Chapitre 10 : Une alliance farfelue

Kurt regarde infiniment la fille en face de lui. Il n'a plus son regard d'assassin de quelques heures auparavant, il paraît maintenant attentionné, presque attiré par cette petite personne, souffrant le martyre. La logique même serait de l'emmener illico presto à l'hôpital, mais au vue de sa situation, Kurt ne peut évidemment pas s'afficher en public, donner son nom etc..
La discrétion doit l'emporter mais, à son plus grand étonnement, les sentiments sont en train de prendre le dessus sur l'autre Kurt. Celui qui vient de anéantir sa famille tout en carbonisant son père s'atténue peu à peu. Le Kurt romanesque apparaît petit à petit.

Le jeune homme ne peut alors s'empêcher de prendre soin de cette jeune fille, il agit assez aléatoirement mais se dit que si jamais il fait une erreur, il pourrait s'en servir comme un otage, on ne sait jamais.
Kurt se méfie énormément des femmes, celles-ci sont plus futées que l'on pense..

Avec ses néo-gros muscles, l'adolescent de seize ans soulève la gamine, vraiment mal en point, et retourne à sa fameuse planque, celle où personne ne pourra l'emmerder, pas même les chiens chercheurs des keufs, pas même les hélicoptères, pas même n'importe quel humain sur terre. Quand il sentira une menace trop inquiétante à son goût, il s'en ira vers d'autres cieux.

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Mikael se sert un café. Le cernes ornent son visage, il n'a pas dormi depuis plus de vingt-quatre heures. C'est un travailleur acharné. Quand l'un de ses collègues lui suggère d'aller se reposer quelques temps, Jakobsson l'envoie chier d'un violent doigt d'honneur. Il est déjà dans sa bulle.
Treize heures et cinquante-six minutes. Jean Garcia, son fidèle second, toque à son bureau.

- Je ne te dérange pas ?
- Si, mais bon.
- On a du nouveau. On a examiné une certaine gamelle, laissée là en plein milieu du salon.
- Je vois. Et alors ?
- Réfléchis.
- Patrick Zenit.
- Exactement. L'assassin aurait fait chauffer de l'eau chaude dans ce récipient pour ensuite aller lui balancer le tout à la gueule.
- Mon dieu, fit un Mikael dépité.
- Figure-toi qu'il existe des traces d'ADN récentes sur cette gamelle. Elles appartiennent à Jenny et Kurt Zenit.
- Jenny ? s'exclama Mikael, interloqué.
- J'ai trois hypothèses pour toi. La première serait que tous les membres de cette famille se soient entretués entre eux, ce qui expliquerait la présence de Jenny sur ces traces ADN. Peu probable certes. La deuxième, un mec est entré dans l'appart Zenit, a tué quatre des cinq membres et a pris le dernier, Kurt, comme otage. La dernière, le petit benjamin de la famille a buté, d'une raison à déterminer, sa famille, et s'est échappé.
- Les deux dernières tiennent debout. Il nous faut maintenant plus d'infos sur cette famille pour vraiment exploiter l'une de ses hypothèses.
- Exact.
- Je passe aux salles d'examens pour prendre des nouvelles des victimes, je suis de retour dans une heure, dit Mikael en enfilant son manteau et prenant ses clés de voiture.
- D'accord.
- Du bon boulot ça Jean.

Puis, Mikael se casa dans sa petite 207 et prit la direction de l'hôpital, exténué.

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Comment la réveiller ? Telle est la question que se pose Kurt, anxieux et inquiet de l'état empirant de sa nouvelle camarade.
Une petite claque dans la gueule ? Trop violent.
Crier comme un porc dans ses oreilles ? Non..
Kurt se résolut logiquement à lui donner un peu d'eau. Peut-être manque-t-elle de cela ?
Il soulève en toute attention son visage et lui ouvre la bouche pour lui insérer quelques centilitres de baille.
Puis, doucement, il lui fait manger trois petites cuillères de riz et une partie de son bol de soupe.
Enfin, il la pose calmement sur son lit, avec un gant de toilette humide.

Puis, il prend sa petite couverture et s'endort par terre. La nuit va être longue..