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L'Ombre Noire


Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 11 : L'Alliance


Publié le 19/12/2010 à 19:21:02 par MassiveDynamic



"George Scherff.... C'est votre père, pas vrai ? Ce scientifique prix Nobel, immortel, à qui l'on doit toute cette merde ?"

Mehdi avait évidemment deviné ses liens avec George Scherff.

"Oui..."

Roxanne s'était assise et semblait encore plus déboussolée qu'avant, mais les autres demeuraient avide de réponses.

"Pourquoi fait-il tout ça ? Et comment est-il devenu immortel... ? "

questionna-t-il à nouveau.

"Il est devenu immortel grâce à son professeur. Cela remonte à très longtemps avant ma naissance. Il était l'assistant d'un certain Nikola... et apparemment ils étaient tous deux très bons amis. Je n'en sais malheureusement pas grand chose à ce sujet. Par contre, son but, c'est justement de mourir. Il s'est rendu compte du fléau qu'était la vie éternelle. J'ai eu beaucoup de mal à l'accepter, vous savez. Puis quand il a essayé... Poisons, destruction cellulaire, écrasement de chair, explosion de tête... C'était tellement surréaliste, si terrible, ignoble à voir. Et tout redevenait comme avant. Comme si son corps se recomposait en rembobinant. Il ne pouvait pas mourir, et il était invincible. Alors il mit au point une idée, la seule possible, susceptible de mettre fin à sa vie. Mon père veut que nos deux mondes se superposent et s'assemblent, causant le déséquilibre de toutes les réalités parallèles, et les faisant ainsi disparaître. Tout cela pour créer un big crunch, le retour à l'absence de vie. Le néant. "

Roderick haussa le ton.

"Ton père... ton père veut tous nous détruire pour mettre fin à sa vie ?! "

"C'est exact. Egoïste, n'est-ce pas ? Mon père a perdu la raison. Il est inutile de le raisonner. "

Shaun s'essaya à quelques questions supplémentaires.

"Mais... si tu ne peux pas le tuer... Pourquoi ne l'avez vous jamais arrêté ? Ou enfermé dans une prison ? Ou même mieux, enfermé dans un cercueil, et ensuite enterré vivant sous terre... ? "

Treeves sourit.

" J'y avais songé, oui. Mon père est l'homme le plus recherché de notre monde, mais il demeure introuvable pour la plupart des gens puisqu'il est en constante téléportation, personne n'est donc en mesure de l'arrêter. Pour ce qui est de l'enterrer vivant, il faudrait déjà l'assommer pour ça, et pareil, un coup de pelle sur la tête lui fera l'effet d'une chatouille... "

Mehdi objecta, dérivant complètement le sujet.

"Et le libre arbitre ?! Vous dites qu'à chaque fois, nous finissons en Australie et nous nous téléportons puis mourrons... Mais si voulons que ça change, nous n'avons simplement qu'à pas y aller, et le futur serait modifié, non ? "

"Faux. Même si j'ai eu plusieurs aperçus du futur, nous ne pourrons pas le modifier. Si nous devons nous trouver en Australie, alors nous y serons le moment venu, c'est comme ça. Le libre arbitre n'existe pas. Tu ne peux pas changer le futur. "

"Ah oui.. ? "

Mehdi s'empara d'un couteau dans son sac, et se le planta profondément dans le bras, laissant échapper un gémissement.

"Et maintenant, HEIN ? "

Mehdi se mit à hurler, attirant l'attention des employés de Treeves qui jusqu'à présent n'existaient que pour leur écran d'ordinateur. Tout le monde le fixait. Mehdi retira le couteau en expirant des cris de douleur et le laissa tomber sur le sol, le tâchant de quelques taches de sang. Son bras était teinté du liquide rouge, et son sang s'écoulait en abondance.

"Et cette cicatrice, hein... ? J'étais censé l'avoir sur moi, cette cicatrice ?! Je viens de le changer, mon futur ! "

Treeves pesta.

"Abruti... Tu garderas ta cicatrice parce que tu étais censé en avoir une dans ce monde, dans ce cas. J'ai vu des futurs envisageables, oui, mais même si nous finirons probablement en Australie, rien ne prouve que nous y serons dans les mêmes conditions que celles dans les réalités alternatives que j'ai pu voir. Tu comprends ? Nous ne pouvons pas voir le futur de ce monde, par conséquent, nous ne pouvons pas le changer, nous sommes victimes du destin. Ce qui doit arriver arrivera, et tu ne peux rien changer. Tu n'as pas de libre arbitre. "

Flynt apporta une trousse de secours et anesthésia le bras de Mehdi d'une piqûre puis se mit à raccommoder sa plaie béante.

Treeves reprit de plus belle.

"Je sais que tout ça ne doit pas être facile pour vous, et que... "

Roxanne l'interrompit brusquement.

"Évidemment que ça n'est pas facile ! Vous vous rendez compte de ce que vous nous dites, merde ? Mais vous vous en rendez compte ? Ca veut dire qu'on est rien ! Rien du tout ! Notre vie n'est pas unique, elle n'est pas non plus un cadeau de dieu, puisque vraisemblablement, il n'existe pas ! Le paradis, l'enfer, tout ça ! Ca n'existe pas ! Et merde... On a rien de spécial. Notre vie elle-même ne l'est pas. C'est... C'est pire que de la frustration... C'est... impossible à retranscrire, une telle rage... "

Les larmes coulaient par torrents sur le visage de Roxanne. Treeves fit de son mieux pour essayer de la réconforter.

"Vous n'êtes pas rien. Oui, plusieurs réalités alternatives existent. Mais vous demeurez des êtres uniques. Même si chaque décision que vous prenez est régie par le destin, elle émane quand même de vous. Vous avez le pouvoir de créer, d'agir, de changer les choses à moindre mesure, et rien que ça prouve que vous n'êtes pas rien. Vous savez, moi-même, j'ai pas mal déchanté quand j'ai découvert tout ça. Puis, à force de visiter les mondes, j'ai été attiré par une pensée qui m'omnibulait. D'abord, celle de me retrouver. De trouver le moi d'une réalité alternative. Et bien, dans certaines, je n'existait même pas, car mes ancêtres n'existaient tout simplement pas, et dans d'autres, j'étais un minable. Ensuite, j'ai souvent était en proie à la faiblesse. Je me demandais pourquoi je m'acharnais à essayer de stopper les agissements de mon père, à l'empêcher de bouleverser les autres réalités de la sorte. Après tout, je n'avais rien à en tirer, de tout cela. J'ai même pensé à partir dans la réalité alternative la plus lointaine possible et m'y installer pour vivre ma vie. Mais à quoi bon vivre dans un autre monde ? Dans un monde qui n'est pas le mien ? Dans un monde où son histoire, ses peuples, sa géographie et son espace-temps est différent ? Non. Je ne sais pas pourquoi c'est tombé sur moi, mais je savais que je devais continuer ce que j'étais en train de faire. Empêcher mon père de nous détruire tous, et sauver le peu qu'il reste de mon monde. "

"Ta cause est noble... T'es courageux. Mais honnêtement, après avoir entendu tout ça... Et bien, je n'ai plus réellement de perspective d'avenir. T'avais raison, au début... Rien ne sert de se faire des rêves illusoires quand, au fond, on est nous-mêmes pas grand chose... Mais je me demande... Où est-ce que tout cela va nous mener ? "

Les adolescents avaient plus ou moins digéré la vérité. Cependant tout était encore très soudain.

"Vous le verrez bien assez tôt. Vous vouliez la vérité, je pense que vous l'avez. "

"Pas vraiment ! "

Objecta Mehdi en se levant, une grosse compresse au bras, et des fils qui dévoileront plus tard des points de suture sous cette même compresse.

"Vous n'avez toujours pas répondu à la question de Roderick. Pourquoi avoir voulu nous tuer, à l'usine ? Et, surtout, Aaron, qui est-il par rapport à vous... ? Il semblait être de votre équipe, alors pourquoi l'avez vous tué ?! "

Treeves sembla soudainement mal à l'aise.

"Je me répète, mais nous n'avons aucunement voulu vous tuer. Nous voulions vous empêcher de trouver le code... Mais vous l'aviez quand même eu, en partie. Quant à Aaron... Ecoutez-moi. Vous savez tout ce qu'il y a à savoir, et... -Treeves se tourne vers Mehdi- Mehdi, le fait que tu disparaisses à chaque fois sans laisser de traces, et notre arrivée soudaine dans l'entrepôt... Tout était lié à Aaron. Mais le problème est réglé à présent. Je te promets que tu comprendras en temps voulu, mais pour l'instant, je vous ai dit la vérité comme prévu, maintenant c'est à vous de me faire confiance. "

Mehdi fit la moue. Pourquoi Treeves semblait soudainement si confus dans ses réponses ? Et quel lien avait-il avec Aaron ? Quelle part d'ombre pouvait-il bien cacher ? Même s'ils avaient un ennemi commun, le fait est que les adolescents ne pouvaient pas avoir une confiance aveugle envers ces gens.

Treeves reprit encore la parole.

"Vous savez... Mon père, Georges. Il est persuadé, même après avoir prouvé la non-existence d'un monde immatériel, que ma mère l'attend, et qu'ils ne seront unis que dans la mort. Il a failli bafouer par deux fois le protocole temporel en ayant eu pour but de retourner dans le passé pour sauver ma mère et donc empêcher ma naissance... Mais il s'était résolu à ne pas recourir à ce moyen. Vous vous rendez compte de ça ? Il préfère détruire toute forme de vie pour mourir plutôt que de retourner dans le passé, au risque de créer un paradoxe et détruire un seul monde... "

"Mais... C'est idiot ! S'il fait ça, en supposant qu'il y ait un quelconque monde immatériel après la mort, s'il créé un big crunch, dans ce cas c'est comme si la vie n'était jamais apparue ! "

Opposa Raphaël.

"Non. C'est comme si le temps, au lieu d'avancer, se mettait à reculer, sans pour autant remonter le temps. Le temps continue de s'écouler, mais dans le sens inverse. Tu saisies ? Tu continues d'exister, mais en subissant complètement les effets du temps. Et tout deviendrait subitement immatériel... "

"C'est... Effrayant, le simple fait d'imaginer ça... "

Craignait Roxanne.

"Oui. Et c'est bien pour ça que je veux mettre fin aux agissements de mon père. Alors, allez-vous m'aider ? "

Demanda-t-il dans une ultime requête. Mehdi prit la parole. Il ne faisait pas totalement confiance à Treeves et son équipe, mais ce qu'ils affrontaient dépassait les limites de la logique, et les ressources à employer sur terre seraient tout simplement inutiles, les seuls à pouvoir mettre un terme à tout ça désormais, c'était eux. Eux, ou l'alliance de Treeves et ses hommes avec Mehdi et les autres.

"Et bien... Si nous sommes parvenus jusqu'ici... Oui, Treeves, nous allons vous aider à empêcher votre père d'anéantir la vie."


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