Note de la fic :
Kaileena, l'Impératrice des Papillons
Par : SyndroMantic
Genre : Fantastique, Horreur
Statut : Terminée
Chapitre 42 : Les Sources (deuxième suite)
Publié le 20/11/2010 à 12:21:07 par SyndroMantic
A mesure que je progressais dans cette faune inhabituelle, l'air semblait se déplacer dans la même direction que les branches. D'abord réjouie du rafraîchissement que cette brise offrait à mes joues, je fus bientôt intimidée par la force que ces bourrasques empruntaient maintenant. Mes cheveux ondulaient discrètement, à ma suite. Proportionnellement, les plantes environnantes se baissaient de plus en plus, presque couchées sur le sol. Je touchais au but. Le vent emportait un grondement, depuis ce lointain dont je ne voyais rien. Le temps avait passé, mais j'avais l'impression de l'entendre comme d'hier. Mes souvenirs devinrent très clairs, dès cet instant. Toutes ces racines me revinrent, ce gazon, ces pierres égarées, ces feuillages. Ce décor où j'avais voulu fuir, avant que Zohak n'implorât mon aide. J'aurais même dit le connaître mieux que tout ce que j'avais vu, entendu ou senti, la première fois. Le monde est bien plus aisé à concevoir, depuis l'extérieur. Vous raconter ce que je ressens en ce moment m'est inconcevable, tant que ce n'est pas mon passé (ou mon futur, cela se peut aussi). Au cas où vous en doutiez, reportez-vous à mes premiers écrits et dites s'il est plausible d'avoir cette éloquence, dans les flammes de l'action.
Aussi me décrirais-je mieux en disant que je ne trouvai point d'arbre ondulé là où m'avait indiqué le vieillard, à la place d'un chétif bourgeon, sans approcher d'une faille recouverte par les troncs que le vent n'avait pas abattu sur le vide ; ni de ruisseau étouffé par la nouvelle végétation et suintant le long des lianes desséchées de vieillesse ; aucune branche n'est tombée sous le coup de ma machette, dans le chemin que je ne dus jamais me frayer ; et je n'ai pas entendu le moindre sifflement de ces reptiles qui n'avaient pas envahis ce nouvel endroit ; Je n'ai pas remarqué non plus les ossements du tigre, dans son ancienne caverne que les fauves adolescents n'avaient pas encore désertée : le ciel n'était pas silencieux, au battement de chacun de mes souvenirs. Vous savez, le présent n'existe pas. Je suis bien placée pour le savoir. Il n'a jamais existé, en fait. D'ailleurs, c'est un passé composé. Ce jour-là plus qu'aucun autre, j'avais vécu près de cette faille ; au-dessus de cette cascade maléfique ; à coté de Zohak couché sur le rebord la main tendue ; noyée dans ce fleuve épais ; fuyante les habits trempés ; cette grotte où un meurtre venait à peine d'être commis.
La mémoire est le seul réceptacle que la vie puisse habiter. Voilà pourquoi je vous écris, en ce moment. Peut-être que le simple fait de pénétrer dans votre histoire, vos souvenirs, me fera vivre, d'un manière ou ou d'un autre. Jusqu'où sommes-nous des dieux ? Souvent, je me pose cette question. Si j'étais la fille de Zervan, rien d'autre que mes visions ou les racontars n'avaient pu me le prouver. Mon père n'avait toujours été qu'un mythe, à travers mes incroyables capacités. Finalement, je n'avais aucun moyen d'être sûre quant à savoir d'où je les tenais. La vérité, voyez-vous, c'est qu'il m'arrive de douter sur le trop ou le trop peu que je maîtrise, du temps qui s'écoule en moi. La suite m'expliqua pourquoi Zohak était mort d'un arrêt cardiaque. Mais jusqu'à ce stade, il me restait toujours le soupçon que ce pût avoir été ma torture par Jehak, qui l'eut ébranlé jusqu'à l'infarctus. Or, je n'aurais pas été torturée si je n'y avais pas voyagé, par mon pouvoir du Temps.
Alors, Je quittais l'antre obscure du félin, pour contempler le menu reste que je devais encore franchir avant d'atteindre mon but. Il ne me manquait pas grand chose pour deviner derrière les arbres cette mer qui m'accueillit jadis. L'après-midi commençait à s'éteindre, derrière les nuages. J'en avais tellement hâte que je savourais ce désir, renonçant à l'envie de dévaler à toute vitesse jusqu'à la plage comme je l'avais fait si longtemps auparavant. Les éboulis étaient restés, non loin de ce terrier. Le bloc qui avait failli écraser mon bienveillant tuteur s'était fracassé douze mètres plus bas. Il s'agissait de la partie la plus morcelée de l'île, la plus prédatrice... Ce fut justement pendant cette nostalgie-ci, qu'un caillou tomba d'un rocher plus gros, sonnant un sursaut qui attisa ma tension. Une simple question m'intéressa alors. C'était de savoir comment une telle déchéance pouvait encore persister après déjà huit ans... Ce morceau de roche aurait attendu tout ce temps avant de chuter ? Dès lors, il m'apparut concrètement que la durée qui m'en séparait était moins longue que ce que je pensais tantôt. Une minute. Cinq, peut-être. Juste le temps pour un tigre de revenir chez lui, voir ses bébés... Non, bien sûr, vous avez raison. Tout cela était un lointain passé. Et pourtant, soudain, je me fis surprendre par un grognement, dans mon dos, aux fins fonds de la pénombre de la caverne.
Sans réfléchir la moindre demi seconde, je m'enfuis en contrebas, saut par saut, parmi les pierres éparses. J'avais acquis plus d'assurance grâce à mon aventure près des sources. L'agilité n'était plus uniquement dans mes bras. Mes jambes s'articulaient elles aussi avec souplesse et naturel, à la réception ou l'envol de différentes corniches. Pour clore en beauté, je me balançai d'une branche située à ma portée afin de m'envoyer au milieu des buissons et basses plantes, au cœur de la forêt. Plusieurs feuilles bronchèrent derrière moi. Je n'osai me retourner, focalisée sur ma route couverte de branches. Je ne prenais même plus la peine de fendre ces végétaux gênants. J'allai pour me débarrasser de ma machette, mais ma nervosité la serra dans mes doigts. Je ne fis que jeter les branchages par dessus moi, toujours poursuivie par cet horrible bruit animal. Tout en descendant à travers les sentiers creusés par l'Eau durant l'averse, ~{ ces chemins étaient de plus en plus abruptes }~ je fus prise ~{ Autour de nous, de petits rongeurs affolée cherchaient eux aussi cet abri }~ de sensations ~{ ces branches retinrent des pans de ma robe }~ de déjà-vu ~{ Nous pénétrâmes dans cette flore avec précipitation }~.
De longues tiges se secouèrent tout à coup, près de moi. Avant même de pousser fort un cri de ma voix stridente, ma machette cingla l'endroit qui avait bougé, dans une totale confusion. Mon outil rencontra une masse plus ferme, que je craignis trop pour ne pas davantage insister mon geste. Je pourfendis tellement cette forme inconnue de mon arme, que sa lame y resta coincée lorsque je voulus détaler prestement. Mes ongles étaient rouges, lorsque j'en effleurai les dernières palmes vertes.
Mon expérience me démontra cette fois-là la plus grande vitesse de course dont j'étais capable. Je n'étais pas loin d'être essoufflée. Après l'effort, ma gorge fut au moins réconfortée par une épineuse aridité. Je n'entendais plus mon poursuivant, depuis que j'avais aperçu les premières esquisses de l'horizon, après la dernière palmeraie. L'espoir de la haine décupla ma détermination. La peur confondue avec la joie fit déborder mes sanglots, à l'approche de ma sortie. Un milliard de secondes plus tard, ou un milliardième de millénaire, une demie vie, que sais-je, encore, bon sang, de ce que put représenter pour moi cette ultime ligne droite...
Aussi me décrirais-je mieux en disant que je ne trouvai point d'arbre ondulé là où m'avait indiqué le vieillard, à la place d'un chétif bourgeon, sans approcher d'une faille recouverte par les troncs que le vent n'avait pas abattu sur le vide ; ni de ruisseau étouffé par la nouvelle végétation et suintant le long des lianes desséchées de vieillesse ; aucune branche n'est tombée sous le coup de ma machette, dans le chemin que je ne dus jamais me frayer ; et je n'ai pas entendu le moindre sifflement de ces reptiles qui n'avaient pas envahis ce nouvel endroit ; Je n'ai pas remarqué non plus les ossements du tigre, dans son ancienne caverne que les fauves adolescents n'avaient pas encore désertée : le ciel n'était pas silencieux, au battement de chacun de mes souvenirs. Vous savez, le présent n'existe pas. Je suis bien placée pour le savoir. Il n'a jamais existé, en fait. D'ailleurs, c'est un passé composé. Ce jour-là plus qu'aucun autre, j'avais vécu près de cette faille ; au-dessus de cette cascade maléfique ; à coté de Zohak couché sur le rebord la main tendue ; noyée dans ce fleuve épais ; fuyante les habits trempés ; cette grotte où un meurtre venait à peine d'être commis.
La mémoire est le seul réceptacle que la vie puisse habiter. Voilà pourquoi je vous écris, en ce moment. Peut-être que le simple fait de pénétrer dans votre histoire, vos souvenirs, me fera vivre, d'un manière ou ou d'un autre. Jusqu'où sommes-nous des dieux ? Souvent, je me pose cette question. Si j'étais la fille de Zervan, rien d'autre que mes visions ou les racontars n'avaient pu me le prouver. Mon père n'avait toujours été qu'un mythe, à travers mes incroyables capacités. Finalement, je n'avais aucun moyen d'être sûre quant à savoir d'où je les tenais. La vérité, voyez-vous, c'est qu'il m'arrive de douter sur le trop ou le trop peu que je maîtrise, du temps qui s'écoule en moi. La suite m'expliqua pourquoi Zohak était mort d'un arrêt cardiaque. Mais jusqu'à ce stade, il me restait toujours le soupçon que ce pût avoir été ma torture par Jehak, qui l'eut ébranlé jusqu'à l'infarctus. Or, je n'aurais pas été torturée si je n'y avais pas voyagé, par mon pouvoir du Temps.
Alors, Je quittais l'antre obscure du félin, pour contempler le menu reste que je devais encore franchir avant d'atteindre mon but. Il ne me manquait pas grand chose pour deviner derrière les arbres cette mer qui m'accueillit jadis. L'après-midi commençait à s'éteindre, derrière les nuages. J'en avais tellement hâte que je savourais ce désir, renonçant à l'envie de dévaler à toute vitesse jusqu'à la plage comme je l'avais fait si longtemps auparavant. Les éboulis étaient restés, non loin de ce terrier. Le bloc qui avait failli écraser mon bienveillant tuteur s'était fracassé douze mètres plus bas. Il s'agissait de la partie la plus morcelée de l'île, la plus prédatrice... Ce fut justement pendant cette nostalgie-ci, qu'un caillou tomba d'un rocher plus gros, sonnant un sursaut qui attisa ma tension. Une simple question m'intéressa alors. C'était de savoir comment une telle déchéance pouvait encore persister après déjà huit ans... Ce morceau de roche aurait attendu tout ce temps avant de chuter ? Dès lors, il m'apparut concrètement que la durée qui m'en séparait était moins longue que ce que je pensais tantôt. Une minute. Cinq, peut-être. Juste le temps pour un tigre de revenir chez lui, voir ses bébés... Non, bien sûr, vous avez raison. Tout cela était un lointain passé. Et pourtant, soudain, je me fis surprendre par un grognement, dans mon dos, aux fins fonds de la pénombre de la caverne.
Sans réfléchir la moindre demi seconde, je m'enfuis en contrebas, saut par saut, parmi les pierres éparses. J'avais acquis plus d'assurance grâce à mon aventure près des sources. L'agilité n'était plus uniquement dans mes bras. Mes jambes s'articulaient elles aussi avec souplesse et naturel, à la réception ou l'envol de différentes corniches. Pour clore en beauté, je me balançai d'une branche située à ma portée afin de m'envoyer au milieu des buissons et basses plantes, au cœur de la forêt. Plusieurs feuilles bronchèrent derrière moi. Je n'osai me retourner, focalisée sur ma route couverte de branches. Je ne prenais même plus la peine de fendre ces végétaux gênants. J'allai pour me débarrasser de ma machette, mais ma nervosité la serra dans mes doigts. Je ne fis que jeter les branchages par dessus moi, toujours poursuivie par cet horrible bruit animal. Tout en descendant à travers les sentiers creusés par l'Eau durant l'averse, ~{ ces chemins étaient de plus en plus abruptes }~ je fus prise ~{ Autour de nous, de petits rongeurs affolée cherchaient eux aussi cet abri }~ de sensations ~{ ces branches retinrent des pans de ma robe }~ de déjà-vu ~{ Nous pénétrâmes dans cette flore avec précipitation }~.
De longues tiges se secouèrent tout à coup, près de moi. Avant même de pousser fort un cri de ma voix stridente, ma machette cingla l'endroit qui avait bougé, dans une totale confusion. Mon outil rencontra une masse plus ferme, que je craignis trop pour ne pas davantage insister mon geste. Je pourfendis tellement cette forme inconnue de mon arme, que sa lame y resta coincée lorsque je voulus détaler prestement. Mes ongles étaient rouges, lorsque j'en effleurai les dernières palmes vertes.
Mon expérience me démontra cette fois-là la plus grande vitesse de course dont j'étais capable. Je n'étais pas loin d'être essoufflée. Après l'effort, ma gorge fut au moins réconfortée par une épineuse aridité. Je n'entendais plus mon poursuivant, depuis que j'avais aperçu les premières esquisses de l'horizon, après la dernière palmeraie. L'espoir de la haine décupla ma détermination. La peur confondue avec la joie fit déborder mes sanglots, à l'approche de ma sortie. Un milliard de secondes plus tard, ou un milliardième de millénaire, une demie vie, que sais-je, encore, bon sang, de ce que put représenter pour moi cette ultime ligne droite...