Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

L'Ombre Noire


Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 13 : Les Jours Tristes


Publié le 11/01/2011 à 22:03:41 par MassiveDynamic



Musique conseillée pour ce chap' :noel:


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Dans l'obscurité, un éclair lumineux déchirait le ciel et l'air, et, dans un écho lointain, d'un bruit résonnant jusqu'au fond de la chaire, il semblait sonner le glas de quelqu'un. Tout du moins, cette scène était presque devenue le signe d'un sombre présage pour les adolescents restants. A l'intérieur d'un bâtiment à mi-chemin entre le monde urbain et la campagne, Isolés entre les murs d'une chambre perdue entre les bureaux factices d'un lieu étrange et étrangement camouflé, deux personnes discutaient à la fenêtre, observant la pluie qui commençait à s'abattre au dehors, masquée à moitié par leurs reflets, tandis que leur dernier compagnon sombrait déjà dans un profond sommeil. Le plus mystérieux d'entre eux chuchotait doucement, mettant cependant l'accent sur certains mots pour souligner sa détresse. Son interlocuteur se contentait de l'écouter, fuyant le regard de son camarade en se détournant de la fenêtre et en observant leur chambre pittoresque dans la pénombre. La pluie qui s'intensifiait déformait petit à petit le reflet du jeune homme qui déversait son flot de paroles, rendant l'extérieur obscur, indistinguable, comme s'il ne restait plus qu'eux, trois personnes dans une pièce. Pas d'univers, pas d'autre monde, pas même de monde, juste un lieu, une boîte, où des gens qui étaient à bout s'y trouvaient confiné, pouvant s'en extirper n'importe quand mais préférant demeurer à l'intérieur.

"Mais dans quoi on s'est lancé... Nous n'aurions pas du les laisser partir comme ça. On aurait pu au moins les retenir. Merde..."

Les gouttes luisaient sur la vitre. Des gouttes coulaient tout du long, mais certaines n'étaient pas simplement dûes au réfléchissement du verre. A nouveau, un adolescent craquait, et les larmes coulaient. Oh, pas beaucoup, juste quelques unes, quelques unes que le garçon n'avait pas pu retenir. Ce petit homme qui voulait montrer aux autres qu'il était utile, cultivé, téméraire, cet homme là avait lui aussi ses faiblesses. Et, ce soir précis, elles étaient exposées, le temps d'une averse.
Mais ce petit homme, Raphaël, n'était pas seul dans la détresse. Mehdi aussi la partageait, mais d'une autre façon, par le mutisme. Bien sûr qu'il voulait revenir en arrière, car avant tout ça, même s'il ne menait pas la vie la plus rose qu'il soit, il se sentait bien. Pas heureux, non, juste bien. Et ça lui suffisait. Mais revenir en arrière, c'est quelque chose d'impossible, et il le savait bien. Treeves lui-même le disait encore tout à l'heure. On peut voyager dans le présent, d'un monde à l'autre. Mais pas revenir en arrière, ni aller de l'avant. Dans ce cas, ne peut-on que subir ?
Mehdi s'interrogeait sur des tas de choses. Ses parents n'avaient même pas pris la peine de lui téléphoner depuis son absence. L'ont-ils seulement remarqué ? Sûrement, et probablement, d'ailleurs. Et les parents des autres ? Bien entendu, ceux de Raphaël étaient coincé à l'autre bout du monde, par conséquent ce devait être aussi dur à supporter tant pour le fils que pour les parents, mais, les autres alors ? Ceux de Shaun ? Son père est policier, après tout, et même s'il était très occupé par la situation actuelle, une absence pareille ne passerait pas inaperçu. Inutile d'évoquer ceux de...

"Roxanne. Quand elle m'a demandé si nous verrions le bout de tout ça, au lieu de la rassurer... je lui ai dit que je ne savais pas. Je... Tu vois ? Tu vois ce qui est en train d'arriver ? Avant tout ça, on était la bande de potes parfaite. Sérieusement, on dirait des animaux. Laisser nos meilleurs amis partir comme ça... C'est presque comme si l'on faisait plus confiance à Treeves qu'à eux ! "

Mehdi, la voix imprégnée d'amertume, chuchota avec peine, sa voix haussant parfois subitement d'un ton. Et quand le regard de Raphaël empli de tristesse croisa finalement celui de Mehdi, ce dernier fut pris d'un pincement au coeur, sentant sa poitrine et ses joues se réchauffer. Raphaël reprit le dialogue en ayant séché ses larmes, mais son esprit demeurait noyé dans une tristesse labyrinthique dont l'issue était floue, trop floue.

"C'est... C'est normal. Après tout ce qu'on venait d'encaisser... Tu sais, je pense que n'importe qui à notre place les aurait juste regardé faire, sans réagir. Mais je m'en veux aussi. Roderick semblait décidé à s'en aller, mais Roxanne... Je pense qu'elle était trop perdue pour prendre une solution. A choisir entre deux portes, elle a préféré s'en créer une autre, mais sa porte de sortie ne la mènera pas plus loin que celle que nous avons emprunté. Nous allons tous vers quelque chose d'inconnu, à la seule différence que nous sommes ensemble, et qu'ils sont seuls. Et... Je ne sais pas... On ne peut juste pas les laisser livrés à eux-mêmes là-dehors. "

Les adolescents restèrent debout sans rien dire quelques instants. Seul demeurait le bruit de la pluie se fracassant contre les carreaux pour meubler le silence. Ils n'entendaient pas même un ronflement émanant de Shaun, visiblement profondément endormi. Puis, comme pour adoucir un peu la conversation, Raphaël dévia le sujet.

"Et ton bras... ? Ca va mieux ? "

"Ca va mieux, oui, merci. Je vais juste avoir une belle cicatrice... "

Bien que blessé récemment, Mehdi ne ressentait pas de douleur émanant de son ancienne plaie. Il avait mal intérieurement, car depuis sa rencontre avec Treeves, son esprit avait été secoué dans tous les sens, presque brisé.

"Ton automutilation tout à l'heure... Tu m'as fait peur, tu sais. Et puis, juste avant, Roxanne était en pleurs. Ne t'en fais pas pour eux, ils reviendront. Toi, par contre, t'es sûr d'aller bien ? "

L'attention de Raphaël portée à son ami était touchante, et sincère évidemment, mais Mehdi ne pouvait évidemment que mentir sur l'évidence.

"Ouais, je tiens le coup. T'en fais pas. En revanche, toi, je t'ai très rarement entendu te plaindre. Pourtant, de nous tous, t'es le plus à plaindre. Ta famille est coincée en Australie, et on a aucunes nouvelles depuis l'Arlésienne. Donc si jamais tu veux parler... "

Les deux garçons devenaient un peu plus intimes. Car, pour la première fois, ils étaient moins nombreux, et plus enclin à partager des paroles. Et en ces temps d'apocalypse, s'était bien l'une des rares choses qu'ils pouvaient encore s'échanger.

"Bah, c'est comme toi. Je ne peux rien y faire. Je pleurs un peu, quand personne ne le voit, et sinon, bah, je résiste. Pleurer me fait suffisamment de bien pour oublier un peu, l'espace de quelques heures. Et mes parents sont débrouillards. Très honnêtement, nous nous trouvons dans une situation bien plus délicate. Pour être honnête, j'ai accepté cette "mission" pour l'aller simple en Australie. Je finirai bien par retrouver mes parents, l'objectif maintenant est de rester entier jusque là. "

Mehdi serra les poings. L'Australie. Si Treeves disait vrai, alors ce pourrait bien être leur destination finale. Alors pourquoi tenter le diable ? Au fond de lui, il refusait d'y aller, mais une autre part de lui l'encourageait à suivre son destin. Et pourtant, quelle situation presque grotesque. Tout était trop flou. Mehdi s'interrogeait, et il semblait perdu, car chaque évènement semblait être sans queue ni tête. Aaron et son ordre nouveau, lié vraisemblablement à Fermi, autrement dit Treeves. S'il savait pour eux, pourquoi le mentionner à son tour ? Pourquoi annoncer ce même changement ? La destruction de toute forme de vie ? Etait-ce à ça qu'ils faisaient tout deux référence ? Et quels liens y avait-il entre eux ? Mehdi avait le sentiment de n'être qu'un pion, pion que l'on manipulait habillement pour ne pas qu'il se rende compte de son statut.
Mehdi n'avait confiance en personne, si ce n'est en ses amis. Et il fallait absolument qu'il ait une longueur d'avance sur ses nouvelles connaissances.

Raphaël s'assit sur son lit et déplia la couette. Il commençait à faire relativement froid dans la pièce, et la fatigue gagnait de plus en plus de terrain dans l'esprit des jeunes. Mehdi prit place dans le lit superposé à celui de son ami qui fixait le sol. Il tenta bien d'appeler Roxanne et Roderick par deux fois, mais personne ne décrochait. Il décida qu'il en parlerait avec Treeves et les autres au petit matin. Dans un dernier murmure, il souhaita bonne nuit à son voisin du dessous et plongea dans ses draps.

"On est à deux doigts d'accomplir notre destiné les gars. Ne lâchez pas maintenant. "

Shaun ne dormait pas, et avait écouté leur conversation calmement. Persuadé de bientôt arriver au bout du tunnel, il se contenta d'une simple phrase, puis se laissa bercer par le son de la pluie, il sentit ses paupières de plus en plus lourdes, et soudain, le vide.


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