Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Kaileena, l'Impératrice des Papillons


Par : SyndroMantic
Genre : Fantastique, Horreur
Statut : Terminée



Chapitre 17 : Prévanescent


Publié le 28/07/2010 à 02:02:17 par SyndroMantic

[Alors, pour prévenir aussi, ma fic prend une tournure beaucoup plus psychologique que la précédente, et j'ai donc choisi de commencer par une mise en place "molle et inactive" (selon plusierus de mes anciens lecteurs) de tous les éléments qui doivent intervenir dans le dénouement, qui lui est sûrement le plus tendu que j'ai jamais imaginé. Voilà, voilà Enjoy if you can :mort: ]






[c]Prévanescent
(présent évanescent)[/c]





Zohak et moi partions souvent à la pêche. C'était une activité assez conviviale, calme, reposante, dépaysante... et surtout sécurisante. A moins bien sur qu'un quelconque requin ne se soit un jour pris l'envie de goûter l'un de nos appâts. Mais cette probabilité était bien moins vraisemblable que de croiser un autre félin dans la jungle. Malgré le réconfort avec lequel il m'avait assuré de l'innocence de la faune, Zohak avait finalement réussi à me faire haïr les bestioles de ce genre. Il m'avait raconté avec une précision morbide la façon dont elles déchiquetaient les corps de leurs proies, les dévoraient, laissaient les restes à leurs progénitures, pour plus tard les abandonner lâchement, une fois atteint l'âge adulte. L'âge adulte... J'en rêvais souvent. Mais il faut un temps pour chaque chose, et chaque chose vient à temps. Et l'heure était à la pêche.

C'était un moment que le vieil homme appréciait. Il y trouvait une occasion idéale pour l'échange. La patience nécessaire à la récolte nous incitait à passer le temps comme on le pouvait, c'est-à-dire futilement. Et c'est pourquoi nous discutions. De tout. De rien. Souvent du même thème. « Alors ? Qu'as-tu fait de ta journée ? » Le zervaniste était la plupart du temps le premier à entamer le dialogue. Je me demande s'il le faisait par hypocrisie, ou s'il s'intéressait vraiment à ma vie en ces temps. Les longs travaux qu'il avait du consacrer à la construction de notre habitat l'avaient constamment réservé à ses activités. Plusieurs années durant (le temps de bâtir notre maison, de poser les pièges nécessaires à notre protection, d'établir un système d'irrigation, de lever une réserve de bois, etc...), mon compagnon ne fut pas ce que l'on pourrait qualifier de "présent". Maintenant que nous étions correctement installés, relativement à l'abri du besoin, il s'était employé à renouer les contacts avec moi.
Le problème, c'était que "moi", j'avais disparu.

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Ne pouvant suffisamment prêter attention à mon épanouissement, Zohak m'avait restreinte dans des règles, des lois et des valeurs, afin que jamais je n'échappe à son contrôle. Mais il me fallut quelques années pour comprendre que mes capacités psychiques, elles, n'avaient aucune barrière. Il y avait quelque chose dans le monde auquel je n'obéissais pas. Zohak semblait ne pas du tout s'en douter. Il semblait régulièrement surpris par certains faits, certaines de mes réponses, certaines de mes expressions. Je l'admets, il n'avait jamais eu l'occasion de me connaître, durant toutes ces années. Je devais probablement être une nouvelle intrigue, pour lui. Ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi il n'en allait pas de même pour moi... Car les jours avaient beau se succéder, amener chacun leur part à notre expérience commune, le ciel avait beau changer, mon corps avait beau grandir,... il y avait quelque chose qu'il était presque impossible de faire : c'était de me surprendre.

« Alors ? Qu'as-tu fait de ta journée ?
- Je suis allée me promener. Mais ne t'inquiètes pas, je suis restée près de la cabane,... enfin, je peux appeler ça un palace, si tu veux.
- Je... Je te demande pardon ?!
- Tu dirais que notre maison est comme un palace, avec le temps que tu as mis pour la construire.
- Je... mais je n'ai jamais rien dit de semblable ! s'exclama-t-il, à moitié amusé.
- En effet... »

Zohak se tut, comme il en avait parfois la mauvaise habitude. C'était paradoxalement la seule chose capable de me surprendre. Je n'arrivais jamais à deviner quand ses silences allaient survenir, ni pour quelles raisons. Ils n'étaient jamais vraiment très longs. De 3 minutes 40 en moyenne. Mais cela avait toujours lieu quand ça me déplaisait le plus. Ce trait de caractère chez l'adulte était devenu une vraie nuisance. Car malgré ma capacité préventive, je ne parvenais jamais à savoir ce à quoi il réfléchissait, et bien sûr quel était son plus grand secret...


~°~.~
« Zohak, qu'y avait-il, sur la plage, il y a 8 ans ?
Froncement de sourcils.
- Déjà huit ans que nous sommes ici... ?
- Et 4 mois. S'il te plaît, ne change pas de sujet...
Baissement de tête. Soupir.
- Kaily... Oublie ce que tu as vu, ce jour-là... De l'eau a coulé sous les ponts, et tu dois te purger de cette obsession.
- Tu ne le comprends pas ? Je ne peux rien oublier de ce qui a pu se passer !
Sursaut d'aquaphobie, au moment d'un puissant impact de la marée contre le rocher.
- Ne t'énerve donc pas...
- Vas-tu m'apprendre ce qu'est le contrôle de soi ? Je n'ai pas non plus oublié les larmes que tu as pleuré, quand le...
- Kaily, ça suffit !

- Suis-je vraiment la seule à devoir me calmer ?
- Petite insolente ! Avec tout ce que je t'ai donné ! Avec la protection que je t'ai fournie ! Avec le palace que j'ai construit pour nous ! Avec la nourriture que je te rapporte chaque soir ! Tu oses m'insulter ! Tu n'es qu'une ingrate !
- Et toi une saleté de cachottier ! »
Embrasement de regard. Saisi de tignasse...
~.~°~


« Et où es-tu allée te promener ?

Zohak me ramena de mes songes. Son visage fermé était redevenu calme et bienveillant. Tout en me parlant, il souriait à nouveau. Comment imaginer qu'une simple phrase de rappel aurait suffit à faire éclater une violente dispute entre nous, dont l'aboutissement aurait presque été tragique ? Sûrement à l'aide d'un pouvoir que je n'aurais jamais su expliquer. Qu'importe vraiment de savoir ce que m'aurait demandé Zohak, si je lui avais parlé d'une promenade anodine. Cette discussion-là, je m'y étais concentrée. J'avais passé des mois entiers à essayer de la prévoir. Analyser les alternatives, dès que l'occasion le permettait. Mais il m'était inutile d'aller plus loin que son apogée pour savoir qu'il valait mieux se taire.
Quitte à mentir au menteur.

- Je suis allée du coté de des champs...
- Brave petite... Les tomates sont-elles mûres ?
- Encore quatre jours...
- Vraiment ? Quelle précision... ! Je suis fier que tu aies retenu ce que je t'ai appris.
- Merci... »


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