est pas drôle, elle me cache des choses… » Pensait l’écureuil, tandis que la jeune femme se disait que son compagnon était plus intelligent que prévu.
Percevant les bruits de pas d’un garde, ils se turent machinalement et Midna se réfugia sous Deby qui grimpa dans une vieille armure poussiéreuse, dont ils découvrirent qu’elle était plus souvent astiquée à l’intérieur qu’à l’extérieur aux dépens du rongeur qui se retrouva le museau endimanché d’une superbe toile d’araignée grisâtre.

« - Deby, tu n’as pas remarqué quelque chose d’étrange dans le château ? » Demanda la princesse pour tester l’écureuil une fois que les bruits de pas se furent éteints.
- Si, si ! Mais je n’arrive pas à savoir quoi ! Il y a quelque chose qui me met mal à l’aise, très mal à l’aise ! Dépêchons nous de partir d’ici !
- Je ne sais pas si cela concerne l’instinct animal, mais nous n’avons pas croisé le moindre petit insecte, toutes les toiles d’araignées sont désertes… Sans parler des souris qui manquent à l’appel…
- Ils se sont enfuis, ou bien pire… Ho oui, oui, pire… » Gémit Deby.
Aussitôt plus sur leur garde, les deux voyageurs accélérèrent le pas et ne pipèrent mot jusqu’à leur arrivé devant une volée de marche qui tournoyait en montant devant une porte close, gardée par un soldat dont les ronflements invitaient à ne pas se faire de soucis sur la nuit de sommeil qu’il avait entrepri. Sur la lourde ouverture de bois noir aux grands anneaux de métal, un document était placardé, recommandant un silence absolu afin de ne pas nuire plus à la santé de la princesse Zelda.
La souveraine du crépuscule leva les yeux au ciel, exaspérée par l’allure pompeuse de la geôle, tandis que l’écureuil s’approchait du militaire et l’escaladait délicatement, faisant en définitive signe du haut de la montagne métallique qui surplombait la tête pendante de l’endormi qu’il n’y avait pas de clé en vue.
« Bien sur, seuls les deux conspirateurs de tout à l’heure sont au courant de ce qui se trame, cela doit être ce Heart qui les garde précieusement… Il faut qu’on regagne la pièce du bas pour les fouiller, à moins que… » Réfléchi Midna en promenant son regard autour d’elle, changeant d’avis ,finalement, au moment où ses yeux rougeoyants se fixèrent sur la fenêtre ouverte à l’espagnolette.
Elle aida l’écureuil à sauter sur un bureau de chêne où était posé un chandelier d’argent qui faisait office d’unique source de lumière, se crispant légèrement quand elle vit les bougies vaciller pendant que Deby s’agrippait au napperon de dentelle blanche pour ne pas tomber ; mais finalement ils arrivèrent sur le rebord qu’ils franchirent sans être trahis ; et ils passèrent ainsi l’étroit passage qui reliait l’accessible à l’inaccessible.
Prudemment, ils longèrent ainsi un long couloir plongé dans la pénombre, qui menait d’après les fenêtres à une nouvelle porte cadenassée ; porte qui menait, d’après la forme de la tourelle qu’ils contournèrent, à une pièce ronde qui semblait bien être la plus haute tour du château.

Avec précaution, ils tournèrent autour du lieu qui ressemblait à une chapelle de pierre alors que le vent menaçait d’emporter le petit écureuil terrifié. Ce dernier, soulagé de voir le bout de la fortification arriver, sauta et s’accrocha aux cornes d’une des deux gargouilles qui encadraient l’unique fenêtre donnant sur la chambre plongée dans la pénombre. Par fortune, cette seule porte donnant sur l’extérieur était grande ouverte, comme pour accueillir les visiteurs nocturnes, et la lune faisait faiblement ressortir un lit à baldaquin imprimé de l’insigne royale, ainsi qu’une cheminée éteinte.
Au centre de la pièce, une silhouette immobile, telle une statue agenouillée, se tenait prostrée ; si pâle qu’elle donnait l’impression de rayonner, et d’inonder l’astre nocturne à la place du soleil lui-même.
Imperceptiblement, Midna reprit sa forme normale et resserra spontanément la cape autour d’elle en frissonnant, tandis qu’elle s’avançait vers la jeune fille à l’aura lumineuse, toujours immobile, presque plus menaçante que si elle avait été en mouvement, car on ne pouvait prévoir la moindre de ses actions.

« - Bonsoir, princesse de tout ce qui brille. » Murmura t’elle sur un ton moqueur en s’approchant.
Pas un cil de la captive ne bougea ; et Deby, entrant à la suite de Midna, eut une étrange impression de déjà-vu, quand il s’approcha tout près de la jeune femme agenouillée sur le sol, les bras posés, poings fermés, sur le dessus de ses cuisses aux formes légèrement atténuées par la robe royale de dentelle blanche. Ses yeux étaient clos et aucun mouvement n’agitait les paupières fines striées de longs cils châtain clair. L’oxygène que le fin nez de la princesse d’Hyrule aspirait le gonflait à peine, et l’on ne pouvait pas même le voir circuler dans son corps et emplir ses poumons comme cela aurait été visible chez un être vivant normal. Ses lèvres claires entrouvertes, enfin, semblaient sèches et restaient pourtant aussi immobiles que le reste.

« - Qu’est ce qu’on fait ? Qu’est ce qu’on fait ? Chuchota Deby.
- Je ne sais pas… » Fit Midna, décontenancée par cet accueil pour le moins déplacé.
Elle avait envisagé de trouver une princesse éplorée et prisonnière qui, comme la dernière fois lui aurait donné des indications sur ce qui se passait, et aurait ainsi éclairci les choses dans son immense sagesse ; ou bien de tomber sur une reine belliqueuse, cruelle, qui pour une raison futile, ou même pas de raison du tout, aurait ordonné le « massacre » de la totalité des habitants du Twilight. Mais se trouver face à ça… Le silence était finalement plus redoutable que tout.

« - On va retourner voir le général Heart, et je le ferais parler par les moyens qui s’imposeront. Fixa t’elle en définitive, décidant de se reprendre.
- Mais cela paraît risqué, très risqué, non ?
- Je ne crois pas qu’on ait réellement un choix à faire si l’on souhaite changer le cours des événements… »
« Ça n’est pas comme si on avait le choix… » Songea t’elle, « J’en profiterais pour éliminer ce personnage malveillant et les choses rentreront dans l’ordres plus rapidement que prévu. » .Tout en méditant, comme un tacticien qui sait malgré tout que ses calculs tomberont à l’eau ; car la fin de l’histoire lui semblait se profiler de manière trop expéditive, elle eût un geste étrange et approcha doucement sa main du front Zelda, se rendant compte que la princesse d’Hyrule était aussi froide que du marbre. La nuit était fraîche en effet, jugea t’elle. Dans un mouvement de compassion presque maternel pour cette jeune fille détrônée une fois de plus, la princesse du crépuscule se dirigea jusqu’au lit et y arracha une couverture dont elle enveloppa Zelda, puis elle se détourna et escalada à nouveau le rebord de la fenêtre. Avec précaution, les deux aventuriers recommencèrent à se couler le long du mur, et les statuettes monstrueuses qui gardaient la fenêtre avaient déjà presque disparu de leur vue qu’ils entendirent un faible bruissement dans le boudoir, quelqu’un se déplaçait pesantement vers la fenêtre.
Les deux complices s’immobilisèrent, tels des animaux sauvages se terrant dans l’ombre pour discerner le danger, et attendirent, tendant l’oreille avec inquiétude. Était-il possible que quelqu’un se soit caché dans la chambre et ai écouté leur conversation ? Soudain pressée d’angoisse, Midna se plaqua le plus possible contre la muraille, tentant de maîtriser sa peur et de réfléchir tout en entendant la faible respiration de la personne accotée à la fenêtre.
Tous ces évènements lui parurent soudain plus sombres, c’était trop simple pour être croyable. Trop simple que l’ennemi que soit dévoilé par imprudence au moment où elle passait par hasard devant sa porte, tout ceci avait la complexité d’un bête piège pour la faire venir au plus profond du château, vide de gardes pour endormir sa vigilance.
Se demandant comment elle avait pu faire confiance à la princesse d’Hyrule, son ennemie, après tout… Elle tourna les yeux imperceptiblement autour d’elle, cherchant les archers postés en joue, qui l’abattraient sans doute un instant plus tard, mais le lieu restait d’apparence inanimée, les fenêtres éteintes, et pas le moindre éclat métallique ne trahissait la présence ennemie.
Soudain, la faible haleine qui partait de la fenêtre s’arrêta, on avait l’impression que la personne accoudée prenait une grande bouffée d’air, puis elle expira ces mots comme un dernier souhait :

« - Midna… Attends… »
Comprenant enfin, la princesse du crépuscule rebroussa vivement chemin pour rejoindre la voix haletante, pensant finalement qu’il valait mieux être déçu que de décevoir. Mais elle eu juste le temps de voir la fine silhouette blafarde s’élever dans les airs, découpant sa robe fantomatique qui sembla se fondre avec les rideaux battant le vent, puis se séparer d’eux en un frottement d’étoffes cotonneuses. Ses pieds aux fins escarpins flottant au-dessus du vide, Zelda leva la tête et joint les mains, rabaissant son visage jusqu’à elles en une nouvelle prière silencieuse.

« - Nous ne pouvons rester ici » Reprit elle en exécutant un faible mouvement de doigts.
Des auréoles de lumière descendirent alors et enveloppèrent Deby et Midna.
« Non ! Est ce que c’est un piège alors, ou pas ? » pensa cette dernière de plus en plus déboussolée, disparaissant finalement sous les rayons de lune, accompagnée par la jeune femme affaiblie.


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