Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Papillons et Ouragans


Par : MassiveDynamic
Genre : Action, Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 10 : Utilise cette chance d'être Entendu


Publié le 21/08/2010 à 05:26:17 par MassiveDynamic

Hs : Gros chapitre. A partir de là, soit vous accrochez, soit vous détestez :)



" Ferme tes yeux. Ferme tes yeux, et imagine. Imagine, je dis bien imagine, que tu aies mis en place la plus grande supercherie de tous les temps. La plus grande arnaque que le monde ait connu, un énorme coup de bluff, et que personne ne se soit rendu compte de rien. Maintenant imagine que cette supercherie t'amène à devenir non seulement le gars le plus riche et célèbre de la planète, mais aussi le plus influent. Imagine, toujours, que cette tromperie te permette, après avoir réussi tout cela, de mettre fin à un génocide. Tout un monde mystifié, un immense secret déguisé, une planète protégée. Maintenant, ouvre les yeux et regarde moi. Réfléchis, puis pose-moi ta question. "

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Une heure plus tôt

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J'arrive au manoir, je suis bien entendu le premier sur les lieux. Ca va prendre un sacré bout de temps avant que les autres pointent leur nez ici, je vais donc être seul. Seul avec Joe. Mon silencieux se trouve dans ma poche arrière, je retrousse mon pantalon, puis approche de la demeure d'un air nonchalant. Le puzzle s'assemble dans ma tête. Voilà que notre nettoyeur devient le coupable idéal. J'utilise ma clé pour pénétrer dans le manoir, ne cherchant pas à être discret. Les pièces défilent les unes après les autres devant moi, jusqu'à arriver au salon, lieu du crime. Du moins, il l'était. Joe avait vraisemblablement très bien fait son boulot. Je scrute le salon des yeux, et tout y était à sa place. Il ne restait que la macabre flaque de sang séchée sur le sol. En bas, personne. Mr Propre était probablement parti cacher le corps, ou que sais-je. Je m'installe dans l'un des fauteuils du salon puis sors mon portable de la poche de mon pantalon. Il est temps de prendre les choses en mains.

"Salut, Sam. "

Sa voix parait étrangement sereine.

"Bonsoir, Joe. "

Je lui réponds de cette même voix calme et posée qu'elle en deviendrait presque malsaine, pour peu que dans sa tête se profilaient les mêmes analyses que les miennes.

"On est vraiment obligé de faire ça ici... ? "

Il sait et je sais qu'il sait. Pas d'ambiguïtés, nous allons directement au but en bons professionnels.

"Comment t'as su ? "

"Allons, putain, Sam, je suis le nettoyeur, le coursier, je fais tous les putains de boulots dans cette famille ! Tu croyais vraiment qu'un amateur incapable de foutre des gants en laissant des empruntes partout y compris sur la victime allait passer entre les mailles de mon filet ?! "

Plus il parlait, plus la voix semblait se rapprocher, car, je l'entendais en écho dans la maison. Je n'étais pas seul dans ce manoir, Joe s'y trouvait également.

Je ricane, puis le reprends avec sarcasme.

"Joe Joe Joe... tu me prends vraiment pour un demeuré. Bax m'a peut-être volé la vedette, mais c'était moi le pro avant, et le seul. Celui qui analysait tout, qui secondait ma mère dans ses planifications, j'étais dedans à cent pour cent et bien plus que vous tous réunis ! J'ai tout donné pour cette famille ! "

"Foutaises ! Pourquoi elle ? Pourquoi l'avoir tuée ? Ca n'a aucun sens ! T'étais de la famille putain ! C'était ta mère ! Quand je pense que t'étais le seul que jamais je n'aurai pu suspecter... Je... Merde, j'te faisais confiance... "

Et la voix est désormais proche de moi. Il raccroche le téléphone, le jette avec fureur sur la table du salon, et je sens le canon d'une arme se poser sur ma nuque. Pas plus perturbé, je continue la conversation.

"Je te l'ai dit, t'écoutes vraiment rien Joe. J'ai fait exprès de laisser des empruntes. Par contre, que tu m'accordes ta confiance, c'était inattendu. D'ailleurs, merci, tu m'as facilité bien des choses, t'imagine pas. "

Je sentais le canon presser ma nuque, voulant s'enfoncer, mais ne pouvant pas. Je le sentais s'exciter, le Joe.

"Tu... Putain ! Mais t'es fêlé ! POURQUOI ?! Pourquoi tuer ta mère putain ?! "

"T'es chiant, Joe. Tu comprends vraiment rien, je t'ai connu bien plus méticuleux, là tu me déçois franchement. A commencer par le fait que tu n'as pas remarqué que ton arme est la mienne et que j'ai remplacé nos armes quand je suis venu pour maman. Ce qui veut dire que tu braques sur moi l'arme du meurtre de Christine, tout d'abord, mais en plus, le chargeur est vide. Deuxièmement, mon frère et les deux Bax vont arriver ici sous peu, donc tu m'excuseras de devoir précipiter les choses. Troisièmement, si tu veux tout savoir, t'étais censé m'accuser du meurtre, puis te faire accuser à tord lorsque j'aurai pointé du doigt ta trop grande méticulosité, le fait que tu étais seul avec elle la nuit du meurtre, le fait que tu avais l'arme du crime, et, enfin, le fait que de toute manière ils me connaissent bien mieux qu'ils te connaissent... Quatrième et dernièrement... "

Je n'ai pas le temps de finir ma tirade, puisque, c'est un autre canon, tout différent du précédent qui se pose sur ma nuque. Je sens le mécanisme de l'arme s'amorcer. Mes yeux tournillent et se posent à la fenêtre du salon, donnant sur l'extérieur. Je vois Bax. Il me fait des signes, me faisant comprendre qu'ils allaient passer par le toit. A ses yeux j'étais la victime et Joe la menace, ce qui, en soit, dans l'absolu, n'était pas tout à fait faux.
Le fait d'avoir une arme chargée braquée sur moi prête à faire feu ne me laissait pas tout à fait indifférent mais j'essayais de rester aussi calme et sûr de moi qu'il y a à peine quelques minutes. Evidemment, un pro a toujours plusieurs armes sur lui. Joe m'aura au moins devancé sur un point.

"Je disais donc... Quatrième et dernièrement... Ferme tes yeux. Ferme tes yeux, et imagine. Imagine, je dis bien imagine, que tu aies mis en place la plus grande supercherie de tous les temps. La plus grande arnaque que le monde ait connu, un énorme coup de bluff, et que personne ne se soit rendu compte de rien. Maintenant imagine que cette supercherie t'amène à devenir non seulement le gars le plus riche et célèbre de la planète, mais aussi le plus influent. Imagine, toujours, que cette tromperie te permette, après avoir réussi tout cela, de mettre fin à un génocide. Tout un monde mystifié, un immense secret déguisé, une planète protégée. Maintenant, ouvre les yeux et regarde moi. Réfléchis, puis pose-moi ta question. "

Je peux presque sentir la détente s'amorcer. Un dernier signe me réconforte cependant. Un bruit sourd. Joe n'y prête pas attention, puisque ce bruit est sensiblement le même que quand Joe avait laissé tomber d'entre ces mains l'arme du crime de Christine, fraîchement baignée par ses empruntes, et moi, je sais que ce sont eux. Ils sont entrés, je peux à présent me forger un alibi.

"Bien-sûr. Donne-moi une raison de ne pas te tuer maintenant. "

Mes yeux dérivent vers le miroir du salon. Dans un angle mort, je les repère. Bax a Joe en joue avec son silencieux. Ses yeux se faufilent également dans le miroir, et nous nous échangeons des regards qui veulent tout dire. Il attend que je cligne de l'oeil, et quand je le ferai, Joe s'effondrera sur le sol, et, de chiffre impair nous deviendrons à nouveau un chiffre pair.
Ma langue se dénoue. Je peux sentir la rage et la hargne de Joe, m'agrippant l'épaule solidement de la main gauche et me braquant de la main droite. Etonnant q'un droitier se soit laisser berné de la sorte, le si méticuleux, l'expert, le nettoyeur, le grand chef, Joe.

"Et bien... parce que tu meurs le premier. "

Mon oeil cligne, une balle part, une détonation résonne, puis une seconde, puis une troisième. Le canon qui m'agressait n'était plus qu'un objet inoffensif à même le sol. Mes mains tremblent un peu, je n'avais jamais été confronté à un tel degré de danger. Je me relève, des larmes coulent de mes yeux, et je cours vers Samuel et l'enlace.

"Oh, putain, les gars... Merci. "

"Bon dieu Sam, putain mais j'y crois pas. Il avait vraiment pété les plombs, Joe... Merde... Mais pourquoi ?!"

Pestait Baxwell alors que je feignais le choc émotionnel, et la joie de les voir. Quoi que celle-ci avait une part de vrai, ils m'avaient sauvé la mise.

"Putain ! L'enculé, parce qu'il voulait tout ça pour lui tout seul ouais ! Le pouvoir lui était monté à la tête, j'en suis sûr, cet enfoiré ! "

"Mais c'est ridicule ! Il n'était même pas candidat à la présidence ! "

Repris Samuel après m'avoir échangé son affection.

"C'était peut-être une taupe... Et si c'est le cas, on a pas éliminé tout le monde... "

Baxwell avancé déjà des hypothèses fantaisistes, et je me plaisais à les laisser divaguer, tant qu'ils partaient à des kilomètres de la vérité. Moi, j'étais l'ami parfait, le frère modèle, celui qui respectait toujours tout le monde.

Alors, oui, il y avait une supercherie dans la supercherie. Mais moi, mes intentions ne sont pas mystérieuses. Ils savent pourquoi je fais ça, c'est juste qu'ils réfléchissent trop avec leur tête, pas assez avec leur coeur. Depuis tout petit, j'ai sacrifié ma vie. Sacrifié ma vie à feindre l'adhésion à ce plan farfelu, à cette folie pure. L'accès à la présidence, ce n'est rien. Si nous y arrivons, ou plutôt s'ils y arrivent, un flot de catastrophes se déversera sur la terre toute entière. Les racines sont trop profondes, et je ne suis pas prêt à les exposer aujourd'hui. Tout se saura en temps voulu, et deux morts en une nuit, c'est déjà bien trop de sang de coulé. Le prochain gros coup de MA supercherie se fera à l'élection présidentielle. Pour l'instant, je me fais discret, je prépare les discours, j'aide, et surtout je peste et me lamente sur la trahison de Joe, en pleurant aussi ma mère, de temps à autre.

"Putain... Quand je pense qu'il m'avait donné une limousine... Merde mais... "

Bax fond en larmes, et le reste de la nuit fut difficile pour nous tous.
Car, ouais, dans une supercherie, il faut savoir endosser tous les rôles. Celui du membre de famille professionnel endeuillé aussi. Et, après cette nuit où j'ai frôlé la mort, où j'ai bien failli tout faire foirer, et où je me suis assuré un alibi définitif et une tranquillité d'esprit digne d'un moine, je peux enfin me reposer. Me reposer, oui, car j'avais déjà éliminé deux de mes cinq cibles. Mais, pour la suite, j'y penserai demain, pour ce soir, ces gens sont ma famille, et je ne pense pas à demain. Demain c'est loin.


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