Note de la fic :
Publié le 23/07/2011 à 18:23:15 par Jean_Qule
Ça faisait longtemps que je n'avais plus vu Victor. Au moins 5 ans. Il vit à Lyon, et redescend rarement ici. Je sais qu'il a une femme et un enfant, et je l'enviais rien que pour ça. Cependant, aucune rivalité ne s'est installée entre nous. Très vite, il se consacra aux études, il s'y jeta à corps perdu, sans trop se soucier de ce qui m'arrivait. Nos rapports ressemblaient à tout sauf à une relation de frères. Dès l'enfance, Victor semblait déjà ailleurs pour moi.
Les seules fois où il daignait revenir, c'était lors des tentatives infructueuses de ma mère de renouer les liens avec moults repas de famille, mais ça ne pouvait pas être ça, ma mère vivant chez lui depuis 3 bonnes années à cause de je ne sais quelle maladie incapacitante.
Il n'est pas venu pour rien, c'est moi qu'il veut voir, c'est certain.
La foule continue sa contemplation béate, complétement immobile. Je bouscule à tout va plusieurs curieux pour m'approcher un peu plus du point d'impact, mais rien n'y fait, je n'arrive pas à avancer. Je vois Victor relever la tête, tout absorbé qu'il était par le constat amiable. J'en profite pour essayer d'attirer son attention, mais je passe complétement inaperçu derrière la muraille de larbins, d'une solidité à toute épreuve. J'ai beau sautiller sur place en gesticulant au risque de passer pour un demeuré à la coordination défaillante, il ne me remarque pas. À force de sautiller tout en essayant de me frayer un chemin entre les passants, je trébuche et emporte dans ma chute les derniers spectateurs qu'il me restait à franchir. Une telle gaffe ne pouvait pas passer inaperçue, la foule entière pose le regard sur moi et mes victimes et se retiennent tant bien que mal de glousser. Victor aussi faisait parti de cette foule.
Une foix les incidents arrangés et les papiers remplis, Victor s'approche de moi, me balaye du regard tout en réajustant ses lunettes, jusqu'à bloquer sur la pochette que je porte sous le bras gauche.
"-... Andy... Ça pour une surprise...
-J'allais le dire. Tu sais que tu vennais d'emprunter une rue piétonne là?
-La ville a changé. La dernière fois que je suis venu, on pouvait encore circuler en voiture.
-Soit. Qu'est-ce que tu fais ici?
-Tu dois t'en douter, je ne suis pas venu pour taper un brin de causette. J'ai une nouvelle à t'annoncer.
-Dis toujours.
-Tiens-toi prêt, ça risque de te faire un choc.
-Hein? Comment ça?
-Maman est morte."
J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds, je me sens vaciller comme une pauvre feuille d'arbre ballottée par une bourrasque. Je n'en crois pas mes oreilles.
"-... Tu... Tu te moques de moi, c'est ça, c'est une blague?
-Je ferais pas le déplacement si c'était le cas. Ça va faire une semaine qu'elle nous a quitté.
-Mais pourquoi me prévenir que maintenant?
-Parce que tu étais introuvable, voilà pourquoi. Tu as changé de numéro, d'adresse, sans nous en dire quoi que ce soit.
-... Effectivement. Bon, ben que dois-je faire? Assister à l'enterrement, c'est ça?
-Je ne t'oblige pas à y aller. Non, si je suis là c'est également pour te prévenir de l'arrivée d'un de mes confrères notaires, qui viendra te donner ta part de l'héritage.
Je me sens de plus en plus écrasé.
-...Ma part de l'héritage?... Te fous pas de moi, elle ne peut pas m'avoir légué quelque-chose.
-Et pourtant... Même en étant écarté de l'affaire, membre de la famille oblige, j'ai pu jeter un coup d'oeil au testament. Je l'ai relu et retourné dans tout les sens, je ne peux pas me tromper, tu as bel et bien hérité de sa maison, notre maison.
-... Whoua, sans rire..."
Je n'en reviens pas, c'est bien la première fois que je ne suis pas mécontent de me faire rattraper par le passé. Ce que je ressens est étrange, on dirait de la culpabilité. C'est vrai, c'est ma mère qui est morte. Mais peu importe le lien de parenté, ça restait une étrangère à mes yeux, et la mort ne changerait pas grand-chose.
Interpelé par un agent, Victor me fait un signe furtif de la main, puis s'en va rejoindre le policier. La foule s'était dispersée, n'ayant plus de querelles à se mettre sous la dent. Déboussolé, je rebrousse chemin et vais rejoindre le café de Sam, histoire d'avoir quelqu'un sur qui déverser le flôt d'informations qui noie actuellement mon cerveau. Quelqu'un autre que Bianca.
"-T'as hérité de la maison?
-Ouais.
-... Et qu'est-ce que tu vas en faire?
-J'en sais rien. D'un côté, je me suis dit que ce serait super qu'on s'y installe Bianca et moi, de l'autre j'ai peur que ses murs renferment trop de souvenirs pas super joyeux.
-...Je vois le genre. Si tu veux, on va voir de quoi il en retourne. Visitons cette maison.
-Oui. Après mon rendez-vous avec le notaire, on y fera un saut. Je veux vérifier quelque chose. Ce qui est sûr, c'est que ma mère ne m'a pas donné la maison pour rien. Sans partir dans un délire paranoïaque conspirationniste, je suis sûr que la maison cache une mauvaise surprise.
-Bon, je suis moi-même surpris de ce qui t'arrives, mais je pense pas qu'il faut prendre chaque acte de ta mère pour un coup tordu savamment calculé pour te pourrir la vie. Perso si j'étais malade, ce serait le cadet de mes soucis.
-J'aimerai te croire sur parole...
-Et Bianca? Tu vas lui en parler?
-Pas maintenant. Je veux d'abord voir cette maison, après je lui en parlerais.
-Comme tu veux. Bon, changeons de sujet. Alors, ton boss a aimé tes nouvelles planches?
-... MERDE!"
Sam se tord de rire derrière le comptoir, à me voir m'agiter dans tout les sens et insulter ma veste que je n'arrive pas à enfiler. Me voir partir en laissant ma pochette à côté du tabouret a dû l'achever.
En tout cas, moi ça m'a achevé.
Je rentre donc à 9h, après 2 aller-retour et une grosse pause au café de Sam. Je suis extenué, mais ma fatigue disparait à la vue de ma fleuriste préférée, qui m'attendait derrière la porte.
"-Je pensais pas que ça prenait autant de temps de déposer des planches chez un éditeur.
-Tu peux pas imaginer... Ça te dit qu'on finisse ce qu'on a commencé ce matin?
-Non... Enfin si, mais avant je dois t'annoncer quelque chose...
-Bah dis-donc, c'est la journée! Alors?
Elle me tend alors une longue tige blanche avec un indicateur au milieu. Je reconnais cet objet. Mon coeur commence à s'emballer.
-... Tu sais, me donner le test comme ça, c'est pas très parlant...
-Je... Je suis enceinte.
-...!
-Mais avant que tu refuses, je voulais te dire que j'ai trainée avec beaucoup de types pas sérieux quand j'étais jeune. J'ai dû avoir recours à l'avortement, un nombre incalculable de fois... C'était monstrueux. Je ne te demande pas d'être un père, juste de me laisser être une mère... S'il te plaît.
-... Tu croyais vraiment que j'allais refuser? TU RÊVES!"
Son visage s'illumine, un immense sourire se dessine, un sourire magnifique qu'elle seule peut faire. Elle se jette sur moi en poussant un cri de joie, en me répètant inlassablement qu'elle m'aime...
Notre petit nid douillet va devenir trop petit pour trois. Je dois visiter cette maison.
Il le faut.
Les seules fois où il daignait revenir, c'était lors des tentatives infructueuses de ma mère de renouer les liens avec moults repas de famille, mais ça ne pouvait pas être ça, ma mère vivant chez lui depuis 3 bonnes années à cause de je ne sais quelle maladie incapacitante.
Il n'est pas venu pour rien, c'est moi qu'il veut voir, c'est certain.
La foule continue sa contemplation béate, complétement immobile. Je bouscule à tout va plusieurs curieux pour m'approcher un peu plus du point d'impact, mais rien n'y fait, je n'arrive pas à avancer. Je vois Victor relever la tête, tout absorbé qu'il était par le constat amiable. J'en profite pour essayer d'attirer son attention, mais je passe complétement inaperçu derrière la muraille de larbins, d'une solidité à toute épreuve. J'ai beau sautiller sur place en gesticulant au risque de passer pour un demeuré à la coordination défaillante, il ne me remarque pas. À force de sautiller tout en essayant de me frayer un chemin entre les passants, je trébuche et emporte dans ma chute les derniers spectateurs qu'il me restait à franchir. Une telle gaffe ne pouvait pas passer inaperçue, la foule entière pose le regard sur moi et mes victimes et se retiennent tant bien que mal de glousser. Victor aussi faisait parti de cette foule.
Une foix les incidents arrangés et les papiers remplis, Victor s'approche de moi, me balaye du regard tout en réajustant ses lunettes, jusqu'à bloquer sur la pochette que je porte sous le bras gauche.
"-... Andy... Ça pour une surprise...
-J'allais le dire. Tu sais que tu vennais d'emprunter une rue piétonne là?
-La ville a changé. La dernière fois que je suis venu, on pouvait encore circuler en voiture.
-Soit. Qu'est-ce que tu fais ici?
-Tu dois t'en douter, je ne suis pas venu pour taper un brin de causette. J'ai une nouvelle à t'annoncer.
-Dis toujours.
-Tiens-toi prêt, ça risque de te faire un choc.
-Hein? Comment ça?
-Maman est morte."
J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds, je me sens vaciller comme une pauvre feuille d'arbre ballottée par une bourrasque. Je n'en crois pas mes oreilles.
"-... Tu... Tu te moques de moi, c'est ça, c'est une blague?
-Je ferais pas le déplacement si c'était le cas. Ça va faire une semaine qu'elle nous a quitté.
-Mais pourquoi me prévenir que maintenant?
-Parce que tu étais introuvable, voilà pourquoi. Tu as changé de numéro, d'adresse, sans nous en dire quoi que ce soit.
-... Effectivement. Bon, ben que dois-je faire? Assister à l'enterrement, c'est ça?
-Je ne t'oblige pas à y aller. Non, si je suis là c'est également pour te prévenir de l'arrivée d'un de mes confrères notaires, qui viendra te donner ta part de l'héritage.
Je me sens de plus en plus écrasé.
-...Ma part de l'héritage?... Te fous pas de moi, elle ne peut pas m'avoir légué quelque-chose.
-Et pourtant... Même en étant écarté de l'affaire, membre de la famille oblige, j'ai pu jeter un coup d'oeil au testament. Je l'ai relu et retourné dans tout les sens, je ne peux pas me tromper, tu as bel et bien hérité de sa maison, notre maison.
-... Whoua, sans rire..."
Je n'en reviens pas, c'est bien la première fois que je ne suis pas mécontent de me faire rattraper par le passé. Ce que je ressens est étrange, on dirait de la culpabilité. C'est vrai, c'est ma mère qui est morte. Mais peu importe le lien de parenté, ça restait une étrangère à mes yeux, et la mort ne changerait pas grand-chose.
Interpelé par un agent, Victor me fait un signe furtif de la main, puis s'en va rejoindre le policier. La foule s'était dispersée, n'ayant plus de querelles à se mettre sous la dent. Déboussolé, je rebrousse chemin et vais rejoindre le café de Sam, histoire d'avoir quelqu'un sur qui déverser le flôt d'informations qui noie actuellement mon cerveau. Quelqu'un autre que Bianca.
"-T'as hérité de la maison?
-Ouais.
-... Et qu'est-ce que tu vas en faire?
-J'en sais rien. D'un côté, je me suis dit que ce serait super qu'on s'y installe Bianca et moi, de l'autre j'ai peur que ses murs renferment trop de souvenirs pas super joyeux.
-...Je vois le genre. Si tu veux, on va voir de quoi il en retourne. Visitons cette maison.
-Oui. Après mon rendez-vous avec le notaire, on y fera un saut. Je veux vérifier quelque chose. Ce qui est sûr, c'est que ma mère ne m'a pas donné la maison pour rien. Sans partir dans un délire paranoïaque conspirationniste, je suis sûr que la maison cache une mauvaise surprise.
-Bon, je suis moi-même surpris de ce qui t'arrives, mais je pense pas qu'il faut prendre chaque acte de ta mère pour un coup tordu savamment calculé pour te pourrir la vie. Perso si j'étais malade, ce serait le cadet de mes soucis.
-J'aimerai te croire sur parole...
-Et Bianca? Tu vas lui en parler?
-Pas maintenant. Je veux d'abord voir cette maison, après je lui en parlerais.
-Comme tu veux. Bon, changeons de sujet. Alors, ton boss a aimé tes nouvelles planches?
-... MERDE!"
Sam se tord de rire derrière le comptoir, à me voir m'agiter dans tout les sens et insulter ma veste que je n'arrive pas à enfiler. Me voir partir en laissant ma pochette à côté du tabouret a dû l'achever.
En tout cas, moi ça m'a achevé.
Je rentre donc à 9h, après 2 aller-retour et une grosse pause au café de Sam. Je suis extenué, mais ma fatigue disparait à la vue de ma fleuriste préférée, qui m'attendait derrière la porte.
"-Je pensais pas que ça prenait autant de temps de déposer des planches chez un éditeur.
-Tu peux pas imaginer... Ça te dit qu'on finisse ce qu'on a commencé ce matin?
-Non... Enfin si, mais avant je dois t'annoncer quelque chose...
-Bah dis-donc, c'est la journée! Alors?
Elle me tend alors une longue tige blanche avec un indicateur au milieu. Je reconnais cet objet. Mon coeur commence à s'emballer.
-... Tu sais, me donner le test comme ça, c'est pas très parlant...
-Je... Je suis enceinte.
-...!
-Mais avant que tu refuses, je voulais te dire que j'ai trainée avec beaucoup de types pas sérieux quand j'étais jeune. J'ai dû avoir recours à l'avortement, un nombre incalculable de fois... C'était monstrueux. Je ne te demande pas d'être un père, juste de me laisser être une mère... S'il te plaît.
-... Tu croyais vraiment que j'allais refuser? TU RÊVES!"
Son visage s'illumine, un immense sourire se dessine, un sourire magnifique qu'elle seule peut faire. Elle se jette sur moi en poussant un cri de joie, en me répètant inlassablement qu'elle m'aime...
Notre petit nid douillet va devenir trop petit pour trois. Je dois visiter cette maison.
Il le faut.
Commentaires
- Jean_Qule
23/07/2011 à 18:44:57
Si vous voyez des fautes, n'hésitez pas à le signaler dans les commentaires