Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

J'ai vu


Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 34


Publié le 14/12/2009 à 23:23:19 par MassiveDynamic

HS : Désolé pour ce chapitre qui ne plaira peut-être pas, j'ai essayé de bien me concentrer pour offrir une personnalité propre à ce dernier personnage qui n'a pas encore assez été développé. Son caractère va plus ou moins dans l'optique de Morgan mais les raisonnements de ce personnage (que vous reconnaitrez je l'espère ) sont plus poussés, plus aboutis, plus réfléchis. Ce chapitre est là pour vous plonger dans la tête du personnage, ça ne fait que peu avancer l'intrigue mais j'espère au moins ne pas avoir foiré son développement.
Pas mal de références se trouvent dans ce chapitre au passage :) J'en ai glissé à peu près 5 ou 6.

Ce chapitre était VRAIMENT épuisant, au passage :noel: Probablement celui sur lequel j'ai passé le plus de temps. Donc demain je m'octroie un petit jour de repos :) Enfin, je crois, je verrai.

Désolé pour la musique mais j'ai pas mieux, je vous conseil de jouer les deux musiques dans l'ordre, quand la première se termine lancez le seconde. Comme d'hab c'est à votre aise. :)








Chapitre 34 : Misanthrope

Depuis combien de temps est-ce que tout cela dur ? Des années. Depuis combien de temps j'essaie de me foutre en l'air ? Le même nombre. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. J'ai la solution infaillible. Et pourtant, mon histoire est classique. Ma mère est décédée. Mon père quant à lui est tout ce qu'il y a de plus clichesque. Un alcoolique. Un alcoolique qui pointe au chômage et qui me bat. Il a la haine contre moi. Il dit que tout est de ma faute. Et quand il me répète ça en me frappant, j'me dis que je dois être une tâche puisque je reste sur le carreau. Tout le monde vit dans sur la même planète mais pas dans le même monde. Ce jeune que je ne deviendrai jamais, je lui ai prêté l'espoir mais la vie ne me doit rien. Pourtant j'ai la haine contre la vie. Contre les gens. Personne ne m'a aidé. J'ai tout essayé. Je ne suis qu'une pauvre merde et personne ne peut plus rien pour moi. Moi, en revanche, je peux encore leur renvoyer l'ascenseur. L'ascenseur qui n'ait jamais arrivé à mon étage. L'ascenseur que j'attends toujours. L'ascenseur n'arrivera jamais. Je l'ai bien compris. Quand je regarde mon corps nu à chaque fois que je vais prendre une douche, je le comprends. Des plaies en tout genre. Pourtant, elles ne sont pas invisibles.
Je les vois. Les gens les remarquent peut-être. Mais les gens font comme si de rien n'était. Feindre des personnes qu'ils ne sont pas, encenser des personnes qu'ils ne connaissent pas. chaque jeune a dans son placard un T-shirt à l'effigie du Ché. Même si la plupart sont incapable de pouvoir expliquer qui il est. Enfermés dans leurs chambres, Jean-Benoît et Nicolas écoutent les Pink Floyd. En rêvant de fonder un groupe de rock pour pouvoir vivre de leur musique, mais ils finiront par choisir un vrai métier. Architecte ou caissier, un métier conventionnel pour des gens qui le deviendront.
Tous sont persuadés de faire partie d'une élite éduquée. Alors que tous se marchent dessus à la première occasion. Ils sont faux.


Rentrer dans les rangs c'est ce que tout le monde fera indubitablement. Pour moi ce n'est même pas d'avenir qu'il est question. Je suis mort, même si cliniquement, et bah... c'est un tort. De toute façon j'en ai assez. Assez de la vie. Assez de me lever. Assez de de me faire frapper sans oser me défendre. Assez de tout garder. Ca fait un moment que j'aurai dû y passer, mais j'attendrai encore un peu. Quoi qu'au fond, non, j'ai déjà trop attendu. Le temps de me retirer est peut-être arrivé. Confronté à la réalité, l'individu stress, cherche une issue. L'issue, c'est mon ascenseur. Je l'attends toujours. Mais je ne l'attends plus. Trop de retard. Trop de tout. Surcharge. Je suis surchargé. Le robot ne peut plus recommencer. Il arrive un moment dans la vie où on ne peut plus rien endurer. Ce que je peux encore endurer, c'est quelques matraquages de plus. Et lui endurera les balles de fusil de chasse qui traverseront son corps de bon matin, demain matin, quand il sera encore profondément endormi. Quoi de plus affreux que de mourir sans le savoir ? Il ne pourra pas dire au revoir. Il ne pourra pas s'excuser. Il ne pourra rien dire. Il sera mort. Mort cliniquement. Sans le savoir. J'espère que son esprit ne reviendra pas me hanter, et s'il revient, qu'importe, je le rejoindrai en fin de journée. Et d'autres me rejoindront. Petit à petit. Je pourrai péter les plombs aujourd'hui, mais aujourd'hui ou demain, quelle différence ? Demain, c'est mardi. Mardi gras. Littéralement. Je tuerai p't'être quelques gros lards dans le tas. Ou des anorexiques. Ou des moches. Ou des beaux gosses. Leur statut terrestre n'est plus important, ils n'existent déjà plus. Ils étaient destinés à mourir de mes mains. Et personne ne me verra venir. Personne ne m'a jamais vu venir. M'a-t-on déjà prêté de l'attention ? Non, sauf pour me faire du mal. Me frapper, m'insulter. Me conditionner à être une victime. Je pourrai me reprendre en main, oui, je pourrai. Mais c'est tellement plus simple de faire le mal. Dernière journée de repérage. Dernières inscriptions dans mon calepin. Dernier jour. C'est le dernier jour du reste de ma vie.

Dans ma tête une voix m'a dit de les tuer. Au fond, j'me dis, pourquoi ne pas l'écouter ? Cette voix est la seule vraie. C'est la seule à ne jamais rien m'avoir fait. C'est peut-être à l'écouter que j'étais prédestiné.
Avant de partir, quitter ce monde, je veux d'abord pouvoir laisser plein de morceaux.
J'ai la haine contre la vie, je veux la quitter mais pas totalement. Je perdrais tous les bonheurs éphémères qui font qu'elle vaille la peine d'être vécue. En parlant de moments éphémères, Je dois être dans le coma, j'ai perdu toutes mes connaissances. L'école ne m'a rien appris. Du moins je n'ai rien retenu. Mais au fond, c'était peut-être parce que je n'ai moi-même rien appris ? J'aurai peut-être du plus bosser en cours. Mon père aurait peut-être dû moins me frapper. Ma vie aurait peut-être pu être plus belle. Peut-être que dans un autre monde, je suis un fils de riche ? J'ai peut-être tout ce que j'ai toujours voulu ? Dans un autre monde, oui. A la limite. Pas dans celui-là. Je veux vivre. J'aime la vie. J'ai juste la haine contre elle. Et je suis obligé de mourir. Ma mort sera mon ultime plainte. Imperceptible pour les autres, mais fatalement inévitable. Au final, la seule issue, l'issue à tout être vivant, c'est la mort. Je ne peux même pas parler de rédemption dans mon cas, je ne peux me repentir de rien. Demain, avec les morts que j'engendrerai, peut-être, oui. Enfin, moi je ne me sentirai pas coupable, non. Mais aux yeux des autres, je ne serai qu'un adolescent quelconque mal dans sa peau et poussé à bout par son père dont on apprendra plus tard qu'il le battait et que ces causes ont poussé l'adolescent à une ultime conséquence. Clichés. Bullshits, comme on dit. Au fond du fond, moi-même je ne sais pas ce que je fais. J'en ai juste assez et je me retire avec classe. De toute façon, tuer, c'est immoral, mais aux yeux de qui ? Des gens ? De dieu ? Pas à mes yeux, en tout cas. Tuer, c'est un pouvoir. Une force d'opposition. On a toujours des bonnes raisons de tuer. Même si parfois c'est juste par besoin, cela reste une raison, certes primaire, mais néanmoins existante.

La porte du bus s'ouvre. Merde, le trajet était si long que ça. Un type me bouscule en sortant du bus, sans même y prêter attention. Il semble dans son monde. C'est... Morgan. Je ne le connais que de vue, mais je le connais. Ce qui n'est pas son cas. Les gens sont trop pressés. J'ai pris le temps d'observer, j'ai pris le temps de mémoriser pendant toutes ces années. D'ailleurs, ce vieillard bourge qui passe à chaque fois près du lycée est encore là ce matin. Encore là avec son cigare à la main. La fumée d'un cigare, un maigre rempart entre moi et le reste des gens. Dieu sait à quel point je ne les aime pas. Dieu sait aussi que je ne crois pas en lui pas plus qu'en moi, mais contrairement à lui, pour faire le bien, on ne me prie pas.
Lui a réussi, ce vieillard au cigare, il a très probablement la vie qu'il a voulu.
Moi, c'est tout le contraire. Je me donne l'air d'être revenu de tout pour mieux masquer le fait de n'avoir jamais réussi à aller nul part. Echec après échec, je n'ai fait que les enchainer. Pourtant ce n'est pas un problème d'intelligence mais d'éthique. Les gens sont trop renfermés sur eux-même. Alors je suis devenu comme eux. Solitaire. Mais ça n'a pas marché, et désormais, je déteste la manière dont marche le monde, il s'arrange toujours pour écraser des centaines de milliers de gens. Tant pis pour eux, cela ne me gène juste lorsque je suis dedans. Je suis devenu un connard fini.

Problème d'éducation ? Je ne pense pas, quand je sais que plus de la moitié de la population est endoctrinée par la télévision. Pourquoi devrais-je regarder la télé, est-ce qu'elle me regarde, elle ? C'est une prison à sa façon, elle n'a juste pas quatre murs de béton. Ni de barreaux. Ni de gardiens pour veiller sur eux. Est-ce que quelqu'un veille sur moi ? Est-ce que quelqu'un me regrettera ? Non, on ne regrette pas les gens comme moi. Mais l'histoire s'en souviendra. Demain, je marque le monde à ma façon. Je tire ma révérence d'un bras d'honneur qui laissera une trainée de morts à décompter en plusieurs dizaines. Voir centaines. Tout est une question de... perspective.

J'avance dans la cour. Toujours la même. Je terminerai mes derniers préparatifs à la pause de midi, puis ensuite j'attendrai la petite fête de demain. J'en ai les larmes aux yeux. Je veux vivre. Vraiment. Mais ce n'est pas mon monde. Je ne veux pas cohabiter avec ces gens. Je ne vie plus. Je n'y vois plus l'intérêt.

Je rejoins ma classe. Les cours se suivent et se ressemblent. Je suis encore le bouc-émissaire. Mais je ne dis rien. A quoi ça sert ? Voir leur visages terrifiés et mêlés à l'incompréhension, ça, ça servira à quelque chose. Ca apaisera probablement ma haine. Et je partirai le sourire aux lèvres. Le bonheur est parfois atteignable d'une bien étrange façon.
Et le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Midi. C'est parti. Dernier jour. Dernière pause. Dernier tout. Je ne peux plus reculer. Je n'ai pas le choix. Je ne l'ai jamais eu. J'écris, je note. L'emplacement des bombes artisanales de demain. La journée sera très chargée. Des cocktails molotovs et des bombes artisanales pour distraire, verrouiller toutes les issus, déclencher la musique, l'alarme à incendie, et ensuite, tuer. Me foutre en l'air. M'ouais.

"Hey, salut... tu ne m'as toujours pas dit ton nom toi ? "

Tiens... encore lui. C'est...Octave. Le seul à me prêter de l'attention. Malheureusement, il arrive trop tard. Plus personne ne peut me sauver. Et j'ai du boulot aujourd'hui.

" Moi, c'est Cedric. "

"Cedric ? Bah voilà, t'es enfin plus réceptif ! "

Non, je ne deviendrai pas ton ami. Tu arrives trop tard. Stoppons cette conversation immédiatement. Tu m'as accordé de l'intérêt, par conséquent, tu mérites une mise en garde.

"Non, je ne le suis pas plus et j'ai pas envie de l'être. Ecoute moi, Octave, c'est ça ? Demain, ne vient pas au lycée. Reste à l'écart de ce bâtiment. Reste chez toi. Je t'avertis. "

Je suis clément. Trop. Avec une seule personne. Et je t'ai choisie toi. Il me fixe. Il me fixe et ne dit rien. Forcément, ça change des choses habituelles. Son code journalier est bouleversé, il ne sait plus quoi dire. Moi si.

Pour faire le bien, on ne me prie pas.


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