Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Le Cycle Des Calepins Oubliés


Par : Tacitus42
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : Terminée



Chapitre 22 : Nom, Grade et Matricule


Publié le 23/02/2012 à 16:01:30 par Tacitus42

2. Nom, grade et matricule.


Mon nom de baptême est Guillaume (lequel me vient de ma mère) même si on m’appelle parfois William ici (ce qui n’est jamais que la traduction anglo-saxonne)…
Mais tous ceux qui m’ont connu étant jeune (et même après) m’ont attribué Guy pour diminutif…
Et partant de là, certains ecclésiastiques m’ont donné le surnom de Guido (ironiquement je pense : sans doute parce que je n’ai aucun charisme).

Les seules personnes à savoir comment je m’appelle ne sont pourtant pas légion. Il y a dans l’ordre : feu le commandeur et sa famille (forcément), y a aussi les tarés de mon contingent ainsi que quelques délégués du Vatican (et puis Lilith apparemment)…



Ouais, si : ça fait un paquet de monde en fin de compte.

Je n’ai rien trouvé à répondre sur le coup, mais je crois que Gretchencko a lu quelque chose se rapprochant de la surprise dans la lueur de mes yeux.

Je n’ai même pas retiré ma cagoule et elle ne pouvait simplement se fier à mon regard.

J’en suis venu à la conclusion qu’elle n’était qu’un messager, un oiseau de mauvais augure comme je peux l’être moi-même (bien que ce soit involontaire dans mon cas).
Ou alors était-ce la conclusion d’une époque?
Celle des guerres institutionnelles peut-être.

Non : juste le commencement de quelque chose d’obscur et d’amer…
Après tout, j’ai bien taxé son père d’incube : il y a forcément un rapport.



Pour le reste…

L’humaine Lilith, elle, s’est éteinte dans une expression de stupeur mêlée de douleur (sans doute à la manière de son amant perdu qu’elle avait égorgé elle-même) alors qu’elle peinait à ravaler le sang qui tendait à remonter sous les coups de soufflet qu’imprimaient encore ses muscles intercostaux.

Et les secours dépêchés trop tard, n’y ont rien changé : elle est morte ainsi, bien loin de sa citée d’origine désormais détruite.
Elle fut incinérée si vous voulez tout savoir (et je ne sais pas d’ailleurs ce qu’il est advenu de ses cendres : pour ce que j’en ai à battre !)

L’histoire pourrait s’arrêter là en définitive.

Le problème c’est que tout est toujours intrinsèquement lié…

Et donc, pour être raccord, c’est ici qu’il va falloir que je me (re)présente…



Il n’y a pas beaucoup de gens qui me connaissent vraiment d’abords parce qu’il est peu d’entres eux qui se soient intéressé à mon cas (ou moi de m’être intéressé au leur).

Et puis surtout, je ne sais pas moi-même exactement qui je suis : la plupart des gens de cette citée diront « pareillement » (cf. Gretchencko pour en avoir le parfait exemple).

Mais je suis de mauvaise foi puisque vous connaissez déjà un de mes prénoms (surtout si vous avez lu mes premiers calepins, ce dont je doute)

Ne me demandez pas mon nom de famille, je ne m’en souviens pas.

A l’instar de Gretchencko, je suis parti très tôt du domicile familiale (ne me demandez pas quand, je ne m’en rappelle pas d’avantage : je n’étais pas encore pubère à ce que prétendait ma mère)…
Et comme il est rare d’appeler un parent par son nom de famille, je n’ai jamais vraiment su le mien (même si je connais par cœur nos couleurs).
On avait des titres à la place (d’où l’origine - entre autre raison - de l’interjection de la particule « Don » dans mes prénoms).

Enfin, mon père m’appelait Hayden en mémoire du premier de mes aïeuls connu (un esclave affranchi qui avait appartenu à un clan de Scot avant le servage : à ce que mon pater racontait en tous les cas).
J’ai donc toujours cru qu’il s’agissait-là de mon premier prénom (la provenance de mon ancêtre étant ce qui se rapprochait le plus d’un nom de famille).

Hayden le Scot : c’est ainsi que je me suis présenté à celle qui n’était pas encore mon épouse…
Laquelle estropia perpétuellement mon titre par la suite pour m’appeler sobrement Hayden Scott ou simplement Hayden (comme tous mes amis le font aujourd’hui, c.à.d. pas grand monde).

Mais si vous voulez vraiment tout savoir, mon nom complet serait, ici, William Donovan Hayden Scott (oué je sais : c’est long, mais je vous emmerde)… Le gars en charge de l’état-civil écrivait Scot avec deux t apparemment (mais ma dame aussi du reste).

Note bene : Donovan, c’est certes en rapport avec Furius, mais c’est surtout une coïncidence en l’occurrence. Comme je l’ai dit, c’était plutôt une particule noble qui pouvait tenir lieu de diminutif à Donovan : je préfère Donovan à Don tout court.
Ca sonne mieux je trouve.

C’est en tout cas le nom que j’ai donné quand j’ai du m’inscrire dans le cadre de ma demande de permis de port d’arme.

Actuellement, ce serait même…
Matricule 7.122.111 « Sol Invictus »…

C’est d’ailleurs Dana qui a trouvé mon indicatif (étant donné que je n’ai jamais eu beaucoup d’imagination) et je ne sais absolument pas d’où ça provient (même si je sais vaguement ce que cela signifie).

Elle, a pris celui de « Bloody Mary » (Matricule 7.122.131).
Paraît que c’est une boisson alcoolisée à la base.

Mais on n’y est pas encore : je ne m’étais pas « totalement » réinscrit à l’armée à l’époque (et m’en gardais bien du reste)…
J’avais juste besoin du droit de possession d’un simple neuf millimètres Pacificator.



J’ai tiqué quand l’officier de l’état-civil m’a demandé mon âge…

Dana a vingt-deux ans…

Et, elle, est « catégorique ».

Elle en est d’autant plus certaine qu’elle est née dans le premier camp institutionnel du Primus Sector, un an après l’arrivée de Victor.
Paraît que les gens du camp comptaient déjà les jours et les ans (en fonction des spots qui s’allumaient ou s’éteignaient selon l’heure du jour, quelque fut la luminosité qui transperça des couches polymériques de la coupole).

Comme la plupart de mes concitoyens, je n’ai pas le luxe de savoir ma date de naissance.

Dans le patelin d’où je viens et à mon époque, tout le monde s’en foutait de compter les ans : fêter un singulier anniversaire n’était pas dans nos coutumes en tous les cas (même si on avait un calendrier précis notamment au niveau des fêtes religieuses)…

C’est une des raisons pour laquelle j’ai hésité quand l’officier chargé de l’état-civil m’a demandé mon âge…
Et comme il fallait bien que je ponde quelque chose et que le gars d’en face voyait bien que je pédalais dans la semoule, il m’a juste dit d’en piocher un au hasard (quitte à déterminer une date d’anniversaire par le même biais).

C’était logique après tout : nous étions tous issus d’une ère de chaos (en quelque sorte).

La plupart des gens n’avaient aucun repère jusqu’à l’instauration de la constitution et la mise en relais de toutes les citées…

Pour info, le Vatican a profité du renouveau des communications qu’octroyait l’état-global naissant pour tenter de régler à nouveau les pendules à l’heure du Christ.
Mais certains comptent encore les années en fonction du premier camp : an vingt-trois de l’Institution…
Tandis que d’autres ont sauté sur l’occaz pour redéfinir un calendrier fondé sur l’Hégire ou recalculer le calendrier chinois.



Tant qu’on ne me dit pas quand je suis né, de toute façon…

Enfin, pour en revenir à nos moutons, lors de mon fichage dans la banque de données mère du Primus Sector, je suis resté perplexe quand on m’a demandé mon âge.
J’ai dit vingt ans à l’officier de l’état-civil…
Ce qui était débile parce que Gretchencko était mort depuis trois ans au moins (et je n’avais certainement pas dix-sept ans quand Victor s’est fait dézingué et j’aurais été vachement trop jeune quand je me suis fritté au treizième si on ne compte pas le fait que j’aurais rencontré ma femme bien avant ma naissance).
Mais le gars a dit banco (je suppose qu’il n’en avait rien à battre).

Et c’est bizarre parce que tout le monde croit effectivement que j’ai vingt-sept ans aujourd’hui (alors que je dois nécessairement en avoir bien plus).

Paraît même que ma date d’anniversaire, c’est le deux mars.
Je serais donc théoriquement né le deux mars de l’an de grâce 2286, ce qui est totalement débile (mais je me répète).

C’était à l’époque où j’essayais d’avoir mon permis de port d’arme, lequel était nécessaire à mon nouveau métier étant donné que je venais de me faire virer de la ligue des gladiateurs pour la seule raison que je tuais le suspens (à ce qu’on m’a dit).

Et pour se faire, on m’a bien fait comprendre qu’il fallait aussi une « ID card » (comme certains l’appellent).
Bref : fallait au moins être fiché pour porter un flingue. Une mesure qui datait de Gretchencko et que beaucoup ont allègrement outrepassée, d’autant qu’elle comptait à l’époque des exceptions : les unités en free-lance notamment (qui ont coûté sa tête au commandeur, pour des raisons bidons d’ailleurs, puisque leur prime institutionnalisation n’était pas de son fait).

Mais il fallait faire tabula rasa : montrer l’exemple.

Mêmes des types comme Bramwell ont finalement du s’y conformer après la mort de Victor (s’ils ne voulaient pas perdre leur travail).
L’anonymat des membres du Bloody Battalion est passé à la trappe par le simple biais de cette directive (appliquée désormais à l’ensemble de l’armée).

Moi non plus, je n’avais plus le choix : si je voulais conserver mon appart, il me fallait un job.
Et mercenaire était bien le seul dans lequel je pouvais à la rigueur me débrouiller.

Pour le reste, il fallait passer un test d’aptitude au tir (fastoche au demeurant) qui me donnait droit au grade virtuel de sergent-major (moyennant la réussite d’un concours académique que je ne voulais passer en aucun cas).

J’avais déjà perdu mon premier boulot avec la mort de Gretchencko et je me suis fait viré du second.
J’avais bien fait quelques petits trucs auparavant mais on n’appelait pas ça travailler à proprement parler : certaines de ces tâches se rapprochaient même de la mendicité en fait.
Je parle entre autre du sacerdoce dit moderne.

Oui : si je suis un outsider, c’est surtout de la citée 42… Et à mon époque, là d’où je viens, tout le monde (ou presque) était chrétien…

Je n’ai d’ailleurs atterri dans cette bonne vieille ville qu’est le Primus Sector qu’à la faveur d’une mission (après avoir failli me faire excommunier d’ailleurs, raison pour laquelle on m’a gentiment expulsé avec la première expédition qui partait pour les antipodes ou presque)…

Paraît que le secteur premier n’avait pas reçu la visite d’un prélat (ou autre émissaire) depuis la chute de la faucheuse : une chance pour lui en somme…
Il s’agissait de l’un des derniers bastions entièrement peuplé de « païens ».

Pour ceux que ça intéresse, il paraît que le culte (chrétien donc), se serait subdivisé en trois branches (moi, je n’en connaissais que deux) avant que le tout ne se réunifie…

Enfin : le Vatican a décrété la réunification après 2166 (quand il ne restait pratiquement plus qu’une branche en somme).
Mais le fait que l’abstinence et la chasteté ne fussent plus obligatoires pour officier a du faciliter les choses.
On ne dit donc plus catholique, orthodoxe (ou protestant), mais chrétien (comme à la base quoi). Il faut savoir qu’à cet effet, la croix a été remplacée par un « T » barré, lequel se rapproche de la croix orthodoxe qui contenait déjà le simple crucifix des cathos… Les protestants se fichent pas mal de ce genre de détail du moment qu’ils ont le droit de continuer de forniquer pieusement sous le couvert du sacerdoce (même si les orthodoxes ne sont pas mieux : mais y avait bien des clauses de célibats dans certains de leur contrat)….
Je trouve, moi, que la croix, ça avait quand même plus de gueule (mais bon).

Quoiqu’il en soit, j’ai paumé mon missionnaire dès notre arrivée dans le Primus Sector. Il s’agissait d’un frère inquisiteur (et ça n’a pas la même signification : je vous rassure)…

Le frère Maximilien Durante (Max Dante pour les dames : il était ascendant protestant je crois). Il s’est barré avec une donzelle quand je l’ai perdu de vue…

Et je n’allais pas l’attendre non plus !

Le reste, vous le connaissez : les guerres institutionnelles, la cabale de Lilith, sa mort et puis celle de Victor (qui m’a laissé désoeuvré).

Ces quelques liens avec la citée 42 m’ont toutefois permis de devenir gardien de parking l’espace d’un temps, bien que ce ne fût pas d’avantage rétribué : j’avais juste droit au gîte et au couvert…
Mais je me suis fait saquer là encore pour faute professionnelle grave (paraît que j’ai quelque peu émasculé un patient à tendance satyre : j’avais encore ma pétoire pour se faire).

Pour ceux qui en douteraient, je suis une sorte de pecnot qui ne sait pas faire grand-chose : mais mercenaire, je pensais bien que c’était dans mes cordes.

Enfin de compte, je suis devenu une sorte de privé pour ainsi dire…

Certains disent private ou détective si vous voulez (mais ça peut désigner un fantassin aussi à ce que j’ai cru comprendre).
Moi, je dis toujours mercenaire (mais je suppose que dans ce monde c’est kif-kif et bourricot depuis la mort de Gretchencko).
On est d’ailleurs réserviste d’office dès que le brevet de port d’arme est attribué : seuls les militaires sont sensé être armés (ce qui n’empêche pas la plupart des gens d’enfreindre la loi).

Je dois dire que j’ai plutôt vite appris le métier (et que c’est plutôt bien payé).

Le job m’allait comme un gant : je m’en serais d’ailleurs fort bien accommodé jusqu’à la fin de mes jours (qui tarde à venir) si je n’étais pas tombé « par hasard » sur une gamine de dix-sept ans qui voulait venger ses parents.

Réintégrer les brigades d’interventions urbaines…
C’était bien là, la dernière chose que je voulais faire.

Servir une dictature militaire n’a jamais été dans mes intentions (même si en y repensant bien, les ordres dans lesquels j’ai été contraint d’officier durant ma jeunesse n’étaient pas bien meilleurs éthiquement parlant).

J’essayais surtout d’honorer la promesse faite à ma femme : survivre coûte que coûte.
Ce qui signifiait de s’éloigner un maximum de l’épicentre du pouvoir puisqu’il recelait toujours l’ennemi inconnu que nous n’avions pas réussi à mettre à jour durant les dix années de sursis dont avait disposé Gretchencko au sortir des guerres institutionnelles.
Lilith n’était vraisemblablement qu’un leurre ou l’avant-garde.

Et puis, j’étais las de tous ces chichis : des raisons officielles qui sous-tendaient d’autres officieuses. Rien n’était vrai au fur et à mesure qu’on se rapprochait des postes de prestiges.

Alors si j’ai du m’enrôler à nouveau, c’est contraint et forcé : pour le bien d’une innocente (ma femme aura compris je pense)…

Et je pensais même que le grade de sergent-major auquel j’avais droit en tant que réserviste était suffisamment bas pour me prémunir de cet ennemi inconnu (et suffisamment élevé pour me doter d’une certaine forme de sécurité financière).
Jusqu’ici en tous les cas, je n’avais pas eu à me plaindre.

Mais comme je l’ai dit, il y a quelque chose qui ne va pas.
Ca n’a jamais vraiment été…
Surtout depuis que Victor est mort en fait.


Commentaires

Aucun commentaire pour ce chapitre.