Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

La maison aux vices


Par : faces-of-truth
Genre : Sayks
Statut : C'est compliqué



Chapitre 8


Publié le 04/11/2010 à 23:27:49 par faces-of-truth

Ce soir-là, Rebecca était restée sur demande de Mr Williams pour s’occuper de l’étage. Alexia était partie faire les courses, son mari travaillait dans le garage et Eugénie regardait la télévision, allongée sur le sofa du salon.
L’employée la rejoignit discrètement et fixa l’écran. L’adolescente lui jeta un bref coup d’œil mais fit mine de ne pas la remarquer, ce que la jeune femme comprit aussitôt.
Jetant un regard angoissé vers l’objectif de la petite caméra cachée dans un pot de fleurs sur la cheminée, elle inspira profondément.
-Eugénie ?
Pas de réponse.
-Eugénie ?
L’autre se retourna alors, comme si elle venait de réaliser sa présence.
-Oui ?
-J’ai quelque chose à te dire…
-Quoi ?
-Pourquoi tu f… fumes ?
L’intéressée se redressa soudainement.
-Non mais attends, d’où tu sais ça ??!
Rebecca comprit alors quelque chose qu’elle ignorait jusqu’à présent : ses parents n’étaient pas censés être au courant.
-Peu… Peu importe. Maintenant, réponds.
Silence.
-Excuse-moi mademoiselle je-débarque-juste-pardon-je-m’installe, mais t’es qui au juste ?
La malheureuse n’avait pas l’habitude de s’engager dans des disputes, elle fuyait toujours comme elle pouvait tout état de stress. Mais cette fois, elle avait un rôle à jouer.
-Maintenant, tu la fermes ta… petite gueule de merdeuse ! Et tu réponds ! Où je dis tout à ton père !
-Ola ola, tu te calmes !
-Non, toi tu te calmes, espèce de bec à clopes ! Je t’ai posé une question, alors j’attends !
Apparemment abasourdie par la détermination de l’inconnue, l’adolescente se résolut à répondre après avoir vérifié que personne ne les écoutait.
-Bon d’accord, mais tu diras rien, hein ?
-Tu as ma parole.
-Je fume pas, d’abord, je prend une cigarette de temps en temps avec mes copines.
-Déjà entendu ton discours.
-Quoi ?
-Je t’ai demandé pourquoi tu t’étais lancée dans le système « Fumer tue », pas de me sortir la réplique type des gamins.
-Tu dis que je suis une gamine là ?
-J’attends toujours.
-Ok. J’ai commencé à fumer avec Teri quand on était au collège, on avait…
-Avec Teri ?
-Oui.
-C’est quoi Teri ? Ta copine ?
-Oui.
-Qui a commencé ? Toi ou elle ?
-Euh… Je sais plus…
-Toi ou elle ?
-On a commencé en même temps… Elle peut-être plus tôt…
-Donc t’as fumé pour la suivre.
-Qu’est-ce tu veux me faire dire ? Que je suis un mouton, c’est ça ?
-Tu penses que si tu fumais pas, ta vie serait différente ? Moins bien ?
-J’en sais rien ! Qu’est-ce tu me fais chier avec tes questions ?!
-T’as un copain ?
-Quoi ?
-T’as un mec ?
-Ouais.
-Il s’appelle comment ?
-Damien.
-Il fume aussi ?
-Non.
-Et ça le dérange ?
-Je sais pas, non, je crois pas, ça fait un mois qu’on est ensemble.
-Il va te plaquer, tu sais.
-Quoi ?
Rebecca eut un furtif regard vers le pot de fleurs. La partie la plus difficile arrivait.
-Ton mec, ton Damien, il va te quitter. Les fumeurs vont pas avec les non-fumeurs. C’est comme mettre un chien avec un chat. Tôt ou tard, il en aura marre.
-Qu’est-ce t’en sais toi d’abord ?
-Maintenant répète après moi : « Je suis une conne, sans personnalité propre, j’imite les autres pour exister, c’est une énième preuve de ma faiblesse et de mon inutilité. Je suis une merde. » Vas-y.
L’autre ouvrit de grands yeux.
-Va te faire mettre. Non, mais je rêve ?! C’est quoi cette agression ?! Tu vas me demander du fric aussi ??!
-Répète et je te laisse.
-C’est quoi ce que tu me fais ? Tu te venges sur moi parce que ton copain t’a largué pour un paquet de roulées, c’est ça ?
Cette fois, ce ne fut pas le dialogue appris par cœur que cracha la jeune femme, mais la vérité.
-Ecoute-moi bien, ta clope de merde m’a bien fait chier dans ma vie ! Non seulement, elle a démoli ma première histoire d’amour, non seulement elle m’a séparée de bon nombre de mes amies, et non seulement elle a foutu un cancer à ma tante qui ne fumait même pas !!
Elle était rouge vif. Comme si elle allait exploser.
-Maintenant, répète après moi.
Devant la fureur de la femme de ménage, Eugénie obéit.
Comme convenu, Rebecca promit de ne rien dire à ses parents et l’abandonna dans le salon. Elle traversa le garage pour partir et croisa Mr Williams.
-Alors, on a un bon film à regarder ce soir ? fit-il en riant.
L’obscurité cachait les larmes de la malheureuse. Elle ne répondit pas et quitta la maison.
L’homme éclata de rire.
Puis, il saisit une bouteille de wiski à sa droite et en but une gorgée.


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