Note de la fic :
L'achèvement d'une ère.
Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée
Chapitre 64 : Anomalies
Publié le 15/04/2012 à 19:43:44 par Spyko
Je laissai mes doigts glisser lentement le long de la commande de fermeture, le regard fixé sur la porte close. Le masque de glace que j'avais revêtu se morcela, et une vague de souffrance me traversa, me faisant tituber en arrière. S'il n'y avait eu que Tony... mais c'était peut-être plusieurs centaines de personnes, tous ceux qui n'avaient pas eu le temps de nous rejoindre, que je venais de condamner.
Les seuls mots qui me vinrent à l'esprit furent ''qu'est-ce que j'ai fais?'', mots auxquels la voix sifflante du monolithe s'empressa de répondre, tellement présente que mon crâne était à la limite de l'explosion. La vue du fragment, et même son contact, semblaient avoir amplifié ces interventions, à tel point que chacune m'arrachait une grimace de douleur.
*Ce qu'il fallait. Tu n'as rien à te rapprocher Alex, ils sont tous perdus de toute manière.*
« Il y a toujours un espoir, même pour nous... »
*Non! Cesse de te méprendre à ce sujet! Tout est fini pour vous, TOUT!*
Comme souvent, le dernier mot, dix fois plus violent que les autres, manqua de me faire tomber à genoux. Tremblant et transpirant, je m'appuyai au panneau métallique, avant de me rendre compte que tous les regards étaient braqués sur moi. Pour changer...
La salle n'était pas bien grande, mais ça n'empêcha pas un certain nombre de rescapés de se tasser un peu plus lorsque je décidai de me séparer de ma porte pour approcher. De nombreux chuchotements entre voisins ne tardèrent pas à parcourir la petite foule, ce qui avait le don de m'agacer, faisant revenir en mémoire la manière dont les habitants du supermarché nous avaient accueilli. Je reculai une nouvelle fois, et approchai la main de la commande d'ouverture.
« Si ce que je viens de faire vous gêne, fis-je d'une voix glaciale, vous pouvez toujours sortir pour aller les aider, y a qu'à demander. »
Tout naturellement, personne ne fit la moindre remarque, et, sous mon regard fixe et sans doute légèrement vide, tous finirent par se détourner. Des claquements de mâchoires, des cris et le grincement des griffes de la créature sur l'acier nous parvenaient à travers la porte, et une pointe de culpabilité m'envahit. Je la repoussai, et cette action me donna l'impression de perdre toujours plus d'humanité.
Je m'approchai de mes coéquipiers, qui s'étaient mis un peu à l'écart - si tant est qu'on puisse réellement être à l'écart dans une salle aussi peu spacieuse - et m'assis avec eux. Ils levèrent la tête, mais au moins, je ne décelai pas de méfiance ni quoi que ce soit d'autre dans leur regard. Excepté Max, bien sûr.
« Ça t'arrive souvent de parler tout seul? »
Apparemment, la question lui trottait dans la tête depuis quelques minutes déjà, et c'était presque un exploit qu'il l'ai retenu aussi longtemps. Je lui décochai un regard haineux, et cet échange visuel se poursuivit pendant de longues secondes, sans qu'aucun des autres ne sache que faire.
« T'es toujours aussi taré c'est ça? poursuivit-il. T'entends des voix maintenant? »
Une violente envie de prendre mon arme et de lui tirer dans la tête, d'asperger le mur de sang et de cervelle me prit, mais je me contins. Je vis que ses propres doigts effleuraient légèrement son cutter plasma, et il était évident qu'il m'aurait abattu avant que je puisse sortir mon pistolet. Il n'attendait visiblement qu'une réaction agressive de ma part pour justifier le meurtre qu'il brulait de commettre, tout en mettant cela sur le compte de la défense.
« Max, arrête... »
« C'est ça, défend le, t'as bien vu tout ce qu'il a fait, non? »
En guise d'argument à toute épreuve, il agita son moignon sous le nez de Matt, avant de se détourner, comprenant qu'il n'aurait jamais l'assistance des autres dans ce combat. Je baissai les yeux, laissant mes pensées vagabonder. Il se passa probablement une demi-heure durant laquelle personne ne bougea. Il n'y avait plus de bruit à l'extérieur, mais aucun des rescapés n'osait mettre le nez dehors.
Sentant bien qu'on pourrait très bien passer des siècles ici, et commençant à m'engourdir à force de rester immobile, je me levai et marchai doucement vers la porte. Instantanément, tous les regards se braquèrent sur moi, mais je ne m'en souciai pas. Je pris mon fusil en main, et ouvris le panneau métallique. La porte coulissa, et la salle fut inondée de la lumière qui provenait des vitres brisées.
Le dragon n'était plus là, et ses chocs semblaient provenir de l'autre bout du vaisseau. Je franchis le seuil et m'aventurai plus loin. Le sol était entièrement recouvert d'éclats de verre tranchants, ainsi que d'une dose plus qu'abondante de sang et de membres. Mais il n'y avait pas le moindre cadavre. J'avançai un peu plus loin, et tournai la tête.
La porte que nous avions scellée n'était plus qu'un amas métallique gisant au sol. Les nécromorphs étaient donc entrés ici, ce qui expliquait l'absence totale de corps. Des centaines, voire des milliers de survivants s'étaient trouvés ici il y avait moins d'une heure. Et maintenant...
Le vaisseau continuait son avancée le long de la planète. Avancée qui me parut incroyablement lente, en tout cas comparée à tout à l'heure. Un léger doute m'envahit, mais je laissai de côté provisoirement. L'ascenseur qui menait au passerelles inférieures et à la tranchée de tir sur le toit du vaisseau semblait intact, et fournissait un accès tout désigné au reste du vaisseau. Le poste de pilotage se trouvait juste sous nos pieds, et une idée germa progressivement.
Je m'engageai en direction des escaliers qui descendaient vers les commandes.
« Eh Alex, tu vas où comme ça! s'exclama Matt. »
« Si on reste ici avec cette saloperie, on est foutus, il faut qu'on s'éloigne de la surface! »
« Avec le nombre de nécros qu'il y a à bord? »
« On verra tout ça après, ramenez vous ou restez là. »
Je dévalai les marches d'acier et posai le pied sur la plate-forme. Mes coéquipiers ne tardèrent pas à me rejoindre, et nous descendîmes. Nous traversâmes un petit couloir, avant de déboucher sur une salle dotée d'un siège et de toute une panoplie d'hologrammes. Un homme, probablement celui qui se chargeai de conserver le vaisseau dans sa trajectoire le temps que le capitaine prenne son poste, était assis là.
Mort, évidemment. Je hissai le cadavre hors de son trône et le laissai tomber sur le côté. Tentant de me familiariser avec toutes ces commandes, je localisai celles des réacteurs. Je maniai l'hologramme de façon à ordonner au vaisseau de prendre de l'altitude. Le tas de ferrailles volant se tordit légèrement vers le haut, puis un sifflement suivi d'un grondement métallique arrêta la manœuvre.
« Merde, quoi encore! »
« Laisse moi regarder, fit Max, ayant visiblement mis son amertume de côté, ça vient peut-être des propulseurs.... »
Le jeune amputé se pencha et tapota un peu les écrans. Un plan du vaisseau apparut, et il effectua quelques petits mouvements pour obtenir l'état général des réacteurs. Les cylindres clignotaient presque tous en orange, sauf un qui était passé au rouge.
« On a un problème, je sais pas si c'est le dragon ou les nécros, mais les tubes de refroidissements ont morflé. Les propulseurs sont en train de surchauffer, et il y en a un qui va pas tarder à griller complètement. »
« Ça veut dire qu'il faut qu'on se magne? demanda Jessie. »
« Ouais. Soit on évacue tout de suite, soit on essaie d'aller réparer ça. Ça dépendra des dégâts, mais je pense que c'est faisable. »
« Ça fait quand même un sacré trajet... »
« On a les tram' qui sont toujours en service, et de toute façon les capsules de sauvetage sont dispersées un peu partout. »
Je fixai ces loupiotes colorées qui luisaient sur le plan du vaisseau. Alors là, c'était clair qu'on était foutus. A moins d'aller réparer ça, si c'était possible du moins. Il y avait tellement de rescapés là-dedans qu'essayer de gagner du temps pourrait être la meilleure solution, au moins pour espérer survivre un moment de plus. Il restait encore deux propulseurs sur les dix qui étaient affichés en vert, ce qui indiquait qu'ils n'avaient pas de problèmes de surchauffe.
Qui sait, peut-être qu'on pourrait...
*Tu n'abandonneras donc jamais?*
« Pas s'il nous reste une chance...., répondis-je presque machinalement. »
Le bourdonnement cessa un instant, me laissant avachi dans le fauteuil, sous les yeux inquiets de mes partenaires. Tout se mélangea dans mon esprit. Les nécromorphs, les survivants, les propulseurs, le vaisseau du Quebec, le dragon... le dernier rapport de Nevers s'ajouta à cette liste qui semblait s'allonger sans cesse.
*Est-ce qu'il en reste vraiment une?*
Les seuls mots qui me vinrent à l'esprit furent ''qu'est-ce que j'ai fais?'', mots auxquels la voix sifflante du monolithe s'empressa de répondre, tellement présente que mon crâne était à la limite de l'explosion. La vue du fragment, et même son contact, semblaient avoir amplifié ces interventions, à tel point que chacune m'arrachait une grimace de douleur.
*Ce qu'il fallait. Tu n'as rien à te rapprocher Alex, ils sont tous perdus de toute manière.*
« Il y a toujours un espoir, même pour nous... »
*Non! Cesse de te méprendre à ce sujet! Tout est fini pour vous, TOUT!*
Comme souvent, le dernier mot, dix fois plus violent que les autres, manqua de me faire tomber à genoux. Tremblant et transpirant, je m'appuyai au panneau métallique, avant de me rendre compte que tous les regards étaient braqués sur moi. Pour changer...
La salle n'était pas bien grande, mais ça n'empêcha pas un certain nombre de rescapés de se tasser un peu plus lorsque je décidai de me séparer de ma porte pour approcher. De nombreux chuchotements entre voisins ne tardèrent pas à parcourir la petite foule, ce qui avait le don de m'agacer, faisant revenir en mémoire la manière dont les habitants du supermarché nous avaient accueilli. Je reculai une nouvelle fois, et approchai la main de la commande d'ouverture.
« Si ce que je viens de faire vous gêne, fis-je d'une voix glaciale, vous pouvez toujours sortir pour aller les aider, y a qu'à demander. »
Tout naturellement, personne ne fit la moindre remarque, et, sous mon regard fixe et sans doute légèrement vide, tous finirent par se détourner. Des claquements de mâchoires, des cris et le grincement des griffes de la créature sur l'acier nous parvenaient à travers la porte, et une pointe de culpabilité m'envahit. Je la repoussai, et cette action me donna l'impression de perdre toujours plus d'humanité.
Je m'approchai de mes coéquipiers, qui s'étaient mis un peu à l'écart - si tant est qu'on puisse réellement être à l'écart dans une salle aussi peu spacieuse - et m'assis avec eux. Ils levèrent la tête, mais au moins, je ne décelai pas de méfiance ni quoi que ce soit d'autre dans leur regard. Excepté Max, bien sûr.
« Ça t'arrive souvent de parler tout seul? »
Apparemment, la question lui trottait dans la tête depuis quelques minutes déjà, et c'était presque un exploit qu'il l'ai retenu aussi longtemps. Je lui décochai un regard haineux, et cet échange visuel se poursuivit pendant de longues secondes, sans qu'aucun des autres ne sache que faire.
« T'es toujours aussi taré c'est ça? poursuivit-il. T'entends des voix maintenant? »
Une violente envie de prendre mon arme et de lui tirer dans la tête, d'asperger le mur de sang et de cervelle me prit, mais je me contins. Je vis que ses propres doigts effleuraient légèrement son cutter plasma, et il était évident qu'il m'aurait abattu avant que je puisse sortir mon pistolet. Il n'attendait visiblement qu'une réaction agressive de ma part pour justifier le meurtre qu'il brulait de commettre, tout en mettant cela sur le compte de la défense.
« Max, arrête... »
« C'est ça, défend le, t'as bien vu tout ce qu'il a fait, non? »
En guise d'argument à toute épreuve, il agita son moignon sous le nez de Matt, avant de se détourner, comprenant qu'il n'aurait jamais l'assistance des autres dans ce combat. Je baissai les yeux, laissant mes pensées vagabonder. Il se passa probablement une demi-heure durant laquelle personne ne bougea. Il n'y avait plus de bruit à l'extérieur, mais aucun des rescapés n'osait mettre le nez dehors.
Sentant bien qu'on pourrait très bien passer des siècles ici, et commençant à m'engourdir à force de rester immobile, je me levai et marchai doucement vers la porte. Instantanément, tous les regards se braquèrent sur moi, mais je ne m'en souciai pas. Je pris mon fusil en main, et ouvris le panneau métallique. La porte coulissa, et la salle fut inondée de la lumière qui provenait des vitres brisées.
Le dragon n'était plus là, et ses chocs semblaient provenir de l'autre bout du vaisseau. Je franchis le seuil et m'aventurai plus loin. Le sol était entièrement recouvert d'éclats de verre tranchants, ainsi que d'une dose plus qu'abondante de sang et de membres. Mais il n'y avait pas le moindre cadavre. J'avançai un peu plus loin, et tournai la tête.
La porte que nous avions scellée n'était plus qu'un amas métallique gisant au sol. Les nécromorphs étaient donc entrés ici, ce qui expliquait l'absence totale de corps. Des centaines, voire des milliers de survivants s'étaient trouvés ici il y avait moins d'une heure. Et maintenant...
Le vaisseau continuait son avancée le long de la planète. Avancée qui me parut incroyablement lente, en tout cas comparée à tout à l'heure. Un léger doute m'envahit, mais je laissai de côté provisoirement. L'ascenseur qui menait au passerelles inférieures et à la tranchée de tir sur le toit du vaisseau semblait intact, et fournissait un accès tout désigné au reste du vaisseau. Le poste de pilotage se trouvait juste sous nos pieds, et une idée germa progressivement.
Je m'engageai en direction des escaliers qui descendaient vers les commandes.
« Eh Alex, tu vas où comme ça! s'exclama Matt. »
« Si on reste ici avec cette saloperie, on est foutus, il faut qu'on s'éloigne de la surface! »
« Avec le nombre de nécros qu'il y a à bord? »
« On verra tout ça après, ramenez vous ou restez là. »
Je dévalai les marches d'acier et posai le pied sur la plate-forme. Mes coéquipiers ne tardèrent pas à me rejoindre, et nous descendîmes. Nous traversâmes un petit couloir, avant de déboucher sur une salle dotée d'un siège et de toute une panoplie d'hologrammes. Un homme, probablement celui qui se chargeai de conserver le vaisseau dans sa trajectoire le temps que le capitaine prenne son poste, était assis là.
Mort, évidemment. Je hissai le cadavre hors de son trône et le laissai tomber sur le côté. Tentant de me familiariser avec toutes ces commandes, je localisai celles des réacteurs. Je maniai l'hologramme de façon à ordonner au vaisseau de prendre de l'altitude. Le tas de ferrailles volant se tordit légèrement vers le haut, puis un sifflement suivi d'un grondement métallique arrêta la manœuvre.
« Merde, quoi encore! »
« Laisse moi regarder, fit Max, ayant visiblement mis son amertume de côté, ça vient peut-être des propulseurs.... »
Le jeune amputé se pencha et tapota un peu les écrans. Un plan du vaisseau apparut, et il effectua quelques petits mouvements pour obtenir l'état général des réacteurs. Les cylindres clignotaient presque tous en orange, sauf un qui était passé au rouge.
« On a un problème, je sais pas si c'est le dragon ou les nécros, mais les tubes de refroidissements ont morflé. Les propulseurs sont en train de surchauffer, et il y en a un qui va pas tarder à griller complètement. »
« Ça veut dire qu'il faut qu'on se magne? demanda Jessie. »
« Ouais. Soit on évacue tout de suite, soit on essaie d'aller réparer ça. Ça dépendra des dégâts, mais je pense que c'est faisable. »
« Ça fait quand même un sacré trajet... »
« On a les tram' qui sont toujours en service, et de toute façon les capsules de sauvetage sont dispersées un peu partout. »
Je fixai ces loupiotes colorées qui luisaient sur le plan du vaisseau. Alors là, c'était clair qu'on était foutus. A moins d'aller réparer ça, si c'était possible du moins. Il y avait tellement de rescapés là-dedans qu'essayer de gagner du temps pourrait être la meilleure solution, au moins pour espérer survivre un moment de plus. Il restait encore deux propulseurs sur les dix qui étaient affichés en vert, ce qui indiquait qu'ils n'avaient pas de problèmes de surchauffe.
Qui sait, peut-être qu'on pourrait...
*Tu n'abandonneras donc jamais?*
« Pas s'il nous reste une chance...., répondis-je presque machinalement. »
Le bourdonnement cessa un instant, me laissant avachi dans le fauteuil, sous les yeux inquiets de mes partenaires. Tout se mélangea dans mon esprit. Les nécromorphs, les survivants, les propulseurs, le vaisseau du Quebec, le dragon... le dernier rapport de Nevers s'ajouta à cette liste qui semblait s'allonger sans cesse.
*Est-ce qu'il en reste vraiment une?*