Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Red Light Story


Par : King_Yugo
Genre : Sayks, Polar
Statut : Terminée



Chapitre 9 : Les fourreurs se reposent.


Publié le 13/06/2011 à 14:29:51 par King_Yugo

Véridique, on était vraiment pas beau à voir. On pataugeait dans la peur et l'envie d'être ailleurs, sur la lune, sans gravité, fumant un énorme pétard de beuh interstellaire. Sur la route du retour -tout à fait laborieuse- Mikael n'ouvrit pas la bouche une seule fois et, tout en roulant un pétard Silver Haze à 16 euros 50 les 2,4 grammes, il m'expliqua que pour lui, la coupe était pleine. Rongé par le désespoir dans lequel me plongerait son abandon, je tentais de le rassurer, de le garder avec moi. « Ensemble, vous êtes invincible, » comme disait l'autre. Il pouvait bien être fou, schizophrène ou maniaco-dépressif, je ne pouvais décemment pas supporter une telle charge émotionnelle sur mes frêles épaules. Je cherchais des arguments mais n'en trouvait qu'un seul : Tout irait bien jusqu'à demain. Enfin, ça valait surtout pour lui. Quant à moi, j'allais devoir risquer ma peau pour satisfaire les instincts manipulateur de ces caïds de la pègre et rien que d'y penser, une encombrante boule morbide obstruait mes intestins : Le stress atteignait son point culminant, et, le space cake n'aidant pas, j'étais assaillis par des tsunamis de sueur froide qui noyaient les pores de ma peau pâle. On voulait récupérer nos affaires au fond de la poubelle de l'hôtel mais forcément on trouvait nos valises vide. Un sans-abri baignait dans son urine et son vomi, affalé contre la porte taguée de notre hôtel. Mon acolyte le tira par les cheveux pour désencombrer le passage et on remontait quatre à quatre dans la chambre. On arrivait sur le palier, essoufflé comme si on venait de se faire poursuivre par Usain Bolt. Heureusement, 'on était qu'au deuxième étage. Comme Moustache-Farine l'avait prédit, les corps des deux types avait disparu. Un nettoyeur à la solde des albanais était passé et seule une trace de sang témoignait de la débauche de violence qui avait prit place dans cette cage à poule de cinq mètre carré. Je ne voulais pas penser aux proches des deux sbires. Peut-être avait-il une famille, une mère inquiète, une femme... Ou des enfants. Peu importe, il resterait à jamais gravé dans les annales des seconds couteaux mort dans la première demi-heure du film. Éreinté, je cherchais mon paquet de monster munch, en vain. On était pas rentré depuis dix minutes que Mikael émettait des râles de phacochère. Il s'était mit à poil avec la dextérité d'un strip-teaseur et j'hallucinais devant la toison noire ébène qui recouvrait son torse maigre. Terrassé par la fatigue musculaire, je regagnais ma couche pour tenter à mon tour de trouver le sommeil. Comme le tic-tac des vieilles horloges, ses ronflements m'éloignaient de Morphée et m'énervaient au plus au point. Problème : Je ne pouvais pas balancer mon acolyte contre le mur pour le faire taire. Ma tête tournait lentement. La vitesse de mon cerveau se stabilisait dans les montées et gagnait en puissance dans les descentes : J'étais déchiré comme pas possible, sans aucun recul sur les évènements. Je me rendais compte, j'étais au pied du mur sans voir le mur. Le brouillard s'épaississait. Tout passait si vite. En l'espace d'une journée, j'avais faillit mourir deux fois. Demain, une tension mortelle grimperait en moi, inévitablement, elle allait m'attraper par les cheveux et me trancher la gorge d'un seul coup de lame.

Je ne dormis pas de la nuit et pourtant mon acolyte fut le premier à se réveiller. La bouche pâteuse, il tira les rideaux transparents et plaça sa main en visière, violemment agressé par le soleil qui nous dardait de ses rayons. Silencieusement, il alluma un joint. Le mélange toxique s'enflamma dans un léger crépitement. Il mit du son sur son Iphone et fuma en admirant les tuiles cabossées qui formaient l'essentiel de ce pittoresque paysage. Quand j'ouvris l'œil, une pensée lucide fit grincer mon esprit encrassé : J'étais encore bien stone et le bordel régnait dans cette piaule merdique. On venait de s'installer mais j'aurais été prêt à parier qu'on était là depuis plus d'un mois. En arrivant, on avait tiré à pile ou face pour savoir qui dormirait sur le lit du haut et j'avais évidemment perdu. Les lits étaient minuscule. Une place, grand maximum. Le matelas était mou et je ne pouvais pas me branler énergiquement sans risquer de réveiller mon voisin dessous. Heureusement, nos péripéties avaient réduit à néant mes ambitions sexuelles. Pour atteindre ce foutu pieu, je devais poser un pied sur le lavabo, agripper la structure métallique du lit et me hisser d'une impulsion sèche. J'y arrivais rarement du premier coup. Bientôt, on me surnommerait Donkey Kong.

- J'ai fait un rêve bizarre.
- Quoi comme rêve ?
- J'ai rêvé que je me baignais tranquillement dans un lac. L'eau était bonne, presque chaude. Il y avait mon père, ma mère et aussi mes sœurs. Ils mangeaient sur la plage de galets et moi, j'avais pas faim. Je voulais nager. Nager jusqu'à en perdre à haleine. Et là, y'a un canard qui est venu se poser en face de moi.
- Un canard ? Genre Daffy Duck ?
- Ouais, un canard. Plus genre Donald. Il s'est mit à grogner, il devenait méchant. Moi je commençais à flipper vraiment, j'avais le pressentiment d'un grand danger. Et au moment ou j'ai tourné les talons pour sortir doucement de l'eau, il s'est mit à me courir après ! Ma famille riait de moi. On me disait de ne pas avoir peur mais j'étais tétanisé, je courais en hurlant. Le canard me lâchait pas. Et puis les galets de la plage se sont transformés en un immense brasier et je me suis réveillé.
- Bah, ça va.
- Ouais.

Une fois prêt, on se décidait à rejoindre les rastas du Lion of Judah, coffee-shop situé face à aux vitrines des prostituées nigérianes, toujours en plein coeur du centre historique. Dès le matin, elles brassaient la clientèle avec l'enthousiasme d'une caissière de Macdonald. Généralement, elles n'étaient pas très belle et souvent assez grasse. C'était comme si on faisait jouer l'équipe réserve et la vision de cette naine noire et dodue moulée comme une saucisse kabi dans une combinaison en skai me fila des bouffées d'angoisses. La paranoïa n'allait pas tarder à faire son entrée en fanfare dans ma tête. En grande forme, Mikael commanda de la Super Shiva à 12 euros les 1,5 grammes et se roula un trois feuilles. Le pétard était plutôt bien foutu : On aurait dit une petite matraque téléscopique. On s'installait sur les tabourets entreposés devant la vitrine du Coffee colorée de rouge, de jaune et de vert. Quand le pétard arriva dans ma bouche, je compris qu'il pourrait m'envoyer en enfer pour toujours. Mais j'aimais tenter le diable. Je sentais qu'à tout moment, des cornes maléfiques pouvaient transpercer mon front.


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