Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Quand Viendra l'An Mille après l'An Mille (Vae Victis)


Par : Conan
Genre : Action, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 7


Publié le 22/11/2013 à 18:02:24 par Conan

avec son calme habituel, Louis range son revolver encore fumant dans l'étui en cuir fixé à son ceinturon.
-Ne vous dispersez pas ! Restez dans vos groupes ! Les chefs de section, à moi ! S'écrie-t-il, alors que le goût âcre de l'adrénaline n'a pas encore quitté ses papilles.
-Attention, y'en a un autre qui vient vers nous ! S'écrie soudain un soldat, un genou au sol et le canon de son fusil dirigé en contrebas.
Accourant, vers lui, le capitaine a tout juste le temps de lui faire baisser son arme d'une claque sèche sur le fût.
-Ne tire pas ! Si tu avais eu la tête ailleurs qu'entre tes bras tout à l'heure, tu te serais rendu compte que c'est lui qui nous a sauvés !
En effet, à une petite cinquantaine de mètres du campement, l'homme au mousqueton marche, la sangle passée à l'épaule, et une vieille musette Américaine jetée sur le dos. Le dispositif de respiration du masque qu'il porte est bruyant, et lorsque les corbeaux se taisent, on peut entendre son souffle rauque à travers son groin.
''Bernac.'' pense alors le capitaine en reconnaissant son pull foncé et sa démarche particulière, à la fois nonchalante et déterminée. Ses vieux brodequins usés datent certainement de l'époque de son service militaire.

Trois lieutenants encerclent le capitaine, et fixent l'homme avancer lentement vers eux.
-Où est Lambert ? Demande alors Berger.
-En bas de la colline, mon capitaine. Une balle dans le ventre. Répond l'un des hommes sans que l'on puisse reconnaître sa voix.
-Réorganisez vos sections, que les hommes ratissent la zone. Récupérez tout ce qu'il y a à récupérer, et attention aux éventuels survivants. Faites moi un état des morts et des blessés. On ne va pas passer la nuit ici. Faites aussi savoir à Guilet qu'il reprend la deuxième section à la place de Lambert. Exécution.

Sans se faire attendre, les trois hommes effectuent un garde-à-vous, et disparaissent dans un nuage d'ordres et de cris, rassemblant une meute de soldats autours d'eux. Seul Berger reste immobile, face à cet étrange personnage qui vient de sauver la vie à près d'une centaine d'homme, et qui marche lentement, comme un braconnier qui reviendrait de la chasse avec un lièvre à la main et sa carabine dans le dos.

-Pas trop de casse, mon capitaine ? Demande-t-il simplement lorsqu'il arrive, encore légèrement essoufflé.
-On a évité le pire. Répond Louis.
-Désolé de ne pas être arrivé plus tôt.
Il ne semble pas se rendre compte de la portée de son acte. Il ne réalise pas que tous ici doivent leur survie à ses deux coups de feu.
-Alors, vous êtes revenu. Se contente de répondre Berger.
-Je n'avais nulle part où aller, à part en enfer.
-Ce que vous venez de faire vous vaudra certainement le Paradis.
-Tuer des hommes n'a jamais mené au Paradis, mon capitaine. Conclut Bernac en franchissant les dernières caillasses qui le séparent du Poilu.
Les deux hommes se tournent vers la troupe en pleine activité. Les soldats ont formé une ligne et avancent lentement sur toute la largeur du camp des pillards, fouillant chaque caisse, chaque sac, chaque cadavre.
-Ils ne réalisent pas encore ce qu'il vient de se passer. Pense Berger tout haut.
-Quoi donc ?
-La plupart des gars que vous voyez ici sont des conscrits, tout juste sortis de leurs campagnes et de leurs villages. C'est la première fois qu'on leur tire dessus, et pour beaucoup c'est la première fois qu'ils tuent. Regardez-les, ils sont comme prostrés, alors que cinq minutes plus tôt, vous les auriez vus en transe, pris comme une sorte de folie meurtrière. Alors qu'ils se faisaient massacrer, ils ont bondi comme un seul homme, tels des fauves, à l'assaut de cette colline, et ont détruit tout ce qui leur barrait la route. Ils ne le savent sûrement pas encore, mais ils sont unis. C'est comme un lien qui les lie maintenant les uns aux autres. Rien ne sera jamais plus comme avant pour eux. Et c'est vous qui leur avez permis ceci.
-Je n'ai fait que vous aider.
-Vous n'avez pas fait que ça, Bernac. Vous avez brisé leurs chaînes. Celles qui les retenaient au monde civil, à celui qui les liait à leurs familles, à leur vie passée. C'est en frères qu'ils se battront dorénavant. Certains ont perdu des amis sur cette colline, des camarades, des chefs. Et pourtant, regardez-les. Ils sont tous unis, soudés. C'est pour cela qu'il ne faut pas perdre de temps.
-J'ai peur de ne pas vous suivre. Perdre de temps pour quoi ?
-Il nous faut quitter la zone contaminée le plus rapidement possible, avant que le contrecoup ne se fasse sentir. Je ne voudrais pas qu'un homme réalise ce qu'il vient de se passer et n'arrache son masque ici.


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