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L'Apostolat des Oiseaux


Par : Loiseau
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 14 : Les étoiles me murmure à l'oreille...


Publié le 24/01/2014 à 00:29:22 par Loiseau

[c]Threskion

Les étoiles me murmurent à l’oreille des choses que vous ne pouvez concevoir que dans vos rêves les plus cosmiques
[/c]


Allongé sur le dos dans un hamac de soie blanche je contemple le firmament constellé au-dessus de moi. Un vent léger souffle, caressant ma peau tannée par le soleil. De la fumée blanche s’élève du fourneau de ma longue pipe de nacre, tournoyant dans l’air frais de la nuit orientale et prenant, selon mes désirs, de furtives formes kabbalistiques. Du moins en ai-je l’impression.
Je pourrais émettre un nombre faramineux de reproches à l’encontre du Sultanat d’Arabie où je vis actuellement. Mais je dois également reconnaitre que la nuit y est superbe. De ma tour en bordure d’Al-Qamar je pourrais presque compter chaque étoile du ciel. En cette heure tardive, les bruits de la ville se sont tût et ne me dérangent pas dans mes méditations. Si je regarde par-dessus le parapet de mon perchoir, je peux parfois apercevoir une patrouille nocturne qui surveille les rues en quête d’un éventuel pécheur à énucléer. Un puissant parfum, mélange enivrant d’eau de rose, d’épices, de cuir et de sueur musquée, flotte dans l’air comme chaque soir, résidus fantomatiques des odeurs de la journée. Du doigt je caresse la tranche ornée d’un lourd livre d’Hermès Trismégiste. L’un des derniers exemplaires existants. Si la police religieuse venait à l’apprendre, je serai torturé et lapidé avant que mon cadavre ne soit abandonné dans le désert, à la merci des vautours. Fort heureusement, la police ne montera jamais ici, et quand bien-même elle le ferait les vautours sont mes amis.
Laissant ma tête retomber sur le petit coussin qui me sert d’oreiller, je repense à mes amis Apôtres. Tous tentent de lutter de leur côté et nous n’agissons jamais en groupe, afin d’éviter que deux Apôtres ou plus soient capturés en même-temps. Quelque part ça doit jouer en notre défaveur, nous manquons de cohésion… Puis ça fait un long moment que nous ne nous sommes pas réunis, même si j’imagine qu’avec la mort d’Adrea annoncée par l’AEA Vellere ou Duc ne sauraient tarder à organiser un Concile. Ils doivent simplement attendre une confirmation d’Aquila.
Mon regard s’aventure dans les cieux comme un enfant curieux dans une forêt nouvelle et enchanteresse. Et comme un enfant, il s’y perd pendant des heures. Je ne parle pas, je ne bouge pas, je ne dors pas non plus, mais je rêve. Devant mes yeux s’étale une ville composée d’étoiles. Des gens courent dans tous les sens, la peur déforme leurs visages. Dans le ciel, une forme noire passe, inquiétante. Dans une bibliothèque, un homme avale un poison violent. Ailleurs, un autre se fait torturer cruellement. Je vois des Rédempteurs défoncer avec haine la porte de ma tour et y pénétrer, ravageant tous mes travaux au passage.
Je réintègre d’un seul coup mon corps et me redresse, mal à l’aise. Je me précipite à l’intérieur de la pièce principale de la tour, abandonnant le confort de mon hamac, et saisit un portable. Je compose fébrilement le numéro de la plateforme de cryptage qui me mettra en communication avec Vellere. Encore une invention plus que pratique de Pelecanus. Ce sont des plateformes téléphoniques que l’on doit appeler et qui crypteront notre appel. Au lieu d’entendre la véritable conversation, tout espion éventuel n’aura droit qu’à un dialogue préenregistré variant légèrement à chaque fois. Simple et efficace.
Après quelques secondes sans réponse, mon correspondant fini par décrocher.

-Vellere ?
-Ouais.

Sa voix me paraît très lointaine, et ce n’est pas seulement dû à la qualité médiocre de l’appel.

-Faut à tout prix organiser un concile, j’ai quelque chose de primordial à vous dire.
-Si c’est encore à propos de ta théorie sur les combinaisons pare-balles en peau de manchot tu peux…
-Non !

Je sens Vellere sur le point de raccrocher, il a visiblement l’air préoccupé. J’enchaine rapidement.

-J’ai eu une vision !
-Ah.
-Prémonitoire.
-Une bonne nouvelle ?
-Pas vraiment. C’est pour ça que je dois vous voir tous.
-Demande à Duc de s’en occuper. Je n’ai pas le temps d’organiser un Concile.
-Je ne peux pas, tous les appels vers la NER sont bloqués depuis le Sultanat.
-Même via les plateformes ?
-Ouaip.

Le Vautour semble se plonger dans une intense réflexion. Il soupire.

-Bon. Je vous recontacterai tous en même temps quand j’aurai trouvé un endroit où tenir un Concile digne de ce nom.
-Non mais… vite. De préférence.
-Threskion, je ne peux pas réunir des gens qui se trouvent aux quatre coins du globe en quelques jours. Rien que contacter Aquila me prendra des plombes !
-Ben… Fait aussi vite que possible, c’est vraiment important.
-Je comprends. T’inquiètes pas je ferai de mon mieux.
-Merci… Ben alors je te souhaite une excellente soi…

Il raccroche sans rien ajouter. Bizarre, il n’est pas comme ça habituellement. Le soleil du désert doit commencer à lui cramer les neurones.

Je retourne sur mon hamac et attrape un cahier et un stylo.

[c]Le songe de l’alchimiste

J’ai vu dans les cieux
Sous le dôme d’un théâtre étoilé
Une tragédie se jouer
Au dénouement ténébreux
Hermétique tel le Grand Œuvre
Une prophétie s’écrit peu à peu
Dans l’ombre où le Destin manœuvre
Les cartes sont faussées et les dés sonnent creux

Combien tomberont, qui peut le dire ?
Seul un dieu omniscient ou un puissant devin
Moi, alchimiste ayant perçu l’avenir
Ne puis que spéculer, ne suis certain de rien
Des Plaies frapperont le monde à nouveau
Comme une purification pour un autre futur
Et les Juges pourront succéder aux oiseaux
Qui ouvriront la voie du son de leurs murmures
[/c]


Je referme mon cahier et respire une grande goulée d’air frais. Il faudra que je termine ce poème avant la Fin. Et si j’en crois ma vision, elle n’est pas si lointaine.
Une certitude soudaine grandit en moi. Il est temps de passer à l’action, de faire bouger les choses de manière plus directe.

Je rentre à nouveau dans la pièce principale et m’approche de ma table d’alchimie. Un épais livre de Paracelse trône au sommet d’une pile de feuilles de notes. Je le récupère délicatement, le pose sur une étagère et commence à examiner la pile susnommée. Certains de mes travaux n’ont servi à rien, il me faut l’admettre. Mais d’autres étaient prometteurs et c’est vers eux qu’il faut que je me tourne. Une feuille noircie d’encre attire mon attention plus que les autres et un sourire naît sur mon visage.

Ça va péter. Au sens le plus littéral possible.


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