Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Red Brenn


Par : Conan
Genre : Polar, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 40 : Martin Luis


Publié le 19/05/2013 à 18:22:21 par Conan

Le tueur est assis à la table de la salle d'interrogatoire, froide et sombre. Seul. Je l'observe à travers le miroir sans teint en sirotant mon café et me frottant mes poings et mes poignets douloureux et meurtris par les coups.

Un collègue, Jo, entre dans la pièce. Les manches de sa chemise, ouverte jusqu'au haut du torse, dévoilant d'anciens tatouages de taulard recouverts par une pilosité hirsute, son retroussées au dessus de ses puissants avant-bras.
-Tu t'en occupes ? Me demande-t-il.
-Ouais.

Je finis mon gobelet que je jette dans la corbeille, et passe la porte reliant ma pièce à celle située de l'autre coté de la vitre.

Le prisonnier a un mouvement de sursaut lorsqu'il me voit arriver. Une moitié de son visage est tuméfiée, violacée par les coups qu'il a reçus. Il me regarde de son œil encore ouvert, masquant mal sa hantise et l'envie qu'il a d'être n'importe où sauf ici, face à moi. D'un air peu assuré, il me lance, chevrotant :
-Alors comme ça, c'est toi, ce flic que tout le monde cherche.

Je fais fi de sa « provocation » et, posant mes mains à plat sur la table, lui demande :
-Martin Luis, sans emploi, condamné à deux reprises pour voie de fait et escroquerie. T'as l'air d'avoir pris du galon depuis ton séjour en taule.
Il se tait. Je continue :
-Comment on passe d'arnaqueur à la manque, obligé de voler la retraite des petits vieux pour pouvoir se payer des costards Armani, à tueur à gages pour le compte du Hollandais ?
-Qui ça ?
-Horatio Vanderbeke, ça te parle ?
Il fait la moue.
-Tu te trompes, flic. J'le connais pas ton gars.
-C'est con, pourtant c'est bien lui qui t'a demandé de liquider Meyer, et de ne laisser aucune trace. On a retrouvé son numéro dans ton portable, et notamment un appel que tu lui a passé, une dizaine de minutes avant d'aller faire le ménage chez lui.

Il baisse les yeux en prenant un air haineux. J'enfonce encore le clou.
-Va falloir passer au tiroir-caisse, Luis. Parce que là, c'qui t'attend, c'est pas six mois à la maison de correction de Clermont, mais trente ans, minimum, à la Santé. Sans remise de peine.
Toujours pas de réponse. Il m'encourage à continuer sur ma lancée.
-En plus de l'alcool a brûler, on a aussi retrouvé de la chaux que t'avais entreposée dans la salle de bain, à coté du cadavre de la femme de Meyer et de son gosse. Tu vois de qui je parle ? La jeune femme avec dix balle dans le dos, et son gamin, a moitié éventré, parce qu'un môme de deux ans peut pas supporter plus de trois balles de neuf millimètres dans le corps sans qu'il ne s'ouvre comme une mangue. Non content de les buter, t'allais foutre tout le monde dans la baignoire et dissoudre tout ça, avant de mettre le feu à l’appartement. C'est fini, Martin. T'as perdu.

Il lève les yeux vers moi, et souris d'un air goguenard.
-J'ai peut-être perdu, flic, mais toi t'es déjà au fond du trou.
Je le fixe du regard sans sourciller.
-Tu vois, j'ai qu'un seul regret, continue-t-il. C'est qu'elle a pas assez gueulé. La tienne, quand on l'a butée, elle chouinait ?

Ma main se dresse dans les airs et ma paume vient s’abattre contre sa joue. Il tombe de sa chaise. Je l'attrape par le col et le plaque contre un mur. Jo débarque dans la pièce, accompagné de deux agents en tenue qui tentent de me maîtriser. Je ne me laisse pas faire, je reste accroché, déchirant sa chemise. Foutu costard en soie.
Alors que mes collègues me sortent de force, je hurle à son encontre :
-C'est pas fini, Luis ! Loin de là ! Quand j'en aurais fini avec toi, tu me supplieras d'écouter tout ce que t'as à me dire ! Tu crèveras en taule seul comme une merde !

Son rictus est la dernière image que j'ai de lui. Ce petit sourire narquois qu'il me lance juste après avoir protesté contre la violence policière, hurlant au scandale et à la bavure.


Je tourne dans le poste comme un lion en cage jusqu'à la fin du service avant de rentrer chez moi.

Je suis désespéré en voyant le taudis qu'est devenu mon appartement. Mais au moins, il n'y a plus une goutte d'alcool pour me tenter. C'est déjà ça.

La douleur dans mon bras revient. C'est difficile de la cacher à mes collègues. Je retire ma chemise et mon débardeur. La plaie s'est rouverte et a imbibé le pansement de sang. Je fais mes soins au dessus du lavabo, devant le petit miroir de l'armoire à pharmacie.

Une fois le travail terminé, j'avale deux antidouleurs, puis je prends mon téléphone.
-Allô ?
-Allô, Titi ? Je l'ai logé.
-Où ?
-Pas au téléphone. Je t’appelle juste pour te dire de te tenir prêt. Je passe te prendre demain soir.
-J'ai quelque chose à prévoir ?
-Du lourd.

Je raccroche. Il faut que je prépare mon matériel.

Je sors de mon appartement et descends au deuxième sous-sol, à la cave. J'espère que je l'ai encore.

J'ouvre mon petit local, et fouille dans un carton poussiéreux, couvert de toiles d'araignées. J'en sors divers sachets plastiques. Puis je le trouve enfin. Vieux, certes, mais encore utilisable. Mon gilet de combat. Celui que je portais, il y a vingt ans de ça, pendant la guerre civile.


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