Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

La mésaventure d'Aliz


Par : PaulAllender
Genre : Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 13 : Que des bâtards de barbares


Publié le 26/02/2012 à 20:05:23 par PaulAllender

Vous voyez, c'est dans ces moments qu'on voit que le système est vraiment mal foutu... Quand il fallait échanger des terroristes palestiniens contre un journaliste juif, ils en faisaient sorti 200 en 30 minutes, mais là, une heure plus tard, le type en question n'était toujours pas libéré, et le deuxième mec auquel on avait mit un gilet - une sorte de british mal coiffé et mal rasé - se fit lui aussi exploser devant les barricades de ce poulailler mobile couvert de tripes.



-Dépêchez vous, ou sinon tout le monde va y rester ! hurlait ce taré en riant dans le téléphone

Je n'en pouvais vraiment plus, j'étais dehors, aspergé de sang une fois de plus, face aux flics, et tout ce que je pouvais faire, c'était... rien, en fait. Les minutes défilaient rapidement, beaucoup plus rapidement qu'à la normale. C'est marrant de se dire qu'une heure de cours en paraissait quatre et que celle qui allait être ma dernière ne semblait qu'un court quart d'heure. Ça y est, là, c'était vraiment fini, mes rêves de grandeur, de changement et de réussite tombaient à l'eau, mon destin était-il réellement de mourir ici, à 17 ans, la veille de Noël, dans une prise d'otage à laquelle je n'aurais même pas du participer ? Avais-je tant besoin que ça de sauver celle que j'aimais ? C'est comme ça qu'on se rend compte que l'amour nous pousse à faire des choses vraiment connes des fois. Je venais de réaliser que j'allais bientôt donner ma vie pour sauver celle d'Aliz, quand même, c'était vraiment le comble de l'amour ça, nan ? J'allais mourir et l'aimer même dans la mort, tandis qu'elle allait vivre et en aimer d'autres... Quelle connerie... Enfin, mon destin était déjà en marche, et il n'était plus possible de reculer, peut-être l'avais-je un peu trop forcé ? De ma rencontre avec Aliz à tout ce que j'avais fait pour elle, ma vie avait pris une drôle de tournure, et je venais seulement d'en prendre conscience.

-Toi, rentre !

Le type me fit finalement rentrer à l'intérieur de la banque en me jetant encore au sol.

-Alors, pas trop stressé ? Ça angoisse tout le monde le moment où on sait qu'on va mourir, c'est normal. ria-t-il
-...
-Ouais, ça a pris une tournure bordélique, on a un peu défait les plans du patron, mais bon, on a tout fait pendant que lui il doit être entrain de dormir ou de prendre son petit déjeuner... Ok, il nous a fournit les armes, les costumes, les plans de la banque, il a tout élaboré, mais bon... En fait, à part te foutre ce gilet en particulier et faire le virement, on a rien fait de ce qui était prévu ! Mais le temps qu'il s'en rende compte, on sera déjà loin ! dit-il en manquant de s'étrangler de rire.

Les minutes passèrent, et, alors que les flics s'apprêtaient à passer à l'action (chose que nous ignorions sur le moment), que cinq petites minutes me séparaient de ma mort, sept explosions se firent entendre en une seule. Dans le même temps, un immense nuage de bombe lacrymogène avait envahit l'endroit, nous forçant tous à ramper du mieux que nous pouvions vers la sortie pour éviter l'asphyxie. Personne n'avait rien compris, les sept braqueurs avaient tous explosé, exactement comme les deux autres otages de tout à l'heure. On crut tout d'abord à une mauvaise manipulation du détonateur avec lequel ils se seraient tous fait sauter accidentellement, mais ceci n'expliquait pas pourquoi moi, j'étais intact. Après analyse, les démineurs remarquèrent qu'un câble important du dispositif d'explosion de mon gilet était très mal soudé, ce qui l'avait empêcher d'être effectif. J'avais donc eu de la chance ?
C'était quand même suspect, pourquoi ces sept cons se seraient fait sauter accidentellement ? On voyait bien que c'était des pros pourtant, yavait un truc louche là dessous, mais ces abrutis de flics étaient trop aveugles pour le voir. Ceci dit, l'affaire (d'une violence rare) fit beaucoup de bruit, j'avais même reçu une proposition de France 2 qui voulait faire un reportage là dessus, mais j'avais refusé, je voulais en finir avec cette histoire... J'avais également eu le droit à un interrogatoire presque musclée de la part d'un jeune inspecteur qui rêvait d'avancement, c'était l'inspecteur Duchemin. D'ailleurs, c'était, à ce moment, la première fois que nos chemins se croisaient, car j'ai eu plusieurs fois à faire à lui dans ma vie... Mais je vais un peu vite en besogne, nous reparlerons de tout ceci en temps voulu ; reprenons, si vous voulez bien.
Donc, on me laissa repartir du commissariat après avoir pris ma déposition, et, vers 16h, j'allais sonner chez Aliz. Elle m'ouvrit la porte quasi immédiatement, au bord des larmes, avant de sauter dans mes bras en me serrant si fort que j'ai bien cru que son étreinte me serait fatale.

-Putain Ace, j'ai cru que t'allais crever, quand j'ai vu à la télé qu'ils diffusaient la prise d'otage, quand je t'ai vu dehors entrain d'attendre avec ce gilet alors qu'ils faisaient sauter les autres j'ai... Putain, refais plus jamais ça bordel !

Et elle pleura de plus belle en s'accrochant à mon col, inondant presque mes épaules sur lesquelles avait pesé un lourd fardeau durant cette affreuse matinée.

-C'est bon, j'vais bien, t'inquiète...
-Putain ouais... dit-elle en essuyant ses larmes 

Son mascara et son crayon avaient coulé sur ses joues, et elle tentait d'essuyer ses trainées cendrées tant bien que mal.

-Bordel, j'dois être trop cheum comme ça... dit-elle en détournant le regard
-Dis pas ça... lui souriai-je
-C'est la vérité... dit-elle en un rictus à peine maquillé
-Nan... T'es carrément hideuse...
-Pfff p'tit con va ! ria-t-elle
-Mais depuis quand t'es là en fait ?
-Depuis 9h10 environ... Pourquoi ?
-Putain, dire que j'aurais pu ne même pas avoir à faire ça...
-Hein ?
-T'étais déjà libre & chez toi alors que j'étais même pas encore dans la banque putain... 
-... Du sale putain...
-J'ai fait ça pour rien...
-Nan, sinon Fomalhaut m'aurait sûrement pas laisser tranquille...
-Et lui d'ailleurs, il est passé où ?
-Pas d'nouvelles, il a l'air d'avoir disparu...
-Quel enfoiré... Tant mieux, qu'on l'revoit plus...
-Ouais, qu'il aille au Diable... 
-...Quel fils de pute quand même...
-Pire...
-...
-...Putain Ace, je sais même pas quoi t'dire, après tout c'que t'as fait pour moi... Je... Putain, c'est ouf...
-Dis rien va...
-Nan, c'est juste que... J'comprends pas pourquoi tu fais tout ça pour moi... me confessa-t-elle
-Mais... C'est pourtant évident nan ? C'est parc'que j't'aime, rien d'plus
-... Je... Tu, tu m'aimes ?
-... Bah... Ouais ? Ça crève pas un peu les yeux après tout ça... ?
-Nan mais... Non le truc c'est que, enfin, si, ça crève les yeux, et je...
-Tu... ?
-Je... Je...
-Pfff... Laisse tomber..

Je me retournai et commençai à traverser le couloir de son immeuble en pressant le pas. Son discours m'avait écœuré, après tout c'que j'avais fait, elle était même pas foutue de dire un mot gentil, pétasse !

-Putain mais Ace, attend !
-Quoi encore ?!
-Moi aussi j'ressens la même chose, j'tiens vraiment trop à toi tu vois, et j'aimerais pouvoir te l'dire mais... J'... J'arrive pas, ça bloque, ça veut pas sortir !
-Tu m'fais pas confiance ? J'suis pas assez bien pour toi ?
-Putain Ace, arrête de faire le gosse, tu comprends pas que j'ai juste du mal à exprimer c'que j'ressens ? Arrête de tout ramener à toi, j'.. J'arrive juste pas à te l'dire, mais putain, pour toi ya qu'les mots qui comptent ?! L'amour c'est pas que d'la prose mignonne et des mots doux, alors arrête ça bordel ! J'peux te l'prouver autrement que par des mots !
-Ecoute, tout ça j'veux bien, mais comment t'peux vouloir me prouver un truc que t'arrives même pas à m'dire...?
-Ace... Je... C'est diffiile putain...
-Pourquoi ça... ? Pourquoi tout est si compliqué avec toi ?
-T'sais, la seule fois où j'ai dit à un mec que j'l'aimais il... Il m'a violée putain... J'avais 13 ans, il en avait 16, c'était le fils d'un des nombreux mecs que ma mère a eu... On se voyait souvent du coup, et il devait me garder pendant qu'ils allaient au resto un soir. Moi j'étais trop en admiration devant lui, il avait 16 piges, à 13 ans c'est juste wow... Et ça ouais, il m'a bien gardé...
-Oh putain... Aliz, je...
-Il m'a fait lui tailler des putains de grosses pipes, et... et, moi j'l'aimais vraiment à l'époque, j'étais jeune, et j'savais pas... Et putain, j'lui ai dit que j'l'aimais, il m'a dit "prouve le", j'ai dit "comment ?", il a dit "laisse toi faire, et tu verras"... Putain Ace, voilà, t'es content maintenant ? T'es content, t'as eu ta réponse ?

Elle pleurait à chaudes larmes, toutes ces perles salées qui coulaient de ses yeux ruisselaient sur le sol du couloir de l'appartement En tombant, elles résonnaient dans mon cœur, meurtri, comme sa fierté en me racontant cette histoire, tel le bris d'une perle de nacre en s'écrasant au sol depuis la tour Eiffel. Ouais, cette hauteur résumait l'ampleur de ma chute après ça. 

-.... Aliz...

Elle détourna le regard et n'osa me regarder dans les yeux, comme si elle avait développé une certaine honte, une certaine pudeur en me mettant ainsi son cœur à nu ; nul doute que ce douloureux secret devait lui empoisonner l'existence depuis 4 ans déjà.

-... Je savais pas...
-Évidemment que tu savais pas...
-Putain... J'suis désolé...
-Nan, c'moi qui suis désolée..
-... Tu t'souviens d'son nom ?
-... Marco...
-Marco comment ?
-Marco... Marco Torelli... dit-elle presque terrifiée
-Bon... Bah on va pouvoir s'en occuper.
-Comment ça... ?
-Il t'a violée putain ! Tu crois pas qu'il mérite de souffrir pour ce qu'il t'a fait ?!
-C'est de l'histoire ancienne maintenant et...
-Nan, nan. T'sais, quand je vois comment ça t'perturbe aujourd'hui encore, j'me doute qu'c'est pas d'l'histoire ancienne.
-...
-J'vais l'trouver, et j'vais lui péter toutes ses dents à ce taré. Ce connard a 20 piges aujourd'hui, il est en âge de payer pour ces conneries.
-Ace...
-Aller, viens, on rentre. Et on va pister ce fils de pute.
-Merci... Merci pour tout c'que tu fais pour moi....
-... T'inquiète.

Un proxy, quelques clics sur Facebook, des photos prises sur google, un faux compte de créé, une demande d'amitié & une conversation hot... Pas difficile d'attirer ce pervers, tellement que le soir même, il nous avait filé rendez-vous prêt de la fontaine St. Michel. Du maquillage, de la laque de couleur, une grosse écharpe, et il n'y avait vu que du feu... Sans qu'il ne la reconnaisse, Aliz l'avait attiré dans une ruelle, sombre et déserte, qui s'avérait être une impasse, au fond de laquelle je les attendais, cagoulé et habillé tout en noir. 
Je sortis de derrière une poubelle et m'approchai d'eux, un poing américain dans la main.



-Wesh ya des hôtels pour ça mon frère, pourquoi t'emmène ta go dans une impasse pour la niquer ?
-Mais t'es qui toi... ?
-Ferme ta gueule !

Je me jetai sur lui et le frappai à la mâchoire, le jetant au sol. Il se mit à pleurer, et tandis que je lui martelai les dents avec mon poing, Aliz s'était écartée et était partie en courant, comme convenu, savourant intérieurement le plaisir de cette vengeance, aussi tardive que jouissive.

-Au fait mec ?
-Humpf ? baragouina-t-il en sanglot
-Joyeux Noël, mon pote ! lui dis-je en lui éclatant le nez avec une énième droite. 


Commentaires