Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Le No-life, le Wesh, et la Kikoo.


Par : Jose_sperer
Genre : Nawak
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3 : L'appétit vient en mangeant.


Publié le 12/05/2010 à 20:22:38 par Jose_sperer

Ahmed se dirigea vers un groupe d'adolescents tout droit sorti d'un clip de la Fouine. Comme signes distinctifs, tous portaient une casquette, posée négligemment, des écouteurs pendaient de leurs t-shirts griffés. Tous typés. Communautarisme. C'était le premier mot qui venait à l'esprit.
N'importe qui doté d'un minimum de bon sens, aurait soigneusement contourné le groupe de primates. Ahmed, lui, n'hésita pas une seule seconde. Pire, il semblait être le chef de la tribu. Darwin serait très fier. Pour seul fond sonore, Booba romançait la vie de couple : "14 ans [...] ma première foufoune". Verlaine n'avait qu'à bien se tenir. Il engagea la conversation :
-Wesh.
-Weeeesh Ahmed, bien ou quoi ? sartek les nouvelles requins. Ché-mar ou bien ?
Un homme normalement constitué aurait sorti un fusil à pompe et l'aurait abattu. Ou au moins un traducteur. Ahmed, lui, répondit simplement :
-T'es fou toi. Foot Locker, normal, 160 dollars frère.
-Sisi.
Un adolescent, couleur ébène, jusque là en retrait, pris place dans le cercle.
-Sisi, compléta t-il.
-Wesh Nelson ! Sisi ça fait zizir, bien ? Vas-y viens faut que j'te parle. Il l'entraina à l'écart du groupe. Il déboutonna son pantalon, et baissa légèrement son boxer Armmani (orthographié comme ceci), pilosité pubienne apparente. Nelson, interloqué, arqua un sourcil, puis s'exprima en ces termes :
-T'es sérieux là ? Sors pas ta teub cousin, t'as cru j'étais Magloire ou quoi ? Casse les couilles ça...maintenant avec les Mcdoom et les François-Xavier là on croit que tous les renois c'est des tapettes.
-Mais nan vas-y fais pas ton gamin, se vexa Ahmed. Téma, j'ai fait un dégradé, tar chez Kamel le coiffeur.
Nelson, écroulé, dit :
-Putain ! c'est pour faire bluff t'as une grosse teub ?
-As-y...c'est pour Estelle, tu crois elle va kiffer ?
-J'sais pas zinc. Faut qu'je bouge, j'ai Courgeon là, il va casser les couilles, on s'capte ce soir à l'entraînement.
-Vas-y.


Estelle fit la bise à pas moins de 14 filles ce matin-là. Toutes des clones. Maquillage trop prononcé, débardeur trop court, jean trop bas, talons trop hauts, discussions trop profondes :
-Es' t'as fait quoi Ă  ta peau ? Elle est troooop belle.
Jeunesse dopée aux pubs Diadermine. Néanmoins, ces répliques avaient beau se donner à fond, elle n'en restaient pas moins des ersatz d'Estelle, qui, elle, avait quelques formes généreuses à montrer sous son string turquoise, de beaux seins fermes et rebondis sous son t-shirt "I luv N.Y", et même de superbes mains qui soutenaient avec peine ses faux ongles.
-J'suis partie à l'esthéticienne, ma mère a raqué. J'avais eu 6,5 sur 20 au DS de physique, elle était trop fière, j'ai cru qu'elle allait chialer.
Sur fond de musique électro, Akon chanta : "damn girl you're a sexy bitch" (technique de drague imparable) et Estelle décrocha.
-Attends. Ouais, M'man, quoi ? J'finis ma clope et j'vais en cours là. Ouais. Bah nan. Quoi ? Putain ! Pourquoi ? Ouais. Ouais c'est ça, bisous.
-Quoi ?
-Ma darone peut plus nous emmener au concert. Elle va se faire tringler par son Jules. Elle croit que je sais pas qu'elle se fait ramoner tous les lundis soirs par son psy Ă  la con.
-Putain elle fait trop chier ta mère ! Pff elle croit que tu le sais pas, les darones elles croivent trop qu'on est connes mais en fait on est intelligentes.
L'intelligence, une notion toute relative.
-Ouais. Laisse tomber, c'est une pouf, on ira au concert toutes seules.

La sonnerie retentit. Lycée Edouard Cisla. 1600 élèves. Une véritable fourmilière. Plusieurs masses informes et insolubles se dispersèrent, telles des nuées, ou plutôt un essaim. Chacun vaquant à ses occupations.
12h35. La matinée s'écoula trop vite, c'est ce que vous diront les intellos. Les cancres et les touristes eux, laisseront entendre que "vivement les vacances là". Diversité quand tu nous tiens.

-Ke-grè ou quoi Ahmed ?
-Nan, plus une thune là, j'vais faire péter la carte de cantine. Vas-y viens.
-OK.
Ahmed et Madjid se dirigèrent vers les effluves peu ragoutantes de la cantine. Madjid Johnson, comme le surnommaient ses "potos" en raison de ses talents pour le basket-ball était d'origine maghrébine, tout comme Ahmed. Un bellâtre, comme la méditerranée nous en offre un par décennie. Il faisait de l'ombre à Ahmed, dans tous les sens du terme, mais celui-ci s'en foutait, car c'était mieux que de trainer avec un moche t'as vu.
Il régnait une chaleur suffocante. Seulement une table vacante, à vue d'œil.
-Pourquoi y'a une queue pour bouffer de la merde ? remarqua très justement Madjid.
-J'sais pas c'est chelou, en tout cas j'touche pas à leur viande, j'suis pas vacciné contre la malaria moi.
-Pire.
Ils s'assirent, mais aucun d'eux ne toucha Ă  son assiette respective.
-Elle pue sa mère la viande. Et les z'haricots, ils sont fluos. Effectivement, la viande avait tout de l'étron en bonne et due forme, alors que les légumes sortaient tout droit de Harry Potter. Difficiles les ados de nos jours...
-Tu veux mon Flamby ? Proposa généreusement Madjid. C'est un truc de gamin ça, faut le retourner dans l'assiette et tout, ça me gonfle...
-Il est halal ? questionna Ahmed.
-Nan, il est au caramel.
-Vas-y nique, j'en veux pas. Viens on bouge, j'veux pas qu'on me voit là, on va croire j'suis pauvre après.
Une fois à l'extérieur, ils s'adonnèrent à leur passe-temps favori, dire du mal des autres. Ils appelaient ça -très justement d'ailleurs - "tailler les gens sisi".
-TĂ©ma la meuf lĂ , elle est trop cheum, on dirait Clovis Cornillac.
-Pire.
-Et téma Lucie. Elle est trop bonne, comment elle s'la raconte aussi. J'l'ai baisée tu sais, j'lui ai rentré mon sexe de dragon dans l'bide.
-Sisi j'me souviens j'étais là. Dans le rayon chips allégées de Leader Price.
-Téma le vieux mec là, désigna Madjid de la tête. Avec son vieux t-shirt. C'est écrit quoi ?
Ahmed plissa les yeux.
-S-lip-knot. C'est quoi ça ?
-J'sais pas.
Tous deux se mirent à rire à gorges déployées. On aurait dit les stéréotypés bad guys d'un vieux comic de seconde zone.

Jail atteignit finalement le lycée. Ce qu'il pouvait haïr cette enseigne. "Lycée Edouard Cisla". Comment pouvait-on sciemment appeler son gosse comme ça ? Jean-Lucien, au moins, c'était classe, ça sonnait héros sous couverture. Il passa le portail. Et maintenant, la grande allée menant au réfectoire. Il détestait cette allée. Plus que Morsay encore. Plus que les hapistes ou la tecktomerde.
On aurait dit le couloir de la mort. Imaginez, une cinquantaine de mètres. Sur les bas-côtés, de nombreux bancs mis à disposition des élèves. Quiconque passait par là (et il n'y avait pas d'autres choix) s'exposait au regard cruel et moqueur des autres. Dans cette allée, on jugeait, on toisait, on ricanai surtout. Une arène. Une putain d'ère soit-disant révolue où Jail s'attendait à chacun de ses passages à ce qu'un élève lève son pouce, puis le renverse, pour déchainer la furie des élèves. Lapidez-moi, qu'on en finisse, pensa J-L. Un ado à forte corpulence, toujours suant, toujours puant, avait pour habitude de lui faire un croque-en-jambes dans cette fameuse allée. Aujourd'hui il n'en fit rien, il ne remarqua même pas la présence de Jail. Curieusement, au lieu de s'en réjouir, il trouva ça triste, passer inaperçu, jusqu'aux yeux de son bourreau, il avait touché le fond...
Seuls deux weshs, l'un portant une casquette ridicule, et l'autre, beau gosse, une carrure impressionnante pour son âge, daignaient le remarquer. Certes, ils se moquaient ouvertement mais bon, il s'en foutait. Car Jail savait que plus tard, quand il serait riche, ces deux bouffe-merde récureraient ses chiottes en or massif. 180 jours de cours environ, il avait calculé. 180 bonnes raisons de faire bruler ce cloaque. 180 raisons de planter son prof de latin avec son bic quatre couleurs. 180 raisons de violer Camille. 180 boules au ventre aussi, le matin, au réveil. Si le lycée était désigné comme étant la plus belle période d'une vie d'ado, Jean-Lucien avait tout intérêt à se coller un pruneau dans la cafetière dès à présent. Sauf qu'il croyait en ses rêves. Il savait pertinemment qu'un jour, il passerait la bague au doigt de sa Loïs Lane. Qu'il serait plus connu dans l'IRL que l'était "ThePurificator" sur WoW. Il savait que les Geeks, les pauvres et les No-lifes règneraient en maitre sur cette planète, et que les Weshs, les nantis et les campouzes seraient génocidés. Il y croyait dur comme kriptonite. Seulement avant, il faudrait endurer 180 jours de souffrance.

-Tu viens pas manger Es' ?
-T'as vu ma dégaine ? J'suis un boudin. Je vais fumer ma clope, je reviens. Elle sortit son téléphone.
Chaque jour, via son ordinateur portable ou son player star indigo pailleté, Estelle entretenait son skyblog. Elle y répertoriait tout ce que les gens -estimait-elle- étaient en droit de savoir. La marque de la cabine à U.V du beau Robert de Twilight. Le nom du psy de Cristiano Ronaldo. A quelle heure Zac Effron allait chier. L'adresse du dentiste des Jona's brothers. Enfin, pourquoi cette salope de Lady Gaga était célèbre, et pas elle ?
"J'ai trop besoin de thunes..." pensa Estelle. "Ma darone me met la carotte, faut que je ramène un putain de 8 sur 20 en maths pour 20 balles. J'ai une gueule à savoir factoriser ? faut fait quoi pour gagner de l'argent facilement, du porno ?"
Connectant tant bien que mal ses synapses, cette avilissante et néanmoins brillante idée fit réfléchir Estelle.
Elle jeta sa cigarette par terre, sans prendre la peine de l'écraser. Sous le préau, elle tira par le col une petite blonde qui discutait avec un groupe de garçons, la bave aux lèvres, ils n'avaient d'yeux que pour cette réplique miniature de Christina Aguilera.
-Viens lĂ  Steph' !
-AĂŻe ! ArrĂŞte ! Tu veux quoi ?
-Ta sœur là, la crasseuse, elle fait toujours du porno ?
-Bah ouais...
-Tu pourras lui demander, entre deux pipes, combien elle se fait ?
-Tu veux que je lui demande combien elle touche pour se toucher ? Blagua t-elle.
-C'est pas marrant bouffonne. Je rigole pas là, regarde ma tête. Les mains en éventail, elle désigna son sublime faciès. Fais juste passer le message, OK ?
-OK.


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