Ca y est, il approchait du village dans lequel son ami habitait après un mois de marche. Il monta la rue indiquée sur le bout de papier qu'il tenait dans sa main. Il frappa à la porte de la maison de son ami. Ce dernier ouvrit et sourit.
« J'étais si impatient !
-Salut Jack.
-Entre, mes parents sont en voyage d'affaire, ils reviennent dans une semaine. »
Jack entra dans la maison, puis se dirigea vers le salon, où il posa son sac à dos sans aucune délicatesse, puis il s'étira.
"Dis donc, t'es super crade, tu veux prendre une douche ?
-Ouais, les dernières semaines je les ait faites à pied, j'ai bien galéré. Je pendrai une douche ce soir, pour le moment on doit se préparer.
-Pourquoi, tu comptes partir quand ? Demanda Jack, légèrement perturbé.
-Demain sept ou huit heure.
-Déjà ? Mes parents sont là dans une semaine et tu veux même pas de reposer ?
-On a pas le temps Jack, ça a commencé.
-M'enfin bon... à une semaine près...
-Ecoute, on part après-demain à huit heures, pas plus.
-Ok merci. T'as bien voyagé sinon ?
-Bof... J'aime bien marcher, mais huit ou neuf heures de marche en montagne, avec un sac assez lourd, c'est pas super.
-Je veux bien te croire. Et sinon, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer !
-Laquelle ? Questionna Léon.
-J'ai piqué une somme assez conséquente d'argent à mes parents.
-Genre combien ?
-Genre dix mille euros.
-Holly shit ! On va faire quoi avec ? S'exclama Léon.
-On va pouvoir s'acheter des chevaux à un moment ou un autre. (Ils n'avaient pas le permis, et y aller à vélo ou en mobylette risquait d'être contraignant...)
-Parfait. Bon, je vais me laver.
-Moi je vais te préparer une bouffe de malade, dit Jack en souriant. »
Léon et Jack passèrent la journée suivante à parler du projet et à superviser les « opérations » : ils allaient passer en Suisse, ensuite en Autriche, puis en Slovaquie, en Ukraine, en Russie, puis ils redescendraient en Mongolie, traverseraient la Chine puis atteindraient leur but final : L'île de Honshu, au Japon, là où se trouve le monde Fuji. Leur épopée allait durer deux ans si le voyage se passait parfaitement bien (ce qui n'était pas évident sachant qu'ils ne parlaient que l'anglais et le français).
Léon devait aller voir le vieil ermite qui habitait quelque part sur le mont Fuji. Là, ils apprendraient comment sauver le monde.
Et ils partirent le jour prévu, à l'heure prévue. Ils partirent à pied, chacun avec leur barda personnel. Ils mirent deux mois à atteindre la Suisse sans encombre, puis ils continuèrent leur voyage jusqu'en Autriche, où ils achetèrent des chevaux de bonne qualité (un baie et un autre noir) chez un fermier sympathique. Il leur restait à présent quelques centaines d'euros étant donné qu'ils avaient dépensé le reste en soins, nourriture et autres nécessités. Ils étaient en pleine saison chaude, et les déplacements ainsi que les campements étaient faciles à réaliser, étant donné qu'ils tombaient rarement sous des averses. Mais en hiver, ça allait être autre chose. Au sixième mois, alors qu'ils entamaient leur traversée de la Slovaquie, les premières feuilles de l'automne commencèrent à tomber.

Les tests de guérison grâce aux cellules « parfaites » allaient être entamées. Quatre humains allaient être greffés des bras, des jambes, des organes, et du cerveau. Au bout d'une année et demi, si les résultats étaient concluants, alors les cellules seraient implantés à tout le monde, sans discernement. Le premier greffé était un jeune homme se prénommant « Jérôme ». Il avait été un des quatre premiers volontaires.
« C'est vrai docteur ? Vous me dites que je pourrais retrouver mes deux membres ? Bon sang, ça serait le plus beau cadeau que l'on puisse me faire»
Jérôme se fit emporter en sale d'opération. Il avait plein de projets en tête. Depuis la décharge violente qu'il avait reçu alors qu'il réparait un groupe électrogène, la perte de ses deux bras lui avait rendu la vie horrible. Sa petite amie l'avait quitté, il avait été viré de son travail et était retourné vivre chez ses parents. Pas un jour ne se passait sans qu'il eusse à endurer le regard des autres : A vingt ans, il avait gâché sa vie.
« Ca va piquer un peu. Laissez vous aller. Quand vous vous réveillerez, votre rêve sera devenu réalité. » Le médecin eut un sourire qui mit Jérôme à l'aise.
A son réveil, il n'avait toujours pas de bras. Dix minutes plus tard, un médecin arriva dans la salle de réveil et lui expliqua ce qui allait se passer.
« Bonjour Jérôme !
-Uuh ? Répondit-il, assommé par l'opération.
-L'opération s'est déroulée avec succès, nous vous avons implanté les cellules au niveau des épaules. Le reste se fera tout seul, vos bras repousseront progressivement. Veillez à ne pas sortir, à ne pas faire de sport et à bien vous alimenter durant cette période. Prenez aussi du temps pour l'expliquer à votre famille, car c'est une expérience plutôt bouleversante.
-C'est tout ?
-Oui, les cellules vont se multiplier à une vitesse phénoménale, dans trois jours vous verrez votre coude, dans trois autres jours votre poignet, et dans les deux jours suivants vous aurez retrouvé entièrement vos bras. A ce moment là vous reviendrez nous voir, nous verrons si cela s'est bien passé, et nous procéderons à une rééducation. Si vous avez d'autres questions, repassez me voir quand vous voulez.
-M-merci docteur. Je vais me reposer un peu, excusez moi.
-Bien sûr, je ne doute pas que ça soit une expérience éprouvante. »