Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Kaileena, l'Impératrice des Papillons


Par : SyndroMantic
Genre : Fantastique, Horreur
Statut : Terminée



Chapitre 57 : La Pierre qui Emporte le Vent (7)


Publié le 04/02/2011 à 23:04:31 par SyndroMantic

Non, je n'ai jamais retiré le masque.

 
Pourquoi l'aurais-je fait ? Pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Vous voudriez sûrement que je vous explique tout cela. C'est dans votre nature, de constamment poser des points d'interrogation. Réponse, question, réponse, question... Vous ne vous en lassez jamais, et quelque part, je vous comprends. Moi-même, j'ai longtemps réfléchi au pourquoi du comment de toute cette histoire. Pourquoi avoir tant rejeté de ce que Zohak voulait m'offrir ? Pourquoi ne pas lui avoir raconté ce que j'avais vu dans les Sables sur son passé... et son futur ? Pourquoi l'avoir harcelé pour connaître mon père disparu ? Pourquoi m'être détournée de lui pour un mari inconnu ? Pourquoi lui avoir dissimulé toute ma révolte quand il me persécuta à son sujet ? Pourquoi avoir osé vêtir cette jupe et ce décolleté au risque de séduire le vieux mâle ? Pourquoi avoir fouillé dans ses affaires en lui reprochant sa propre indiscrétion ? Pourquoi avoir tenu à savoir ce qu'on m'avait caché sans même soupçonner de lien avec ma vie ? Alors que ça ne changeait rien ? Pourquoi savoir la vraie nature de Zohak ? Alors qu'il était déjà mort ? Pourquoi être retournée dans le passé ? Chez mon ennemi ? Dans la gueule du loup ?

Longtemps après ce drame, j'en suis venue à cette conclusion : les pierres de vent permettent de matérialiser l'essence profonde de ce qu'elles touchent. Elles sont les révélatrices du monde, l'éternelle inconstance qui voit dans les actions ce que sont leurs auteurs. On ne peut leur échapper, de même qu'on ne peut altérer la Ligne du Temps. Les secondes nous dévorent, elles nous sucent la moelle. Et c'est de cette manière qu'en six minutes ou six millénaires la souche de notre âme resurgit derrière notre peau, nos vêtements, nos sourires, nos pleurs, nos cris, nos sciences, l'art que l'on attache à déguiser ce caractère trop primitif pour notre fierté. Le tempérament furibond de l'Eau. La magie des Sables du Temps... La pédaufilie de Zohak ?

En se noyant dans le brouillard, son esprit n'avait pu se défendre contre leur influence. Et moi, huit ans plus tôt, j'avais respiré leurs vapeurs dans ma chute, et ma divinité, préalablement contaminée par les sables de la plage, nous avait fais traverser quatre mois gelés sur place, le temps qu'une main végétale me fût tendue. Mais il y avait autre chose. Par rétroactivité, le souffle que j'avais libéré ensuite figea les particules minérales sur un certain périmètre. D'où les brumes mystiques. Il fallait chercher cent mètres plus loin la reprise de leur mouvement, dans la carrière. Mais dans ces galeries étroites, cependant, la masse de particules sclérosées, peu à peu, écrasa la réalité par son pouvoir, au point de la rendre un jour immortelle. Jusque dans l'univers glacial... que la pierre traverse... et à laquelle se heurtent les éphémères...

Zohak y était condamné. Mais d'ailleurs, pourquoi l'avoir guidé en ces lieux ? Pourquoi lui avoir ruiné sa conscience par le biais de ses souvenirs ? Pourquoi l'avoir torturé plutôt que de fuir pacifiquement ? Pourquoi l'avoir abandonné à son terrible sort ? Pourquoi ? Pourquoi...



Parce que j'avais ce pouvoir.


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