Le No-life, le Wesh, et la Kikoo.
Par : Jose_sperer
Genre : Nawak
Statut : C'est compliqué
Chapitre 6 : Nous étions soldats.
Publié le 13/05/2010 à 12:52:13 par Jose_sperer
Ahmed marchait. Rectification : il se dandinait, sautillant d'un pied à l'autre. On aurait dit que quelqu'un avait déversé un bocal de fourmis rouges dans son caleçon Kevin Klein (orthographié ainsi bien entendu).
Il sortit ses écouteurs verts pomme de sa poche, et enfonça le premier, marqué d'un discret "r" dans son oreille gauche, le second, un petit "l" greffé sur le dessus, dans la droite. Il fit défiler la playlist de son Iphone 3GS (il avait revendu le 3G entre-temps pour s'acheter de la "beuh" et en avait, évidemment, volé un autre) et s'arrêta sur "1 milliard d'euros" des rappeurs Sinik et Cifack. Cette chanson le faisait réfléchir, et comme c'était pas souvent, il avait mal à la tête. Torsion cérébrale.
Si Ahmed avait 1 milliard d'euros, il en ferait des choses utiles. Il créerait sûrement sa propre marque de prêt-à -porter : "Ahmed sisi". En guise de logo, deux scies s'entrecroisant, pour le jeu de mots "scie-scie". Il y avait réfléchi des nuits entières (torsions multiples). Il ouvrirait son propre Kebab aussi, "au Ahmed-ites moi pas que c'est pas vrai", en hommage à Jamel Debbouze. "Hommage" car Ahmed était convaincu que d'ici là , Jamel serait mort, abattu. Il se fondait sur une théorie indiscutable et des arguments de poids, irréfutables : "y'a trop de jaloux sur cette terre t'as vu, quand on fait rire, ça plait pas à tout le monde, du coup, on se fait supprimer".
Comprendra qui pourra.
Arrivé au centre-commercial Erutatcid, (c'était le nom de l'ancienne usine implantée ici bien avant la galerie, dans les années 50), que tout le monde surnommait Erua', Ahmed se dirigea vers ScoreGame.
Au guichet, un jeune homme, polo aux couleurs du magasin l'alpagua :
-Bonjour, je peux vous aider ?
Mettant de côté les us et coutumes de la politesse, Ahmed se retourna et s'approcha :
-Vous avez le nouveau GTA là ?
-Grand theft auto four ?
-De quoi ? Nan, le truc avec les chevals là ...
-Attendez. Vous voulez-dire Red dead Redemption ? Si... il pianota sur son clavier ,si, on en a encore.
-Sisi ?
-Pardon ?
-Nan rien, c'est quoi le nom déjà ?
-Red dead Redemption.
Ahmed rigola.
-Guelek ! Tu parles anglais toi. L'arneub sur les ricains ça prend la tête. Dis-le en cé-fran cousin.
-C'est intraduisible.
-Tu dis "GTA avec les bourrins" là , casse pas la tête.
-... Vous le prenez ?
-Ouais, j'ai 10 E là , c'est bon ?
-Il coûte 70 euros monsieur...
-Tu te fous de ma gueule ? Tu crois j'vais lâcher 70 keuss pour buter des indiens ? Az-y je repasserai...t'façon faut que j'achète la play 3 aussi. Cimer.
-Au revoir.
Une fois à l'extérieur de la boutique, Ahmed constata le vide manifeste de son porte-feuille Lacoste en simili-cuir. Presque aussi important que celui de sa boîte crânienne.
-Putain l'archouma...faut que j'fasse un putain de braco là , comme dans le film avec Clooney. Momo me met pas dans le biz tout de suite, en attendant je vais faire la money.
Oui, Ahmed n'aimait pas "sucer" les américains, mais parfois, les circonstances l'exigeaient.
Cyril nettoyait la crosse de son jouet, après avoir appliqué de l'apprêt. Il démonta son flingue, nettoya son godet, puis le conduit du pistolet avec du diluant de nettoyage cellulosique. Il démonta le chapeau de buse, la buse elle-même, l'aiguille et les fit tremper dans du diluant. Nettoyage, puis séchage. Il remonta son joujou.
Il se livrait à ce petit rituel régulièrement. Un homme prévoyant est un homme armé...et soigneux.
Cyril vivait chez ses parents, avec sa petite sœur, même si elle découchait plus qu'elle n'y couchait. 18 ans, il faisait froid dans le dos. Inexpressif, il ne souriait que très peu, ne riait jamais. Il ne payait pas de mine, du coup, soit on le connaissait et le craignait, soit on le sous-estimait, et on en payait les frais. Il pratiquait le judo depuis ses 6 ans, et différents sports de combat hors club, en annexe. La passion pour les armes et le tir lui était venue d'un seul coup, bien plus tard. A 11 ans, il était tombé sur un reportage sur le GIGN. Ces mecs sauvaient des vies, OK. Mais avant tout, et c'est ce que remarqua Cyril, ils prenaient des risques. De très gros risques. C'était grisant, ils possédaient une arme, risquaient leurs vies à chaque intervention, se dépassaient, et ils possédaient une arme, merde. Cyril était dépendant, addict à l'adrénaline.
Il s'allongea sur son lit. Sa chambre ressemblait à un véritable musée d'anciens combattants. Aucun poster, juste des armes accrochées aux murs, des pistolets à billes, à air comprimé, ou hors d'usage. Sous vitre aussi. Un couteau à faire passer celui de Rambo pour un cure-dents trônait au-dessus de sa tête de lit. Téméraire...
Autrement, sobre. Pas de taie d'oreiller à l'effigie d'un grand révolutionnaire ou autres conneries de ce genre. Il n'était pas comme tous ces troufions qui adulaient le Che pour ce que les bouquins d'histoire avaient bien voulu déblatérer sur lui. Il aimait la guerre, la guerre pour le sang, et l'adrénaline. Celle qui vous fait devenir parano au point d'avoir un flingue chez vous à 15 piges. Celle qui vous fait vous lever tôt, pour vérifier qu'elle est toujours là , cachée précautionneusement dans le renfort arrière à vide de votre PS2 (prévu à cet effet ?). Celle qui vous fait lustrer cette même arme avec soin, de fond en comble, un mercredi après-midi, quand les jeunes de votre âge sont tous au ciné ou entre potes.
La bande originale du "dernier des mohicans". Cyril décrocha, d'une voix froide et distante, comme à son habitude.
-J'écoute.
Estelle commençait à sérieusement s'inquiéter. Ca faisait deux jours qu'elle était sans nouvelles de Lucie. Elle était pas venue en cours, et ne répondait pas au téléphone. Ses parents non plus d'ailleurs. Elle n'avait pas osé passer, ses parents sont un peu space, avait-elle confié à Julie.
"Sa mère me fait flipper, avait avoué Julie, elle parle toute seule, trop chelou". Estelle l'avait déjà remarqué, ça plus d'autres choses, le tout combiné fit qu'en 9 ans d'amitié, elle n'avait dû mettre les pieds que 5 ou 6 fois chez Lucie, contre une centaine pour Luce.
"Salut, c'est Lucie, Luce pour les intimes, si je réponds pas c'est que je suis pas là , si la deuxième fois toujours pas c'est que je vous filtre, au bout de la troisième, appelez les flics, je suis ptet morte". Elle riait. Estelle, elle, ne trouvait pas ça drôle. Quelle idiote pensa t-elle.
-Ouais Luce, re...euh, tu t'es mariée avec ce type ou quoi là ? Si c'est le cas, t'aurais quand même pu m'inviter (elle se força à rire, mais le cœur n'y était pas). Sinon, c'est flippant OK, je commence vraiment, vraiment à m'inquiéter pour toi. Rappelle-moi, bisous.
Elle composa un autre numéro.
-J'écoute, répondit une voix d'outre-tombe.
-Cyril ? C'est Es'. Je crois que ta sœur est en galère grave.
Commentaires
- Jose_sperer
13/05/2010 Ã 20:56:22
Suite en cours
Merci de votre lecture, posterai sûrement demain. - Jo_Sk
13/05/2010 Ã 14:10:03
Enorme, je need la suite ahmed <3
- dubmood
13/05/2010 Ã 13:27:48
"Si Ahmed avait 1 milliard d'euros, il en ferait des choses utiles. Il créerait sûrement sa propre marque de prêt-à -porter : "Ahmed sisi". En guise de logo, deux scies s'entrecroisant, pour le jeu de mots "scie-scie". Il y avait réfléchi des nuits entières (torsions multiples). Il ouvrirait son propre Kebab aussi, "au Ahmed-ites moi pas que c'est pas vrai", en hommage à Jamel Debbouze. "Hommage" car Ahmed était convaincu que d'ici là , Jamel serait mort, abattu. Il se fondait sur une théorie indiscutable et des arguments de poids, irréfutables : "y'a trop de jaloux sur cette terre t'as vu, quand on fait rire, ça plait pas à tout le monde, du coup, on se fait supprimer"." énorme passage
Flashant de voir comment tout se rejoins et se dessine au fur et à mesure, suite.