Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Le No-life, le Wesh, et la Kikoo.


Par : Jose_sperer
Genre : Nawak
Statut : C'est compliqué



Chapitre 11 : L'habit ne fait pas le moine.


Publié le 21/05/2010 à 20:05:26 par Jose_sperer

-Je ne peux pas faire ça Jail.
-Bien sûr que si, tu peux.
-Ça servirait à quoi ? Elle découvrira la supercherie tôt ou tard, et je suis pas particulièrement plus séduisant que toi fit remarquer Marc, si c'est à cause de ton physique...
-Ça peut s'arranger. Pourquoi on passe par là au fait ?
Vendredi après-midi. La classe de J-L et Marc n'avait pas cours. Les profs pensaient sûrement que commencer le mardi à 10h30 par de l'EPS, faire sauter le jeudi matin une fois sur deux, avoir son mercredi après-midi de libre, c'était déjà assez de travail, alors le vendredi aprèm, c'était RTT. La France est le pays où les écoliers travaillent le plus ? Ah.
Jail raccompagnait Marc jusqu'à chez lui, afin de lui exposer sa généralissime idée : métamorphoser Marc, pour qu'il puisse faire bonne impression devant Lucie. La suite, Jail ne l'envisageait pas vraiment, adepte de la procrastination et du « on verra », il ne s'embarrassait pas de plans de secours, son alphabet s'arrêtait au A.
-Je t'ai déjà expliqué, je prends jamais le même chemin pour rentrer chez moi, ça permet de brouiller les pistes en cas de filature.
-De filat...bon laisse tomber, j'ai pas trop le temps. Ce soir, parce-que tu es mon meilleur et mon seul ami, tu iras au rendez-vous que m'a fixé Lucie, enfin que t'a fixé Lucie, du coup, bon peu importe. Tu te souviens ? La fille sur qui je fantasme depuis que je suis rentré au lycée. On va te faire une beauté, un relooking complet ne serait pas du luxe.
L'hôpital. La charité. Vous situez ?
-Quel genre de relookage ?
-Les ongles, l'eye-liner, tout ça c'est fini, t'as un regard de beau gosse Marc, sous cet affreux maquillage, les vêtements...
Jail marqua une pose. Le dernier point n'allait pas plaire à Marc.
-Tu vas te couper les cheveux aussi.
-Pardon ? Hors de question.
-Marc...ça cache ton visage, OK c'est sans doute le but, mais tu serais bien mieux avec une coupe normale.
-Pas question répéta Marc, buté.
Jail fit jouer la corde sensible.
-Tu connais le point commun entre Jésus, Kurt Cobain et John Lennon ?
-Non, avoua Marc.
-Ces mecs sont morts, et relativement jeunes. Ils avaient les cheveux longs, tu piges pas ?
Marc parut réfléchir. A quoi, Jail n'aurait su le dire, il ne pigeait pas lui-même où il voulait en venir. Le fait est que le cerveau de Marc bouillonnait, et c'était l'effet escompté.
-Les cheveux, ça repousse non ? Dit Marc. Va pour une coupe, ça me fera pas de mal. Devant la joie manifeste de Jail (il commençait à vouloir l'embrasser), Marc ajouta :
-De deux choses l'une, tu me coupes les cheveux, mais je veux pouvoir en faire autant sur les tiens ensuite. Jail déglutit, et acquiesça. OK, ensuite, si Lucie ne me trouve pas à son goût, où qu'elle flaire le fake, et ce sera le cas crois-mois J-L, je renonce bien évidemment, mais surtout, tu iras à ton tour, tout lui avouer, jusqu'à tes sentiments, tu me le promets ?
-Oui oui promis, lâcha Jail un peu trop précipitamment, mais si ça marche ?
-On verra.


13h00.
Cyril déjeunait chez lui, il ne reprenait qu'à 14h00.
-Bon, réfléchissons, il est 17h00, y'aura pas forcément grand monde à Erua', j'attends sagement à une table au milieu de la cafèt', notre mystérieux admirateur ne devrait pas passer inaperçu, si ma théorie est juste. J'attends la confirmation. Il partira sûrement au bout d'un moment, il aura flairé le lapin. Je le file jusqu'à ce qu'on soit seuls, puis je l'interroge, Jack Bauer style.
Cyril se gratta le menton, réfléchissant.
-Jack serait fier de moi.


-AHMED !!!! VIENS MANGER MON CHERI !!!
Ahmed était dans sa chambre, le bout des fesses sur son lit, les yeux rivés sur le tas de jeux volés la veille. Sa mère n'avait pas vu le sac rempli de galettes playstation 3. Qu'en aurait-elle déduit ? Que Ahmed aimait les jeux vidéos. Wallis-et-Fatima n'était pas très futée, vous comprenez. Pragmatique. C'était le mot. Appelez une table une table, ne faites pas de jeux de mots, n'employez pas de second degré, voilà le secret d'une conversation réussie avec la maternelle d'Ahmed.
-Vas-y crie pas là, j'arrive.
-Je t'ai préparé une omelette au jambon, sans œufs, et sans jambon évidemment.
Chacun était en droit de se demander ce que contenait donc la dite omelette.
Ahmed ne se posa pas de questions. C'était pas son truc, les questions. D'ailleurs, c'était quoi son truc ? Si lui-même le savait, la terre ne tournerait plus rond.
-T'as révisé Ahmed ? C'est important les études.
-Handeck, je ferai des anti-sèches...
Sa mère parut horrifiée.
-Mais tu es fou mon fils ? C'est haram, tu peux pas étudier, comme ta sœur, faire quelque chose de ta vie. Si ton père voyait ça...
-Ouais, lui faudrait les yeux tar superman pour voir à travers le cercueil...dit-il avec un petit rire.
Le visage de Fatima se déforma, un subtil mélange de pitié et de dégoût.
-Tu me fais honte, j'espère que tu ne penses pas ce que tu dis...
-Tu crois j'suis un faux-cul ou quoi ? Tout c'que j'dis je pense, et récifroquement.
Ahmed avait le don de dire des conneries, plus que n'importe qui au monde, mais son talent à lui, c'était de les dire dans une langue inconnue. Ainsi, il n'était pas peu courant de l'entendre philosopher à coup de barbarisme et autre néologisme qui aurait rendu sourd n'importe quel prof de Français. Ce n'était bien entendu pas la pauvre Fatima qui le reprendrait...
-Va dans ta chambre, je veux pas t'écouter une seule seconde de plus, réfléchis au vrai sens de tes paroles, puisse Alla...
-Ouais, Allah, dans sa grande miséricorde me pardonner sisi...finit Ahmed à sa place. Vas-y bonne nuit.
Ahmed avait autant de conscience qu'une huître, et encore, une huître fermée. De retour dans sa chambre, il entreprit de réviser. A sa manière. Ce qui a sidéré et sidérera toujours le corps enseignant, c'est l'énergie que mettent les élèves à confectionner d'ingénieuses anti-sèches (certes le mot ingénieux étant outrageusement hyperbolé pour le cas d'Ahmed). Quand 1 heure à peine suffirait pour se plonger dans sa leçon et décrocher une note correcte, des générations d'élèves passent un temps considérable à mettre au point des stratagèmes à l'efficacité douteuse, qui au final, ne leur rapporteront aucune satisfaction.
Ahmed n'enlevait jamais sa casquette. On n'enlève pas Los Angeles du sommet de son crâne. Cette mauviette de prof d'Anglais, Monsieur Jibon, c'est pas lui qui lui ordonnerait de l'ôter. Alors le malin Ahmed entrepris de noter les mots de vocabulaire sur la visière de sa casquette. C'était bien vu de sa part. Ce qui était mal vu, c'était de tricher évidemment, et les verbes irréguliers sur une casquette hip-hop, n'en parlons pas.


Cyril marchait en direction du lycée, il était à 20 minutes environ. Une BMW rouge vermillon pila juste devant lui, alors qu'il s'apprêtait à traverser. La rue était déserte. Peu importe l'heure, cette rue était tout le temps déserte. La plupart des riverains -les jeunes du moins, geek ou non- avaient pour habitude de la surnommer Racoon City. De nuit, c'était flippant. De jour, reposant.
La vitre se baissa. Un individu type Wesh, lunettes mouche, passa la tête à travers l'entrebâillement.
-Fraîches tes baskets petit, tu vas me les donner.
Cyril sortit un petit bloc notes de son sac à dos et fit mine de le consulter.
-Euh, à «baskets»...il tourna quelques pages, nan fit-il, « donner » ne figure pas. Il fit glisser le doigt le long de la page. En revanche continua t-il, j'ai « casser la gueule » à la page « enquiquineur en voiture de m'as-tu vu ».
Le conducteur arqua un sourcil touffu, qui se fraya un passage tant bien que mal au-dessus du verre Dolce & Gabana démesuré.
-T'entends ça Khalid ?
Khalid ouvrit sa fenêtre, comme pour confirmer. Un troisième homme était assis à l'arrière. Ils étaient trois, mais qu'un seul devant. Faut croire que Lunettes mouches ne conduisait pas assez prudemment pour donner l'envie à quiconque de prendre la place du mort.
-Ouais Momo, j'ai entendu...Eh petit, c'était pas une question, tes pompes, tu vas nous les donner, ou on va te défourailler.
-Ah ? Vous êtes 3, Cyril chercha de nouveau dans son petit calepin, ça va vous coûter un peu plus cher, mais je ferai un prix de groupe assura t-il, généreux.
Momo reprit la parole, en bon chef qu'il était :
-Tu nous files tes putains de pompes, parce-que là tu joues les malins, et on va passer de « racket normal » à « racket avec coups de battes ».
Cyril le dévisagea.
-Effectivement, il y aura des coups confirma t-il.
Momo enleva ses lunettes. Au moment même où il fit le geste, Cyril s'était rapproché à une vitesse tout juste imaginable, il avait passé son bras à travers la vitre sans qu'aucun des occupants n'ait eu le temps de bouger. Il l'agrippa pas la nuque, et fit sortir sa tête, sa pomme d'Adam touchant le rebord de la fenêtre.
-Bon, voilà le topo. Ça fait des années que je fais cette route. J'ai jamais eu d'emmerdes. Apparemment c'est pas la première fois que vous faites ce genre de « ronde ». Vous avez sûrement des victimes régulières nan ? Je vous conseil de les recontacter au plus vite, car sinon, oui, vous aurez mes chaussures, mais elles resteront coincées en travers de votre raie.
Les 2be3 ne bronchèrent pas. Ils avaient les yeux exorbités.
-Eh dit Cyril à l'attention du troisième. T'es muet ? Ou alors t'es juste raisonnable. Si c'est le deuxième cas, je te conseille vivement de raisonner, justement, tes deux potes, parce-que ton boss va finir comme Louis XVI.
Devant leurs mines incrédules, il souffla bruyamment et rajouta :
-Ça roule en BM et ça connait pas ses classiques. Il a été guillotiné. On lui a coupé la tête quoi.
Cyril relâcha la pression et Momo parvint à articuler, ça ressemblait à :
-OK OK J'AI COMPRIS COUSIN ARRETE STEPLAIT JE TIENS A MA PUTAIN DE GORGE ON VA SE TIRER TU NOUS REVERRAS PLUS !!
Cyril se retira. Momo avait déjà démarré. Il regarda sa montre, il n'était pas en retard. Quand il releva la tête, la voiture avait tourné l'angle.
-Alala...Racoon City serait tellement plus cool sans les zombies.


-Je peux ?
-Allez-y asseyez-vous, mais j'ai pas beaucoup de temps à vous consacrer, comme je vous ai dit au téléphone.
-Je serai pas long. Comment avez-vous conclut à un meurtre ?
-Vous plaisantez ?
Antoine avait le regard qui disait « j'ai l'air de plaisanter ? »
L'inspecteur l'interpréta très justement et consentit à répondre.
-La victime a été rouée de coups. Un acharnement, je vois pas d'autre mot.
-Où ?
-Dans les toilettes même de la salle de concert. On a retrouvé un morceau de céramique enfoncé dans son crâne, le meurtrier lui aurait cogné la tête contre.
-Des indices ?
-Très peu. De ce côté là, c'est la merde, sans mauvais jeu de mots. On n'a pas pu encore identifier la victime, elle est défigurée, et n'avait aucun papier. Personne ne l'a réclamée pour l'instant. On a convoqué quelques personnes, mais bonté divine, vous vous imaginez ? Interroger tout ce monde...des milliers d'assassins potentiels.
-Je vois.
-Ah oui, on a retrouvé ça, mais ça ne nous aide pas beaucoup.
L'inspecteur jeta sur la table un petit carnet. Antoine le prit et l'examina.
-Qu'est-ce que c'est ?
-C'est un carnet remplit de citations à la con, il était près de l'endroit où la victime a été tuée.
-Puis-je ?
-Allez-y, ce truc ne nous est d'aucune utilité.
-Je vous remercie.
Antoine se leva.
-Vous avez des enfants inspecteur ?
-Deux filles.
-Elles aiment la musique ?
-Pensez-vous, y'a qu'à voir leur chambre.
Antoine sourit.
-On vit dans une drôle d'époque, faites moi plaisir, accompagnez-les au prochain concert d'un de leur chanteur préféré. Qui sait, vous pourriez aimer.


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