Note de la fic :
[Confédération][3] Semper et Ubique
Par : Gregor
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué
Chapitre 30
Publié le 05/02/2015 à 20:43:30 par Gregor
Guillhem n'avait pas peur. Sa confiance irradiait dans sa gestuelle, dans ce sourire lourd de sens et dans son regard d'hybride, et elle en aurait inondé la pièce si elle avait été une matière palpable. Son adversaire, en revanche, affichait une rogue peu commune, mais semblait prendre l'affaire avec moins de prestance. Guillhem se défendait bien, et venait de lui administrer une série de coups qui avait fracturé son arcade sourcilière gauche. Un sang gras coulait de la plaie et commençait à former une flaque sur le sol d'acier, au rythme des gouttes qui chutaient dans un bruit désagréable.
Guillhem se redressa, et se mit en position d'attaque. L'officier lui adressa un regard haineux, et l'apprenti inquisiteur se rua sur lui. Sa main rencontra le plastron articulé du torse de son adversaire, et rebondit férocement. Guillhem grimaça, mais sans reculer, lança son autre bras vers la tempe droite dans un mouvement circulaire d'une précision inhumaine. L'officier esquiva sans mal, et lui rendit la violence de son attaque au niveau de sa joue gauche. Sous la violence du coup, étourdi, Guillhem s'écroula. Il toussa, grogna de longues secondes, tandis que les officiers qui s'étaient assemblés dans la salle de repos du pont s'époumonaient et encourageaient leur semblable. Guillhem était seul, désespérément seul, dans la longue pièce où s'alignait une dizaine de tables fixées au sol. Dans l'espace dégagé au centre de la pièce, là où il n'y avait qu'une allée large pour accueillir plusieurs hommes de front, l'altercation avait dégénéré. Haletant et essuyant le sang qui lui dégoulinait de la bouche, Guillhem se demanda un instant s'il n'aurait pas dû renoncer. Même mécanisé, il ne pourrait pas faire face au colosse de près de deux mètres qui le toisait sans amitié. Dans un recoin particulièrement sombre de son esprit, il nota que le rapport de force entre eux deux aurait vraiment dû l'inciter à plus de prudence. Mais il ne pouvait pas renoncer. « Un De Choire ne renonce pas », s'était-il dit, comme un mantra mâché jusqu'à l’écœurement. Un fils de général ne s'écrasait pas face à un officier, aussi puissant soit-il. Même un capitaine. Même un héros de conquête dont le sens de l'honneur hypertrophié avait été mis à mal par le propos d'une seule phrase malheureusement placée.
Il se redressa sur ses genoux, et ne put s'empêcher de sourire. Le souvenir de la douleur s'insinua en lui, et malgré l'hématome qui salirait son maigre visage, il se conforta dans l'idée d'avoir pris la bonne décision. Il grimaça, mais ne put s'empêcher de rejouer le ridicule de la scène dans ses souvenirs. Trop d'ennui, et puis cette visite dans des ponts normalement interdits à tout autre personnel que des militaires. Son passe-droit de noviciaire de la Sainte Cléricature n'avait plu à personne, certains avaient clairement fait savoir leur désaccord à cette intrusion par quelques noms d'oiseaux. Et puis il y avait eu ce maudit capitaine. « Sortez », avait-il dit, « sortez où je vous sors moi-même ». « Ah oui ? », avait répondu Guillhem avec cet air narquois qu'il aimait tant à afficher. « L'armée a quelques petites manigances à cacher aux yeux du Dieu-Machine ? » . Le capitaine ne l'avait pas lâché du regard, avant de réitérer sa demande. Et à cet instant, la situation avait dérapé. « Je noterais que le capitaine Élie des Houlmes fait preuve d'irrégularité dans ses prérogatives face à la Sainte Cléricature ». Le fameux capitaine n'avait pas moins d'orgueil que Guillhem, et lui avait demandé, d'une voix égale, de le suivre jusqu'au mess central du niveau pour un duel, sans arme, sans intervenant. Guillhem, par pur fierté et par esprit de revanche face à ses années miséreuses au sein de l'académie militaire, et de sa malheureuse expérience sur le monde où il avait perdu une partie de son corps, avait accepté le défi sous les vivats des soldats et des officiers réunis autour de des Houlmes. Il l'avait suivi, s'était dêvetu de sa cape sans un mot, et avait commencé ce combat dans le même silence. Mais depuis trois minutes et seize secondes, la situation lui échappait.
Le capitaine des Houlmes s'avança vers son adversaire, se maintenant à moins d'un mètre. Il posa un genou à terre, tandis que Guillhem restait assis au sol, les jambes allongées,, un bras supportant la charge de son buste. Il secoua la tête, et lui adressa un sourire triste.
— Je suis sincèrement désolé d'avoir dû combattre un serviteur du Dieu-Machine, noviciaire. Je ferais pénitence pour cet acte. Mais par pitié, arrêtez cette mascarade. Vous ne faites pas le poids. Je ne fais que jouer avec vous depuis le début, et vous êtes déjà dans un sale état. Je connais la valeur des vies, et je….
— Épargnez-moi le couplet sur la bravoure et l'entraide, capitaine, coupa abruptement Guillhem. C'est une question d'honneur, pas de sagesse.
— Dans ce cas, noviciaire...
Le capitaine des Houlmes le martela d'une avalanche de coups. Ses deux poings mécaniques se ruèrent sur le corps de Guillhem avec une précision et une violence qui firent détourner le regard à certains des militaires. Vif, il détourna avec précision chaque coup, chaque menace, et jouait une partie d'échec où la seule stratégie possible, la seule menace au roi qu'était son honneur, était de prévenir par une observation et une fine coordination de ses mouvements tout impact un peu trop violent. Seul un cyborg pouvait lutter ainsi contre un autre cyborg, et il se félicita de ne plus être ce misérable garçon de chair et de sang qui avait échoué quelques mois auparavant sur Barnard Prime. Il était fort. Il vaincrait.
— Arrêtez !
La voix roulait comme le tonnerre. Des Houlmes, entraîné par cette folie amère, n'entendit rien. Une main immense, hérissée de griffe, se glissa contre son poing et le retint. L'individu qui le bloquait avait une force peu commune, mais il n'était pas humain. Il ne put aller plus loin dans son geste. Guillhem, soudain trop conscient de celui qui venait sans doute de lui sauver la vie en coupant à vif au travers de ce duel, se recula, chancelant, contre une table disposée à quelques mètres.
— Au nom du Dieu-Machine et par pitié pour cet imbécile, arrêtez, capitaine.
Le ton se fit doux, presque paternel. Des Houlmes détourna les yeux, et croisa ceux de Flinn. Le Noble Clerc xéno était trop illustre pour qu'il soit un inconnu à ses yeux, surtout sans le casque de son armure. La tête du Naneyë évoquait les vieilles photographies d'ours polaires lorsqu'ils existaient encore, quelques siècles auparavant. Alors, l'officier relâcha la tension qui l'habitait, et soupira.
— Merci, capitaine.
L’intéressé se releva, oubliant sa victime. Les plaques externes de ses avant-bras, de son torse et ses mains étaient tachés de gouttes de sang. Son regard de cyborg, bien qu'à moitié mécanisé, évoquait une colère froide, impalpable, tout autant que le regret.
— Je suis désolé, Noble Clerc, commença Des Houlmes. Je ne voulais vraiment pas en arriver là, mais le noviciaire De Choire…
— Il sera puni s'il a fauté, capitaine, répliqua Flinn en lançant un regard assassin à l'adresse de son apprenti.
— Je n'en doute pas, Noble Clerc.
— Je suis profondément mortifié par son comportement, capitaine, poursuivit Flinn.
Il posa un genou à terre. Des Houlmes détourna le regard, et se pinça les lèvres.
— Noble Clerc, je vous en prie…
— Au nom du Dieu-Machine, acceptez les excuses de la Sainte Cléricature pour l'offense qu'a commise un des siens.
— J'accepte vos excuses, Noble Clerc Flinn. Au nom du Dieu-Machine, je vous reconnais comme l'autorité en charge de cette affaire. Je fais confiance à votre jugement pour réparer cet affront. Cependant, la nature de l'agression du noviciaire me dérange profondément, et je ne pourrais pas laisser, de mon coté, cette action impunie. Je serais donc obliger de dresser un rapport de circonstance à ma hiérarchie. Et, sans vous offenser, Noble Clerc, il est possible que cette information arrive aux oreilles de mon père.
Flinn se redressa, masquant la surprise qui le taraudait sous un sourire de
circonstance.
— Je comprend tout à fait. C'est votre droit, capitaine. En revanche, je peux vous assurer que notre coté, le noviciaire sera jugé selon ses actes. Et je peux vous assurer que vous ne serez pas déçu.
Il salua l'officier, puis se dirigea vers Guillhem, avant de l'empoigner fermement et de l'emmener vers les quartiers de la Sainte Cléricature.
Guillhem se redressa, et se mit en position d'attaque. L'officier lui adressa un regard haineux, et l'apprenti inquisiteur se rua sur lui. Sa main rencontra le plastron articulé du torse de son adversaire, et rebondit férocement. Guillhem grimaça, mais sans reculer, lança son autre bras vers la tempe droite dans un mouvement circulaire d'une précision inhumaine. L'officier esquiva sans mal, et lui rendit la violence de son attaque au niveau de sa joue gauche. Sous la violence du coup, étourdi, Guillhem s'écroula. Il toussa, grogna de longues secondes, tandis que les officiers qui s'étaient assemblés dans la salle de repos du pont s'époumonaient et encourageaient leur semblable. Guillhem était seul, désespérément seul, dans la longue pièce où s'alignait une dizaine de tables fixées au sol. Dans l'espace dégagé au centre de la pièce, là où il n'y avait qu'une allée large pour accueillir plusieurs hommes de front, l'altercation avait dégénéré. Haletant et essuyant le sang qui lui dégoulinait de la bouche, Guillhem se demanda un instant s'il n'aurait pas dû renoncer. Même mécanisé, il ne pourrait pas faire face au colosse de près de deux mètres qui le toisait sans amitié. Dans un recoin particulièrement sombre de son esprit, il nota que le rapport de force entre eux deux aurait vraiment dû l'inciter à plus de prudence. Mais il ne pouvait pas renoncer. « Un De Choire ne renonce pas », s'était-il dit, comme un mantra mâché jusqu'à l’écœurement. Un fils de général ne s'écrasait pas face à un officier, aussi puissant soit-il. Même un capitaine. Même un héros de conquête dont le sens de l'honneur hypertrophié avait été mis à mal par le propos d'une seule phrase malheureusement placée.
Il se redressa sur ses genoux, et ne put s'empêcher de sourire. Le souvenir de la douleur s'insinua en lui, et malgré l'hématome qui salirait son maigre visage, il se conforta dans l'idée d'avoir pris la bonne décision. Il grimaça, mais ne put s'empêcher de rejouer le ridicule de la scène dans ses souvenirs. Trop d'ennui, et puis cette visite dans des ponts normalement interdits à tout autre personnel que des militaires. Son passe-droit de noviciaire de la Sainte Cléricature n'avait plu à personne, certains avaient clairement fait savoir leur désaccord à cette intrusion par quelques noms d'oiseaux. Et puis il y avait eu ce maudit capitaine. « Sortez », avait-il dit, « sortez où je vous sors moi-même ». « Ah oui ? », avait répondu Guillhem avec cet air narquois qu'il aimait tant à afficher. « L'armée a quelques petites manigances à cacher aux yeux du Dieu-Machine ? » . Le capitaine ne l'avait pas lâché du regard, avant de réitérer sa demande. Et à cet instant, la situation avait dérapé. « Je noterais que le capitaine Élie des Houlmes fait preuve d'irrégularité dans ses prérogatives face à la Sainte Cléricature ». Le fameux capitaine n'avait pas moins d'orgueil que Guillhem, et lui avait demandé, d'une voix égale, de le suivre jusqu'au mess central du niveau pour un duel, sans arme, sans intervenant. Guillhem, par pur fierté et par esprit de revanche face à ses années miséreuses au sein de l'académie militaire, et de sa malheureuse expérience sur le monde où il avait perdu une partie de son corps, avait accepté le défi sous les vivats des soldats et des officiers réunis autour de des Houlmes. Il l'avait suivi, s'était dêvetu de sa cape sans un mot, et avait commencé ce combat dans le même silence. Mais depuis trois minutes et seize secondes, la situation lui échappait.
Le capitaine des Houlmes s'avança vers son adversaire, se maintenant à moins d'un mètre. Il posa un genou à terre, tandis que Guillhem restait assis au sol, les jambes allongées,, un bras supportant la charge de son buste. Il secoua la tête, et lui adressa un sourire triste.
— Je suis sincèrement désolé d'avoir dû combattre un serviteur du Dieu-Machine, noviciaire. Je ferais pénitence pour cet acte. Mais par pitié, arrêtez cette mascarade. Vous ne faites pas le poids. Je ne fais que jouer avec vous depuis le début, et vous êtes déjà dans un sale état. Je connais la valeur des vies, et je….
— Épargnez-moi le couplet sur la bravoure et l'entraide, capitaine, coupa abruptement Guillhem. C'est une question d'honneur, pas de sagesse.
— Dans ce cas, noviciaire...
Le capitaine des Houlmes le martela d'une avalanche de coups. Ses deux poings mécaniques se ruèrent sur le corps de Guillhem avec une précision et une violence qui firent détourner le regard à certains des militaires. Vif, il détourna avec précision chaque coup, chaque menace, et jouait une partie d'échec où la seule stratégie possible, la seule menace au roi qu'était son honneur, était de prévenir par une observation et une fine coordination de ses mouvements tout impact un peu trop violent. Seul un cyborg pouvait lutter ainsi contre un autre cyborg, et il se félicita de ne plus être ce misérable garçon de chair et de sang qui avait échoué quelques mois auparavant sur Barnard Prime. Il était fort. Il vaincrait.
— Arrêtez !
La voix roulait comme le tonnerre. Des Houlmes, entraîné par cette folie amère, n'entendit rien. Une main immense, hérissée de griffe, se glissa contre son poing et le retint. L'individu qui le bloquait avait une force peu commune, mais il n'était pas humain. Il ne put aller plus loin dans son geste. Guillhem, soudain trop conscient de celui qui venait sans doute de lui sauver la vie en coupant à vif au travers de ce duel, se recula, chancelant, contre une table disposée à quelques mètres.
— Au nom du Dieu-Machine et par pitié pour cet imbécile, arrêtez, capitaine.
Le ton se fit doux, presque paternel. Des Houlmes détourna les yeux, et croisa ceux de Flinn. Le Noble Clerc xéno était trop illustre pour qu'il soit un inconnu à ses yeux, surtout sans le casque de son armure. La tête du Naneyë évoquait les vieilles photographies d'ours polaires lorsqu'ils existaient encore, quelques siècles auparavant. Alors, l'officier relâcha la tension qui l'habitait, et soupira.
— Merci, capitaine.
L’intéressé se releva, oubliant sa victime. Les plaques externes de ses avant-bras, de son torse et ses mains étaient tachés de gouttes de sang. Son regard de cyborg, bien qu'à moitié mécanisé, évoquait une colère froide, impalpable, tout autant que le regret.
— Je suis désolé, Noble Clerc, commença Des Houlmes. Je ne voulais vraiment pas en arriver là, mais le noviciaire De Choire…
— Il sera puni s'il a fauté, capitaine, répliqua Flinn en lançant un regard assassin à l'adresse de son apprenti.
— Je n'en doute pas, Noble Clerc.
— Je suis profondément mortifié par son comportement, capitaine, poursuivit Flinn.
Il posa un genou à terre. Des Houlmes détourna le regard, et se pinça les lèvres.
— Noble Clerc, je vous en prie…
— Au nom du Dieu-Machine, acceptez les excuses de la Sainte Cléricature pour l'offense qu'a commise un des siens.
— J'accepte vos excuses, Noble Clerc Flinn. Au nom du Dieu-Machine, je vous reconnais comme l'autorité en charge de cette affaire. Je fais confiance à votre jugement pour réparer cet affront. Cependant, la nature de l'agression du noviciaire me dérange profondément, et je ne pourrais pas laisser, de mon coté, cette action impunie. Je serais donc obliger de dresser un rapport de circonstance à ma hiérarchie. Et, sans vous offenser, Noble Clerc, il est possible que cette information arrive aux oreilles de mon père.
Flinn se redressa, masquant la surprise qui le taraudait sous un sourire de
circonstance.
— Je comprend tout à fait. C'est votre droit, capitaine. En revanche, je peux vous assurer que notre coté, le noviciaire sera jugé selon ses actes. Et je peux vous assurer que vous ne serez pas déçu.
Il salua l'officier, puis se dirigea vers Guillhem, avant de l'empoigner fermement et de l'emmener vers les quartiers de la Sainte Cléricature.