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L'Ombre Noire


Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 4 : 20U


Publié le 13/11/2010 à 22:08:23 par MassiveDynamic

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Sous une pluie battante, l'entrepôt leur faisait face. Ils étaient tous réunis devant sa façade. L'endroit était relativement reculé, et le tonnerre qui grondait dans l'obscurité ajoutait au lieu une touche menaçante. La façade extérieur était délabrée, la plupart des vitres caillassées, et des mauvaises herbes avaient poussé tout autour du bâtiment. Il était abandonné, et rien qu'à en voir l'extérieur, les adolescents l'avaient déjà remarqué. A l'extérieur, hormis une pluie diluvienne, personne. Visiblement, le monde tardait à arriver. Ou peut-être étaient-ils déjà passé par là ? Il n'y avait qu'un moyen de le savoir.

"La salle de maintenance, hein... ? "

Abrités par leur capuches, les jeunes firent leurs premiers pas dans l'entrepôt en passant par l'entrée principale gardée par une énorme porte en métal dont le verrou avait manifestement été brisé. Les bottes de Roderick pataugeaient déjà dans une matière étrange, semblable à de la boue.

"Bordel ! C'est rétro ici. Même le toit tombe en morceaux. On risque pas d'être à l'abri de la pluie et l'orage ici, avec la flotte qui passe à travers le toit. "

Shaun, tout en éclairant tous les coins plongés dans la pénombre, répondait à Roderick.

"Que ça pue le renfermé ou que ça soit vétuste c'est pas le problème. Si on est effectivement à la bonne adresse et que Fermi nous a laissé son "cadeau" dans la salle de maintenance, ça veut dire qu'on va pas tarder à avoir de la visite. "

"Exact. On est forcément les premiers sur les lieux, alors dépêchons-nous de trouver la salle et foutons le camp. "

Compléta Mehdi. Les minutes se suivaient. Alors que Shaun, Mehdi et Roderick éclairaient les lieux du mieux qu'ils le pouvaient avec leur lampe de poche, Roxane et Raphaël y allaient parfois à tâtons pour ne pas se blesser sur les innombrables débris et morceaux de verre ou pierres qui jonchaient le sol.

"Le silence me tue. L'endroit devrait grouiller de saloperies, pourtant on a même pas croisé un seul rat. "

se plaignait Roderick.

"L'instinct." Posa Raphaël.

"Pardon ? " Questionna Roderick.

"C'est l'instinct. Avant une catastrophe ou un grand danger, tous les rats fuient le secteur menacé. "

Raphaël était convaincu par les propos qu'il tenait. Mais Roderick tenait à creuser le problème.

"T'insinues quoi là ? "

"J'insinue rien, je constate. "

Le silence s'installa à nouveau juste après ce court échange. Les adolescents allaient de couloirs en couloirs. Mis à part les débris et le désordre ambiant, les quelques pièces qu'ils avaient visité ne contenaient que des meubles poussiéreux et renversés, le mobilier restant étant brisé, terriblement accusé par ses années d'abandon.
Plus ils s'enfonçaient dans ce dédale, moins la boue se faisait présente. En levant la tête, ils avaient déjà remarqué la présence de plusieurs étages, mais ils avaient décidé d'explorer le bas et ne pas emprunter les escaliers à l'entrée.

Personne ne parlait, mais Raphaël était visiblement intrigué par quelque chose étant donné le visage fuyant qu'il affichait. Il se résigna rapidement à parler, alors que l'issue du couloir déboucha sur une cage d'escalier.

"C'est quand même étrange... Fermi a bien du passer par ici pour poser son "colis". Pourtant, il n'y a pas la moindre trace de sa venue. Tout est aussi poussiéreux qu'avant, y compris les poignées de porte, comme si elles n'avaient pas été ouvertes depuis des décennies. Il y a bien l'entrée qui a été forcée... mais ça pourrait être l'oeuvre de n'importe qui. Et puis, quelqu'un capable de faire disparaître la Tour Eiffel ne laisserait pas des traces aussi évidentes derrière-lui. Enfin, je ne sais pas, on est peut-être pas du tout au bon endroit... "

Raphaël énonçait ses craintes alors que le groupe arrivait au premier étage.

"Je crois que si ! "

Se réjouit Mehdi tout en contemplant le panneau placardé sur la première porte à gauche.

"Salle de maintenance... notre périple touche à sa fin. Il se termine ici. Dommage, on commençait enfin à être au sec. "

Ironisait-il. Mehdi s'apprêta à entrer, mais Roxane eut une soudaine appréhension.

"Attends ! Et si c'était un piège ? "

"Bah... On a pas trop le choix, maintenant qu'on y est, y a plus qu'à entrer. "

La porte s'ouvrit lentement dans un grincement si aigüe qu'il fit grincer les dents des cinq jeunes gens. Puis, une nuée de rats s'échappa de la pièce, leur longue queue frôla les jambes de Roxane qui hurla à la mort, alors que les autres eurent un sursaut de recul. Au bout de quelques secondes, on les entendait déjà dans les fuir vers la sortie, empruntant la cage d'escalier.

"Ouah... Merde. Tout le monde va bien ? "

Roxane tremblotait et Raphaël se mit à son tour à douter.

"Dépêchons-nous d'entrer et de se tirer d'ici. J'aime pas ça du tout. "

Mehdi termina d'incliner la porte à son maximum. La pièce, aussi grande qu'un garage, était beaucoup trop sombre pour pouvoir y distinguer quoi que ce soit. Il éclaira droit devant lui tout en faisant un pas à l'intérieur. Et, si tôt son pied posé sur le sol de la salle, la lumière fut. Le néon au plafond était en parfait état et s'alluma subitement pour éclairer parfaitement la pièce.

"C'est quoi ce bordel ? Qui a rétablit l'électricité ? Ce bâtiment est abandonné depuis plus d'une vingtaine d'années, il ne devrait pas y avoir la moindre source de lumière !"

Roderick posait de plus en plus de questions, auxquels évidemment personne dans ce groupe n'avait de réponses.

"Vingt. U. "

"Hein ? "

Mehdi s'écarta pour que tout le monde puisse lire le mur droit devant eux et se répéta.

"Vingt. U. C'est ça qu'il voulait qu'on trouve. "

"C'est... "

Raphaël compléta la phrase qui passait à travers la tête de Roxane et de tous les autres à ce moment précis.

"La suite du code. 6U,20U... "

La pièce n'était qu'une simple salle de maintenance, où se trouvait, juste à droite de l'entrée, un bureau et sur celui-ci un écran d'ordinateur en morceaux. Le message sur le mur était fait de la même écriture que celui qui apparut pour remplacer la Tour Eiffel.

Soudain, pire qu'un coup de tonnerre, c'est le bruit d'une explosion qui fit réagir les adolescents. La porte métallique à l'entrée du vieil entrepôt venait de voler en éclat, détruite par un engin explosif. Des hommes équipés étrangement investirent l'intérieur de l'immeuble.
Le bruit de déflagration parvenu sans difficulté aux oreilles du groupe à l'étage supérieur.

"C'était quoi, ça ? " Se questionna Roxane, inquiète, et tremblant encore plus qu'avant.

<<Nettoyez tous les étages et plus vite que ça ! Ces fumiers ne doivent pas trouver le code ! Treeves, va t'occuper d'Aaron, ce vieux fou va tout faire foirer. On se recontacte d'ici quelques heures. En attendant, silence radio ! >>

Et, hormis un concerto de bruits de pas provenant tant du bas que de la cage d'escalier, rien n'était audible, sauf une palpitation de plus en plus récurrente. Le coeur des adolescents battait la chamade et celui de Roxane semblait prêt à exploser. Ils savaient qu'ils étaient cernés et ne pouvaient pas se cacher dans la moindre pièce, et encore moins quitter le bâtiment par l'issue conventionnelle. Ils n'avaient pas d'échappatoires. Mehdi se mit à courir vers la prochaine cage d'escalier, au bout du couloir, pour monter vers l'étage supérieur. Dans un réflexe d'instinct de survie, tout le monde se mit à le suivre et à sprinter alors que le bruit silencieux de la mort de rapprochaient d'eux.

Mehdi accoucha difficilement de son plan désespéré, son rythme cardiaque et sa course rendant ce qu'il disait difficilement compréhensible, chaque mot étant entrecoupé par une respiration hâletante.

"Ils ne nous ont pas encore repéré. On ne peut pas descendre... On ne peut que monter. Un escalier pour le paradis... Ou un aller simple pour l'enfer...? "


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