Note de la fic :
Publié le 04/07/2010 à 15:59:25 par VingtsCoeurs
/Novembre 2011 : Le Refuge II/
[Alors que la porte se refermait doucement dans un grincement métallique, je restais devant l’encadrement de celle-ci. Le visage faussement mature où poussait une barbe de trois jours était étonnamment juvénile. Le soldat Faure ne devait pas avoir plus de 20 ans. Et les cernes sous ses yeux lui donnaient certainement quelques mois de plus. ]
La demi-heure qui s’ensuivit fut plutôt calme. Nous étions tous à attendre le peu d’affaires que nous possédions, notre dernier lien avec notre passé ou un quelconque futur. Pendant que certains s’occupaient à se plaindre des réquisitions que nous nous étions vu imposées, je déambulais lentement entre les murs de notre nouvelle demeure. Les murs étaient blancs. Ou avaient été, des traces de doigts noircissant ceux-ci un peu partout. Sous ma démarche peu vaillante, craquait un vieux parquet. L’appartement s’articulait autour d’une grande salle, reliée à deux chambres par un long couloir. A l’opposé se trouvait dans une petite enclave une salle de bains aussi grande, voire luxueuse d’après ce que je connaissais des commodités. Pressé de faire partir cette sueur dont l’odeur me suivait partout, je découvrais ainsi une large baignoire, propre, à ma grande joie. Aseptisée aurait été un mot plus approprié, l’endroit empestant la Javel.
Des piles de serviettes immaculées s’amoncelaient à ses côtés, des gants de toilettes posés stratégiquement sur ces piles. Claudiquant, je refermais la porte à l’aide de la clé placée dans la serrure, et, la prenant avec moi, commençait lentement à me préparer un long bain chaud. Le doux bruit de l’eau et les vapeurs dues à la chaleur me semblèrent irréelles durant les premières minutes. Un fond d’eau chaude m’attendait au fond de la baignoire alors que je venais de me débarrasser de mes loques, sales et empestant la peur. Je les jetais à travers la pièce, et plongeant mon orteil dan l’eau, ressentit une vive douleur due à la température. Je souriais néanmoins, heureux de retrouver des problèmes « normaux » dans mon existence qui semblait s’être détournée totalement de cette notion de « normalité ». La mousse savonneuse diffusait une forte odeur d’orange, ce qui ne me déplaisait pas. Je posais mes bras sur les bords de la baignoire, posant la clé que je tenais toujours dans ma main droite. Je venais de me détendre lorsque me vint les échos réguliers d’un poing cognant contre une porte métallique : nos affaires étaient arrivées plus tôt que prévu, ce qui était plutôt bon pour nous.
Quelques minutes après, les mêmes bruits réguliers se rapprochèrent jusqu’à la porte de la salle de bain, d’où filtra la douce voix de Claire :
« Clément ? Tu m’ouvres ? J’ai des affaires propres et ta canne.
_ J’arrive, j’arrive, dis-je, m’agrippant aux côtés de la baignoire, afin de ne pas trop solliciter ma jambe encore fragile. Je pris une serviette et, la nouant autour de ma taille, m’avançait vers la porte. Je tournais donc la poignée, me rendant compte que je l’actionnais dans le vide. Claire commençait à s’impatienter.
« Allez l’infirme !
_ Ouais ouais, stop j’ouvre ! Répliquais-je après être allé nonchalamment chercher la clé que j’avais posée quelques minutes auparavant.
La porte s’ouvrit, laissant s’échapper de la pièce des volutes de chaleur, vapeur qui me laissa entre voir Claire, portant canne, vêtements et bandages.
« Les pansements, c’est peut-être pas la peine… commençais-je.
_ Si c’est la peine. Deux jambes c’est mieux qu’une et demie, môssieu. Allez, on se bouge, y’a des gens qui veulent se laver dehors, et on n’a qu’une seule salle de bain. Allez, zou, je me retourne, tu me dis quand c’est bon, dit-elle en m’envoyant à la figure des sous-vêtements.
_ Limite tu peux sortir deux secondes aussi.
_ Aucune raison, de toute façon, y’a rien à voir, fait pas le prude, se moqua-t-elle en se retournant.
_ T’as rien vu surtout. Et c’est facile de se moquer des éclopés, fis-je, alors que j’enfilais le caleçon. C’est bon.
_ Superbe. Bon, viens, c’est l’heure du bandage.
_ Génial » , dis-je, l’air faussement détaché.
Alors qu’elle parcourait ma peau et mes plaies de mes mains délicates, faisant courir la bande sur mes blessures, je m’efforçais de penser le plus intensément possible à un cake mou ou à du flan à la vanille. Pour des raisons diverses. Son travail fait, elle me laissa mettre le jean qu’elle avait ramené, et m’aida à mettre ma ceinture et me boutonna la chemise blanche qu‘elle avait (semble t-il) choisie, pour ensuite me déposer un baiser tendre et furtif sur les lèvres.
Elle rouvrit les yeux, me fixa longuement, les yeux rieurs et un petit sourire satisfait. Me donnant ma canne, elle me traina en dehors de la salle de bain et lança haut et fort :
« SALLE DE BAINS LIBRE !
_ Déjà ? C’est pas trop tôt, j’espère qu’il reste de l’eau chaude, grommela Matthieu, qui allait s’avancer vers la pièce devenue une sorte de sauna après mon passage.
_ J’essayerai de t’en laisser, mais je ne promets rien, glissa Cécile à son oreille, le faisant frémir et le devançant pour lui fermer la porte au nez.
_ Mais meeeerde…
_ Cécile 1, Toi 0, fit Théo, quelques mètres plus loin, affalé sur l’un de nos matelas placé par terre, adossé à un mur et plongé dans un livre, le visage concentré et les sourcils froncés, tout comme le faisait à présent Isabelle.
_ Mouais, lâcha-t-elle, fixant le dos de Matthieu, planté devant la porte de la salle de bain.
Laissant le reste de la troupe dans une bonne ambiance, Claire et moi prirent possession d’une des chambres, pour y découvrir une armoire gigantesque et vide, une commode non moins vide, un miroir et un gigantesque lit deux (deux ?) places. Je m’affalais dans les draps sentant la lessive bon marché, regardant Claire remplir les meubles de ses affaires, jusqu’à ce que la fatigue m’arrache à la contemplation.
[Alors que la porte se refermait doucement dans un grincement métallique, je restais devant l’encadrement de celle-ci. Le visage faussement mature où poussait une barbe de trois jours était étonnamment juvénile. Le soldat Faure ne devait pas avoir plus de 20 ans. Et les cernes sous ses yeux lui donnaient certainement quelques mois de plus. ]
La demi-heure qui s’ensuivit fut plutôt calme. Nous étions tous à attendre le peu d’affaires que nous possédions, notre dernier lien avec notre passé ou un quelconque futur. Pendant que certains s’occupaient à se plaindre des réquisitions que nous nous étions vu imposées, je déambulais lentement entre les murs de notre nouvelle demeure. Les murs étaient blancs. Ou avaient été, des traces de doigts noircissant ceux-ci un peu partout. Sous ma démarche peu vaillante, craquait un vieux parquet. L’appartement s’articulait autour d’une grande salle, reliée à deux chambres par un long couloir. A l’opposé se trouvait dans une petite enclave une salle de bains aussi grande, voire luxueuse d’après ce que je connaissais des commodités. Pressé de faire partir cette sueur dont l’odeur me suivait partout, je découvrais ainsi une large baignoire, propre, à ma grande joie. Aseptisée aurait été un mot plus approprié, l’endroit empestant la Javel.
Des piles de serviettes immaculées s’amoncelaient à ses côtés, des gants de toilettes posés stratégiquement sur ces piles. Claudiquant, je refermais la porte à l’aide de la clé placée dans la serrure, et, la prenant avec moi, commençait lentement à me préparer un long bain chaud. Le doux bruit de l’eau et les vapeurs dues à la chaleur me semblèrent irréelles durant les premières minutes. Un fond d’eau chaude m’attendait au fond de la baignoire alors que je venais de me débarrasser de mes loques, sales et empestant la peur. Je les jetais à travers la pièce, et plongeant mon orteil dan l’eau, ressentit une vive douleur due à la température. Je souriais néanmoins, heureux de retrouver des problèmes « normaux » dans mon existence qui semblait s’être détournée totalement de cette notion de « normalité ». La mousse savonneuse diffusait une forte odeur d’orange, ce qui ne me déplaisait pas. Je posais mes bras sur les bords de la baignoire, posant la clé que je tenais toujours dans ma main droite. Je venais de me détendre lorsque me vint les échos réguliers d’un poing cognant contre une porte métallique : nos affaires étaient arrivées plus tôt que prévu, ce qui était plutôt bon pour nous.
Quelques minutes après, les mêmes bruits réguliers se rapprochèrent jusqu’à la porte de la salle de bain, d’où filtra la douce voix de Claire :
« Clément ? Tu m’ouvres ? J’ai des affaires propres et ta canne.
_ J’arrive, j’arrive, dis-je, m’agrippant aux côtés de la baignoire, afin de ne pas trop solliciter ma jambe encore fragile. Je pris une serviette et, la nouant autour de ma taille, m’avançait vers la porte. Je tournais donc la poignée, me rendant compte que je l’actionnais dans le vide. Claire commençait à s’impatienter.
« Allez l’infirme !
_ Ouais ouais, stop j’ouvre ! Répliquais-je après être allé nonchalamment chercher la clé que j’avais posée quelques minutes auparavant.
La porte s’ouvrit, laissant s’échapper de la pièce des volutes de chaleur, vapeur qui me laissa entre voir Claire, portant canne, vêtements et bandages.
« Les pansements, c’est peut-être pas la peine… commençais-je.
_ Si c’est la peine. Deux jambes c’est mieux qu’une et demie, môssieu. Allez, on se bouge, y’a des gens qui veulent se laver dehors, et on n’a qu’une seule salle de bain. Allez, zou, je me retourne, tu me dis quand c’est bon, dit-elle en m’envoyant à la figure des sous-vêtements.
_ Limite tu peux sortir deux secondes aussi.
_ Aucune raison, de toute façon, y’a rien à voir, fait pas le prude, se moqua-t-elle en se retournant.
_ T’as rien vu surtout. Et c’est facile de se moquer des éclopés, fis-je, alors que j’enfilais le caleçon. C’est bon.
_ Superbe. Bon, viens, c’est l’heure du bandage.
_ Génial » , dis-je, l’air faussement détaché.
Alors qu’elle parcourait ma peau et mes plaies de mes mains délicates, faisant courir la bande sur mes blessures, je m’efforçais de penser le plus intensément possible à un cake mou ou à du flan à la vanille. Pour des raisons diverses. Son travail fait, elle me laissa mettre le jean qu’elle avait ramené, et m’aida à mettre ma ceinture et me boutonna la chemise blanche qu‘elle avait (semble t-il) choisie, pour ensuite me déposer un baiser tendre et furtif sur les lèvres.
Elle rouvrit les yeux, me fixa longuement, les yeux rieurs et un petit sourire satisfait. Me donnant ma canne, elle me traina en dehors de la salle de bain et lança haut et fort :
« SALLE DE BAINS LIBRE !
_ Déjà ? C’est pas trop tôt, j’espère qu’il reste de l’eau chaude, grommela Matthieu, qui allait s’avancer vers la pièce devenue une sorte de sauna après mon passage.
_ J’essayerai de t’en laisser, mais je ne promets rien, glissa Cécile à son oreille, le faisant frémir et le devançant pour lui fermer la porte au nez.
_ Mais meeeerde…
_ Cécile 1, Toi 0, fit Théo, quelques mètres plus loin, affalé sur l’un de nos matelas placé par terre, adossé à un mur et plongé dans un livre, le visage concentré et les sourcils froncés, tout comme le faisait à présent Isabelle.
_ Mouais, lâcha-t-elle, fixant le dos de Matthieu, planté devant la porte de la salle de bain.
Laissant le reste de la troupe dans une bonne ambiance, Claire et moi prirent possession d’une des chambres, pour y découvrir une armoire gigantesque et vide, une commode non moins vide, un miroir et un gigantesque lit deux (deux ?) places. Je m’affalais dans les draps sentant la lessive bon marché, regardant Claire remplir les meubles de ses affaires, jusqu’à ce que la fatigue m’arrache à la contemplation.