Mes yeux s'ouvrent, lentement, et la lumière m'aveugle, comme si je ne l'avais pas vu depuis des lustres. Première vue... Un plafond. Je regarde tout autour de moi. Une chambre d'hôpital ? J'ai les membres engourdis. Je bouge mes deux jambes un peu dans tous les sens, puis je regarde à ma droite, et je la vois. Marion dort à poing fermés sur une chaise. Je la fixe, la regarde dormir paisiblement, profondément. J'observe mes bras, et je les vois reliés à une perfusion. Bien entendu, je porte l'un de ces accoutrements pour malades qu'on donne dans les hôpitaux. Une robe de chambre en somme. Je continue de fixer Marion, puis petit à petit, je commence à me demander ce que je fais ici, dans ce lit. Mais je n'ai pas vraiment le temps de me questionner.

"Berouhn ?! "

Une voix si pure. Pourquoi j'ai ce profond sentiment de ne pas l'avoir entendue depuis une éternité ? Marion se jette sur moi, visiblement heureuse, laissant exploser sa joie, elle m'enlace, et je peux voir une immense joie qui se dessine via son sourire éclatant. Puis c'est deux médecins qui font irruption.

"Alors vous vous réveillez enfin monsieur Berouhn. C'est Sellia qui va être contente, elle n'aura pas à vous laver aujourd'hui, ha ha ! "

Ha ha... Ouais... Aujourd'hui ?

"Excusez-moi mais qu'est-ce que je fais ici ? "

Les premiers mots que je prononce me semblent comme un défi. Ma gorge est désespérément sèche.
Le médecin à grosse moustache s'approche de moi. A voir son air de spécialiste, c'est probablement le chef du bloc.

"Pertes de mémoire ? Va falloir vous faire passer quelques analyses par après. De toute façon vous serez suivi pour plusieurs mois histoire d'être sûr que votre état de santé soit stable. Vous sortez de deux semaines de coma, monsieur Berouhn. "

"De... Coma... ?"

"Chéri, tu ne te rappelles pas de ton accident ? "

Marion me regarde, droit dans les yeux, interloquée, mais elle ne daigne pas me lâcher, toujours agrippée à mon cou.

" L'accident ? "

"Ton accident de voiture. Tu rentrais du boulot et un malade suicidaire t'ait rentré dedans... "

"Hein ? "

"Vous devriez le laisser se reposer un peu. "

Lui dis le gros moustachu.

"Vous devriez surtout m'apporter un verre d'eau. J'ai putain de soif ! "

Je m'exclame bruyamment mais Marion l'ignore complètement, enfermée dans son monde de béatitude et de joie, ne pouvant se défaire de mon regard et de me voir bien vivant.

"J'appelle Gray immédiatement. Il va sauter de joie quand il va apprendre la nouvelle. "

Et la nouvelle se sera rapidement répandue. Voilà maintenant deux semaines que je me suis réveillé, toujours amnésique du jour de l'accident, mais je commence enfin à reprendre ma vie aux côtés de la plus délicieuse et merveilleuse des femmes, et j'ai pu surprendre tout le monde en leur annonçant mon réveil. Finalement, après un accident comme celui-ci, on en ressort changé. Par contre, je suis déçu, toutes ces histoires de revivre des souvenirs passés dans son coma ou de voir une lumière éblouissante et toutes ces conneries... Moi, ça n'a seulement été que le néant. Je suis content de pouvoir à nouveau ouvrir les yeux, même si, parfois, j'ai peur de les fermer et de retomber dans le coma.

Aujourd'hui, comme depuis ce lundi, je me lève pour aller au travail. Aujourd'hui, et à nouveau, j'ai d'étranges sensations quand je passe sur l'autoroute où a eu lieu mon accident. Aujourd'hui, comme tous les jours, j'essaie de rentrer en un seul morceau pour pouvoir à nouveau enlacer l'amour de ma vie. Aujourd'hui, et à l'instant, je me rends compte que je n'ai pas d'ombre.

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Voilà la fin du Tunnel. Merci à ceux l'ayant suivis. La fin devait être bien plus ouverte et compliquée que celle-ci à la base, mais j'ai préféré opter pour quelque chose de moins ouvert et plus évident. Elle aurait même pu se terminer au chapitre 9 et donc être plus qu'ouverte puisque sujette à toutes les interprétations, mais ça c'est vous qui voyez, en attendant, ce chapitre, c'est ma version finale. Si quelqu'un a des questions ou veut plus d'explications, qu'il n'hésite pas. En attendant, c'était le mot de la fin.