Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'Apostolat des Oiseaux


Par : Loiseau
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 10 : Première inspiration après le coma


Publié le 05/01/2014 à 02:22:22 par Loiseau

[c]Lynot

Première inspiration après le coma[/c]



Mon visage me brûle monstrueusement. J’ai l’impression que l’on m’a plongé le visage dans des charbons ardents pendant des heures. Mon souffle est lourd et bruyant, comme si je respirais à travers un appareil. J’ouvre les yeux avec peine, une lumière blanche m’aveugle et je les referme aussitôt.

-Lynot ?

Tiens… La voix de Moyno. Il a l’air inquiet. Je ne comprends pas pourquoi je me sens aussi mal. Mes pensées sont floues et je me demande si on ne m’a pas drogué.

-Lynot, bordel, t’es réveillé ?

J’essaie de lui répondre en fanfaronnant comme à mon habitude, malgré la douleur qui me strie le visage. Seul un borborygme inarticulé sort de mes lèvres. J’essaie de rouvrir les yeux pour analyser la situation. Doucement, j’écarte les paupières. Mes pupilles s’habituent progressivement à la lumière et je réalise très vite que je suis dans l’infirmerie de la base. Je tourne péniblement la tête sur le côté. Moyno me dévisage d’un air soucieux, il s’approche du lit sur lequel je suis étendu, le seul de l’infirmerie, et m’enlève l’appareil respiratoire que j’ai sur la bouche. Je savoure l’air vicié de la pièce comme s’il s’agissait d’une brise printanière. Une odeur de bacon flotte dans l’air. Je souris brièvement. La viande est une denrée précieuse et cela fait longtemps que je n’en ai pas mangé. En plus j’ai faim comme si je ne m’étais pas sustenté depuis une semaine.

-Tu… Tu te sens comment ?

Je tente à nouveau de répondre mais les mots ont du mal à franchir mes lèvres. Finalement je me contente d’une réponse simple.

-Mal…
-Tu m’étonnes. Ca fait une semaine que t’es dans le coma. Et…

Il s’arrête comme si terminer sa phrase lui était douloureux.

-Pourquoi je… ?

Un goût âcre remplit ma bouche et je suis pris d’une quinte de toux. Aussitôt la douleur me submerge et je manque de m’évanouir. Il crie le nom de l’infirmière et j’entends un bruit de cavalcade sur le sol bétonné. Rachel apparaît, auréolée d’une lumière blanche. Elle tripote les boutons d’une machine à côté de moi et la douleur reflue légèrement. De la morphine, sans doute…

-Qu’est ce… qu’il m’est arrivé ?

Enfin j’ai réussi à boucler ma phrase. Ma bouche devient peu à peu pâteuse sous les effets de l’antidouleur mais je me sens un peu mieux. Moyno se rassit sur la chaise près de mon lit et se tapote nerveusement les lèvres. Rachel ne dit rien mais s’éloigne quelques secondes et revient avec un miroir. Moyno amorce un geste pour l’arrêter mais se retient finalement. Qu’est-ce qu’il veut me cacher ?
L’infirmière place le miroir bien en face de mon visage et un violent haut-le-cœur me prend et je comprends soudainement d’où vient l’odeur de bacon. De ma propre face.

-La valise était piégée. murmure Moyno
-T’as de la chance d’être encore en vie et de ne pas avoir avalé d’acide. ajoute Rachel

Une larme coule le long de mon visage défiguré. Moi qui possédais tant de charisme je ne ressemble plus à rien. De petites cloques rouges et purulentes forment des cicatrices hideuses sur mes joues et mon front, l’un de mes sourcils a tout bonnement disparu et mon oreille droite a presque fondue. Je suis laid.

-Ne t’en fait pas trop pour les cicatrices. Elles seront moins… dégueulasses dans une semaine ou deux. Mais elles resteront visibles, je ne te le cache pas. m’annonce Rachel avec son manque d’empathie habituel.

Je ne réponds pas. Je suis devenu un monstre, les autres vont se foutre de ma gueule. Je ne suis même pas foutu d’ouvrir une valise sans en déclencher le piège. Je ne savais même pas qu’elle était piégée… je ne l’ai même pas envisagé. Quel con.
Moyno toussote.

-On a quand même pu récupérer les documents grâce à toi. On en a envoyé des reproductions à Aquila et Duc, ils devraient les recevoir dans quelques jours… C’est un mal pour un bien.

J’ai envie de l’insulter. Le monde pourrait s’écrouler sans que cela m’atteigne. Je suis devenu laid. Rachel soupire et s’assied sur le lit en prenant soin de ne pas m’écraser.

-Écoute Lynot. On sait que tu t’aimes plus que tout, mais c’est pas une raison pour laisser tomber l’Apostolat. Pour l’instant il faut que tu te reposes, mais dès que tu iras mieux tu devras reprendre tes activités. Parce que l’avenir du monde est quand même plus important que ta face.

Cette fille a toujours un franc-parler dérangeant. Elle me rappelle Vellere, par certains aspects, et ce n’est pas un compliment pour elle. L’ennui c’est qu’elle a raison, et je ne veux pas l’admettre. Parce que, merde, mon visage était sûrement le plus gracieux de tout l’Apostolat. J’aurais pu servir de modèle pour les affiches de recrutement… et maintenant c’est foutu. Une nouvelle douleur fleurit, dans mon estomac cette fois-ci. Je me plie en deux, hoquetant sous l’impact du coup de poing que Rachel m’a envoyé dans le ventre. Tu parles d’une infirmière…

-T’es qu’une merde égocentriste.

Elle se lève et quitte la pièce. Flamboyante brune aux yeux noirs comme l’encre et à l’accent ibère. Quelle connasse…
Je me sens encore plus mal maintenant. Je me recroqueville sur mon lit et tourne le dos à Moyno. Ce dernier se lève et sort sans un mot. Il doit m’en vouloir aussi… Quel manque d’empathie.

En plus je ne sais même pas ce qu’il y avait sur ces documents. Fait chier.


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