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Kaileena, l'Impératrice des Papillons


Par : SyndroMantic
Genre : Fantastique, Horreur
Statut : Terminée



Chapitre 20 : La Limythe (suite)


Publié le 31/07/2010 à 19:15:05 par SyndroMantic

Dans le désert de son âme, des vents déchaînés et des cyclones secouaient l'univers. Je crus d'emblée m'étouffer au milieu de ces nuées fulgurantes, noyée dans cette tempête. La gravité à nouveau tournoya, tourbillonna dans le coeur de ce typhon cosmique... Jusqu'à ce qu'une apparition se produise, au délà des bourrasques. Elle avait la forme d'un humain. Sa marche était droite, assurée, imprégnée de prestance et d'honneur. Il me sembla que la statue paternelle venait de s'incarner face à moi. L'ombre, bravant le désert, approcha. Je vis alors une morphologie très différente de ce que j'avais anticipé. Le voyageur portait un masque pâle sur son visage. Des bandelettes virevoltaient de ses bras et jambes. Ses yeux émettaient une ineffable lueur bleue. Son épiderme avait quelque chose de squelettique, dans ses pigments d'ivoire et d'ébène. Il tenait une épée venimeuse dans une main, et une hache dans l'autre. Pourtant je peinais à le considérer comme un guerrier. Sa gestuelle était impressionnante de sang froid. Sa marche vers moi s'étalait sans le paraître. Bientôt, je pus voir chaque contraste de sa figure. Si les creux n'avaient pas été comblés par une peau noire-vif, je n'aurais pu rien voir d'autre qu'un crâne vivant sur ce corps inhumain. Ses pommettes étaient creusées de la même sorte. Des dents taillées ciselaient sa mâchoire grimaçante. Son nez était effacé. Ses orbites étaient cerclées d'une couleur d'encre, autour de ses pupilles déteintes. Ce portrait torturé était comme cadenassée par deux barreaux sur chacune de ses joues. J'aurais presque pu y voir mes larmes couler...

Son regard resta longtemps plongé dans le mien. Tellement qu'il me coupa du reste, troublée au plus haut point. Moins d'une minute ? Plus d'un millénaire ? Je ne sais combien de temps... Et ce fut quand je m'habituai à cette rencontre, presque résignée, que l'étrange humanoïde porta des mains gantées sous sa mâchoire, fixant son crâne dans un invisible pilori. L'atmosphère se brouilla. Son visage se décala d'un cran. La lueur de ses yeux disparut. Le masque changea alors de forme. Sa couleur devint dorée. Ses lignes s'affinèrent. Il en devenait presque esthétique. Puis le masque s'abaissa. L'homme dévoila son véritable visage...

Il était d'une fantastique beauté. Son regard pénétrant inspirait à la fois du défi et du respect pour Celle qu'il avait devant lui. Sa chevelure crépue s'agitait dans le vent. Ses mèches fougueuses ondulaient devant ses sourcils sévères. Sa expression semblait aussi fermée que l'était précédemment son masque. Une barbe aiguisée naissait sur ses joues meurtries. D'épais rubans de pourpre flottaient sur ses jambes volontaires. En dépit de sa récente arrivée, je sentais à travers ce mirage le nombre de souvenirs qu'il avait accumulés jusqu'ici. Beaucoup plus que moi, à l'époque. Mais ce n'était pas tant non plus la quantité d'années que le guerrier mystérieux traînait derrière lui, qui se démarquait. C'était la gravité qu'elle imprimait à sa rude allure. Quoique je n'en sus jamais le poids, je vis dès le début la souffrance du vécu qui lui rongeait le coeur. Pendant ce temps, le grand aventurier continuait de marcher vers moi...











« Kaily ! Kaily, réponds moi !
Je rouvris mes yeux, exténuée. Zohak se tenait au-dessus de moi. Ses paupières étaient plissées à un écart de six millimètres. Ses sourcils étaient froncés à soixante-treize pour cent de leur longueur. Sa bouche laissait une ouverture de deux centimètres cinquante et un. Ses narines s'étaient surélevées de trois millimètres. Je clignai cinq fois des yeux. Que se passait-il ?
- Zoh...

Son iris était gris foncée. Il avait six grains de beauté. Deux croûtes et une verrue sous l'oreille gauche. Son sourcils droit venait de se lever, sept dixièmes de seconde avant sa bouche. Elle articula mon nom. Il y avait cinq rides sur son front, une de plus à chacun de ses yeux, et deux sur ses joues. Deux cernes sous chaque paupière. Je marquai un temps d'arrêt.

- Kaily, tout va bien ?

L'intonation de sa voix allait du plus grave au plus aigu. Elle avait grésillé presque tout le long. Ses lèvres avaient quatre fois changé de position. Je regardai à nouveau mon ami. Il ne lui restait plus qu'une vingtaine de cheveux. Cent poils blancs sous son menton à focette. Huit de ses dents brunes étaient visibles. L'une était cariée. Il avait soixante-sept ans.

- Kaily, répond moi !

Je dirigeai lentement mes yeux vers les siens. Deux reflets sur sa cornée. Trois veines apparentes d'une largeur de dixièmes de millimètre sur sa sclérotique blanche.
- Je...

- Est-ce que tout va bien ?!

Les mots me manquèrent. J'avais mal au coeur.

- Ma petite, est-ce que tu te sens bien ?
Sa petite ? Est-ce que je me sentais bien ? Mon nom était Kaileena. La couleur de sa peau était toute pâle. Il me secoua, les deux mains sur les épaules.
- Oui... je...
Son expression devint soucieuse. Il était interloqué. Zohak se demandait intérieurement ce qu'il m'était arrivé.
- Que t'est-il arrivé ?

Mes lèvres tremblèrent. Je tournai à nouveau la tête vers les huit cocotiers, dont le second que j'avais grimpé. Quatre noix de coco gisaient sur le sol, dix mètres plus loin, l'une fêlée contre un rocher. Je n'avais pas eu l'occasion de boire leur jus. Malgré ma soif. A cause de mon insolation. Je m'étais traînée à deux mètres de l'endroit de ma chute. Quand l'avais-je fait ? Moins d'une minute avant ? Plus d'un millénaire après ? Je n'en savais rien du tout. Pour la première fois de ma vie, il s'était écoulé du temps sans que je m'en aperçoive, et sans me dispenser de bouger. Qui avait bougé ? Mes intestins se soulevèrent. Quelque chose arrivait à mon organisme. Ou Etait...

- Je vais bien, Zohak...
Le vieillard fit une nouvelle grimace. Son visage puait.
- Kaily, tu as une drôle de couleur...

Nous étions loin de notre cabane. Le soleil se couchait, sur la mer rectiLigne. Ce serait bientôt l'heure de manger. Malgré mon absence de faim. Une bouchée de plus et...
- Viens avec moi, ma pauvre petite. Je vais te faire manger un morceau d'ananas. Ça va te requinquer... »

Mon sang tambourina à mes tempes. Mon ami enlaça mon bras droit derrière sa nuque fraîche et me suréleva. Mon buste décolla de quelques décimètres. Me causant un malaise. Mon estomac se retourna. Un hoquet me submergea la gorge, et tandis que je me penchais plus bas que terre, je déversai sur ses pieds de glaireux vomis liquides, avant de m'évanouir...


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