Publié le 02/08/2010 à 22:16:11 par MassiveDynamic
Quand les minutes deviennent des heures, j'espère encore et toujours voir le fond du fond, à croire que je marche depuis des lustres dans la même ambiance morbide, incapable de faire la différence entre quand mes yeux sont fermés ou ouverts. Et ces mêmes décors qui reviennent encore et encore, à base de voitures accidentés et d'ordures en tout genre. J'ai l'impression de marcher sur place depuis je ne sais pas combien de temps, et l'ennuie en plus de la peur s'est progressivement installé. C'est sale, ça pue. Je ne veux plus être ici, et j'en ai marre de marcher. Et j'en ai marre de l'entendre. De l'entendre, oui, car le silence est brisé depuis bien longtemps maintenant. Ce que j'entends ? Un murmure, le même, celui qui revient sans cesse, qui s'est collé à ma peau depuis que j'ai décidé de laisser Gray tout seul. Je ne sais pas si je perds la tête, je ne sais pas si je suis suivi, mais je sais que ça n'est pas prêt de s'arrêter, et, tout en marchant, j'essaie de ne pas y penser. Mon prénom, encore et toujours, et juste ce mot chuchoté encore, et encore, et encore... A en perdre la raison...
"Berouhn... Berouhn... "
Et quand je me retourne... Plus rien. Comme si, étrangement, quelque chose me poussait à faire demi tour, à retourner en arrière, au début de cet obscur tunnel, m'éloignant ainsi encore plus de la sortie. Hors de question. Je maintiendrai mon cap, peut importe l'enjeu. Et c'est pas un putain de son qui va me faire changer d'avis.
A force de répéter les mêmes mouvements, j'en oublie de m'attarder sur les détails qui habitent ce tunnel. Comme cette rambarde sur la gauche, semblant petit à petit descendre vers ce qui semble être un sous-sol. Je m'arrête un moment. Le murmure lointain semble se rapprocher. Des picotements désagréables commencent à me prendre dans le dos. Je ne sais pas si c'est la peur, mais je descends rapidement, atteint la porte du sous-sol après avoir descendu une série d'escaliers, alors que la largeur était d'à peine un mètre, puis j'ouvre la porte et la referme rapidement, engrangeant un tonnerre de bruits métalliques grinçants. Je me retourne. A ma plus grande surprise, ça n'est pas un sous-sol, mais une pièce. Et pas n'importe laquelle. Eclairée par plusieurs chandeliers, complètement tapissée, avec tout le mobilier d'une maison rustique classique, une table ronde en son milieu, un tapis à l'entrée, un lit sur le flanc gauche de la pièce, des étagères remplies de boites de conserve et de livres... Un mix entre le salon de campagne et l'abri anti-atomique... Et, bien entendu, la pièce, elle, n'est pas vide. Une ravissante jeune femme me dévisage, apeurée et tenant une arme dans sa main gauche.
"Qui... Qui êtes vous ? "
"Hey, du calme tâche de rousseur, je suis perdu dans ce tunnel depuis je ne sais plus combien de temps et j'essaie juste de trouver une sortie... "
"Une... sortie ? Vous espérez encore la trouver, vous ? "
"Pardon ? "
"La faim, vous avez faim ? "
"Euh, non, pas sp-"
"Et soif ? Ou une envie d'aller aux toilettes ? De dormir peut-être ? "
"Euh... Non, rien de tout cela. Vous allez bien ? Et c'est quoi cet endroit ? Une maison ? Sérieusement, dans ce tunnel ? "
"Vous ne voyez pas où je veux en venir. Soit. Cette pièce est ma maison, je ne veux plus remonter là-haut, pas avec lui, je ne veux pas le revoir. J'habite ici. C'est charmant, hein ? "
J'en viens presque à avoir plus peur ici que quand j'étais la-haut... Cette folle semble imprévisible, mieux vaut lui répondre avec des pincettes pour une fois. Je ne sais pas ce qu'elle fiche ici, mais en tout cas, les murmures ont cessé...
"Très... Dites, vous ne savez pas où est la sortie de ce tunnel, par le plus grand des hasards ? "
"La sortie ? Une sortie ? Il y a-t-il au moins une entrée ? Sans entrée, pas de sortie ! Oh, j'ai marché, j'ai marché à en perdre la raison. Je n'ai rien vu. Je n'ai plus vu la lumière, la vraie, celle du soleil, depuis si longtemps maintenant... "
Elle semble avoir complètement perdu la tête, et pourtant, ce n'est pas ce que dit son mobilier. Tout y est correctement rangé, en balayant les étagères du regard j'ai pu remarquer que les livres sont rangés par genre et dans un ordre alphabétique, la décoration est harmonieuse, son hygiène semble irréprochable, et ses lectures témoignent d'une personne visiblement cultivée. Je ne suis pas assez fort pour déceler son langage corporel, mais, d'une certaine façon, j'ai l'étrange impression qu'elle me ment. Et je crois commencer à savoir pourquoi.
Je vais pouvoir le savoir grâce à une très simple question.
Commentaires
- SyndroMantic
09/08/2010 à 14:40:52
Très bonne musique de fond
Sinon, j'ai trouvé à regret plusieurs impressions de déjà-vus, dans ton chapitre. Le début fait Silent Hill, avec la voix qui murmure le nom du héros pendant que celui-ci marche dans l'inconnu. L'abri anti-atomique fait LOST-les disparus, la foldingue armée qui a peur de quelque chose qu'on comprend pas et qui désespère de sortir de sa merde, encore plus, et je ne parle pas du surnom "tâche de rousseur", qui m'a tout l'air d'un réflexe qui t'a même échappé.
De ce que j'ai vu de ta narration, le héros ne s'adresse à personne, alors le voir poser la question "ce que j'entends ?" (à moins qu'il soit amnésique de temps en temps, ou schizo) fait HS. Il est censé très bien connaître la réponse. Alors inutile de se faire un dialogue intérieur.
Aussi, on n'attends pas que le héros suive la voix et rebrousse chemin (à sa place, justement j'éviterai, perso, vis-à-vis de cette voix), mais quand même de se demander d'où elle provient, qu'est-ce qu'elle fout là, etc... Ce serait imprudent de suivre ce qu'on ne connaît pas, mais ce serait tout à fait naturel de vouloir le connaître.
Sinon : "incapable de faire la différence entre quand mes yeux sont fermés ou ouverts" j'ai vraiment bien aimé l'idée.
La fin est aussi bien menée, j'ai hâte de savoir la suite