Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

La maison aux vices


Par : faces-of-truth
Genre : Sayks
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 30/09/2010 à 21:53:32 par faces-of-truth

Rebecca régla la course au chauffeur, lui souhaita poliment une bonne journée et descendit du taxi en refermant délicatement la portière. Elle pivota sur elle-même, ne remarquant pas le regard libidineux que lui lançait le fonctionnaire moustachu après avoir contemplé son postérieur, et observa la demeure qui se trouvait face à elle.
C’était une grande maison, d’une très belle architecture, de celles que l’on admire au volant de notre voiture quand on passe dans une rue en se disant « Dès que j’en ai l’opportunité et que les assurances me lâchent la grappe, je m’en paye une dans le genre ». Un petit muret séparait le jardin du gravier qui servait de stationnement à quelques voitures ; la façade extérieure était blanche, le toit en ardoise et une étrange sculpture se dressait non loin d’un amas de bambous.
La jeune femme saisit un petit miroir et se regarda une dernière fois avant l’entretien. Son maquillage était au mieux, son nez aquilin était parfait, ses cheveux mi-longs noirs bien peignés, son léger rouge à lèvres impeccable et ses cernes n’étaient quasiment pas visibles. La semaine qu’elle venait de passer avait vraiment été éprouvante ; sa tante venait d’apprendre qu’elle avait un cancer, son petit ami l’avait quittée pour une autre mignonne et sa voiture avait été saccagée par une bande de voyous qui avaient gravé sur son capot à coups de clefs « SUCEUSE PAS CHERE » ainsi que son numéro de téléphone.
Rebecca ne savait pas ce qui l’avait le plus choquée. L’acte de vandalisme en lui-même ou les sonneries incessantes de son fixe jour et nuit. C’était une fille très calme, qui mettait un zèle surhumain à rejeter tout ce qui lui semblait outrageant et excessif. Les vulgaires invectives de ces bougres l’avaient donc en un sens bouleversée. Elle soupçonnait même Eric, son ex, de l’avoir abandonnée à la suite de la dispute qu’ils avaient eu au sujet de la fellation, pratique qu’elle refusait catégoriquement d’appliquer.
Elle rangea son petit miroir dans son sac et pressa le bouton à gauche de la boîte aux lettres pour signaler son arrivée. Elle était prête.
Elle patienta quelques secondes, puis la porte de la maison s’ouvrit. Une femme en sortit, assez grande, longs cheveux blonds, démarche stricte et vêtements simples. Au fur et à mesure qu’elle approchait, Rebecca déduisit qu’elle avait au moins quarante ans et qu’elle était déjà passée sous le scalpel d’un chirurgien esthétique.
-Mademoiselle Huntengton ? demanda-t-elle.
-C’est moi, répondit l’autre d’un ton timide.
La femme ouvrit une petite porte et invita Rebecca à la suivre jusqu’à la maison. Cette dernière complimenta son hôte sur la qualité du jardinage et s’essuya avec entrain les pieds de peur de salir l’intérieur.
Le lieu était magnifique ; les murs étaient décorés d’une tapisserie en fibre de verre couleur ivoire, un escalier moderne donnait non loin de l’entrée à l’étage supérieur, deux canapés en cuir rouge faisaient face au plus grand écran plat qu’elle avait pu voir dans sa vie, un piano cohabitait dans un coin avec une collection de disques de hard rock et une bibliothèque très riche faisait la fière près du salon.
-Je suis vraiment très heureuse que vous ayez accepté ma demande, Mme Williams…
-Appelez-moi Alexia, je vous en prie.
-Oh… Comme vous voulez, Alexia…
-Puis-je me permette d’en faire autant avec vous ? Je veux dire…
-Oui, bien-sûr.
-Parfait. Vous avez pu venir facilement ?
-Euh, oui.
-Je ne vois pas de voiture dehors, vous avez pris le bus ?
-Le taxi.
-Vous n’avez pas de voiture ?
-Elle est en réparation.
-Ah. Ce n’est pas trop grave, j’espère… ?
-Non, non, juste… un petit souci sans importance…
-Tant mieux, parce que je ne veux pas que ça ait la moindre influence sur votre travail.
-N’ayez aucune crainte à ce sujet, Mad… Alexia. Je suis la personne la plus ponctuelle, la plus volontaire et la plus zélée que vous rencontrerez.
-Je n’en doute pas. Excusez mon ton soudainement sévère, mais j’accorde une très grande importance à l’entretien de cette maison, et je ne peux laisser les clefs qu’à des gens auxquels je voue une confiance absolue.
-Je comprends tout à fait.
-Bien, je vous offre à boire ?
-Je vous remercie, c’est très gentil, mais je n’ai pas soif.
-C’est comme vous voulez ; peut-être allons-nous visiter la maison ?
-Je vous suis.
Alexia lui présenta le salon, que Rebecca avait aperçu à son arrivée, puis la salle à manger, sublimement décorée avec des vitrines exposant de nombreux verres en cristal ainsi que des couverts en argent ; une longue table permettait à une vingtaine d’invités de s’installer afin de partager un repas. La cuisine était du style le plus américain. La jeune femme distingua un petit bar dans le fond.
Elles firent un tour par les chambres d’amis au rez-de-chaussée, la salle de bain, puis montèrent à l’étage.
-Ça, c’est la chambre dans laquelle mon mari et moi dormons, là c’est celle d’Eugénie, notre fille, ça c’est la salle de bain qu’on utilise le plus (l’autre sert plus de déco, pour son utilité, demandez à mon homme, c’est lui qui a insisté pour qu’on en ait deux) et ça c’est le bureau. On est censé y travailler, mais celle qui y passe le plus de temps, c’est la petite qui parle avec ses copines sur MSN…
-Puis-je me permettre une remarque ? quémanda dans un murmure Rebecca.
-Je vous écoute, fit l’autre, intriguée.
-Vous avez une magnifique demeure.
Un sourire se dessina sur les traits d’Alexia. C’était une très belle femme.
-C’est très gentil.
-Je suis vraiment très heureuse de pouvoir m’atteler dans un si bel endroit.
-Et moi, je suis satisfaite de voir que des personnes sérieuses existent encore de nos jours… la dernière femme de ménage nous a laissé un souvenir… désagréable…
-Je ferai de mon mieux pour fournir le meilleur travail possible, je vous donne ma parole.
-Je l’espère, dit alors Mme Williams en lui donnant une délicate tape sur l’épaule.
Les deux femmes prirent ensuite un thé, fixèrent l’heure à laquelle la nouvelle employée devait arriver le lendemain, et se séparèrent en s’échangeant un sourire enthousiaste.
Rebecca attendit qu’un taxi passe, en héla un qui s’arrêta, monta sur le siège arrière et annonça sa destination. Elle était plongée dans ses pensées et ne fit pas attention au chauffeur qui fixait sa poitrine. Elle se dit qu’après tant de bonne volonté et de dévouement, ce nouveau job était bien mérité.
Alexia s’installa dans sa chambre et reprit la lecture qu’elle avait dû interrompre tout à l’heure. Elle lisait un livre du Marquis de Sade. Les Malheurs de la Vertu.


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