Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

J'ai vu


Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 13


Publié le 04/10/2009 à 22:11:04 par MassiveDynamic

HS : Chapitre léger sans trop de choses qui bougent histoire de prendre un rythme un peu plus posé :)
Pour la référence à Lost, ouais à la base j'avais mis un matricule choisi au hasard puis j'ai eu l'idée de ce clin d'oeil un peu à la va vite, j'ai pas vraiment fait attention à l'erreur. Merci en tout cas, c'est corrigé.
Quant à N et sa non satisfaction, on va dire que oui c'est effectivement pas très crédible un ado qui se tape des tas de forêts pour arriver à une banque en matinée mais bon, je voyais pas de moyens moins exagéré pour l'introduire :noel:




Chapitre 13 : Un retour sur les pailles.

Automne glacial. Il fait un froid polaire. C'est horrible, du jour au lendemain on passe du soleil au givre. Et du rire aux larmes. Je marche en direction de mon arrêt de bus. J'y arriverai dans une dizaine de minutes. Et je vais revoir Vincent. Ca va être drôle pour nous deux. A part quelques échanges gênés sur le net, on ne s'est pas vraiment reparlé depuis la mort de Ludovic. Ca va être gênant pour nous deux, mais on ne peut pas continuer à s'éviter indéfiniment.
J'arrive à l'arrêt de bus. Devant celui-ci, Vincent, arborant un fier T-Shirt drop dead. Simple jeans et une paire de Vans pour le bas.
Il me voit arriver. Je lance la conversation d'un timide

"Salut."

"Oh. Salut."

Gros blanc. J'ai horreur de ce genre de situation. Il s'attend bien évidemment à ce que l'on parle de tout ça. Moi aussi. Et je pense que notre angoisse mutuelle vient de là.

"Comment ça se passe pour toi ? J'veux dire... ton traitement..."

Il ne daigne pas me regarder, fixant le panneau des horaires de bus droit devant lui.

"Bah, tu sais. Au début, c'est chiant, on ne veut pas être traité comme un malade. Puis au fil du temps, c'est comme tout, on fini par accepter que l'on a changé. Le médecin qui me suit dit que j'ai eu un genre de choc qui m'a provoqué des pertes de mémoire. Comme si le traumatisme était si profond pour moi que la seule solution que mon cerveau a trouvé pour me protéger était de me faire oublier cette journée. "

Je le fixe. Il est toujours de profil.

"Donc... tu ne te rappelles pas les évènements de ce fameux jour ? "

Il hoche la tête négativement puis se tourne enfin vers moi, me regardant dans les yeux.

"Non. Enfin si. Mais c'est vague. Des bribes. Je me souviens de nous deux entrant dans la banque. Trois types... des bruits divers, pas vraiment identifiables. Et c'est tout. C'est assez étrange. "

"Mais... Tu te souviens quand même de ce qu'il s'y est passé ? "

Vincent me regarde, l'air sarcastique.

"Evidemment que je le sais. Ca a fait la une des médias pendant deux jours ! Puis bon les interrogatoires que j'ai subi... Bref je ne suis pas près d'oublier tout ça. Malheureusement. "

"D'ailleurs...l'enterrement de Ludovic aura lieu ce week-end. Je m'y rendrai, personnellement. Tu veux m'accompagner ? "

Vincent fixe de nouveau le panneau alors que le bus arrive.

"Très peu pour moi. Ca serait une insulte envers lui-même et son oncle. Je n'ai...non, nous n'avons même pas été capable de lui sauver la vie. A quoi bon faire les attristés. Nous savons tous les deux pourquoi tout cela est arrivé. Alors on peut continuer à tourner autour du pot pendant des jours et des jours, mais on sait où ça nous mènera. Ton cahier de merde, brûle-le !"

Sur ces mots, il s'empare de son sac d'école et monte dans le bus. Je le suis à mon tour. Il prend une place à deux vite comblée par une personne âgée ayant un embonpoint non négligeable. Je décide de m'assoir devant, occupant mon trajet bercé par les musiques de mon baladeur. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous arrivons à destination. De retour au lycée. Rattraper deux semaines de cours, ça va être tendu. Enfin trois, pour moi. Etant donné que j'étais déjà exclu une semaine à cause de... enfin bref, ça va être dur.

On sort du bus, direction le hall. Je me dirige vers les machines à café. J'ai pas vraiment dormi. Le "rêve" de la nuit passée... Je ne sais pas, c'est comme si j'étais réveillé. Comme si je ne dormais pas, que j'assistais à la vie de Lex en voyant avec ses yeux. Assez troublant. Et en plus, Vincent vient de remettre cette histoire de cahier sur la table. J'avais complètement oublié. Mais un détail m'a mis la puce à l'oreille dans mon rêve. Une fusillade dans un lycée y était mentionnée. Je me souviens bien avoir eu une telle vision. Dans ce lycée. C'était censé arriver il y a une semaine il me semble. Et pourtant... enfin bref, je tirerai tout ça au clair plus tard. La dernière chose à faire en ce moment c'est de me prendre la tête avec tout ça. Déjà que jusqu'à maintenant et depuis le début de ces phénomènes je vis une véritable descente aux enfers...

Je me sers un café avec une pointe de lait et me pose à une table de la cafétéria. Les cours commenceront dans une dizaine de minutes. Juste le temps de me prendre un petit remontant. Buvant mon café à petites gorgées, je ressens une tape amicale sur l'épaule.

"Salut, Octave ! "

Julien. Il s'assoit à mes côtés et comme je m'en doutais me bombarde de questions.

"Alors, comment tu te sens ? :( "

"Je fais aller..."

"J'ai entendu dire que toi et Vincent étiez... sous suivi psychiatrique. Enfin à vrai dire c'est notre régent qui nous en a fait part. Vous tenez le coup tous les deux ? "

"Bah, moi, on va dire que j'en ai fait le tour. Puis bon, les séances psychiatriques ça équivaut à te parler à toi-même. Il pose les questions qu'on redoute, tente des thérapies...enfin bon, c'est chiant quoi. Moi, ça peut aller, j'ai eu deux semaines pour essayer de remonter la pente. Pour Vincent, j'en suis moins sûr. Ca l'a vraiment profondément marqué. Et je regrette vraiment de lui avoir demandé de venir, maintenant..."

Julien me dévisage avec un air de compassion. Visiblement, il est conscient de ce que nous avons enduré.

"Je suis désolé...D'ailleurs, tu sais, à propos de votre présence dans la banque... Des tas de rumeurs circulent et pas que des bonnes..."

Je l'interrompt.

"Laisse-les parler va. Des commères. Si ils ont quelque chose à me dire, ou s'ils veulent m'accuser de quoi que ce soit, ils viendront me le dire en face. J'ai assez parlé de tout ça avec les flics et j'essaie de tourner la page. "

"Je comprends. "

Je l'aime bien, Julien. Même s'il est conscient qu'il est complètement à la masse, il sait que je n'ai pas besoin d'entendre plus de questions qu'il n'en faut.

DRIIIING

Sonnerie. La reprise des cours. Yeepikayay.

Je rejoins ma classe. La plupart des gens du lycée me dévisage tous. Même ceux que je n'ai jamais vu. Les nouvelles vont vite, faut croire. Et j'ai horreur de ça. Certains me regardent de travers. Se permettent probablement de me juger sans me connaître. De toute façon, jugé, je le serai dans quelques semaines.
Mes camarades de classes me voient arriver. Sophie y compris. Et Vincent est déjà là, en train de se faire questionner par la moitié de la classe.
J'arrive à pas lourds. Sophie se jette sur moi et m'enlace. Je la laisse faire, bien que je n'ai toujours pas oublié qu'elle est la cause de ma cicatrice.
Elle doit bien être restée dix secondes accrochée à mon cou. Le professeur met fin à notre accolade improvisée en me réprimandant d'une voix douteuse. C'est mon régent. Il doit me prendre pour un fou, ou je ne sais quoi. Comme la quasi-totalité de ma classe en fait.

"Monsieur Perdrix. Rejoignez le rang et cessez donc cette attitude de starlette. A votre place, je ferais profil bas. "

J'ai envie de lui répondre. D'ailleurs, je lui réponds. Non. Je ferme ma gueule. Je m'écrase. Après tous les problèmes que j'ai engendré, l'ouvrir maintenant serait limite suicidaire.
Nous rentrons tous en classe. Après une brève introduction de cinq minutes de notre prof signalant aux autres élèves notre retour en classe et ce que nous allons devoir rattraper, il entame son cours. Comme avant. Comme tous les jours. Au fond, il peut nous arriver la pire des choses, ça n'influera jamais sur le comportement d'autrui. Sauf si quelqu'un vit la même chose que moi. Et mon prof n'a pas vécu la même chose. Je l'entends, réciter son cours et le noter au tableau, exactement comme avant. C'est sa routine. C'est la routine de toute ma classe. Et je me demande si je pourrai encore avoir une telle routine tablant sur un métro-boulot-dodo quotidien ? Je ne pense pas. Je ne pense plus. Et j'en ai marre de penser.


Les cours s'enchaînent et se ressemblent tous, toujours le même cheminement dans la manière de travailler des profs. Pause de midi. Le moment de manger. Et surtout de me faire harcelé de questions. A la sonnerie, je m'éclipse rapidement en compagnie de Vincent et Julien direction la cantine. On commande le menu quotidien puis on s'installe à une table.

"Content de te revoir Vincent. J'ai déjà parlé à Octave et visiblement ça a été très difficile pour vous deux. Je vous crois moi, je n'écoute pas les rumeurs qui courent à votre sujet. "

Vincent, qui avait alors un air dépité, se fige avant de réagir. Je perçois alors une once de colère dans sa voix.

"Des rumeurs ? Quel genre de rumeurs ?"

Julien prend un air désolé, alors que je tente via un jeu de regards de lui dire de la boucler.

"Bah, tu sais... Certains disent que vous étiez avec Ludovic et que les trois braqueurs c'était vous, d'autres disent que vous avez tué Ludovic. Bien entendu, c'est complètement fantaisiste, et, dès que je le pouvais, je les contredisais ! C'est complètement ridicule ! "

Vincent se morfond dans son plat.

"Ridicule... pas vraiment. Dans un sens, nous l'avons tué."

Je l'interromps.

"Tu te trompes ! Si il y a bien une personne responsable de sa mort ici, c'est moi. Et j'en suis conscient. Tu n'y es pour rien si il est mort. Nous avons tenté de le sauver. Son arrivée était soudaine, et nous, nous étions sous l'entrave de ces trois braqueurs amateurs. Nous n'étions pas à même de réfléchir rationnellement. Et de toute façon, c'était écrit, ça devait arriver, et c'est arriver. Nous devons tourner la page. C'est triste à dire, mais ça ne sera peut-être pas la catastrophe la plus marquante de notre vie, même si j'ai conscience que cela représente une dure épreuve à surmonter. Et, de plus, j'ai insisté pour que tu viennes. Peut-être un peu trop. Tu as beaucoup trop souffert, et c'est à cause de moi. Désormais, je préfère te tenir à l'écart de tout ça. Depuis mes visions, je ne fais que causer le malheur autour de moi. J'ai l'impression d'être une bombe à retardement, je..."

Une larme chaude coule le long de mon visage, caresse ma cicatrice, puis s'écrase sur la table. Je frotte ma main contre mes yeux, m'excusant au passage. Au fond, je me rends compte de tout ce que j'ai engendré. Et je le regrette. Je me libère enfin du poids de la mort de Ludovic, pleurant à chaudes larmes en pleine cantine. Dans la minute qui suit, je me reprends et sèche mes larmes. La moitié du self est tournée vers moi. Je sais ce qu'ils doivent ce dire. C'est le type qui était dans la banque. Oui, c'est moi. J'y étais pour y empêcher un drame. Et c'était la seule et unique raison de ma présence là-bas.

Julien et Vincent me rassurent, me réconfortent. Ils me comprennent. Après tout, Vincent, lui aussi, a été marqué par tout ça. Nous ne sommes pas des surhommes.

Nous terminons le reste de la journée comme nous l'avons commencé, avec des cours barbants. A la sortie des cours, j'évite Sophie qui tente par tous les moyens de me parler. Je n'avais pas envie de lui parler il y a quelques semaines, et je ne me sens toujours pas prêt. Je rentre chez moi, échangeant quelques SMS avec Julien et Vincent. Julien souhaite organiser une LAN, comme le jour de notre première rencontre. Je réponds par la négative. Je n'ai clairement pas la tête à me replonger dans des parties d'Halo ou je ne sais quoi ne menant finalement à rien. Pour le moment j'ai beaucoup de problèmes. Je n'ai fait que les éviter jusqu'à maintenant. Il est temps de les affronter. Une journée s'achève, ce soir. Finalement, la reprise a été dure, mais pas autant que ce dont je craignais.

Minuit. Je suis lessivé. Il est temps d'enfin souffler un peu. Récupérer quelques heures de sommeil avant de vivre les mêmes journées encore et encore.
Mes yeux se ferment. Je pense à des trucs incompréhensibles. Ca y est, enfin. Le sommeil.

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"Poussez la machine au maximum"


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