Publié le 11/08/2010 à 02:41:42 par MassiveDynamic
La voilà, me faisant face. Seul contre elle, les autres à quelques dizaines de mètres derrière moi. J'essayais d'engager le dialogue, mais apparemment, on ne discute pas avec la mort...
"Alors... Tu veux me tuer, hein ? Ou du moins m'achever, puisque je suis déjà entre la vie et la mort..."
Pas de réponse, évidemment. Elle continuait d'avancer vers moi, en faisant trainer sa faux sur le sol, occasionnant un brouhaha malsain brisant le silence et résonnant dans tout le tunnel dont la distance ne semblait toujours pas être délimitée. Encapuchonnée, comme les illustrations que j'ai vu d'elle de mon vivant. Si ça se trouve, c'est mon cerveau qui lui donne cette apparence puisque c'est la seule que je connais d'elle. Je ne sais pas... Etant dans ma tête, je devrais être en mesure de manipuler cet endroit à ma guise. Puis, à force de me concentrer, en quelques secondes, je dois bien le dire, puisque mon temps était compté, j'ai fini par me rappeler les paroles de Malak. Cet endroit, c'est juste le passage obligé des comateux. Il est rempli de ses quelques souvenirs, mais il n'obéit pas à sa volonté. C'est un peu comme si je dormais dans la maison d'un ami, il a toujours le contrôle sur son propre toit même si je peux un peu le modifier, en y déposant mes affaires. Et donc, cette prise de conscience soudaine, que peut-être, oui, peut-être, j'allais y laisser la vie. Je fixe le noir émanant de la capuche de la mort pour tenter d'y distinguer un quelconque visage mais je ne vois rien. Je me retourne et vois Malak qui me fixe, mais Gray, lui, a disparu... Ca n'était donc bel et bien qu'un produit de mon imagination, probablement pour me donner bonne conscience... Je ne suis vraiment qu'une sombre merde.
Et encore plus lâche que ce que je pensais, finalement. Incapable d'affronter une telle personnification, la Mort elle-même, je ne peux pas accepter qu'elle vienne pour moi, non. Elle avance vers moi, je recule vers Malak, jusqu'à arriver à ces côtés.
"Berouhn. Si tu fais demi-tour, ton esprit va se perdre dans ce tunnel sans fond, et tu finiras en état de mort cérébrale. Tu ne dois pas faire demi-tour. "
" Je ne peux pas, ok ?! Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?! Que je lui assène une droite ? Que je me mette à boxer la mort, c'est ça ? Bon sang, mais je ne peux pas ! J'en peux plus, j'en ai marre, je veux sortir d'ici ! "
Et la mort continuait d'avancer lentement vers moi, désormais plus qu'à quelques mètres, elle semblait prendre un malin plaisir à me narguer. Les seuls bruits qui émanaient d'elle étaient des cliquetis, et des cliquetis de plus en plus pesants.
"Et, pourquoi vous m'avez aidé ? Pourquoi moi ? Pourquoi pas les autres ? Enfin... "
" Parce que je suis ton ombre, Berouhn. Toujours reliée à toi, j'ai vécu ta vie, en permanence, j'ai vécu ton accident, et désormais, je suis à la fois ici avec toi comme dans ta chambre d'hôpital. Je suis ton ombre, et plus précisément ton ange gardien. Tout le monde en a un, en permanence. Nous avons fait serment de vous aider durant toute votre vie, et pendant le Passage, qui est ce tunnel. Je ne me prénomme pas Malak pour rien. Je veille sur toi sous la forme d'ombres sur Terre, et ici, tu me vois telle que je suis. Mais je ne peux pas m'opposer à la mort. Cependant, crois-moi, tu dois sortir. Je sais ce que tu as fait, et je te comprends, mais-"
La Mort coupe court à la conversation. Elle est bien trop proche, et je suis forcé de reculer, et je recule avec Malak, qui décidément ne cesse de me surprendre, et, me remplie de compassion envers elle, alors que tous mes sentiments se brassent en quelques secondes, la mort ne cessant de nous faire reculer lentement.
"Ecoute-moi, tu dois avancer ! Nous ne devons plus reculer. Tire-toi. On se retrouvera, devant la sortie. Et je te raconterai tout. Je te pardonne, Berouhn. Fuis. Tu vas finir par tout comprendre. Il ne te reste plus qu'à te pardonner toi-même et accepter tes fautes. "
Une grosse explosion balaie toute la structure droite du mur craquelé. Une nouvelle voie s'ouvre à moi. Probablement ma seule, unique, et dernière échappatoire. Sous mes yeux ébahis, Malak me presse de partir, alors que la mort lève désormais sa faux. Je la fixe, une dernière fois avant d'enfin me décider à aller rejoindre Marion.
"Je... Merci... "
De simples remerciements, et je me mets à courir à toute vitesse dans cette issue soudaine. Apparemment, Malak peut manipuler ce tunnel... Plus j'avance, plus tout ce que je sais sur ce tunnel se révèle être faux. Je nage dans le faux. Et je cours dans le noir le plus obscur. Fonçant tête baissée, je peux entendre des cliquetis derrière moi, se rapprochant encore et encore, gagnant de plus en plus de terrain. Mes halètements se font de plus en plus bruyants, je commence à m'essouffler, mon sprint touchant bientôt à sa fin. Je cours vers le désespoir, puisque cette issue ne semble pas déboucher vers une fin, et pire encore, cette fois-ci, je ne peux plus m'arrêter, mais je dois m'arrêter, je faiblis, mais je ne peux pas stopper, je ne dois pas, mais je n'y arrive pas, mes jambes fléchissent, je perds l'équilibre, je m'effondre.
Je lève la tête, difficilement, et je la vois. Elle brandit sa faux, je repense à tous ceux que j'aime et que j'ai aimé. Je repense à Marion, à combien je l'aimais, à ma réaction quand j'ai découvert son aventure d'un soir avec Gray, et à mon geste désespérément égoïste. Je repense aussi une dernière fois à Gray, et prend conscience que quand j'ai tenté de me foutre en l'air, dans cette foutue bagnole, lui à bord, ayant basculé, c'était la dernière fois de ma vie que je pouvais partager un moment avec lui. Et quel moment... Même si Marion s'en est tiré, je comprends parfaitement que jamais elle ne me pardonnera. Aussi, l'improbable chance de la voir à mon utopique réveil n'est qu'un rêve stupide. Je suis profondément désolé, une dernière fois. Toute ma vie, j'aurais décidément été un gros con.
Commentaires
- SyndroMantic
11/08/2010 à 21:21:07
"Si ça se trouve, c'est mon cerveau [...] c'est la seule que je connais d'elle" bien, l'idée m'fait penser à Paradis Perdu, j'sais pas si tu connais...
En tout cas, la suite directe montre que tu t'écartes de cette BD, et la définition du tunnel est très bien écrite.
"le noir émanant de la capuche de la mort" me fait bizarre, ce verbe, je trouve pas que ce soit le meilleur pour parler d'une couleur. on a rarement conscience qu'elles sont du même ordre que la lumière, et jusqu'à ça ne soit plus le cas, je pense que tu verrais mieux de faire comme si c'était pas le cas.
"Je ne suis vraiment qu'une sombre merde." sympa, le final, cette humilité rend le héros 'achement plus sympathoche
En revanche, pour la peur qui suit, ça, je ne l'ai pas du tout ressenti. T'aurais du 'achement plus t'appliquer sur cette émotion, c'est presque la plus forte et la plus intense, généralement.
"La Mort coupe court à la conversation." euh... ben ouais, on l'attendait un peu, celle-là. discours trop long, de la part de malak, franchement. fallait faire à mort ('le cas d'le dire) dans le concis, là...
"Elle est bien trop proche, [...] faire reculer lentement." trop casse-gueule, la phrase : trop d'intérêts, un coup le recul, un coup les sentiments, un coup la mort qui s'approche + trop de "et" + une virgule que j'ai pas comprise dans le dernier.
Euh... j'me goure peut-être, mais la rédemption, pour moi, c'est la volonté de s'améliorer, si ce n'est l'acte en lui-même. Pas de se morfondre au point de n'avoir plus de volonté du tout, et s'enterrer dans la tristesse. Pour résumer, la rédemption a pour moi toujours évoqué de l'espoir, et c'est bien le contraire qu'évoque ce chapitre. dommage, mais voyons la suite
PS : avec la musique que t'as mis, tu veux vraiment ranger ta fic dans le genre de l'horreur ?? C'est pas parce qu'il fait tout noir et que le héros a peur... 'fin bref.