Note de la fic :
[Confédération][3] Semper et Ubique
Par : Gregor
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué
Chapitre 8
Publié le 09/10/2013 à 00:05:08 par Gregor
Quelque chose ne collait pas. Flinn, tandis qu'il cheminait vers ses quartiers, songea avec un mélange piquant d'amertume et de respect que le jeune noble provoquait en lui une variété presque infinie de sentiments et d'intuitions.
Son attitude elle-même respirait d'une étrange impression. Était-ce comme cela qu'aurait dû réagir un homme qui venait de perdre sa chair ? Aussi habitué aux préceptes du Dieu-Machine qu'il pût l'avoir été dès sa prime jeunesse, l'adjudant Guillhem de Choire ne devrait-il pas exprimer bien davantage de rancune etd e haine envers ses bourreaux ? Ne devrait-il pas non plus tenir en mauvaise estime son sauveur, parce qu'il ternirait son image face son père, un officier notable et notoirement connu pour sa poigne de fer? Tout dans la personnalité de l'adjudant - du moins dans ce qu'il exprimait verbalement - s'approchait d'une compréhension et d'une intelligence hors norme. Était-ce sa loyauté à la Confédération qui le rendait à la fois si droit et si insaisissable ? Mais soudain, avec la violence de l'évidence, la réponse affleura dans l'esprit de Flinn : "Guillhem imagine pouvoir m'utiliser", songea-t-il. Il secoua la tête pour chasser cette inconfortable idée. Il se doutait qu'une telle situation devait modifier notablement les comportements humains attendus.
Pourquoi le jeune blessé ne pouvait-il pas simplement exprimer une colère sauvage, une brutalité propre à une classe d'homme si jeune, si vivante ? Et si le contact qu'il avait provoqué avec le baronnet alors qu'il agonisait avait transcendé les règles sociales, si ce sauvetage avait crée un véritable lien de confraternité ? Flinn secoua la tête. Cela n'avait aucun sens... Aucune des réponses qu'il tentait d'apporter à la compréhension de la situation ne le satisfaisait. Quelque chose d'impalpable lui échappait, et cela l'agaçait. Il n'aimait pas se sentir dans cette situation inconsistante, sans réponse claire. Il travaillait seul habituellement, et voilà qu'une simple entrevue le convainquait de retourner à ce mode de fonctionnement. Il se souvint avec un sourire caustique qu'il venait d'engager à ses côtés la source même de son tracas. Un jeune homme avec un talent improbable, probablement aussi manipulateur que sincère, fourbe et intelligent que naïf et fragile. Ce qui les attendaient n'avait rien d'une sinécure, Flinn en avait conscience. Il lui importait pourtant de relever ce double défi. Il traquerait la rébellion de Barnard Prime, et il découvrirait qui se cachait véritablement derrière le masque courtois du futur baron de Choire. Mais avant de partir à nouveau en guerre, il aurait besoin de l'oreille attentive du seul membre de l'Ankara en qui il avait une confiance aveugle.
- Commandant, vous m'avez demandé ?
La voix du prélat résonnait sinistrement dans la chapelle vide. Flinn, agenouillé sur un prie-dieu simpliste et froid comme la pierre, redressa la tête. Il murmura une parole, puis se releva. La frère-prêcheur Arkadius Feodorvicth paraissait ridiculement petit à coté de sa haute stature. Mais son visage fermé et son air hautain le rendait plus noble d'apparence. Flinn ne connaissait pas l'homme de prière depuis plus de quelques mois, mais il avait appris à l'apprécier pour ce qu'il était. Une ombre passa dans le regard de Feodorovitch. Il retrouva son attitude grave, laconique, qui avait su convaincre Flinn.
- Oui, mon frère.
- Une pensée trouble votre esprit ?
Flinn soupira.
- C'est un peu plus que ça. Je tenais à en discuter avec vous, mais j'aurais préféré un endroit plus ... discret pour le faire.
Le religieux acquiesça en silence, avant de poursuivre.
- Je vois. Mais dans ce cas, pourquoi nous retrouver ici, dans la chapelle ?
- J'avais besoin de prier.
- Une sage décision, commandant. Même si techniquement, cela n'apportera rien au Dieu-Machine.
- Me savoir dans son sanctuaire m’apaise.
Feodorovitch choisit de ne rien ajouter. Il constituait une curiosité parmi les ordres ecclésiastiques du culte mécaniste. A l'inverse de ses frères de prière, des techno-moine aussi pieux que lui, il vivait au sein de la vie civile et militaire de la Confédération. On l'avait envoyé appuyer la Confrérie des Externes, pour la simple et bonne raison qu'aucun Naneyë ne pouvait entrer en contact direct avec le Dieu-Machine. Malgré les processus réussi de mécanisations physiques, les Conversions chez les Naneyë n'avait pas abouti à l'illumination divine qui avait recouvert les humains s'y étant soumis. Aussi, la présence d'un individu tel que le frère Feodorovitch était devenu cruciale pour les Naneyë servant le Dieu-Machine. Il garantissait leur foi tout autant que les prières qu'ils adressaient à l'objet de leur dévotion. Tout naturellement, Flinn s'était rapidement tourné vers le religieux, y trouvant plus qu'une simple ressource face aux questions de ses croyance et du culte mécaniste.
Le techno-moine invita l'officier à se diriger vers une salle adjacente, refermant derrière eux une porte curieusement sculpté de l'icone hagiographique de la Transcendance du Très Saint Magister Kristian. Feodorovitch posa un index sur le front du bienheureux sacralisé, et le porta à son coeur puis à sa bouche. Une telle démonstration de dévotion étonnait en même qu'elle exaspérait Flinn. Il eut cependant la politesse de ne rien répondre.
- Et bien, commandant, je crois que nous sommes dans un endroit plus ... "discret" pour discuter.
Tandis qu'il s'installait dans un fauteuil austère, le religieux avait mimé des guillemets. Un sourire avait traversé, fugitif, son visage.
- Mon frère, je crois avoir besoin de vos lumières.
- C'est également ce que j'ai cru comprendre. De quoi s'agit-il ? Un de vos hommes ?
- D'une certaine façon, vu qu'il va très prochainement servir sous la bannière de la Confrérie.
- Un Naneyë ?
- Non, un fils d'humain.
La réponse anima dans le regard du religieux une étincelle de curiosité. Dans le même temps, l'implant oculaire qui siégeait sur l'orbite gauche de l'individu passa d'une lueur bleuté à un éclat orangé.
- Un homme dans la Confrérie ? En voilà une curiosité !
- C'est un sujet bien étrange, concéda Flinn.
- Ça ne peut que l'être. Aucun humain n'a directement intégré ce corps militaire, pour des raisons que nous connaissons tous les deux. Je ne suis pas bien sûr que les hautes autorités de régulations soient très favorables à ce genre de démarche...
- Il se trouve que hélas, j'ai du faire des choix sans attendre leur aval. Ensuite, le jeune sous-officier dont il est question ne sera qu'un membre honoraire de la Confrérie. Enfin, c'est son talent qui m'a définitivement poussé à le garder sous mon aile plutôt qu'à le laisser patienter sur le croiseur.
- Son talent, dites-vous ?
Flinn laissa courir quelques secondes, puis il soupira, avant de répondre.
- Il est télépathe, mon frère.
- Télépathe ? Vous en êtes certains ?
- Aussi certain que je vous vois actuellement en face de moi. Et je dois bien avouer que ce cas de conscience me pose de sérieuses questions vis à vis du Culte.
- Vous êtes pourtant un Inquisiteur, nota Feodorvicth. Toutes ces questions purement technique ne devrait pas vous poser de soucis...
- Il est télépathe, répéta Flinn. C'est un cas de figure unique.
- Est-il fiable ?
- C'est bien là la seconde partie de cette épineuse question.
Le techno-moine se leva. Flinn détailla son apparence. Un cyborg dans tout ce que le Confédération pouvait faire de plus simple et de plus net, le corps intégralement mécanique, à l'exception de la tête et du cou. Une cape noire agrémenté de quelques fils rouges cousues sur la longue capuche en agrémentaient l'apparence. L'officier constata également - avec une pointe d'amusement, que le moine flottant entre deux âges avait laissé sa barbe blonde pousser en un bouc fourni, qui le rendait moins austère. Il en aurait presque sourit, si cette entrevue n'avait pas été d'une telle gravité.
- Quel est le nom de cette recrue ?
- De Choire, lâcha Flinn. Guillhem de Choire, baronnet de Camarès, fils du général Alfred de Choire, baron des domaines de Haute-Septimanie, Seigneur de Mazamet.
Le religieux hocha la tête.
- Un homme de haute naissance donc ... Avec l'éducation militaire, politique et spirituelle qui aura été avec.
- Naturellement.
- Peu de risque donc qu'il constitue une véritable menace d'hérésie. Il est né avec le Dieu-Machine, il le sert depuis toujours... Je vais vous paraître cynique, commandant, mais il me parait peu probable qu'il n'est ne serait-ce que la simple idée de pouvoir imaginer servir qui que ce soit d'autre. Il est tellement fidèle à ces convictions qu'elles font partie de lui.
- C'est également ce que je pensais, mais ...
- Alors vous n'avez pas à vous tracasser davantage, trancha Feodorovitch.
- Vous en êtes certains ?
- Commandant, je vois tous les jours des individus extérieures à la race humaine me confier leur foi et leur prière. J'ai appris à sentir la peur et le doute là où ils sont. Et chez vous, rien de tout cela ne transparaît/ Vous avez fait un choix risqué, vous me demandez mon assentiment spirituel, et je ne peux pas vous empêcher de faire ce que vous estimez devoir réaliser. Je vous sais suffisamment intelligent pour avoir évaluer correctement les capacité du baronnet de Choire avant de décider de la garder auprès de vous pour un certain temps.
- Mais, mon frère, je ...
- Laissez moi finir, tempéra le religieux. Si vous êtes venus me voir, c'est uniquement pour vous rassurer. Vous êtes un perfectionniste, commandant Flinn. Je connais bien vos penchants pour la gloire et l'honneur, et je considère que ces deux enjeux ne sont pas des freins à l'accomplissement de votre mission, mais au contraire de formidable moteurs. Certains vous taxeront de machiavélisme, moi je dirais simplement que vos ambitions épousent à merveille ce que l'on attend de vous : de la droiture, du courage, mais aussi de l’intelligence et du pragmatisme. Alors, commandant, n'attendez plus de savoir si vous avez bien fait face à une situation aussi exceptionnelle : personne n'aurait été plus qualifié que vous pour faire le choix le plus avisé possible.
Flinn ne répondit pas aussitôt. Le techno-moine s'approcha, plaça une main bienveillante sur l'une de ses épaules.
- Vous serez au coeur de mes prière, commandant, ajouta le religieux.
- Une pensée qui me va droit au coeur, commenta l'officier.
- Je crois que vous ferriez bien d'achever les préparatifs, commandant. Ma présence à vos cotés ne serait qu'un frein.
- Absolument pas. Vous êtes d'une excellent compagnie.
- Mais l'heure n'est pas encore aux palabres. Une victoire vous attend, commandant.
- Puisse le Dieu-Machine vous entendre.
- Il veille sur vous, commandant.
Flinn se figea alors dans un impeccable garde-à-vous. Feodorovitch passa à ses cotés, sourit, et l'invita à sortir de la pièce.
Son attitude elle-même respirait d'une étrange impression. Était-ce comme cela qu'aurait dû réagir un homme qui venait de perdre sa chair ? Aussi habitué aux préceptes du Dieu-Machine qu'il pût l'avoir été dès sa prime jeunesse, l'adjudant Guillhem de Choire ne devrait-il pas exprimer bien davantage de rancune etd e haine envers ses bourreaux ? Ne devrait-il pas non plus tenir en mauvaise estime son sauveur, parce qu'il ternirait son image face son père, un officier notable et notoirement connu pour sa poigne de fer? Tout dans la personnalité de l'adjudant - du moins dans ce qu'il exprimait verbalement - s'approchait d'une compréhension et d'une intelligence hors norme. Était-ce sa loyauté à la Confédération qui le rendait à la fois si droit et si insaisissable ? Mais soudain, avec la violence de l'évidence, la réponse affleura dans l'esprit de Flinn : "Guillhem imagine pouvoir m'utiliser", songea-t-il. Il secoua la tête pour chasser cette inconfortable idée. Il se doutait qu'une telle situation devait modifier notablement les comportements humains attendus.
Pourquoi le jeune blessé ne pouvait-il pas simplement exprimer une colère sauvage, une brutalité propre à une classe d'homme si jeune, si vivante ? Et si le contact qu'il avait provoqué avec le baronnet alors qu'il agonisait avait transcendé les règles sociales, si ce sauvetage avait crée un véritable lien de confraternité ? Flinn secoua la tête. Cela n'avait aucun sens... Aucune des réponses qu'il tentait d'apporter à la compréhension de la situation ne le satisfaisait. Quelque chose d'impalpable lui échappait, et cela l'agaçait. Il n'aimait pas se sentir dans cette situation inconsistante, sans réponse claire. Il travaillait seul habituellement, et voilà qu'une simple entrevue le convainquait de retourner à ce mode de fonctionnement. Il se souvint avec un sourire caustique qu'il venait d'engager à ses côtés la source même de son tracas. Un jeune homme avec un talent improbable, probablement aussi manipulateur que sincère, fourbe et intelligent que naïf et fragile. Ce qui les attendaient n'avait rien d'une sinécure, Flinn en avait conscience. Il lui importait pourtant de relever ce double défi. Il traquerait la rébellion de Barnard Prime, et il découvrirait qui se cachait véritablement derrière le masque courtois du futur baron de Choire. Mais avant de partir à nouveau en guerre, il aurait besoin de l'oreille attentive du seul membre de l'Ankara en qui il avait une confiance aveugle.
- Commandant, vous m'avez demandé ?
La voix du prélat résonnait sinistrement dans la chapelle vide. Flinn, agenouillé sur un prie-dieu simpliste et froid comme la pierre, redressa la tête. Il murmura une parole, puis se releva. La frère-prêcheur Arkadius Feodorvicth paraissait ridiculement petit à coté de sa haute stature. Mais son visage fermé et son air hautain le rendait plus noble d'apparence. Flinn ne connaissait pas l'homme de prière depuis plus de quelques mois, mais il avait appris à l'apprécier pour ce qu'il était. Une ombre passa dans le regard de Feodorovitch. Il retrouva son attitude grave, laconique, qui avait su convaincre Flinn.
- Oui, mon frère.
- Une pensée trouble votre esprit ?
Flinn soupira.
- C'est un peu plus que ça. Je tenais à en discuter avec vous, mais j'aurais préféré un endroit plus ... discret pour le faire.
Le religieux acquiesça en silence, avant de poursuivre.
- Je vois. Mais dans ce cas, pourquoi nous retrouver ici, dans la chapelle ?
- J'avais besoin de prier.
- Une sage décision, commandant. Même si techniquement, cela n'apportera rien au Dieu-Machine.
- Me savoir dans son sanctuaire m’apaise.
Feodorovitch choisit de ne rien ajouter. Il constituait une curiosité parmi les ordres ecclésiastiques du culte mécaniste. A l'inverse de ses frères de prière, des techno-moine aussi pieux que lui, il vivait au sein de la vie civile et militaire de la Confédération. On l'avait envoyé appuyer la Confrérie des Externes, pour la simple et bonne raison qu'aucun Naneyë ne pouvait entrer en contact direct avec le Dieu-Machine. Malgré les processus réussi de mécanisations physiques, les Conversions chez les Naneyë n'avait pas abouti à l'illumination divine qui avait recouvert les humains s'y étant soumis. Aussi, la présence d'un individu tel que le frère Feodorovitch était devenu cruciale pour les Naneyë servant le Dieu-Machine. Il garantissait leur foi tout autant que les prières qu'ils adressaient à l'objet de leur dévotion. Tout naturellement, Flinn s'était rapidement tourné vers le religieux, y trouvant plus qu'une simple ressource face aux questions de ses croyance et du culte mécaniste.
Le techno-moine invita l'officier à se diriger vers une salle adjacente, refermant derrière eux une porte curieusement sculpté de l'icone hagiographique de la Transcendance du Très Saint Magister Kristian. Feodorovitch posa un index sur le front du bienheureux sacralisé, et le porta à son coeur puis à sa bouche. Une telle démonstration de dévotion étonnait en même qu'elle exaspérait Flinn. Il eut cependant la politesse de ne rien répondre.
- Et bien, commandant, je crois que nous sommes dans un endroit plus ... "discret" pour discuter.
Tandis qu'il s'installait dans un fauteuil austère, le religieux avait mimé des guillemets. Un sourire avait traversé, fugitif, son visage.
- Mon frère, je crois avoir besoin de vos lumières.
- C'est également ce que j'ai cru comprendre. De quoi s'agit-il ? Un de vos hommes ?
- D'une certaine façon, vu qu'il va très prochainement servir sous la bannière de la Confrérie.
- Un Naneyë ?
- Non, un fils d'humain.
La réponse anima dans le regard du religieux une étincelle de curiosité. Dans le même temps, l'implant oculaire qui siégeait sur l'orbite gauche de l'individu passa d'une lueur bleuté à un éclat orangé.
- Un homme dans la Confrérie ? En voilà une curiosité !
- C'est un sujet bien étrange, concéda Flinn.
- Ça ne peut que l'être. Aucun humain n'a directement intégré ce corps militaire, pour des raisons que nous connaissons tous les deux. Je ne suis pas bien sûr que les hautes autorités de régulations soient très favorables à ce genre de démarche...
- Il se trouve que hélas, j'ai du faire des choix sans attendre leur aval. Ensuite, le jeune sous-officier dont il est question ne sera qu'un membre honoraire de la Confrérie. Enfin, c'est son talent qui m'a définitivement poussé à le garder sous mon aile plutôt qu'à le laisser patienter sur le croiseur.
- Son talent, dites-vous ?
Flinn laissa courir quelques secondes, puis il soupira, avant de répondre.
- Il est télépathe, mon frère.
- Télépathe ? Vous en êtes certains ?
- Aussi certain que je vous vois actuellement en face de moi. Et je dois bien avouer que ce cas de conscience me pose de sérieuses questions vis à vis du Culte.
- Vous êtes pourtant un Inquisiteur, nota Feodorvicth. Toutes ces questions purement technique ne devrait pas vous poser de soucis...
- Il est télépathe, répéta Flinn. C'est un cas de figure unique.
- Est-il fiable ?
- C'est bien là la seconde partie de cette épineuse question.
Le techno-moine se leva. Flinn détailla son apparence. Un cyborg dans tout ce que le Confédération pouvait faire de plus simple et de plus net, le corps intégralement mécanique, à l'exception de la tête et du cou. Une cape noire agrémenté de quelques fils rouges cousues sur la longue capuche en agrémentaient l'apparence. L'officier constata également - avec une pointe d'amusement, que le moine flottant entre deux âges avait laissé sa barbe blonde pousser en un bouc fourni, qui le rendait moins austère. Il en aurait presque sourit, si cette entrevue n'avait pas été d'une telle gravité.
- Quel est le nom de cette recrue ?
- De Choire, lâcha Flinn. Guillhem de Choire, baronnet de Camarès, fils du général Alfred de Choire, baron des domaines de Haute-Septimanie, Seigneur de Mazamet.
Le religieux hocha la tête.
- Un homme de haute naissance donc ... Avec l'éducation militaire, politique et spirituelle qui aura été avec.
- Naturellement.
- Peu de risque donc qu'il constitue une véritable menace d'hérésie. Il est né avec le Dieu-Machine, il le sert depuis toujours... Je vais vous paraître cynique, commandant, mais il me parait peu probable qu'il n'est ne serait-ce que la simple idée de pouvoir imaginer servir qui que ce soit d'autre. Il est tellement fidèle à ces convictions qu'elles font partie de lui.
- C'est également ce que je pensais, mais ...
- Alors vous n'avez pas à vous tracasser davantage, trancha Feodorovitch.
- Vous en êtes certains ?
- Commandant, je vois tous les jours des individus extérieures à la race humaine me confier leur foi et leur prière. J'ai appris à sentir la peur et le doute là où ils sont. Et chez vous, rien de tout cela ne transparaît/ Vous avez fait un choix risqué, vous me demandez mon assentiment spirituel, et je ne peux pas vous empêcher de faire ce que vous estimez devoir réaliser. Je vous sais suffisamment intelligent pour avoir évaluer correctement les capacité du baronnet de Choire avant de décider de la garder auprès de vous pour un certain temps.
- Mais, mon frère, je ...
- Laissez moi finir, tempéra le religieux. Si vous êtes venus me voir, c'est uniquement pour vous rassurer. Vous êtes un perfectionniste, commandant Flinn. Je connais bien vos penchants pour la gloire et l'honneur, et je considère que ces deux enjeux ne sont pas des freins à l'accomplissement de votre mission, mais au contraire de formidable moteurs. Certains vous taxeront de machiavélisme, moi je dirais simplement que vos ambitions épousent à merveille ce que l'on attend de vous : de la droiture, du courage, mais aussi de l’intelligence et du pragmatisme. Alors, commandant, n'attendez plus de savoir si vous avez bien fait face à une situation aussi exceptionnelle : personne n'aurait été plus qualifié que vous pour faire le choix le plus avisé possible.
Flinn ne répondit pas aussitôt. Le techno-moine s'approcha, plaça une main bienveillante sur l'une de ses épaules.
- Vous serez au coeur de mes prière, commandant, ajouta le religieux.
- Une pensée qui me va droit au coeur, commenta l'officier.
- Je crois que vous ferriez bien d'achever les préparatifs, commandant. Ma présence à vos cotés ne serait qu'un frein.
- Absolument pas. Vous êtes d'une excellent compagnie.
- Mais l'heure n'est pas encore aux palabres. Une victoire vous attend, commandant.
- Puisse le Dieu-Machine vous entendre.
- Il veille sur vous, commandant.
Flinn se figea alors dans un impeccable garde-à-vous. Feodorovitch passa à ses cotés, sourit, et l'invita à sortir de la pièce.