Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

J'ai vu


Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 38


Publié le 11/01/2010 à 00:52:21 par MassiveDynamic

HS : Chapitre court, mais c'était censé être avec le précédent :)

Probablement pas de suite demain soir car j'ai un exposé à préparer pour le lycée, mais mardi soir au pire :)
Enjoy.




Chapitre 38 : La Fin d'Un Monde, Partie II : Assassin

Je m'avance doucement, touchant un peu au matériel musical. Un piano. Pas à queue, certes, mais un piano quand même. C'est la fin, c'est ma fin, autant m'accorder un dernier caprice. Je branche le piano puis pose mes doigts dessus. Me trouvant au milieu de la pièce, je peux remarquer le sang de Sophie qui continue sa route vers les murs du fond de la salle. Je pose mon arme sur le piano puis me met à jouer. Fort. Très fort. Je laisse mes mains se balader, je laisse mon esprit vagabonder, et je laisse mon corps entrer en transe. Je joue. Une dernière mélodie. Un requiem. Je n'entends plus que mon œuvre. Je dois faire beaucoup de bruit. En fais-je ? Je ne sais pas. Je ne sais même plus si c'était calme, avant que je me mette à jouer. J'ai laissé le microphone allumé. Tout le lycée doit être en train de profiter de ma performance. Je ne sais pas. Je joue pour moi, pas pour eux. Pourquoi chercher Vincent ? C'est lui qui viendra à moi. Ma musique le mènera ici. Ainsi que d'autres personnes. La police ? Des survivants ? Les trois tueurs ? Qu'ils viennent. Je les attends.

Mes mains continuent de jouer alors que je fixe la porte des yeux. Ils ne tarderont pas, qui qu'ils soient, à arriver. Un son plus puissant que mon requiem se fait de plus en plus entendre. C'est un hélicoptère... Je ne le vois pas, mais son bruit est très reconnaissable. Il doit être en train de patrouiller autour du bâtiment. Je m'y connais assez pour savoir ce qu'ils préparent. Les flics vont donner l'assaut sur le lycée et tentent de repérer les tireurs. Mon piano ne doit pas leur faciliter la tâche. Ceux qui sont à l'extérieur doivent vraiment se demander ce qu'il se passe ici. C'est pas compliqué pourtant. C'est l'enfer. La fin. Comme si tous les malheurs du monde venaient de s'abattre sur ce bâtiment en particulier. Triste, oui. Irréparable ? Probablement. Regrettable ? Non. C'était nécessaire. Ce contrat... Je le comprends mieux. Je sais maintenant pourquoi mes employeurs voulaient la tête de Vincent. Je devais empêcher cette fusillade d'arriver. Je n'ai jamais fait le bien. Je n'ai fait que prendre des vies autour de moi. C'était peut-être l'occasion de me racheter, de le tuer ? Oui... c'est sûrement ça. Ma mémoire ne sera pas salie jusqu'au bout. Je peux peut-être... faire le bien... au moins une fois ?
C'est drôle de penser ça alors que je viens de tuer une camarade de classe. Je pense à me racheter alors que le fruit de mes méfaits gît encore au sol, inerte. Je ne sais même pas qui je suis en fin de compte. Un tueur de sang froid ? Un paumé ? Un type qui œuvre pour son propre compte ? Mes pensées s'entrechoquent alors que je joue de plus en plus rapidement. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n'ai jamais su. Je suis au bord de mon propre gouffre. Ma vie n'avait aucun sens. En a-t-elle un maintenant ?
C'est ça, le sens de la vie ? Je devais empêcher ça ? Mais je m'y suis pris trop tard. Je ne sais pas. C'est moi, le malin. C'est moi, le manipulateur. C'est impossible que je ne me sois rendu compte de rien. Impossible. Vincent n'a pas pu péter les plombs comme ça. Je l'aurai remarqué s'il préparait quelque chose du genre.
Et Sophie. Ce qu'elle m'a dit. De ma faute ? Je ne saisis rien. Tout me dépasse, en fin de compte. Je n'ai jamais rien contrôlé. Et je me retrouve en plein milieu de quelque chose que je ne contrôle pas.
Je... ne me sens pas très bien. Quelque chose de nouveau m'envahit. Je ne suis plus moi-même...
Je joue de plus en plus vite, la musique s'intensifie... et une larme coule le long de mon visage. Je... pleurs ? Oui, je pleurs. A nouveau. Ca doit être la deuxième fois de ma vie que je pleurs vraiment, sincèrement, sans rien simuler. Je ne me sens pas bien. Pas bien du tout. Un tourbillon sommeille en moi. Un tourbillon d'émotions qui a attendu ce jour précis pour faire surface. Un torrent de larmes s'écoule partout. Je fonds littéralement et ne parvient même plus à jouer correctement. Je regarde le corps sans vie de Sophie. Merde. A quel moment de ma vie suis-je devenu un tel monstre ? Les contrats, ça a commencé quand ? Tout ça... C'est mon père. Mart. Tu m'as complètement déshumanisé. Je te hais. Je te hais. Je te HAIS ! Il m'a détruit. Je suis détruit. Et les morceaux ne se recolleront jamais. Au contraire, à la fin de cette journée je serai éparpillé. Éparpillé, répandu. D'une manière ou d'une autre. Tout ça a été trop loin. Personne ne ressortira indemne de ce bâtiment. Tant les victimes de ce drame que les instigateurs, et surtout les protagonistes. Dont moi.

Le point de non retour est atteint. J'essaie de sécher mes larmes. Je ne suis plus qu'une âme brisée. Je ne contrôle plus rien. Mais je peux encore gagner la partie. Je dois m'occuper d'eux. D'Octave. De Vincent. De ce troisième type. Je dois les trouver. Je vous trouverai. Et vous paierez.
Je m'apprête à me lever, mais la porte de la pièce vole en éclats. Je me cache derrière le rideau de scène pour ne pas être repéré. J'entends des bruits de pas, puis des échanges de phrases.

"Merde. Non. C'EST PAS VRAI ! SOPHIE ! IL A EU SOPHIE ! Le fils de pute. Il est ici, il est ici ! "

*RATATATATATATA*

Des rafales de balles partent en direction des vitres du lycée et font voler les fenêtres en éclat. Bravo, abruti, tu vas ramener les flics droit sur nous.

"Vincent ! Calme-toi merde !"

"Me calmer ? Me calmer ? Mais putain il est en train de tous nous buter ! Ton plan... votre putain de plan miteux ! On va tous y rester ! Et tu l'as entendu parler, cet enfoiré ? Tout le monde croit que c'est nous qui avons fait le coup ! On est accusé ! On sera accusé pour tout ce merdier ! Tu crois que les flics vont chercher à nous arrêter, hein ? Ils vont tirer ! On va se faire descendre... on..."

Les nerfs de Vincent semblent lâcher. Du moins... Je crois. J'entends quelques chuchotements. Qu'est ce qu'il se passe ? Des bruits de pas... Ca se rapproche... Merde. Mon arme est restée sur le piano. Je suis fait. Non. Non. Je dois réagir. Attaque surprise ? Mauvaise idée, je suis déjà repéré. Ils ont du remarquer la présence de mon arme. Je suis fait.
Mon coeur bat de plus en plus vite. J'entends la mitraillette de Vincent se charger. Je dois bouger, mais je suis paralysé.

*PSCHHHH*

Des bruits de multiples objets fracassant le sol se font entendre un peu partout, puis de la fumée ne tarde pas à recouvrir la pièce en quelques secondes.

"Des fumigènes ! Merde, les flics entrent ! Octave, on fout le camp ! "

Je les entends décamper en vitesse, et, moi même, tente de faire de même. Ca y est. La situation commence à atteindre un seuil critique. Personne ne sortira indemne de ce bâtiment. Je descends de la scène et récupère rapidement mon arme sur le piano avant de quitter la pièce non sans me heurter à plusieurs objets sur mon passage, la pièce étant complètement recouverte par une fumée blanche, impossible d'y voir quoi que ce soit.
Je sors dans la précipitation en tentant de rattraper mes deux proies. Je regarde du côté de l'ado blond décédé. Ca mène vers les portes d'entrée du lycée. Les portes sont en train d'être défoncées. Je peux voir des unités de police s'apprêtant à entrer. Merde, c'est pas bon. Vraiment pas. J'entame une course effrénée dans le sens inverse des forces de police. Je grimpe deux par deux les escaliers menant au premier étage du lycée, mais arrivé dans le bloc A, j'entends des dizaines de pas en approche et des bruits d'équipements. Une voix porteuse résonne dans tout le bloc.

"Dirk, bouge ton cul. Il doit être en bas. "


Une voix qui me parait familière. Normal, en même temps, c'est celle d'un flic. Ils sont déjà dedans. Ils ont dû investir le lieu par voie aérienne et terrestre... Et aussi par le sous-sol. Merde. Ils arrivent tous en plein sur moi. Il y a une seconde sortie près de la cantine. Octave et Vincent se sont probablement dirigés vers celle-ci.
Je dois les attraper en premier. Je redescends les marches de l'escalier puis part à l'opposé de l'entrée du lycée, direction la cantine en sprintant. Après deux minutes de foulées, j'y arrive. Je pousse les portes doucement. Les jets d'eaux sont toujours actifs, probablement à cause des explosions qui ont eu lieu ici. La cantine est complètement inondée. Les chaises sont en désordre et jonchent le sol, les tables sont retournées comme pour faire des barricades. Des corps trainent par terre. Des débris se trouvent un peu partout dans le self. Pour de la bombe artisanale, c'est un sacré merdier. Comme si la cantine s'était transformée en champ de bataille. Je me met à couvert derrière l'une des tables qui trainent afin de ne pas être à vue.

S'il reste encore des gens dans ce lycée, ils sont forcément ici. A couvert derrière ces conneries, tout comme moi. Octave, Vincent, je sais que vous êtes là.

"Putain... ça saigne trop. Merde ! J'vais y rester, Octave... On a pas réussi. Des putains de bons à rien. C'est ça, notre futur ? Crever ici, comme des rats ? Lex aurait dû me tuer. Il a peut-être raison. J'ai peut-être causé un effet papillon en restant en vie. Tout ça, c'est de ma faute. Et maintenant, je me vide... "

Intéressant. Ils sont là, quelque part. Les voix viennent de sur ma gauche. Visiblement, ils ne s'attendront pas à me voir ici.

"Reste avec moi ! Putain de snipers. Merde. Vincent. Je t'en supplie. Reste avec moi... "

Des pleurs. Bande de cons, fallait y réfléchir avant de provoquer tout ce merdier.

*Crock*

Des bruits. Il y a du mouvement au réfectoire. Des gens approchent. Pas le temps. Je les termine maintenant.
Je me relève et me dirige lentement vers le lieu des chuchotements et des pleurs. Je parviens à arriver à la hauteur de leur table. Octave lève la tête et me voit. Tandis que Vincent se vide de son sang dans les bras d'Octave, blessé à la poitrine.
Je pointe mon arme vers eux alors que Vincent a toujours sa mitraillette en main. Il me regarde à son tour et me bredouille une phrase, difficilement, tout en jetant son arme à quelques centimètres.

"Chargeur vide. Tu as gagné."

J'ai gagné. Ils l'ont dit. C'est fini. Enfin.

"Levez-vous. "

Octave aide Vincent à se relever et l'aide à tenir debout.

"Les snipers vont tous nous avoir. "

Dit Octave.

"Rien à foutre. "

Je les fixe. Octave me regarde. Son regard est profond, mais vide. Il est complètement vide. Il semble... déjà mort. Il s'est rendu compte de sa défaite. Il ne m'a pas eu. Sa tuerie s'arrête déjà. Tout ça pour quoi... quelques morts ? J'aurai peut-être du rester chez moi pour vivre. Mais non. Aujourd'hui, j'aide le monde. Je l'aide à nettoyer la vermine. Chaque jour un peu plus.

"Décidément, t'auras été un putain d'emmerdeur. Et j'aurai même pas la putain de force de te tuer..."

"Je te retourne le compliment, Vincent. Vous deux, vous avez causé un sacré merdier. "

Mon arme est toujours braqué sur eux. Les bruits de pas se rapprochent de plus en plus.

"Ouais, à ce propos. T'as tout foutu en l'air. T'as rien compris. L'ennemi, c'est pas nous. Tout ça, c'est l'oeuvre de Cédric. Un blond. Celui que j'ai tué. Ton putain de coéquipier, enflure. Tu fous la merde et t'es même pas capable d'assumer ? Tu salies ma mémoire, tu..."

Du sang coule lentement de la bouche de Vincent. Il doit lui en rester pour quelques minutes grand maximum.
Ca ne serait pas eux mais le blond ? A ce que je sache, c'est Vincent qui tenait l'arme. C'est lui aussi qui a essayé de me tuer sans raison apparente. Lui et... Sophie. Et les bombes... C'est ça, c'est facile d'accuser un mort, les morts ne parlent pas.
Mon doigt est posé sur la gâchette. Au final, je suis seul. Si les cercueils existent c'est que tu peux toujours crever. Bâtissions-en deux de plus.

Je m'apprêtais à tirer, mais les pas réguliers finirent par débouler juste derrière moi. J'entends le bruit de plusieurs armes qui se braquent sur moi, puis une voix familière.

"Mo...Morgan ?!"


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