Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Lendemains Incertains


Par : VingtsCoeurs
Genre : Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 7


Publié le 31/10/2009 à 19:24:25 par VingtsCoeurs

/Octobre 2011 : Feuille d'Automne sanglante/



La silhouette qui se détachait par le clair de lune sur les vitres opaques - d'un bleu clair et profond - de la porte d'entrée s'affaissa soudain. Thomas, la tête au niveau de la boîte aux lettres, à quelques centimètres seulement, retint son souffle. De l'encolure de celle-ci s'échappait le souffle macabre de Guillaume, ex-lycéen et néo-chose. Les minutes passèrent, le souffle régulier, horrifié, mon imagination fertile créant sans mal une forme accroupie quasiment derrière Thomas, la tête contre la boîte aux lettres, sentant l'odeur du sang que nos trois nouveaux compagnons arboraient sur leurs vêtements.
Puis le souffle s'arrêta. Les secondes parurent des heures, aucun bruit ne venant perturber ce silence - de mort, comme n'aurait pas manquer de mentionner Matt, affalé sur les marches de l'escalier, s'il avait été en état de plaisanter.
La vitre se brisa dans un fracas, une main ensanglantée venant des ses doigts décharnés agripper le coup de Thomas, le planquant contre la porte, à la merci de son agresseur.
Je me précipitais à la rescousse de mon ami qui luttait avec ce bras - vidé de toute vie mais empli de force inhumaine - , des morceaux de verre écorchant le visage de Thomas et coupant profondément les doigts de notre assaillant. A peine fus-je arrivé au niveau de Thomas que tout le verre de la porte céda et se précipita sur Guillaume - enfin, l'ex Guillaume - et Thomas. Je sentis un vive douleur à l'épaule droite mais n'en tint pas compte pour l'instant : je contemplais un fragment de verre fiché en plein crâne de la chose et le corps de Thomas sous celle-ci.
Je décochai prestement un coup de pied dans le cadavre afin de dégager mon ami, mais lorsque qu'il prit ma main, la douleur de mon épaule se décupla. Tandis que Thomas se relevait, ôtant les tessons de verre de ses vêtements, choqué de la scène qui n'avait duré que quelques secondes, quelques minutes tout au plus, je contemplais le morceau de verre qui s'était planté dans mon épaule, alors que je tentais de jouer au héros, volant au secours de mon ami. La tâche de sang s'agrandissait au fil des secondes, en même temps que la douleur augmentait. Le blanc de mon T-shirt, souillé par la transpiration des derniers moments peu habituels se retrouvait teinté de pourpre, progressivement, et le froid ambiant, tombant sur mon corps entier, faisait doucement geler mon sang, qui coulait le long de mon épaule, une rivière cramoisie dont la douleur se faisait de plus en plus sourde. Ma vision se brouilla un instant, et j'entendis à peine mes compagnons d'infortune prononcer les quelques mots : " Faut aller... Pharmacie.. " Des mots qui ne signifiaient rien pour moi dans mon état, qui sentait mes jambes se dérober peu à peu sous mon poids, la douleur sourde se mêlant au bruit sourd de ma chute et aux gémissements sourds que je peinais à produire.



Je repris connaissance dans un endroit plutôt familier : la pharmacie du coin de la rue. Le petit groupe que j'avais quitté, forcé par la douleur, me faisait face, je voyais leur visage de plus en plus clairement à mesure que je recouvrais ma vision. Je fis mine de me lever, mais mon épaule m'interdis tout mouvement. Je remarquais dans une grimace un nouveau visage, celui du pharmacien de garde, M. Gills. Son visage bienveillant à mon égard fit presque écran aux raisons connues qui m'avaient amenés ici.
" Re, Clém, dit Thomas, le visage souriant, ses blessures superficielles recouvertes de sparadraps multiples. Tu t'en sors bien, mais merci quand même pour avoir tenté de me sauver, Superman.
_ Mmf, je me suis pris un putain de bout de verre dans l'épaule, ça tombe bien... Vous m'avez amené quand ?
_ Y'a 15 minutes, t'es pas resté dans les pommes longtemps. Heureusement que M. Gills était là, parce que sinon, avec ce qui rode dehors et la porte pétée, on était mal, déclara Matt.
_ J'ai fais ce que j'ai pu. Mais j'ai encore du mal à croire ce qu'il se passe.. J'ai pourtant bien vu la télévision, écouté votre histoire... Mais j'en reste abasourdi.." dit M. Gills, penaud.
Il avait la vingtaine, plutôt grand. Je le connaissais depuis maintenant 2 ans, il était de garde à la pharmacie quasiment tout les jours et aux horaires les plus incongrus. Etudiant en médecine, il avait du mettre entre parenthèses ses études lorsque son oncle, pharmacien de son métier, attrapa la grippe H1N1. Depuis, en attendant son rétablissement, il s'occupait de tout et se répartissait les tâches avec Marie, l'intendante, jusqu'à sa mort l'hiver dernier, durant la vague de grippe H1N1 (si l'oncle Gills, de constitution robuste avait résisté durant près de 2 ans jusqu'alors, la fébrile Marie n'avait tenu que deux mois. La dernière image que j'avais retenu de M. Gills, c'était le visage balafré par des cicatrices de douleurs et des rivières de larmes). C'était un homme de principes et surtout un homme rationnel, ce qui expliquait d'autant plus son scepticisme sur les évènements.
" Si vous voulez aller vérifier, le cadavre de Guillaume vous attend, entre les débris de verre, lança Thomas.
_ Heureusement que vous étiez là, M. Gills, dit une des voix féminine que j'avais entendu avant toute cette.. agitation.
_ Sans vous, on serait restés à la merci de ces choses, avec celui-là baignant dans son propre sang, crut bon d'ajouter l'autre voix féminine.
_ Celui-là, il a un nom, glissais-je, sans vraiment me faire entendre. "

Au fil de la conversation, j'appris les noms de ces deux filles. La première, brune, assez jolie et plutôt.. écervelée s'appelait Jade. Elle avait 17 ans et était dans un autre lycée que le mien, non loin. C'était Guillaume qui l'avait ramenée (elle sanglota d'ailleurs à l'évocation de son nom) pour leur 'soirée' - avant que cela ne tourne au vinaigre, bien entendu - dans le parc.
La seconde, aux cheveux noirs de geais, se prénommait Isabelle. Plus subtile que son amie, elle était en fait dans la même promo que moi depuis mes 5 ans, et je ne le remarquais réellement que maintenant - preuve de son grand intérêt à mon égard, et réciproquement - .

Ces bavardages auraient pu continuer longtemps ainsi si la triste réalité ne nous rattrapait pas aussi vite. C'est cloué dans mon fauteuil qui avait servi de table d'opération, observant les visages tendus de mes compagnons lorsque des bruits retentirent à l'étage.
" Mon oncle ? Réveillé ? A cette heure ? " s'enquit M. Gills, dont la voix sonnait faux, les syllabes bloquées dans sa gorge et des gouttes de sueurs perlant à son front.


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