Note de la fic :
Kaileena, l'Impératrice des Papillons
Par : SyndroMantic
Genre : Fantastique, Horreur
Statut : Terminée
Chapitre 27 : Un Baiser Volé
Publié le 10/10/2010 à 19:08:31 par SyndroMantic
[c]Un Baiser Volé[/c]
Quand quelqu'un se soulève contre les règles de la nature, s'empare de lui une vertigineuse confusion entre la vérité et l'illusion. La liberté est une chose difficile à gérer, pour de jeunes âmes. La puissance de l'esprit ne le devient que lorsqu'elle arrive à dominer la part instinctive que toute considération inclue. La vie se joue en un équilibre infini reliant l'indépendance et la soumission. En tirant cette équilibre vers une nuit vécue sans le moindre assoupissement, je me trouvai le lendemain sujette à une vacation de ma conscience, dans une réalité que j'avais peine à discerner. Une sorte de sieste debout. Je respirais sans vivre. J'écoutais sans entendre. Je regarder sans voir. Et je sentais sans m'apercevoir qu'un objet lisse et cylindrique frottait sous ma ceinture. La discrétion imprimée à ce mouvement me fit souvenir le comportement qu'avait adopté mon tuteur, depuis peu. Il n'allait pas tarder à signaler le déjeuner, à cette heure. J'ouvris lentement mes paupières, prête à me réveiller.
Zohak ralentit son geste. Il se trouvait accroupi, à coté de ma couche, le main encore agrippée à un pan de ma robe. Je remarquai alors qu'il s'agissait en fait du parchemin que j'avais emporté, la nuit dernière, puis que j?'avais conservé sur moi, sans prendre gare d'aller le cacher. Je me figeai, appuyée sur mes bras engourdis. Mon tuteur me regardait toujours. Après une courte hésitation, je reculai prestement et gardai contre moi le morceau de papier. Zohak leva les mains, en signe de retenue pacifique. Il n'y avait dans son regard rien de malintentionné. Presque innocent. Je me levai et l'observai avec malaise. Nous avions en quelque sorte échangé les rôles. Lui trop curieux. Moi trop secrète. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine. J'étais affolée à l'idée qu'il puisse découvrir son contenu. Nous restâmes un certain temps, sans rien dire. Après un moment d'immobilité, Zohak prit le premier la parole :
« Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il simplement, toujours accroupi.
Je pris une peureuse inspiration.
- Ce... ce n'est rien... Rien du tout !
L'homme âgé marqua un arrêt.
- Tu ne veux pas m'en parler ?
Je fis non de la tête. Le silence retomba. Plus rien ne bougeait. Je gardai la même expression anxieuse, et lui une certaine neutralité dans son attitude, qui contredisait la vague de doutes déferlantes dans ses pensées. Aucun des deux ne savait vraiment de quelle manière réagir. Il nous arrive parfois de ressentir lorsqu'une situation n'a pas lieu d'être. Mais en échapper est bien plus compliqué, si bien qu'il semble parfois nécessaire de la pousser jusqu'à un certain point. Zohak se racla la gorge.
- Pourquoi ? Est-ce un journal intime ? Dis-le moi de suite, je ne chercherai pas à en savoir plus...
Je grimaçai. La surprise du moment me brouilla tant les idées que celle de mentir, ne serait-ce qu'en approuvant, ne put me traverser. De plus, le prêtre s'aperçut très vite de l'erreur de sa question. Un journal intime ne pouvait se tenir en une seule page. Mon attitude le replongea dans la perplexité.
- Voudrais-tu... voudrais-tu me cacher quelque chose ?...
Ma respiration s?accéléra.
- N... Non... Non... Ce... balbutiai-je. C'est... C'est personnel.
C'était ça. Exactement ça. Juste un jardin secret que je voulais étendre un peu plus largement, pour garantir une plus forte liberté. Des choses que tout enfant de cet âge pressent un jour ou l'autre. Un simple besoin d?intimité supplémentaire. Avant, j'avais caché mon aquaphobie à Zohak de peur de le vexer en vue de toutes les fois qu'il espérait m'avoir réjouie, en m'amenant au bord de l'eau. Là, j'avais juste envie de poser les barrières de ma propre résidence. Et puis Zohak n'était pas obligé de tout savoir de ma vie. Encore aurait-il fallu que je justifie le fait que ce document se trouve en ma possession, au réveil. Avouer que je n'avais pas dormi du tout cette nuit ? Impensable. Il ne fallait en aucun cas qu'il découvre ce qu'il s'était passé. Tout ce que j'avais vécu devait rester secret. Il en allait de bien plus que ce que j'imaginais. Je devais à tout prix rester discrète sur mes agissements. Ne pas lui donner la moindre piste. Ce tableau que je serrai dans ma main droite contenait des informations compromettantes. Même si j'ignorais toujours comment j'avais pu en prendre connaissance, il ne me fallait pas traiter ceci à la légère. Le plus pratique était encore de ne rien lâcher.
- D'accord, je comprends... Résolut mon ami. Bon, je te laisse aller le ranger. Moi, je vais finir de préparer le déjeuner. Tu reviendras après pour manger ?
- Oui, Oui. » Fis-je en partant vers la cabane.
Alors que je m'abaissai sous le meuble, j'émis un petit rire. Toute cette comédie était quand même un peu idiote. Que craignais-je ? Peut-être ce dessin lui aurait-il plu ? Moi aussi, je le trouvais très beau, toute prétention mise à part. J'étais particulièrement fière de mon prince. Il était très réussi. J'aimais bien sa coupe de cheveux, et surtout ses yeux bleus, tout comme son regard. Même le château en fond de plan ajoutait une note enchanteresse. Depuis le temps que nous vivions sur cette île, un dépaysement visuel n'était pas de refus. Zohak me voyait si souvent dans mon coin, à m'ennuyer, sans avoir une idée de distraction pour moi. L'écart d'âge était trop grand. Nos préoccupations n'avaient rien à voir. Ce dessin, dont je m'étais plue à trouver chaque moyen, cherchant toutes les matières qui auraient pu m'y être utiles, lui aurait peut-être fait du bien, n'ayant plus à s'occuper de mes jeux. J'avais une âme d'artiste ! Un vieillard naïf comme lui m'en aurait sûrement félicitée, sans pour autant m'encombrer quand je demanderais de l'inspiration.
Ç'aurait peut-être été penser là qu'il m'ait laissée de mon coté, sans jamais se mêler de ce qui faisait mon plaisir... Mais le parent d'une enfant garde toujours un oeil sur la tournure que prennent ses activités. Une sorte d'instinct. Ou de Vice.
Quand quelqu'un se soulève contre les règles de la nature, s'empare de lui une vertigineuse confusion entre la vérité et l'illusion. La liberté est une chose difficile à gérer, pour de jeunes âmes. La puissance de l'esprit ne le devient que lorsqu'elle arrive à dominer la part instinctive que toute considération inclue. La vie se joue en un équilibre infini reliant l'indépendance et la soumission. En tirant cette équilibre vers une nuit vécue sans le moindre assoupissement, je me trouvai le lendemain sujette à une vacation de ma conscience, dans une réalité que j'avais peine à discerner. Une sorte de sieste debout. Je respirais sans vivre. J'écoutais sans entendre. Je regarder sans voir. Et je sentais sans m'apercevoir qu'un objet lisse et cylindrique frottait sous ma ceinture. La discrétion imprimée à ce mouvement me fit souvenir le comportement qu'avait adopté mon tuteur, depuis peu. Il n'allait pas tarder à signaler le déjeuner, à cette heure. J'ouvris lentement mes paupières, prête à me réveiller.
Zohak ralentit son geste. Il se trouvait accroupi, à coté de ma couche, le main encore agrippée à un pan de ma robe. Je remarquai alors qu'il s'agissait en fait du parchemin que j'avais emporté, la nuit dernière, puis que j?'avais conservé sur moi, sans prendre gare d'aller le cacher. Je me figeai, appuyée sur mes bras engourdis. Mon tuteur me regardait toujours. Après une courte hésitation, je reculai prestement et gardai contre moi le morceau de papier. Zohak leva les mains, en signe de retenue pacifique. Il n'y avait dans son regard rien de malintentionné. Presque innocent. Je me levai et l'observai avec malaise. Nous avions en quelque sorte échangé les rôles. Lui trop curieux. Moi trop secrète. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine. J'étais affolée à l'idée qu'il puisse découvrir son contenu. Nous restâmes un certain temps, sans rien dire. Après un moment d'immobilité, Zohak prit le premier la parole :
« Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il simplement, toujours accroupi.
Je pris une peureuse inspiration.
- Ce... ce n'est rien... Rien du tout !
L'homme âgé marqua un arrêt.
- Tu ne veux pas m'en parler ?
Je fis non de la tête. Le silence retomba. Plus rien ne bougeait. Je gardai la même expression anxieuse, et lui une certaine neutralité dans son attitude, qui contredisait la vague de doutes déferlantes dans ses pensées. Aucun des deux ne savait vraiment de quelle manière réagir. Il nous arrive parfois de ressentir lorsqu'une situation n'a pas lieu d'être. Mais en échapper est bien plus compliqué, si bien qu'il semble parfois nécessaire de la pousser jusqu'à un certain point. Zohak se racla la gorge.
- Pourquoi ? Est-ce un journal intime ? Dis-le moi de suite, je ne chercherai pas à en savoir plus...
Je grimaçai. La surprise du moment me brouilla tant les idées que celle de mentir, ne serait-ce qu'en approuvant, ne put me traverser. De plus, le prêtre s'aperçut très vite de l'erreur de sa question. Un journal intime ne pouvait se tenir en une seule page. Mon attitude le replongea dans la perplexité.
- Voudrais-tu... voudrais-tu me cacher quelque chose ?...
Ma respiration s?accéléra.
- N... Non... Non... Ce... balbutiai-je. C'est... C'est personnel.
C'était ça. Exactement ça. Juste un jardin secret que je voulais étendre un peu plus largement, pour garantir une plus forte liberté. Des choses que tout enfant de cet âge pressent un jour ou l'autre. Un simple besoin d?intimité supplémentaire. Avant, j'avais caché mon aquaphobie à Zohak de peur de le vexer en vue de toutes les fois qu'il espérait m'avoir réjouie, en m'amenant au bord de l'eau. Là, j'avais juste envie de poser les barrières de ma propre résidence. Et puis Zohak n'était pas obligé de tout savoir de ma vie. Encore aurait-il fallu que je justifie le fait que ce document se trouve en ma possession, au réveil. Avouer que je n'avais pas dormi du tout cette nuit ? Impensable. Il ne fallait en aucun cas qu'il découvre ce qu'il s'était passé. Tout ce que j'avais vécu devait rester secret. Il en allait de bien plus que ce que j'imaginais. Je devais à tout prix rester discrète sur mes agissements. Ne pas lui donner la moindre piste. Ce tableau que je serrai dans ma main droite contenait des informations compromettantes. Même si j'ignorais toujours comment j'avais pu en prendre connaissance, il ne me fallait pas traiter ceci à la légère. Le plus pratique était encore de ne rien lâcher.
- D'accord, je comprends... Résolut mon ami. Bon, je te laisse aller le ranger. Moi, je vais finir de préparer le déjeuner. Tu reviendras après pour manger ?
- Oui, Oui. » Fis-je en partant vers la cabane.
Alors que je m'abaissai sous le meuble, j'émis un petit rire. Toute cette comédie était quand même un peu idiote. Que craignais-je ? Peut-être ce dessin lui aurait-il plu ? Moi aussi, je le trouvais très beau, toute prétention mise à part. J'étais particulièrement fière de mon prince. Il était très réussi. J'aimais bien sa coupe de cheveux, et surtout ses yeux bleus, tout comme son regard. Même le château en fond de plan ajoutait une note enchanteresse. Depuis le temps que nous vivions sur cette île, un dépaysement visuel n'était pas de refus. Zohak me voyait si souvent dans mon coin, à m'ennuyer, sans avoir une idée de distraction pour moi. L'écart d'âge était trop grand. Nos préoccupations n'avaient rien à voir. Ce dessin, dont je m'étais plue à trouver chaque moyen, cherchant toutes les matières qui auraient pu m'y être utiles, lui aurait peut-être fait du bien, n'ayant plus à s'occuper de mes jeux. J'avais une âme d'artiste ! Un vieillard naïf comme lui m'en aurait sûrement félicitée, sans pour autant m'encombrer quand je demanderais de l'inspiration.
Ç'aurait peut-être été penser là qu'il m'ait laissée de mon coté, sans jamais se mêler de ce qui faisait mon plaisir... Mais le parent d'une enfant garde toujours un oeil sur la tournure que prennent ses activités. Une sorte d'instinct. Ou de Vice.
Commentaires
- Pseudo supprimé
27/10/2010 à 14:03:10
*Se manifeste*