Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Lendemains Incertains


Par : VingtsCoeurs
Genre : Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 36 : Temps mort ?


Publié le 28/10/2010 à 23:45:59 par VingtsCoeurs

[Pour fêter ça, je pris une nouvelle cigarette. ]

-Deux mois plus tard-

Une allée obscure. Je cours sans savoir pourquoi. Des pas rapprochés se font entendre à mon oreille. Je comprends la raison de ma course. Je redouble d’effort. J’ai perdrais presque haleine.
Le noir est de plus en plus intense. Presque palpable. Tangible au point qu’il me ralentit. Je bute contre l’obscurité, je ne sais pas où je pose mes pieds. Je continues de courir, mais de plus en plus lentement. Je heurte quelque chose qui me bloque le passage.
Je me retourne. La lueur malsaine de leurs yeux se détache de l’encre bordant ce couloir. Les pas retentissent brusquement. Je ressens un violent coup à la nuque, et le noir me quitte pour laisser place à un rouge sombre. Je me sens partir.


Je me réveillais en sursaut aux côté de Claire. Son souffle régulier calmant le mien, saccadé. Je me sens en sueur. Je me dirige vers la salle de bain, tout en parcourant l’appartement, passant devant les multiples chambres où mes compagnons dormaient paisiblement. Imperturbables.

Alors que j’entre dans la salle de bains, je me rends compte de la précarité de notre situation.
Déjà plusieurs mois que tout a commencé. Plusieurs mois que nous occupons le camp. Le miroir terne de la salle de bains me reflète mon visage. J’ai des cernes marquées. A vrai dire, je dors mal. Ce cauchemar hante mes nuits.
D’un geste lent, je prends ma brosse à dent, la tenant fermement dans mes doigts fatigués. Un simple outil, une brosse effilochée bientôt bonne à aller à la poubelle. Un outil pourtant capital pour la survie.
Contrairement à ce que je pensais auparavant. Je revois les passants qui, chaque matin, en allant voir le Dr Haltar, me dévisage, avec leurs chicots. Je revois ceux qui, voyant l’incapacité du Dr Haltar à les soigner, s’en résument à une fin rapide, ne pouvant supporter la souffrance.

D’autres n’en ont pas la force. Ils meurent de faim, ou emportés par la fatigue et les complications de leurs abcès.

Le lavabo est sale. A vrai dire, je suis sale aussi. L’eau se fait rare. Apparemment ils recherchent un moyen de recycler l’eau pour le camp. Je doute que leur idée marche.
Je prends le gant de toilette qu’il nous reste. Je fais couler un fin filet d’eau glacée pour l’humidifier, pour prestement arrêter l’écoulement de l’eau. Je passe le gant sur mon visage fatigué. Mes mains tremblent toujours. Ce rêve était si réel. Est-ce ainsi que je vais finir ? Je ne sais pas. Je n’espère pas.

Je finis ma toilette nocturne. Je me sens un peu plus propre. Je n’ai dormi que quelques heures, pourtant, après quelques essais infructueux auprès de Claire, je me résigne à rester éveillé. Je fouille dans un tiroir pour trouver un paquet de cigarette. Je l’ouvre. Il est vide. Comme la plupart. J’ai eu beau me rationner pour cela aussi, cela ne pouvait durer éternellement. D’un geste rageur je le balance par delà la pièce. Je regarde ma montre, trouvée dans les stocks du comptoir A. 5h30.
Je me dirige vers une lucarne pour respirer un peu. L’air est froid, mais j’étouffe encore après ce songe. J’aurais dû m’y habituer, depuis le temps. Mais non. La fatigue, la soif, la faim, tout ça m’a fragilisé. Nous a fragilisé. Pour la fenêtre, je scrute le bleu pâle des générateurs. Sans eux, tout serait déjà fini. Je ne sais pas si ce que nous vivons est mieux ou pire que la mort. J’envie Laure. Après tout, elle est en paix maintenant. Elle ne pense pas à sa survie chaque jour. Elle ne souffre pas chaque jour. Une petite morsure et tout est fini…

Mon regard, perdu dans mes pensées macabres, se raviva pourtant rapidement. J’ai dû me tromper.
Non. Mes yeux ne me trahissaient pas. La lueur bleue faiblissait peu à peu. Pour s’éteindre. Le noir. Total. Comme dans mon rêve. Mon cœur sursauta. Les cris des patrouilles retentirent. Les grognements, lointains, aussi.


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