Note de la fic :
Quand Viendra l'An Mille après l'An Mille (Vae Victis)
Par : Conan
Genre : Action, Réaliste
Statut : C'est compliqué
Chapitre 6
Publié le 09/11/2013 à 03:28:16 par Conan
''C'est bon. On y est. C'est fini.'' Pense le capitaine en supportant le poids du pauvre Berthelot en train de se vider de son liquide de vie sur le manteau de son commandant d'unité.
Berger, coincé par le corps déchiqueté de son mitrailleur, attend la balle qui mettra un terme à tout ce cirque. Toute une section massacrée, passée au fil du canon, à près de mille kilomètres de la ligne de front. Des jeunes, des gosses à peine formés, peu entraînés, tués par d'autres jeunes, Français eux-aussi, luttant pour leur survie, eux-aussi. Lui qui a tant combattu contre les Russes sera massacré par ses propres compatriotes. Pour lui, qui s'est distingué tant de fois au cours de ces dix dernières années, l'idée se faire tuer par le canon rouillée d'une vieille pétoire datant du siècle dernier lui est insupportable.
Puis soudainement, comme un signe divin, un geste providentiel, le masque du mitrailleur est traversé de la gauche vers la droite par une balle fusante, sortie de nulle part. Le tireur s'effondre net, et rapidement, son camarade à coté de lui prend sa place derrière la machine de mort encore fumante. Mais à nouveau, à peine installé au milieu des douilles et des étuis de cartouches brûlants, l'homme est atteint par un tir en plein abdomen, et tombe en avant sur son arme, renversant le trépied, et dévale une partie de la colline, emportant dans sa chute boites de munitions, bandoulières, et sacs à dos. Louis Berger n'en croit pas ses yeux et rassemble toutes les forces qu'il lui reste pour soulever le tas de viande sous lequel il est coincé. Agrippant son fusil en se relevant, il motive ses hommes, dans un dernier effort désespéré pour les faire combattre.
-La mitrailleuse est détruite ! Allons soldats ! Levez-vous, et battez-vous !
Observant la ligne de crête, il aperçoit des mouvements sur le flanc de la montagne. Des bandits se déplacent sur leur gauche, totalement à découvert, pour se poster face à la nouvelle menace qui vient de leur coûter leur outil le plus précieux et les deux hommes qui le servaient. Et tandis que sa troupe relève la tête et le canon, le capitaine observe la source de la colère des assaillants. Il ne parvient pas à la voir, jusqu'au départ d'un troisième coup de feu, atteignant un autre rebelle qui roule le long de la pente. Un homme, seul, où plutôt une silhouette équipée d'un masque à gaz, à cent mètres à peine du rocher qui servait de position de mitrailleuse, se déplace à pas de loups, son fusil Berthier enserré entre les mains, se met à couvert derrière des rochers, vise, et en moins de quelques secondes, décoche une balle fatale à une autre ombre dont le corps sans vie s'écroule sur la terre noire et poussiéreuse.
Rapidement, les hommes de la première compagnie retrouvent leur courage. Empoignant leurs armes, ils se ruent à l'assaut de la colline qui n'est maintenant défendue que par une poignée de pillards en déroute. Plusieurs sont abattus pendant la montée, et les soldats les traquent jusqu'au sommet de la crête où les bandits ont monté un campement de fortune. Les poursuivant dans leurs tentes, sous leurs bâches tendues entre un bloc de cailloux et un arbre mort, c'est rapidement à coups de crosse et de couteau que son massacrés les derniers survivants. Comme pour annihiler la honte et la peur qui comprimaient leurs poitrines, les jeunes fantassins explosent en un formidable orage de violence. Ceux par la main desquels on pensait être frappé à mort sont tués sans aucune pitié. Quelques fuyards parviennent à quitter le camp, à se sauver en dévalant la colline sur son autre versant, mais sont criblés de balles, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le moindre signe de vie.
Les crépitements cessent, les armes se taisent, et finalement, le lourd silence retrouve la place qui était sienne dans le chaos ambiant. Quelques corbeaux croassent en tournoyant au dessus du charnier, se régalant à l'avance du festin qui les attend. Le capitaine, dont la veste est maculée de sang, est intercepté par l'un de ses soldats en sortant d'une tente plus grande, plus imposante que les autres, certainement celle du chef car, tout homme, aussi anarchiste qu'il soit, a besoin d'une tête pensante pour organiser un tel bastion dans un environnement aussi hostile.
-Mon capitaine ! Faut que vous veniez voir, vite ! Crie le jeune gars à travers son filtre.
Berger le suit, sans poser de question, et l'homme le conduit jusqu'à un attroupement, un cercle au centre duquel gît un homme en pleine crise.
-Qu'est-ce que c'est ?
-C'est un des leurs, mon capitaine.
-Je sais bien que c'est l'un des leurs ! Rétorque Berger qui se doute bien que les loques dont est vêtu le malheureux ne sont pas des effets militaires. Qu'est-ce qu'il a ? Continue-t-il.
-Il remue comme ça, depuis tout à l'heure, et il bave aussi.
-Il est pris de convulsions.
Le capitaine s'approche du supplicié en train de trembler et de remuer de tous ses muscles et de tous ses nerfs, communicant à grands coups de gargarismes et de glapissements. Berger remarque quelque chose, que les hommes n'ont visiblement par noté, sur son masque. Le filtre à gaz a été percé, certainement par l'impact d'une balle, et sa salive sort par l'orifice creusé dans le plastique sous une forme visqueuse et bouillonnante. Louis se redresse et porte la main à son revolver dont il ouvre le barillet pour remplacer les cartouches percutées.
-Nolet !
Un soldat parmi les autres se met immédiatement au garde-à-vous.
-Présent mon capitaine.
-C'est bien toi qui voulait connaître l'effet d'un neurotoxique ? Demande-t-il en pointant son arme sur le malade.
-Affirmatif, mon capitaine. Répond le soldat de première classe, hésitant.
-Hé bien, tu as ta réponse.
Un coup de feu libérateur brise le silence et éloigne les corvidés.
Berger, coincé par le corps déchiqueté de son mitrailleur, attend la balle qui mettra un terme à tout ce cirque. Toute une section massacrée, passée au fil du canon, à près de mille kilomètres de la ligne de front. Des jeunes, des gosses à peine formés, peu entraînés, tués par d'autres jeunes, Français eux-aussi, luttant pour leur survie, eux-aussi. Lui qui a tant combattu contre les Russes sera massacré par ses propres compatriotes. Pour lui, qui s'est distingué tant de fois au cours de ces dix dernières années, l'idée se faire tuer par le canon rouillée d'une vieille pétoire datant du siècle dernier lui est insupportable.
Puis soudainement, comme un signe divin, un geste providentiel, le masque du mitrailleur est traversé de la gauche vers la droite par une balle fusante, sortie de nulle part. Le tireur s'effondre net, et rapidement, son camarade à coté de lui prend sa place derrière la machine de mort encore fumante. Mais à nouveau, à peine installé au milieu des douilles et des étuis de cartouches brûlants, l'homme est atteint par un tir en plein abdomen, et tombe en avant sur son arme, renversant le trépied, et dévale une partie de la colline, emportant dans sa chute boites de munitions, bandoulières, et sacs à dos. Louis Berger n'en croit pas ses yeux et rassemble toutes les forces qu'il lui reste pour soulever le tas de viande sous lequel il est coincé. Agrippant son fusil en se relevant, il motive ses hommes, dans un dernier effort désespéré pour les faire combattre.
-La mitrailleuse est détruite ! Allons soldats ! Levez-vous, et battez-vous !
Observant la ligne de crête, il aperçoit des mouvements sur le flanc de la montagne. Des bandits se déplacent sur leur gauche, totalement à découvert, pour se poster face à la nouvelle menace qui vient de leur coûter leur outil le plus précieux et les deux hommes qui le servaient. Et tandis que sa troupe relève la tête et le canon, le capitaine observe la source de la colère des assaillants. Il ne parvient pas à la voir, jusqu'au départ d'un troisième coup de feu, atteignant un autre rebelle qui roule le long de la pente. Un homme, seul, où plutôt une silhouette équipée d'un masque à gaz, à cent mètres à peine du rocher qui servait de position de mitrailleuse, se déplace à pas de loups, son fusil Berthier enserré entre les mains, se met à couvert derrière des rochers, vise, et en moins de quelques secondes, décoche une balle fatale à une autre ombre dont le corps sans vie s'écroule sur la terre noire et poussiéreuse.
Rapidement, les hommes de la première compagnie retrouvent leur courage. Empoignant leurs armes, ils se ruent à l'assaut de la colline qui n'est maintenant défendue que par une poignée de pillards en déroute. Plusieurs sont abattus pendant la montée, et les soldats les traquent jusqu'au sommet de la crête où les bandits ont monté un campement de fortune. Les poursuivant dans leurs tentes, sous leurs bâches tendues entre un bloc de cailloux et un arbre mort, c'est rapidement à coups de crosse et de couteau que son massacrés les derniers survivants. Comme pour annihiler la honte et la peur qui comprimaient leurs poitrines, les jeunes fantassins explosent en un formidable orage de violence. Ceux par la main desquels on pensait être frappé à mort sont tués sans aucune pitié. Quelques fuyards parviennent à quitter le camp, à se sauver en dévalant la colline sur son autre versant, mais sont criblés de balles, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le moindre signe de vie.
Les crépitements cessent, les armes se taisent, et finalement, le lourd silence retrouve la place qui était sienne dans le chaos ambiant. Quelques corbeaux croassent en tournoyant au dessus du charnier, se régalant à l'avance du festin qui les attend. Le capitaine, dont la veste est maculée de sang, est intercepté par l'un de ses soldats en sortant d'une tente plus grande, plus imposante que les autres, certainement celle du chef car, tout homme, aussi anarchiste qu'il soit, a besoin d'une tête pensante pour organiser un tel bastion dans un environnement aussi hostile.
-Mon capitaine ! Faut que vous veniez voir, vite ! Crie le jeune gars à travers son filtre.
Berger le suit, sans poser de question, et l'homme le conduit jusqu'à un attroupement, un cercle au centre duquel gît un homme en pleine crise.
-Qu'est-ce que c'est ?
-C'est un des leurs, mon capitaine.
-Je sais bien que c'est l'un des leurs ! Rétorque Berger qui se doute bien que les loques dont est vêtu le malheureux ne sont pas des effets militaires. Qu'est-ce qu'il a ? Continue-t-il.
-Il remue comme ça, depuis tout à l'heure, et il bave aussi.
-Il est pris de convulsions.
Le capitaine s'approche du supplicié en train de trembler et de remuer de tous ses muscles et de tous ses nerfs, communicant à grands coups de gargarismes et de glapissements. Berger remarque quelque chose, que les hommes n'ont visiblement par noté, sur son masque. Le filtre à gaz a été percé, certainement par l'impact d'une balle, et sa salive sort par l'orifice creusé dans le plastique sous une forme visqueuse et bouillonnante. Louis se redresse et porte la main à son revolver dont il ouvre le barillet pour remplacer les cartouches percutées.
-Nolet !
Un soldat parmi les autres se met immédiatement au garde-à-vous.
-Présent mon capitaine.
-C'est bien toi qui voulait connaître l'effet d'un neurotoxique ? Demande-t-il en pointant son arme sur le malade.
-Affirmatif, mon capitaine. Répond le soldat de première classe, hésitant.
-Hé bien, tu as ta réponse.
Un coup de feu libérateur brise le silence et éloigne les corvidés.
Commentaires
- Droran
10/11/2013 à 20:13:14
On en apprend déjà un peu plus sur l'état actuel du pays. Des pillards... C'est très apocalyptique. A voir ce qui leur tombera dessus par la suite ! :sweet: