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Le Cycle Des Calepins Oubliés


Par : Tacitus42
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : Terminée



Chapitre 25 : La Vie Continue


Publié le 24/02/2012 à 02:15:12 par Tacitus42

5. La vie continue…


Elle, (Dana, pour en revenir à nos moutons) a eu des petits amis aussi entre temps (même s’il ne s’agit jamais de relations réellement stables).
Il m’arrive donc de penser qu’elle a tourné la page.

Mais elle a quand même des relents de jalousie de temps à autres (comme hier soir par exemple avec l’affaire de Magnus : je ne sais pas ce qu’elle va s’imaginer à chaque fois).
Et puis elle dort toujours d’avantage chez moi que moi…



A sa décharge, il faut dire que je n’aimerais pas non plus dormir à la caserne : il y en a toujours un qui pond un bon plan bien foireux pour faire chier les autres.

Les quartiers d’habitations de l’armée ne sont pas pires que la prison, mais ils s’en rapprochent.

Dana ne dort d’ailleurs à la commanderie que quand Archy y dort aussi (moins pour elle que pour lui en définitive).
C’est le seul type plus ou moins fiable dans nos deux unités réunies : faudrait pas qu’elle le perde dans une rixe débile.

Le dit Archibald a un appartement lui aussi. Mais comme la plupart des habitants de cette ville, il doit fréquemment l’hypothéquer pour payer le loyer (avant d’accumuler suffisamment d’argent pour lever l’hypothèque et ainsi de suite).

Nota bene : Cette ville tourne bizarrement…
Mais j’ai un petit pécule qui date moins des missions commanditées par Gretchencko que de mon succès en tant que gladiateur et qui me permettrait à la rigueur de tenir longtemps sans bosser.

Mais tant qu’on y est (et puisqu’on parle de lui), autant en dire d’avantage au sujet du soldat de seconde classe Samson.

Pas grand-chose à ajouter qui ne fut pas déjà dit toutefois si ce n’est que l’ex-adjudant est un flambeur invétéré et que depuis qu’il a perdu le prestige de son galon d’officier, il a l’air d’un dragueur un peu looser.

Sinon, c’est un ancien servant tactique à la sortie de ses classes (spécialisation artificier) : il est monté jusqu’au grade d’adjudant au fur et à mesure (mort de supérieur, départ à la retraite ou simplement parce qu’il était bon)…

Avant de se faire pratiquement viré avec perte et fracas pour insubordination comme je l’ai déjà dit.

Depuis il est le souffre-douleur du lieutenant de ma glorieuse et glandeuse unité.

Il doit fréquemment effectuer des missions débiles destinées à le faire crever plus rapidement : mais il revient toujours bizarrement (parfois un peu traumatisé au passage, mais en un seul morceau).

Il a même du patrouiller dans le désert un jour… Enfin dehors quoi (mais pas là où crèchent les outsiders : au-delà de cette zone, là où à fortiori personne ne s’arrête jamais).

Pour le reste, il prétend être invincible au poker (ou aux cartes en général), raison pour laquelle il a un appart…
(Parce que c’est pas avec le solde qu’on perçoit à l’armée qu’on obtient de quoi se payer un logement)…
Mais motif aussi (sans doute) qui l’oblige à hypothéquer si souvent.

Et dire qu’à une époque, les prix étaient suffisamment honnêtes pour trouver une baraque en banlieue…
Durant « l’ère Gretchencko » comme je l’appelle.

L’achat s’effectuait via prêts notamment : c’est comme ça que Victor a payé la sienne…

« Mais il était général » me direz-vous.

Il percevait moins qu’on ne croit habituellement (il faut le savoir)… Les soldes des pontes n’ont été crescendo qu’après sa mort.

Sa bourgeoise a quand même pu garder la demeure familiale…
Grâce à sa fille notamment (mais pas seulement)… Son grade de major lui confère toutefois une certaine sécurité financière…

Mais si la fille de feu le commandeur est devenue major de mon glorieux bataillon, elle jetterait bien ma belle compagnie aux ordures (si elle pouvait seulement se contenter de garder les Doomed Lords)…

Elle a à sa charge un bataillon de deux contingents seulement (puisque les Bloody Lions ont été intégrés à la compagnie D) et les deux sont en sous-effectifs chroniques…
Mais on l’appelle toujours le Bloody Battalion (in memoriam je suppose)…

A l’instar du nom de la compagnie D, seuls les Bloody Lions étaient présents dans l’arsenal orbital lorsqu’il a cramé dans l’atmosphère.

Quoiqu’il en soit, le major Gretchencko (Katja donc) a choisi son affectation après des résultats excellents lors de ses classes….

Elle est aussi parano que son père : elle demeure persuadée qu’on en veut à ses hommes et qu’on nous envoie dans des missions beaucoup trop périlleuses (sans compter les renforts qui manquent cruellement).
J’ai cependant tendance à croire qu’elle a autant de flair que son défunt pater.



Mais les choses commençaient déjà à dégénérer juste avant le décès de feu le commandeur : c’est d’ailleurs ça qui aura légitimé sa mort selon certains.

Au décès du maire du premier camp (qui fut élu plusieurs fois au titre de consul, bien qu’il ne fut pas seul à cette charge), tout le monde avait tendance à se tourner vers Victor pour des raisons futiles…
Mais Gretchencko n’a jamais été qu’un combattant : il n’a jamais su diriger un état (et s’en est bien gardé du reste).

Il ne servait tout au plus que de garde-fou (quand il n’était pas occupé à essayer de convaincre la lune d’intégrer les corporations sectorielles : ce qui aurait théoriquement quintuplé sa flotte).

Alors comme il ne trouvait pas de solutions aux problèmes de gestion naissants, on lui a imputé celui des unités en free-lance (qui non contentes d’être devenues inutiles, multipliaient les bavures à des fins lucratives).

Bien que contemporains des généraux qui avaient légalisé la constitution de ce genre de contingent, il n’en était pas directement l’instigateur : il avait simplement eu le tort de ne pas faire valoir son veto (comme c’était son droit) pensant vraisemblablement que la fin de la guerre amènerait leur disparition progressive.
Et le fait qu’il ait voté contre lors du conciliabule des généraux des sept brigades n’est jamais revenu sur la table : le commandeur pensait alors que ce n’était pas à lui de se venter de quelque mérite ou de prétendre quoique ce soit…
D’autant que la question ne regardait plus Victor puisqu’il était exclusivement en charge de l’Armada Spatiale depuis plus de sept ans lorsque son lynchage a été programmé.
Mais il y avait aussi la question de l’atomisation de la citée de Lilith qui revenait fréquemment sur le tapis.

C’est entre autre ce qui lui fut fatal…

Comme je l’ai dit, nous ne connaissions pas d’exemple de vraies démocraties.
Et la liberté populaire peu s’apparenter au populisme tout court dans certains cas.

Mais les free-lancers et la destruction du Treize n’étaient qu’une partie infime de l’équation qui vit sa chute : il n’était pas seul dans l’arsenal orbital (le problème était étendu à toutes les citées des corporations).

Lilith n’est pas totalement morte en définitive : son souvenir a imprégné la génération succédant à celle de Victor.

Des enfants (comme Lili et Charon pour donner un simple exemple) qui ne connaissent rien de ce qu’était le treizième secteur et qui se croient malins à essayer de ressembler à ce qui s’apparentait le plus à des psychopathes endurcis.

Des trucs comme le troisième Reich redevenaient à la mode pour le plus grand désarroi de Victor.

Nous nous étions si âprement battus pour en revenir à ça (?)

Comme je l’ai déjà dit, la plupart des gens (même ceux qui entretenaient une forme de savoir de génération en génération) ne savaient rien de notre passé (à moins d’être originaire du Vatican ou de ses proches alentours) : les archives n’ont survécu que très localement et étaient assez disparates.

Nous n’avons reconstitué l’Histoire qu’au prix de vingt années de fouilles et de communications continues avec l’ensemble des secteurs autonomes (vu qu’il ne fallait pas compter sur la citée 42 pour être totalement objective sur certains sujets : mais nous ne l’étions pas d’avantage à dire vrai).

Les choses semblaient péricliter de toutes parts.

C’est la raison qui a poussé Victor à demander une session extraordinaire de l’assemblée des secteurs autonomes.

Mais celui qui commandita la manœuvre qui amputa notre monde de cette démocratie naissante, celui qui profita de l’action, on ne l’a jamais vu : il n’y a jamais rien eu que des pantins au pouvoir depuis lors.

Et si le souvenir de Lilith demeure, celui de Victor se meurt.



Des choses étranges se déroulent en ce moment même…

En définitive, on se rend compte que tout ce que l’homme a pu imaginer, il l’a inventé par la suite (que ce soit tiré de ses rêves ou de ses pires cauchemars).

La médecine a atteint un point tel que pratiquement tout est devenu possible.
Même le voyage intersidéral fut (l’espace d’un moment seulement) à notre portée (avant que la Pythie ne décède).

Le problème étant que tout prend une tournure inattendue…
L’éthique est quelque chose qui a pratiquement disparue avec Victor.

C’était déjà le cas auparavant dans le treizième secteur (avant sa destruction), ça l’est devenu dans le nôtre…
Et il est difficile de savoir réellement ce qui est en cours dans les autres mégapoles de la fédération.



J’ai vu beaucoup de choses bizarres depuis que je suis né…

Que ce soit des anges ou des démons…

Mais toujours humains en l’occurrence…
Et aujourd’hui plus que jamais : par le biais de la médecine moderne comme je l’ai dit…
Le clonage d’organes et la chirurgie qui octroient la greffe de rajouts de membres (comme des ailes ou même de cornes) et j’en passe…
Les manipulations du code génétique rendues possibles (même si elles demeurent risquées).

Des gens qui se revendiquent des dieux ou de leur progéniture en changeant à leur gré d’apparence à tel point qu’ils donnent vie aux protagonistes des plus anciens mythes, acteurs des plus anciennes légendes.

Des satyres, des werewolves, des banchies ou des harpies et bien d’autres créatures du folklore que l’on aurait tout loisir de croiser dans la rue si cela n’était pas aussi périlleux.

Des soi-disant anges déchus qui sont tellement imbus de leur nouvelle apparence qu’ils se croient en droit d’en honorer l’origine mythologique.
Il y a des bars (comme le Neuvième Cercle), des cafés où ils se réunissent…

Ces gens-là ne sont pourtant pas les plus dangereux quand certains n’ont pas même le luxe du choix (comme ce fut le cas dans le treizième secteur).
Ceux qui les manipulent (quand ils n’en tirent pas un profit direct) sont la source du problème.

Et les dégâts causés par la Pythie dans tout ça ?!



Des animaux tout aussi étranges peuplent nos égouts depuis un certain temps déjà.
Et quand on sait qu’un secteur autonome est pratiquement hermétique, on est en droit de se douter de ce qui se trame dans l’ombre.

Certains ont émis l’hypothèse que ces créatures viennent d’en bas : des galeries d’extractions plus exactement (quelques unes d’entre-elle s’étendant trop loin ont pu en partie s’effondrer donnant éventuellement sur la surface).

Des conneries dans le genre, on en entend pas mal dans les reportages qu’ils diffusent pour rassurer la populace.
Hors, il est certain que nos huiles ont fait poser d’avantages de capteurs de proximité au dernier sous-sol (au niveau de l’accès à la rampe d’excavation notamment) peu après la foireuse mission d’assassinat de Lilith (histoire d’éviter d’être un jour l’arroseur arrosé).

La menace est interne : c’est d’ailleurs la source principale de mes revenus…
Retrouver des disparus qui sont généralement victimes de ce genre de bestiaux (lesquels sont plutôt balaises d’ailleurs) : elles ne pullulent pas encore mais j’ai toujours quelques appréhensions quand je dois me rendre là où elles crèchent.

Les égouts sont leurs antres : c’est pour cette raison que les frères de Lilith y élisent facilement domicile.
Au moins, en bas, personne n’osera venir les chercher (pense-t-il).
Ils se constituent en groupe précisément pour se prémunir dans le cas où ils croiseraient une de ces bestioles (même s’ils voyagent par petits paquets pour éviter d’attirer l’attention en surface)…
Bien que je suppute que l’un ou l’autre égaré fasse parfois office de casse-croûte de l’une ou l’autre d’entres-elles.

Sinon, ces monstres sont facilement cannibales et charognards.

Et si vous voulez tout savoir, ces animaux sont aussi proches de nous que l’est le cochon paraît-il (peut-être même d’avantage si j’ai bien compris ce que disait un spécialiste à la télé).

Ils ont des formes diverses, sont souvent bipèdes, avec ou sans cornes, avec ou sans queue, avec ou sans poils mais toujours avec des crocs acérés et un nombre variable d’yeux.

Ces gentilles bébêtes peuvent atteindre des dimensions gargantuesques à ce que veut la rumeur : mais personne n’a jamais pu certifier avoir vu une de ces horreurs de plus de deux mètres (sans doute parce que ce genre de créature court très vite et à fortiori bien d’avantage au plus grandes sont ses pattes)…
Certaines portions des égouts sont gigantesques (à la hauteur de la démesure de ce genre de constructions que sont les citées bunkers). Personne (je dis bien personne), n’a été (ou n’est revenu) de ce genre d’endroit…
Enfin, depuis que Lilith est morte (parce que c’est peu après son décès que ce genre d’animal a fait surface)…
Chose d’autant plus étrange puisqu’il n’y en avait pas dans les égouts du treizième quand nous y avons nous-même officié (peu avant notre tentative navrante pour en éliminer la reine).

Paraît aussi qu’on héberge des descendants directs des dinosaures.
On m’a dit que ça s’appelait des crocodiles. Il y aurait même des varans de komodo : j’ai toujours tendance à les appeler « dragons » (ce qui, paraît-il, est le vrai nom de cette seconde catégorie).

Je dis ça parce que j’ai failli crever de trouille un soir, en tombant nez à nez sur un de ces spécimens (mort, Dieu merci) dépassant facilement les cinq mètres (alors que j’arpentais les grands axes du tube digestif de la ville dans le cadre d’une affaire de disparition toujours).
Ces animaux-là ne peuvent venir que de la contrebande : certaines personnes (débiles au demeurant) les achètent comme animaux de « compagnies » à des prix exorbitant pour finir par les relâcher dans les égouts quand ils deviennent trop grands (et à fortiori dangereux pour eux).

Ils n’ont jamais été sauvages à proprement parler : il s’agit entièrement de spécimens de laboratoires qui auraient logiquement du crever. Faut croire qu’il y avait quelqu’un pour les nourrir ou qu’ils se sont échappés de zoos automatisés (quand ils ne sont pas directement achetés à « bas prix » aux gestionnaires de ces mêmes établissements) avant d’être repris par la contrebande.
Je suppose que les égouts recèlent des denrées cachées qui leurs sont profitables à elles.

Comme vous le savez déjà, il y a plusieurs étages dans une citées dômes, mais il n’en est pas un qui ne soit pas affecté…
(Raison pour laquelle je ne manque pas de travail).

Mais j’ai bien failli me faire bouffer par un basilic un jour : une chance qu’il ne m’ait pas vu passer (sans quoi j’étais fait).

Je n’ai jamais manqué de fortune pour ma propre personne (c’est pour ceux qui m’entourent que je me fais énormément de soucis).

J’avais d’ailleurs quelques scrupules à emmener Dana dans les entrailles de la ville : mais cela était nécessaire à sa formation.

Et je n’ose imaginer ce que ce brave Archibald a du croiser durant ses pérégrinations forcées aux abords des conduites d’évacuations de l’hôpital Notre Dame de la Providence.
Parce qu’il avait l’air plutôt remonté quand il est ressorti, via une des plaques qui occultait une artère nauséabonde courant sous lui…

Paraît qu’il aurait même croisé une exécutrice (qui lui a gentiment demandé d’évacuer les lieux étant donné que le seconde classe se trouvait en plein territoire de la citée 42)…
Paraît aussi qu’elle lui aurait sauvé les miches (rapport à quelques mauvaises rencontres du genre que j’ai mentionnées plus tôt) mais il n’a pas cru bon de lui demander son nom…
Paraît qu’elle ne le lui en a pas laissé le temps (sous-entendant qu’elle s’est barrée directement avec les deux gardes qui l’accompagnaient, après avoir dézingué tous ce qui barrait le passage au soldat de notre glandeuse compagnie).

Mais ça commence à faire beaucoup d’exécuteurs (morts ou vifs) dans le premier secteur : trop à mon goût en tout cas…

Il y a même un adage récent qui veut qu’une bonne emmerde ne vienne jamais sans un bon chrétien.

Lilith était chrétienne (au début, malgré elle et quand bien même elle ne fut pas baptisée : puisque je vois mal un prêtre baptiser une enfant du nom de la mère de toutes les succubes)…

Pour le reste, Archy a vraisemblablement (encore) porté un de ses sempiternels rapports disciplinaires. Il en poste régulièrement dans la boîte aux lettres du contingent (au retour de chacune de ce genre de mission bidon notamment).

Le rapport a toujours attrait à une plainte contre un certain supérieur qui serait en charge de la compagnie, lequel va prendre acte du dit rapport et le jeter à la poubelle (ou le mettre dans le broyeur si c’est son bon plaisir).

Mais Archibald le fait sciemment pour que l’autre sache bien tout le mal qu’il pense de lui…
Ce qui l’enfonce nécessairement à chaque fois (mais sieur Samson ne peut pas tomber plus bas).

Personne ne lui rendra ses galons : il a refusé d’obéir et a écopé de la peine maximale prévue par la loi martiale (c’était inévitable : même le major n’y pouvait rien)…

Mais m’est d’avis que Patterson n’en a pas fini de jouer avec lui.



Voilà, je ne vois pas trop ce que je pourrais rajouter. Il n’y a plus grand-chose à dire je pense : la boucle est pratiquement bouclée.

Je crois pouvoir affirmer que le cycle de Lilith et celui de Gretchencko se terminent ici pour lors (et en attendant de trouver l’homme qui a eu la peau du commandeur ou l’homme sans nom : s’il ne s’agit pas d’une seule et même personne)…

Mais comme je l’ai déjà dit, si tout est lié, je dois au moins conclure ce récit par lui (si tout a commencé par sa faute).

L’incube…

Une entité qui erre dans les limbes du subconscient humain et prend naissance dans ses plus noirs instincts pour ressurgir du néant que ce soit par atavisme ou par malédiction (quand ce n’est pas par l’entremise d’un mauvais hasard).
Un démon vagabond, qui est sensé violer ses victimes durant leur sommeil.

Mais je vous ai déjà entretenu de sa nature.
Je vous ai aussi dit que je me battais perpétuellement contre lui ou plus précisément contre moi-même puisqu’il s’est enraciné dans ma mémoire.
Il m’arrive encore fréquemment de prendre des jours de congé quand surviennent les crises…

Je ne suis pas dangereux (je ne le crois pas en tout cas) : le démon est bien camisolé.

Simplement, je ne suis pas présentable.
Je déblatère tout seul contre une présence qui n’est jamais que son reflet implémenté dans ma conscience.

Schizophrénie peut-être (comme on me l’a diagnostiqué), mais les propos ne sont pas les miens : un concept dans le concept.
Une sorte de dédoublement de personnalité avait-on précisé avec paranoïa à la clef (puisque je vois potentiellement le malin en tout être humain plutôt que de m’attacher à leur nature divine)…
Une psychose en somme.

J’avoue que je réagis facilement comme la plupart les victimes de ce genre de maladies : par déni.
Malgré tout, je comprends bien que d’une certaine manière, je suis effectivement atteint d’un mal (et il est vraisemblablement incurable).

Nota bene : la schizophrénie se soignait très bien avant 2166.
Je devrais peut-être essayer le traitement ( ?)

En conséquence, je me garde bien de le dire ou de le faire savoir (surtout pas au toubib du bataillon) : il ne faudrait pas propager la chose (et je risque d’y perdre ma place en prime)…
Sans doute ai-je tort de garder tout pour moi…
Mais je dispose d’un garde-fou qui me permet de me passer de toute médecine…
J’ai encore Pandora qui me veille.

Alors malade ou pas, je m’en tiens aux faits.



J’ai pu le défaire physiquement une fois par le passé : lui et son second avatar (même s’il ne s’agissait vraisemblablement encore que de son mignon)…

Mais à quel prix…

Je l’ai sans doute combattu plus que je ne le crois (notamment avec Pandora) mais je n’ai tendance à qualifier de démon que celui qui tua (ou contribua à tuer) ma femme.



Car ce fut sa seule erreur (et qui nous détruisit tous les trois d’une certaine façon) : s’éprendre de ma belle.


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