L'Ombre Noire
Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué
Chapitre 8 : Faiblesse
Publié le 11/12/2010 à 23:45:53 par MassiveDynamic
Enjoy le pavé Je pense que ça rattrape un peu ma lenteur de parution
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J'ai souvent songé à me donner la mort. J'ai également souvent tenté de me suicider. Manque de chance, j'ai du me rater quelques fois, dans ma jeunesse, principalement sur le dosage des somnifères. J'aurai pu sauter d'un toit ou me faire percuter par un train, évidemment, mais, j'ai une conscience. Pas très sympa pour le mec qui nettoierait mes restes. Les gens que je mettrais en retard, et qui louperont peut-être le tournant de leur vie. Et simple question de décence. Je ne tenais pas à briser l'innocence d'un enfant, non. J'en étais moi-même encore un, d'ailleurs. Un grand gamin qui se posait beaucoup trop de questions, un grand gamin à tendances suicidaires. Quoi que, des trains, il n'y en avait pas encore dans ma jeunesse. C'est peut-être pour ça, aussi, que je n'avais franchi le pas... ? Oh, et j'avais le vertige... Un comble. Non, inutile de me chercher des excuses. J'étais une petite merde dépressive, incapable de passer à l'acte. Je pense que si Nikola ne m'avait pas pris sous son aile, et bien, d'abord, je serais mort depuis longtemps, mais j'aurais eu une vie miséreuse et lamentable. Je serais probablement mort sous un pont dans l'insouciance générale. Mais depuis sa mort, il y a... je ne sais plus... ça remonte à tellement loin dans mes souvenirs... Non, depuis sa mort, je suis seul, désespérément seul. J'ai été marié évidemment. Deux amours distincts. Amanda et Emma. La première a été emportée par l'épidémie de grippe noire en 2014, la seconde, et bien, ça me fend le coeur de le dire, et d'y repenser. Elle est morte en donnant naissance à Treeves, mon seul et unique fils, qui depuis n'a cessé d'essayer de me tuer. Petit con. Incapable de comprendre mes travaux. Les travaux d'un génie ! Je suis prix Nobel de physique, bon dieu ! J'ai créé plus de choses en quelques décennies que l'humanité en des milliers d'années ! Enfin. Là n'est pas la question. Il sait très bien qu'il ne peut pas me tuer, de toute façon. Et moi, et bien, j'abandonne ce projet. L'"Ombre Noire"... A part détruire les religions et semer la zizanie dans le monde, je n'ai été d'aucune utilité. La science a des limites à ne pas dépasser... J'ai été trop loin... Nikola... Si seulement tu étais encore là. Tu comprendrais. Tu me comprendrais. Et tu arrangerais tout. Putain, deux guerres mondiales, une guerre en Eurasie, et un ordre mondial pour en arriver là... Au déclin de notre civilisation... Non. Cette fois-ci, nous nous éteindrons pour de bon. "L'Ombre Noire" ne nous sauvera pas. Et j'en ai assez de vivre. J'ai bien trop vécu.
Emma... Mon seul et véritable amour. Je lui avais promis de me donner la mort le jour où elle rendrait son dernier soupir. Cela fait vingt-quatre ans jour pour jour qu'elle est morte. Elle m'attend depuis trop longtemps. Et les physiciens du monde entier n'ont plus besoin de moi. Les somnifères ne me tueront pas. La chute d'un toit... plus maintenant.Mais je n'ai qu'une option. Je contrôle et dirige l' IRSN, l'institut de recherches scientifiques national, et me sert du simulateur de trou noir tous les jours. Nous avons déjà créé le boson de higgs il y a quoi... dix ans maintenant ? Ce monde parait insensé. Si seulement tu étais encore là pour voir ça, Nikola. Tu peux au moins être fier de m'avoir formé. J'ai apporté les changements que tu désirais. Et peut-être même un peu trop. L'immortalité, ce cadeau divin en une injection, tu la méritais plus que moi. Tu m'as offert un cadeau inestimable, mais je n'en ai que trop abusé. Et, en fin de compte, l'immortalité n'est pas un cadeau, c'est une malédiction. Voir les gens que j'aime mourir, le monde changer, ne plus avoir aucune attache, aucun but à réaliser, puisqu'au final, j'ai l'éternité pour y parvenir, et surtout, ne plus être heureux de vivre. Je n'en veux plus, de tout ça. Une fois mort, je ne rejoindrai personne. Le paradis n'existe pas, pas plus que l'enfer. Le néant m'attend. Tant mieux, je suis fatigué de vivre. L'humain est ce qu'il est, une bête idiote capable du pire pour sauver sa peau, et parfois, seulement, capable d'être un être consciencieux. Ca n'a pas changé depuis le début de la vie, et ça ne changera jamais. Je ne veux plus continuer. Je ne veux plus vivre ainsi. Il n'y a qu'une façon de me donner la mort, à présent. Les deux protocoles de test ont fonctionné avec succès. De l'Europe aux États-unis. Il ne me reste plus qu'à synchroniser les deux pôles, l'Asie et l'Australie, et enfin, je pourrai me reposer. Éternellement. Je suis Georges Scherff, un immortel malgré lui dépressif et fatigué de vivre, ne demandant qu'à mourir. Mais même la mort, c'est trop demandé.
<< Hey les jeunes,
Je sais que vous avez eu le code, vous êtes donc les gagnants. Je suis Fermi, comme vous le savez, mais ce n'est pas moi qui fait disparaitre les monuments et fous la merde, là-dehors. En revanche, j'en sais suffisamment pour savoir comment il fait, ce qu'il projette de faire, et où il se trouve. Vous savez de qui je parle. J'ai pris des risques, mais évidemment, personne n'a pu retracer notre localisation. C'est impossible. Mais là n'est pas la question. Vous êtes motivés, et vous en avez déjà vu beaucoup. A partir de maintenant, les choses sérieuses vont commencer. Ceux qui veulent continuer l'aventure, venez à l'entreprise de matelas Shalt, à la sortie de votre patelin, dans quatre jours. Une pièce, notre pièce, vous attendra. Et, évidemment, vous n'aurez le droit qu'à une seule question. Réfléchissez-y bien. Je vous avais dit qu'on se reverrait. >>
Le temps était aboli. Désormais, un nouvel âge venait de faire son apparition. Dans les minutes qui suivirent la disparition de l'emblème de New-York, l'électricité ne daignait pas se réactiver. En fait, tout ce qui était magnétique, électronique ou électrique ne fonctionnait plus. Des émeutes éclataient un peu partout dans le monde, mais principalement à Détroit où les pillages et les dégradations venaient de commencer presque instantanément, comme si tous les casseurs et voleurs attendaient un état de crise pour assouvir leurs vices. La banlieue parisienne n'était pas en reste puisque, sans électricité, c'est les voitures en feu qui se chargeaient d'illuminer les rues. L'Australie décida de fermer les frontières et de fermer l'immigration tant que "Fermi" n'avait pas été traqué et trouvé. De nombreux états, notamment d'Afrique, mais aussi l'Asie, hésitaient à rejoindre cette décision, puisque Fermi semblait choisir un continent à la fois. Mais ils ne décidèrent rien pour le moment de peur d'une insurrection de la population prisonnière, puisque le nombre de personnes confinées chez eux serait de plusieurs milliards. En quelques minutes, le quotidien et les habitudes de milliards de personnes furent bouleversés. En plus du choc de la disparition des monuments, de ces inscriptions, d'un manipulateur qui se joue du monde, les voilà encore plus déstabilisés que jamais. Plus de télévision, plus d'ordinateur, de cuisinière, de lumière, de communication téléphonique, plus rien du tout. Comme si, d'un coup, le monde avait cessé de vivre. Plusieurs crashs d'avions eurent lieu, des centaines de morts et des quarantaines de blessés. Deux déraillements de trains. Des centaines de carambolages, quelques incendies, et, à Kôbe, au Japon un record morbide de six milles morts à cause d'un tremblement de terre survenu précisément en même temps que la coupure et le chaos qui suivit. Les quelques bateaux égarés en mer furent reconduits à l'aide de canaux. Des cellules de crise un peu partout dans le monde, plusieurs pays décidèrent de fermer leurs écoles et lycées cinq jours avant les vacances d'été.
La coupure générale, le "Black-Out", dura deux jours complets. En plus des dégâts matériels, physiques et moraux, il entraina de sévères pertes d'argent à travers le monde. Wall Street terminait sa journée dans le négatif, et de nombreuses banques luxembourgeoises durent mettre la clef sous la porte. Une légère inflation était arrivé aux Etats-Unis peu après le retour de la bourse dans le positif, avec notamment le prix du pain ayant augmenté de trente centimes. Même si l'électricité était revenue et que tout fonctionnait à nouveau, le fait est que pendant deux jours complets, l'humanité avait été paralysée, et personne n'était en mesure de déterminer la cause de ceci, cette fois-ci. La première fois, en France, un orage violent était mis en cause, mais aujourd'hui, personne ne pouvait plaider cette option. En plus de cette question, les américains réagirent avec virulence à la disparition de leur monument. Le président des Etats-Unis a décrété que seul les immigrés au casier intégralement vierge et issus de familles aisés avaient droit de passage dans leurs frontières. Les patrouilles et raids policiers sévissaient partout dans le pays, et un couvre-feu avait été installé. Si l'Europe n'avait pas de tels mesures en vigueur, la France ne demeurait pas en reste. Les affrontements entre bandes et policiers devenaient un quotidien sanglant, faisant chaque heure des blessés voir des morts. Le pays faisait face à une insurrection sans précédent et était aux portes de la guerre civile. Malgré ça, les autorités et les politiques appelaient au maintien de l'ordre et à un retour progressif à la normale. L'actualité se concentrait plus sur les conséquences de la coupure de courant et de la disparition des monuments que sur l'élément principal de tout ceci, George Scherff. Comme s'il était un sujet tabou. Ou trop tabou pour le peuple. Le message qu'il avait laissé sonnait comme une déclaration de guerre pour tous les anglophones prêts à mettre sa tête au bout d'une lance. Voilà pourquoi si peu d'informations filtraient à son sujet, aussi.
Le troisième jour arriva. Le ciel demeurait aussi sombre que quand tout commença. Comme si la tempête n'avait jamais cessée. Mehdi et les autres squattaient encore chez Shaun. Une conférence réunissant l'élite de la science actuelle devait avoir lieu en direct sur la première chaine d'information vers vingt heures, un débat censé expliquer le ciel aussi sombre qu'en temps d'éclipse et l'explication physique d'une éventuelle téléportation sans aucun dispositif visible. Mais les adolescents, conscients que l'ambiance actuelle n'était pas aux questions mais aux réponses, avaient bien mieux à faire.
"Mes parents sont toujours bloqués en Australie. Ils ne sont apparemment pas prêts de rouvrir leurs frontières... "
Énonça Raphaël, déçu.
"Tu vas continuer de dormir chez ton oncle et ta tente alors ? "
Questionna Shaun.
"Apparemment, oui. J'espère juste qu'ils pourront bientôt revenir. Plus les jours passent et moins ça va, entre le ciel constamment noir et les émeutes un peu partout... "
"Hey, y'a pire, on pourrait être en Afrique !"
Lança Roderick.
"Ou dans une banlieue parisienne... "
Ironisa Mehdi.
"T'as encore un père, toi, au moins... "
Déclara Roxanne, fixant la fenêtre. Son regard froid scrutait un tronc d'arbre au dehors, noyé dans l'obscurité.
"J'ai peur de le perdre, justement... C'est de moins en moins sûr, dehors. Les agressions ont triplés, les meurtres gratuits presque doublés. Le monde se transforme petit à petit en jungle..." Suiva-t-il
"Bah quoi, c'est pas ce dont tout le monde rêve ? De l'action, une vie active où la survie prime, un peu comme... je sais pas, une invasion de zombies ? "
"Non, justement, Roderick. Tu confonds fantasme et réalité. Je veux juste vivre une vie confortable, pas une vie où l'idée d'un lendemain incertain prime, pas une lutte constante pour la survie, je veux vivre, avoir des projets qui se concrétisent, et aller de l'avant. Sérieusement, une invasion de zombies ? Je rêvais de ça quand j'avais treize ans en me disant que ça serait cool de tuer du zombie en organisant ta vie entre le supermarché le plus proche et le commissariat pour les armes. Puis entre les zombies et les pillards, les fous... rah putain, non. On est con quand on est gosse. On ne recherche que l'adrénaline. Le danger. Actuellement, ça parait abstrait, mais c'est ce qu'on a. Un danger à échelle mondiale. On a failli mourir il y a trois nuits dans cet entrepôt de merde. Et j'ai pas trouvé ça cool, de fuir pour ma vie. Pas le moins du monde. Ca m'a un peu brisé, si tu veux tout savoir. Maintenant, mes parents sont coincés à l'autre bout du monde, et déjà que j'ai peur, ça, ça me fout encore plus les boules. L'idée que mes parents aient quelque chose de grave sans que je puisse les revoir, sans que je puisse les embrasser une dernière fois. J'ai besoin de retrouver ce sentiment de normalité, mais j'ai l'impression qu'il a disparu, à tout jamais, en même temps que cette putain de Tour Eiffel... "
Raphaël, pour la première fois, ne paraissait plus du tout sûr de lui. Il avait déjà failli craquer dans la maison où gisait le corps d'Aaron, à présent il exposait clairement ses craintes. Comme tous ceux présents dans cette chambre, il n'était qu'un adolescent fragile, dépassé par les évènements.
Alors que l'heure tournait, Mehdi se rapprocha de la fenêtre. Les bras de Roxanne encerclaient ses jambes, et sa tête demeuraient toujours tournée vers la fenêtre. Elle put néanmoins apercevoir le jeune maghrébin s'approcher d'elle en distinguant son reflet sur la vitre.
"Dis, Roxanne, tu tiens le coup... ? "
"Comme à peu près tout le monde, je pense. Tu sais, j'ai envie de pleurer, de péter les plombs, de tomber dans le désespoir, mais je ne suis pas la seule. On est tous un peu dans cette phase là. Quand j'ai perdu mon père, tout le monde était compatissant. J'étais la seule à traverser une phase difficile, donc les gens essayaient de me remonter le moral, me parlaient, s'occupaient de moi constamment. Ca ne me rendait que plus triste puisque j'étais la seule à ressentir cette détresse. Mais là, aujourd'hui, tout le monde traverse cette même phase. La peur, la perte d'un proche, l'incompréhension... Mais comme c'est à échelle mondiale, tout le monde prend sur lui. Personne ne s'occupe de l'autre. Chacun gère ses démons, et c'est bien mieux comme ça, non ? "
Le visage de la jeune rousse s'illumina d'un sourire sincère mais emplit d'une tristesse cependant visible.
"Tu as raison, oui. "
"Et toi ? "
"Et moi ? "
"Ben... T'as frôlé la mort, tu t'es quasi cassé une jambe... Puis je ne sais pas, tu parles jamais de toi. "
"Oh, ben tu sais, j'ai pas grand chose à dire. Ca va, je tiens le coup, comme tout le monde ! "
Mensonge. Son faux sourire parvenait peut-être à tromper la jolie rousse, mais au fond de lui il n'allait évidemment pas bien. Et des choses, il en avait à dire. Des tas. Qui se contredisaient, parfois. Mais il ne saurait les faire sortir. Il se contentait de jouer son rôle. Mehdi, l'étranger du groupe, qui, parfois, donnait de bonnes idées.
"Ouais. Merci, au fait. "
"Pour ? "
"M'avoir désignée la première. Tu sais. Quand on a du descendre l'échelle, l'autre soir. J'étais complètement paniquée. Si tu ne m'avais pas dit de descendre et que Shaun n'avait pas hurlé à son tour, ils m'auraient eu. Enfin... Merci. "
Mehdi se contenta de répondre par un bête sourire.
"Dis, tu crois qu'on en verra le bout, de tout ça ? "
"Je n'en sais rien Roxanne. Je ne sais même pas vers quoi nous nous dirigeons, à vrai dire. "
Une sonnerie retentissante interpella les adolescents.
"Midi ! Bon, faites vos sacs avec le même matériel que l'autre fois. Préparez-vous et attendez-moi devant chez moi. "
Déclara Shaun.
"Tu vas où ? "
Questionna Roderick.
"Emprunter le pistolet de mon père. Par simple précaution. Vu que notre hôte ne semble pas convaincu par les couteaux... "
Les adolescents se dirigèrent sur le pallier. Ils allaient droit vers l'entreprise de matelas Shalt, pour répondre à l'invitation de "Fermi"
Commentaires
- Sarezzo
06/01/2011 à 20:57:59
Come back !
« banques luxembourgeoises durent mettre la clef sous la porte »
->Hum, avec tout l?argent soi-disant destiné aux aides humanitaires, etc. qu'elles renferment, j'en doute fortement.
« avec notamment le prix du pain ayant augmenté de trente centimes. »
->Pas assez significatif. Même si trente centimes paraissent beaucoup, comme ça, ce n?est justement pas le cas en temps de crise. Pour info, dans l?Allemagne d?entre deux guerres et notamment après la crise de 1929, un morceau de pain coûtait 5 millions de marks.
Après, quant aux inquiétudes du groupe? Sont-elles vraiment fondées ? Ils vivent dans un patelin, donc loin des émeutes a priori, qu'auraient-ils à craindre d'une insurrection en pleine banlieue parisienne ?
« Suiva-t-il »
->suivit-il. Et puis ça ne colle pas, ce verbe n'est pas fait pour être un verbe de parole ; remplace plutôt par « renchérit-il » ou « ajouta-t-il »
Après, sur la fin, s?ils sont chez Shaun, pourquoi celui-ci ne dit-il pas tout simplement « On se retrouve à nouveau ici » ? Ce serait plus juste au niveau de la cohérence syntaxique.
Bon, je n'ai pas grand-chose d?autre à dire sur ce chapitre. Il est moins caricaturé que les précédents, et c'est un plus. On ressent mieux l'ambiance déprimante et morne qui règne, donc je repars sur un bon pied pour lire la suite. - PaulAllender
12/12/2010 à 10:19:09
Sweet
- Pseudo supprimé
11/12/2010 à 23:47:58
Suite
Je relirais demain car je suis un peu fatigué la - Pseudo supprimé
10/12/2010 à 22:39:40
Noprob dude