Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Lendemains Incertains


Par : VingtsCoeurs
Genre : Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 32


Publié le 04/07/2010 à 16:00:28 par VingtsCoeurs

/Novembre 2011 : Un chez-soi I/


[« Bon, les amis, à partir de cet instant, vous n’êtes plus considérés comme des civils mais comme des soldats de réserve. Vous pouvez à présent m’appeler Caporal Leroy, me saluer, et retourner faire comme bon vous semble. Le souper est à 9h00, pas de retardataires à la cantine. Bienvenue dans notre grande famille. » ]


C’est avec l’esprit plutôt embrumé que nous sortîmes de la petite pièce. Ressortant en marchant lentement, je regardais tour après tour les visages inconnus qui se tournaient vers nous. La plupart jeunes, voire très jeunes. J’aperçus de loin un gamin âgé d’une quinzaine d’années portant sa main à sa taille, jouant de la paume sur la crosse de son calibre. Mais mon regard dévia sur un homme âgé, arborant la même ceinture de cuir noire et le même reflet métallique qui luisait à la lumière pâle d’un mois de Novembre.
Nous avions deux heures devant nous, deux heures qui passèrent vite. Trop vite pour nous habituer à la disposition du camp ou à son organisation hiérarchique. Peu d’infos filtrèrent à ce sujet, jusqu’au fameux repas, sorte de rendez-vous incontournable pour nombre de survivants éméchés et anéantis par la tournure qu’avait prise leur vie.
A la table où la majeure partie de notre groupe était assis, une femme aussi en face de moi engagea la conversation, par pure politesse. Sans trop s’étendre sur sa vie personnelle passée et présente, elle nous présenta rapidement les faits : les deux personnes les plus importantes du camp étant un membre du gouvernement, seul rescapé, et le membre le plus gradé de l’armée rescapée. Ma surprise fut de taille lorsque leurs identités me furent révélées : bien que le nom du gradé ne me disait rien, je ne pus que déglutir à l’annonce du nom du chef actuel du gouvernement français, seul survivant, ou plutôt survivante : Bachelot.
« Eh bah le voilà notre Boomer, ironisa Thomas, avant d’ajouter : En parlant de ça, je vais reprendre un peu de bouillie infâme, j’ai la dalle. »

Après le repas, tout ce beau monde rentra illico-presto dans ses quartiers, la plupart escortés par les militaires faisant respecter un couvre-feu. Alors que tout le groupe rentrait dans l’appartement et s’affalait sur ses draps, je m’avançait vers une fenêtre donnant sur la « cour intérieure » du camp. De petites troupes de légionnaires sillonnant nonchalamment les allées, marchant d’un pas lourd et sourd sur une terre meuble et humide. Leurs lampes-torches balayant les recoins, leurs masques et lunettes infrarouges luisant dans la pénombre. Les vigies portaient en bandoulière leurs armes, tenant devant leurs yeux jumelles d’une main et portant à leur oreille un talkie-walkie de l’autre. Leur petit manège tourna une bonne dizaine de minutes, puis les cohortes se dissipèrent peu à peu, remplissant leurs quartiers respectifs, pour ne laisser que quelques vigies qui se chargèrent d’enclencher un système d’éclairage bleuté : quelques cris déchirants non loin se firent entendre, hachant le calme plat qui s’était installé peu de temps avant. Puis plus rien.

Alors que les quelques soldats de faction et de garde arpentaient les murailles, regardant de temps à autre au loin jumelles aidant, j’allumais une cigarette dont la fumée âcre me piqua les yeux. Les volutes s’envolaient comme ralenties par l’air glacial. A mon grand étonnement, personne ne vint me déranger pour fermer la fenêtre. Tous étaient silencieux, éveillés, la respiration régulière. Ma cigarette se consumait lentement, et j’appréciais chaque instant, chaque bouffée de tabac, sentant le peu de tension que je ressentais alors s’évaporer. Je me sentais en sécurité. Pour l’instant.

Matthieu vint me rejoindre et m’emprunta une clope pour partager mon vice. Nous étions accoudés à la fenêtre, scrutant l’obscurité. Nos cendres tombant à l’étage en dessous, et la fumée rentrant partiellement à l’intérieur de la pièce.
Une fois ma besogne achevée, je me dirigeais vers la chambre que je partageais avec Claire. Je quittais mes vêtements pour rejoindre les draps, et pour sentir le contact de sa peau avec la mienne. Je rejoignis Morphée prestement, un léger sourire sur le visage. Une bonne nuit comme je n’en avais pas faite depuis longtemps.


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