Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Le No-life, le Wesh, et la Kikoo.


Par : Jose_sperer
Genre : Nawak
Statut : C'est compliqué



Chapitre 9 : Pas vu pas pris.


Publié le 15/05/2010 à 14:15:48 par Jose_sperer

La chambre de Lucie était à l'image de sa vie. Chaotique. Bordélique. Et, couleur églantine. Cyril ne pénétrait pas souvent ici, il se rappela pourquoi et en eut des hauts le cœur.
-Bon...si j'étais une allumeuse sans cervelle doublée d'une chieuse de première, où aurais-je laissé des indices ?
Cyril ne laissa rien au hasard. Il mit tout sens dessus dessous. Ne prit pas la peine de ranger quoique ce soit. Il fouilla ses placards, ses tiroirs, les moindres recoins, même les plus intimes. Il mit la main sur un string enfoui négligemment sous une pile de livres d'Anglais. Il fit la grimace.
-Améthyste ?
Il fit glisser ses doigts sur les rainures des murs en teck. Toqua, colla son oreille. Rien. Il souleva le matelas, déplaça la mezzanine, renversa le sofa. Toujours rien. Il secoua la coiffeuse, retourna les répliques d'Andy Warhol, à l'effigie de Marylin, de Grace Kelly, ou encore...d'elle-même. Cette gamine n'avait décidément pas une once de bon goût. Il feuilleta les rares ouvrages gisant littéralement sur sa bibliothèque : du Stéphénie Meyer, du Melissa de la Cruz et d'autres conneries à l'eau de rose. Certains appelaient ça « romans sentimentaux », Cyril lui, aimait à se dire que si les auteurs respectifs de ces merdes avaient ne serait-ce qu'une parcelle de ce qu'ils appelaient « sentiments », ils n'auraient jamais osé publier ces torchons. Il n'y a pas de sentiments, même pas de plaisir ou de passion, juste l'amour, celui de l'argent. Ces pseudos écrivains avaient trouvé dans les ados une source intarissable de frustration sentimentale. La parfaite petite vache à lait au cœur brisé. Enfin...il n'allait pas la blâmer, pour une fois qu'elle ouvrait un livre, mais mon Dieu ce que ces bouquins étaient niais.
Cyril balaya la pièce du regard, qui s'attarda sur le bureau.
-Bon, on dirait qu'il ne reste plus que toi, Monsieur Packard Bell.
« Tapez votre mot de passe ».
-Hum, forcément.
Cyril tapa successivement les noms des idoles de Lucie, de ses groupes préférés, sa date de naissance (sait-on jamais), le prénom des personnages principaux des romans qu'elle lisait. En trois quart d'heure, tout y passa, sans succès.
Il s'enfonça dans le fauteuil en skaï, qui grinça. Cyril soupira.
-Fait chier.
Il feuilletait négligemment l'agenda de Lucie posé à côté du PC quand la page du mardi retint son attention. Un court paragraphe, enclavé de petits cœurs.
Puéril. Il le lut toutefois, pour assouvir sa curiosité. Sa retranscription sera exempt de fautes, afin de préserver la vue du lecteur.


[c]La différence d'âge ? Qu'importe.
Pour toi j'ouvrirais toutes les portes.
Je lirais même Hamlet entièrement.
Juste pour te plaire, j'en fais le serment.[/c]


Y avait de l'idée. Mais c'était à chier. Cyril se frotta le visage.
-Hamlet ? Répéta t-il pour lui-même.
Il sortit son portable.
-Allô ?
-C'est moi.
-Salut Cyril ! Tu sais j'ai repensé au braquage. Vraiment flippant. Ils avaient l'air jeune, tu crois qu'on les connait ? J'avais jamais vu ça avant, j'suis choquée...tu crois que les flics vont venir nous inter...
-On s'en fout. Coupa sèchement Cyril. Il savait pertinemment qui avait commis le délit, il avait reconnu la voix et la démarche de l'autre abruti. Il s'en fichait éperdument. C'est quoi la dernière œuvre que vous avez étudié ? Siffla t-il.
-En Français ? Euh...Omelette j'crois...
-Hamlet ?
-Ouais, voilà. Le truc du mec qui a écrit Roméo et Juliette.
-OK. C'est qui votre prof de Français déjà ?
-Calandraeï. A ce sujet, j'voulais te dire qu...
-Plus tard.
Il raccrocha. Il tapa les lettres C-A-L-A-N-D-R-A-E-I dans le champ approprié, et Windows seven démarra.
-Intéressant.
Il passa tout au crible. Ses favoris, son blog, ses blogs pour être précis, son Facebook, MSN, tout au peigne fin. Toujours un seul et même mot de passe. Intriguant. Cela pouvait nous indiquer deux choses : elle était accro à ce Calandraeï, et elle n'était pas très futée. Mouais...finalement ça ne nous apprenait qu'une seule chose.

Cave du bâtiment N. Urine et cannabis, voilà les deux saveurs qui vous titillaient les narines à votre entrée. La mémoire olfactive des banlieusards en était chamboulée à tout jamais. Dès qu'ils sentaient la pisse et les joints, ils se sentaient chez eux.
-Check.
-Sisi.
-Putain t'as vu, tar Mesrine mon gars.
-Pire !
-Le mec s'est pissé dessus !
-Bien ouej au fait p'tit Ibra'.
-T'inquiète.
-C'était trop frais !
-Sisi.
-Bon, ouvre le sac Ahmed là, ordonna Nelson. Fais voir la thune un peu.
-Euh ouais, la thune...en fait la caisse était vide t'as vu. On a pris une vingtaine de jeux.
-As-y tant pis. Montre, l'encouragea Nelson.
Ahmed ouvrit le sac, sur le point de craquer (le sac, pas Ahmed hein). Nelson et Frodon le regardèrent faire comme lors d'une matinée du 25 décembre. Les yeux pétillants.
-OK fit Nelson. Vas-y, sors la console, on va taper un p'tit PES là nan ?
-Ouais...la console. Euh, t'as pas la tienne Nel' ?
-Moi j'ai la play 2 cousin, t'as bien vu la dernière fois chez ouam. Là c'est des jeux PS3.
-Ah ouais...
Pour la deuxième fois en une semaine, Ahmed n'avait pas réfléchi à ce détail. Qui avait son importance. Il détourna le regard, le grand Madjid la jouait profil bas également.
-Putain réalisa Nelson, me dis pas que...Il mit un violent coup de pied dans une des poubelles. Les autres sursautèrent. Hors de lui, il s'approcha d'Ahmed.
-Et c'est toi le cerveau ?! Rugit-il. Des barres quoi...
-Vas-y calme toi, on peut revendre les jeux pour acheter la console.
-Et après tu joues à quoi si t'as plus de jeux hmar ?
-Ah ouais...
-As-y, j'glisse moi. A plus les tocards.
Tous les trois le regardèrent s'éloigner.
« Lil bit » se fit entendre.
-Ouais ?


« T'ain pensa Estelle. Si j'dis à Cyril qu'on était avec Calandraeï, toutes seules cette nuit-là, il va péter son câble. J'vais dire que j'étais chez moi. Ouais voilà, j'suis rentrée après les cours, tranquille. Et Luce, je sais pas elle a fait quoi. Bon plan. Après, dans la soirée, j'ai reçu son mess. Et je l'ai pas revue. »
-Bon, j'vais appeler Ahmed, il va pas me croire quand j'vais lui dire que j'ai vu un braquage !

-Ouais ?
-C'est moi mon Ange.
-Ah, salut, ça va ?
-Bah ouais, et toi surtout ? Tu m'manques, ça fait un moment qu'on s'est pas vus.
-Ouais t'inquiète. J'me fais rare, mais on va s'faire un resto moi et toi bientôt, j'ai fait rentrer de la maille.
-C'est vrai ? Cool ! Tu m'dis quand ? J'ai trop besoin de te voir là...
-Sisi moi la même.
-Au fait, tu sais pas il m'est arrivé quoi ce matin...
-Vas-y dis.
-J'suis allée prendre un café à Erua'. Et deux mecs, genre des jeunes un peu tu vois. Ils ont braqué le truc des jeux vidéos là.
-Score game ?
-Ouais.
Ahmed déglutit.
-Putain, dar.
-Bah ouais, y en avait même un qui avait une hache j'crois...
-Un marteau. Rectifia un peu trop précipitamment Ahmed.
-De quoi ?
-Hein ? Ouais putain une hache quoi, c'est chaud ça, tenta de se rattraper Ahmed. Bon bébé, j'te laisse, j'te rappelle pour la bouffe. Ptet on s'captera au bahut.
-OK mon Ange, je t'aime.
Il avait déjà raccroché.


Ibrahim jouait avec le fil de son pull. Immonde, le pull. On aurait dit un autiste. Madjid s'entrainait virtuellement aux lancés francs. Quand on lui faisait remarquer qu'il était ridicule, il partait tout le temps dans ses délires : « laisse-moi, je peaufine j'te dis, quand tu verras la tête de taureau sur le devant et le 23 derrière, tu diras pas j'fais pitié, tu voudras croquer » Un homme sage ce Madjid. Quand Ahmed raccrocha, le n°23 stoppa son mouvement et le questionna :
-C'était qui ?
Ahmed ne répondit pas tout de suite.
-On est tricar les mecs finit-il par dire, la gorge sèche.


Commentaires