Note de la fic :
Conjuring Book #1
Par : MrBlackOrigami
Genre : Action, Fantastique
Statut : Terminée
Chapitre 5 : L'ENCRE
Publié le 08/07/2012 à 11:14:06 par MrBlackOrigami
CHAPITRE 5 : L’ENCRE
They say we wanted attention
We really need a platform to teach a lesson
Well hey you forgot to mention
We're living for the melody in our head…
Oh are we pretentious ?
Or do we have stories boiling in us ?
Poor fool, you're not gonna get to us
We don't even notice this…
I haven't seen the sun in over sixty-seven days
The time is moving with the heavens when I said to wait
The room is growing smaller and the days are getting shorter
But I have to stay awake cause this could change the world
And it's time to tell the people when nobody will
It's time to bring the life to what I've written with a quill
I must create, then innovate and let it see the light
And when I'm done, I will be changing
Now watch me ignite
Never want to tell myself that what I'm making now is not perfection
You don't want to see it ‘cause I got make it flawless, it'll blind with a vengeance
I can feel the fire in my eyes when I only want to see the ending
Any drop of sweat will start to spread all the ink that I meant to set in
What is it, a feeling ?
No, it's really more, it's a sense of being
Don't ease imperfections
Gotta make it right or we'll just want it back
The keys are in the ceiling
Gotta match a lock to whatever needs healing
Mad tears in the right direction
The shaking notifies us this
Yeah hush and rest your head now
I really feel your mood and what you said now
Your mind is now perfection
You let all your worries with the ink in your skin
The thoughts from your sweat drops
Are left here in my head box
Add this to your collection
Cause I can see your light in this
[Noisestorm - Ignite (None Like Joshua & Veela Remix) ]
- Alors tu t’es finalement décidée ?
- Ai-je eu tort ne serait-ce qu’une seule fois depuis qu’il est ici ?
- Tu sais ce qu’il se produira lorsque ceux descendus dans une fosse remplie d’immondices s’empareront du pouvoir des êtres gouvernants cette horde haineuse, Princesse De Mälheg…
- Et tu sais que c’est pour cela que notre but est de placer sous l’autorité du Conseil blanc ce qui émergera des cendres de cette guerre.
- Notre… but…
Zéphyre, lui qui était si impassible en temps normal, réprima un rire. Fort heureusement, Lyla qui lui tournait le dos ne sembla pas remarquer le fait que ses propos paraissaient risibles à son interlocuteur.
- Je ne te parlais pas de ce peuple qui se meurt mais de Daniel, l’allégorie de tout cela en quelque sorte… souffla l’individu vêtu de blanc.
- Le cœur de cet homme est enveloppé par les ténèbres mais tu sais tout aussi bien que moi qu’au plus profond de cette noirceur se cache une lumière sans nulle autre pareille.
- Si l’on te faisait présent de cette chose, ce don qui te conférerait une puissance sans commune mesure, en supporterais tu le poids ? La lumière... engendre bien trop d'ombres au sein de son porteur...
- …
- Il progresse de jour en jour vers un seul et unique but. Lui-même ne veut point se l’avouer, et pourtant c’est ce qui anime sa plume. Tu ne feras que lui donner ce qu’il cherche et sa rage, sa vengeance, tout cela t’aveuglera et te brulera les yeux. soufflait le vent suffocant.
- Tu as peur. le coupa froidement la femme qui caressait sa montre d’or du bout des doigts.
- … Je crains ne pas avoir saisi ces derniers mots. articula lentement le sceptre d'une voix rauque.
- Tu as peur depuis qu’il est ici, et depuis que tu es ici. Cet effroi qui t’habite… serait-ce ton passé ? dit la princesse en interrogeant le silence.
- Je n’ai pas de passé, ni de futur : rien si ce n’est un présent décadent qui me laisse stoïque telle une pierre face au temps. J’attends. répondit le néant.
- Il sera des nôtres ce soir. trancha le visage voilé.
- Je ne lui laisserai pas de seconde chance, retiens bien cela.
- Kangitsar ira le chercher lorsque l’horloge sonnera l’arrivée de la nuit.
- Il mangera comme à son habitude : seul, enfermé dans sa chambre. Ne penses pas qu’il répondra à ton invitation.
Cela faisait soixante-sept jours que j’étais dans cette chambre qui tombait en lambeaux. Soixante-sept jours que je n’avais pas ressenti le moindre rayon de soleil sur ma peau. Soixante-sept jours que mes doigts saignaient et que mon sang et mon encre imprégnaient cette plume dont la pureté était désormais oubliée. Ces pages trempées de larmes folles. L’hiver raccourcissaient les jours et les ombres engloutissaient peu à peu ce qui ressemblait à une cellule abandonnée par la lumière. Je noircissais les pages de mon grimoire tel un prisonnier consentant, enchaîné à ce bureau centenaire et gardé par deux chandelles vacillantes. J’avais besoin de temps, de toujours plus de temps pour que les feuilles absorbent l’encre de mes yeux et pour tenter de m’expliquer. Je guérissais, de jour en jour mon état s’améliorait, mais ce besoin d’écrire était devenue ma seule obsession. Étais-je seulement capable de témoigner du quart de ce que j’avais vécu depuis que j’étais allongé sur ce lit ? Je m’inspirais de tous ces livres que j’avais lu, que je comprenais à présent. Observations, notes, thèses, hypothèses, théories, théorèmes, recherches, résultats, il fallait que j’en consigne le plus possible dans mes écrits. Abattu par la fatigue, je finissais par reposer ma tête sur l’acajou ancestral, au côté de ma plume tâchée de rouge. On toqua à ma porte, j’invitais celui qui venait chaque soir m’apporter mon triste repas à entrer, d’une voix épuisée.
- Salut l’éclopé ! lancèrent les grelots ironiques.
- Salut le clodo. répliquai-je comme à mon habitude.
- Ca va mieux ta main ?
Ah, ma main, brûlée au troisième dégrée depuis un regrettable accident. Fort Heureusement, j’étais droitier.
- Non, pas vraiment. éludai-je.
- Et pourtant Zéph’ t’avait bien dit de ne rien essayer. dit l'assassin d'un air innocent.
- Je comprends l’utilité de vos gants et de la veste en cuir maintenant. soupirai-je, épuisé par ce manège.
- Naïf. Tu croyais que si le feu était créé par ton âme il ne te brûlerait point ?
- Je voulais juste essayer autre chose que d'expédier les gens contre des murs.
- Très drôle.
- Ca dépend du point de vue… Dis donc, où est mon dîner ?
- Dorénavant je ne jouerai plus au galant serviteur, princesse !
- Plait-il ?
- Tu vas sortir t’aérer mon gars ! Regarde-toi, avec ta barbe et tes cheveux gras : on ne te reconnaîtrait même plus si tu te promenais en ville.
- Comment cela... "sortir" ? dis-je en insistant sur les deux syllabes.
- Au lieu de rester dans ta chambre comme tu le fais depuis un mois, tu vas venir avec moi. Tu as tout de même été convié à la table d’un noble après tout…
- Mais…
- Pas de mais ! Tu ne connais que cette chambre et le couloir derrière cette porte. Tu ne sais même pas combien de gens vivent ici !
- Y aurait il d’autres spécimens dans votre genre ?
- Et comment !
- Nom de Dieu…
- Et dire que tu n’as même pas visité le manoir des De Mähleg ! Enfin, avec ton âme peut être…
- Pas spécialement...
- Et bien c’est l’occasion ! Lève-toi ! T’es capable de marcher, non ? Habille-toi et garde tes bandages bien serrés autour de ta main et de ton torse : je viens te chercher dans un quart-d’heure !
La porte se referma et je fus de nouveau seul dans mon antre. Kangitsar, ce type m’intriguait toujours autant. Je ne savais que très peu de choses sur ceux qui vivaient ici et sur l’objectif commun qu’ils partageaient : les seules informations que je possédais m’avaient été données par l’homme à l’harmonica qui jouait avec ses clochettes. En contrepartie je ne savais rien de lui. La plupart de ceux qui m’avaient rendus visite maîtrisait l'art de la philosophie j’en étais presque certain. Kan’, quant à lui, ne m'avait jamais donné cette impression et disait lui-même qu’il ne savait pas s’en servir. Ses connaissances dans le domaine semblaient pourtant infinies. Comment pouvait-il savoir tout cela ? Qui était- il vraiment ? D’où venait-il ? Toutes ces questions restaient sans réponses. « Ils ont tous des histoires bouillantes en eux » m’avait dit Lyla. Après seulement deux mois passés ici je n’en connaissais toujours aucune. Bien que cela ne m’étonne guère, j’avais tout de même l’impression d’évoluer dans un monde dont je ne connaissais ni les règles, ni les lois. Cela me dérangeait l’esprit et, à vrai dire, sortir de cette chambre m’effrayait : qu’y avait-il en ces murs ? C’était un nouveau moi qui sortirait, l’ancien était mort dans la neige et le métal gelé.
J’étais néanmoins bien obligé d’aller me perdre dans ces dédales de couloirs obscurs : on me faisait comprendre avec diplomatie que je n’avais pas vraiment le choix. Ils voulaient me voir, ah ! « Ils » ! Combien ? Si cet endroit servait de quartier général à la résistance contre le royaume, il était certain que des dizaines, peut-être des centaines de personnes étaient cachées dans ces entrailles qui m'avaient accueilli alors que j'étais aux portes de la mort. C’était immense, je le savais. Peut-être était-ce ce que j’avais perçu lorsque mon âme sortait de son réceptacle de chair ou peut-être était-ce tout simplement cette impression paradoxale de claustrophobie face aux choses trop immenses. Londres noircissait de son ombre les plaines et les mers dominées par le palais royal qui s’apparentait à une montagne à la poursuite des nuages. La demeure des De Mähleg s’étendait sûrement sur les cieux et dans les catacombes de l’ancienne citée légendaire. Cet univers qui était le mien, c’était un enfer de mécanismes, de rouages, de vapeur et de vie. Y avait-il une ville comparable à celle-ci de par le monde ? Le monde… trop immense pour être cartographié. Voyager était une quête sans fin sur cette terre. Mais qui pouvait songer à ces choses ici ? Le reste du monde en dehors du royaume était inconnu pour tous ces gens. Ils ne savaient même pas contre quels pays ils se battaient et si ces derniers existaient vraiment. Le moindre étranger leur apparaissait comme une créature venu d’une autre dimension…
Ces pensées me firent réaliser avec stupéfaction que tous ceux que j’avais vus dans ce manoir, hormis Lyla, venaient sûrement d’autres terres, étrangères à celles du royaume. Leur physionomie, leur accent, leurs connaissances, tout cela convergeait dans ce sens. Il y aurait donc d’autres peuples qui se soulèveraient contre la tyrannie que nous subissions ?
Anastasia venait sans doute des régions polaires et Kangistar devait être un voyageur, un homme ne vivant que pour l’aventure. Ils étaient sûrement venus à Londres dans un but précis… Merde, j’aurais mieux fait de réfléchir à tout cela au lieu de passer mes nuits et mes jours à graver les pensées qui m’obsédaient sur ce papier torturé par ma plume. Il fallait que je remédie à cette lacune : je devais en savoir plus sur ce manoir et ses habitants.
[ Note de l'auteur : la musique du début prête bien sûr à interprétation. Je vous invite à regarder le clip et à deviner qui peuvent incarner les deux chanteurs ]
They say we wanted attention
We really need a platform to teach a lesson
Well hey you forgot to mention
We're living for the melody in our head…
Oh are we pretentious ?
Or do we have stories boiling in us ?
Poor fool, you're not gonna get to us
We don't even notice this…
I haven't seen the sun in over sixty-seven days
The time is moving with the heavens when I said to wait
The room is growing smaller and the days are getting shorter
But I have to stay awake cause this could change the world
And it's time to tell the people when nobody will
It's time to bring the life to what I've written with a quill
I must create, then innovate and let it see the light
And when I'm done, I will be changing
Now watch me ignite
Never want to tell myself that what I'm making now is not perfection
You don't want to see it ‘cause I got make it flawless, it'll blind with a vengeance
I can feel the fire in my eyes when I only want to see the ending
Any drop of sweat will start to spread all the ink that I meant to set in
What is it, a feeling ?
No, it's really more, it's a sense of being
Don't ease imperfections
Gotta make it right or we'll just want it back
The keys are in the ceiling
Gotta match a lock to whatever needs healing
Mad tears in the right direction
The shaking notifies us this
Yeah hush and rest your head now
I really feel your mood and what you said now
Your mind is now perfection
You let all your worries with the ink in your skin
The thoughts from your sweat drops
Are left here in my head box
Add this to your collection
Cause I can see your light in this
[Noisestorm - Ignite (None Like Joshua & Veela Remix) ]
- Alors tu t’es finalement décidée ?
- Ai-je eu tort ne serait-ce qu’une seule fois depuis qu’il est ici ?
- Tu sais ce qu’il se produira lorsque ceux descendus dans une fosse remplie d’immondices s’empareront du pouvoir des êtres gouvernants cette horde haineuse, Princesse De Mälheg…
- Et tu sais que c’est pour cela que notre but est de placer sous l’autorité du Conseil blanc ce qui émergera des cendres de cette guerre.
- Notre… but…
Zéphyre, lui qui était si impassible en temps normal, réprima un rire. Fort heureusement, Lyla qui lui tournait le dos ne sembla pas remarquer le fait que ses propos paraissaient risibles à son interlocuteur.
- Je ne te parlais pas de ce peuple qui se meurt mais de Daniel, l’allégorie de tout cela en quelque sorte… souffla l’individu vêtu de blanc.
- Le cœur de cet homme est enveloppé par les ténèbres mais tu sais tout aussi bien que moi qu’au plus profond de cette noirceur se cache une lumière sans nulle autre pareille.
- Si l’on te faisait présent de cette chose, ce don qui te conférerait une puissance sans commune mesure, en supporterais tu le poids ? La lumière... engendre bien trop d'ombres au sein de son porteur...
- …
- Il progresse de jour en jour vers un seul et unique but. Lui-même ne veut point se l’avouer, et pourtant c’est ce qui anime sa plume. Tu ne feras que lui donner ce qu’il cherche et sa rage, sa vengeance, tout cela t’aveuglera et te brulera les yeux. soufflait le vent suffocant.
- Tu as peur. le coupa froidement la femme qui caressait sa montre d’or du bout des doigts.
- … Je crains ne pas avoir saisi ces derniers mots. articula lentement le sceptre d'une voix rauque.
- Tu as peur depuis qu’il est ici, et depuis que tu es ici. Cet effroi qui t’habite… serait-ce ton passé ? dit la princesse en interrogeant le silence.
- Je n’ai pas de passé, ni de futur : rien si ce n’est un présent décadent qui me laisse stoïque telle une pierre face au temps. J’attends. répondit le néant.
- Il sera des nôtres ce soir. trancha le visage voilé.
- Je ne lui laisserai pas de seconde chance, retiens bien cela.
- Kangitsar ira le chercher lorsque l’horloge sonnera l’arrivée de la nuit.
- Il mangera comme à son habitude : seul, enfermé dans sa chambre. Ne penses pas qu’il répondra à ton invitation.
Cela faisait soixante-sept jours que j’étais dans cette chambre qui tombait en lambeaux. Soixante-sept jours que je n’avais pas ressenti le moindre rayon de soleil sur ma peau. Soixante-sept jours que mes doigts saignaient et que mon sang et mon encre imprégnaient cette plume dont la pureté était désormais oubliée. Ces pages trempées de larmes folles. L’hiver raccourcissaient les jours et les ombres engloutissaient peu à peu ce qui ressemblait à une cellule abandonnée par la lumière. Je noircissais les pages de mon grimoire tel un prisonnier consentant, enchaîné à ce bureau centenaire et gardé par deux chandelles vacillantes. J’avais besoin de temps, de toujours plus de temps pour que les feuilles absorbent l’encre de mes yeux et pour tenter de m’expliquer. Je guérissais, de jour en jour mon état s’améliorait, mais ce besoin d’écrire était devenue ma seule obsession. Étais-je seulement capable de témoigner du quart de ce que j’avais vécu depuis que j’étais allongé sur ce lit ? Je m’inspirais de tous ces livres que j’avais lu, que je comprenais à présent. Observations, notes, thèses, hypothèses, théories, théorèmes, recherches, résultats, il fallait que j’en consigne le plus possible dans mes écrits. Abattu par la fatigue, je finissais par reposer ma tête sur l’acajou ancestral, au côté de ma plume tâchée de rouge. On toqua à ma porte, j’invitais celui qui venait chaque soir m’apporter mon triste repas à entrer, d’une voix épuisée.
- Salut l’éclopé ! lancèrent les grelots ironiques.
- Salut le clodo. répliquai-je comme à mon habitude.
- Ca va mieux ta main ?
Ah, ma main, brûlée au troisième dégrée depuis un regrettable accident. Fort Heureusement, j’étais droitier.
- Non, pas vraiment. éludai-je.
- Et pourtant Zéph’ t’avait bien dit de ne rien essayer. dit l'assassin d'un air innocent.
- Je comprends l’utilité de vos gants et de la veste en cuir maintenant. soupirai-je, épuisé par ce manège.
- Naïf. Tu croyais que si le feu était créé par ton âme il ne te brûlerait point ?
- Je voulais juste essayer autre chose que d'expédier les gens contre des murs.
- Très drôle.
- Ca dépend du point de vue… Dis donc, où est mon dîner ?
- Dorénavant je ne jouerai plus au galant serviteur, princesse !
- Plait-il ?
- Tu vas sortir t’aérer mon gars ! Regarde-toi, avec ta barbe et tes cheveux gras : on ne te reconnaîtrait même plus si tu te promenais en ville.
- Comment cela... "sortir" ? dis-je en insistant sur les deux syllabes.
- Au lieu de rester dans ta chambre comme tu le fais depuis un mois, tu vas venir avec moi. Tu as tout de même été convié à la table d’un noble après tout…
- Mais…
- Pas de mais ! Tu ne connais que cette chambre et le couloir derrière cette porte. Tu ne sais même pas combien de gens vivent ici !
- Y aurait il d’autres spécimens dans votre genre ?
- Et comment !
- Nom de Dieu…
- Et dire que tu n’as même pas visité le manoir des De Mähleg ! Enfin, avec ton âme peut être…
- Pas spécialement...
- Et bien c’est l’occasion ! Lève-toi ! T’es capable de marcher, non ? Habille-toi et garde tes bandages bien serrés autour de ta main et de ton torse : je viens te chercher dans un quart-d’heure !
La porte se referma et je fus de nouveau seul dans mon antre. Kangitsar, ce type m’intriguait toujours autant. Je ne savais que très peu de choses sur ceux qui vivaient ici et sur l’objectif commun qu’ils partageaient : les seules informations que je possédais m’avaient été données par l’homme à l’harmonica qui jouait avec ses clochettes. En contrepartie je ne savais rien de lui. La plupart de ceux qui m’avaient rendus visite maîtrisait l'art de la philosophie j’en étais presque certain. Kan’, quant à lui, ne m'avait jamais donné cette impression et disait lui-même qu’il ne savait pas s’en servir. Ses connaissances dans le domaine semblaient pourtant infinies. Comment pouvait-il savoir tout cela ? Qui était- il vraiment ? D’où venait-il ? Toutes ces questions restaient sans réponses. « Ils ont tous des histoires bouillantes en eux » m’avait dit Lyla. Après seulement deux mois passés ici je n’en connaissais toujours aucune. Bien que cela ne m’étonne guère, j’avais tout de même l’impression d’évoluer dans un monde dont je ne connaissais ni les règles, ni les lois. Cela me dérangeait l’esprit et, à vrai dire, sortir de cette chambre m’effrayait : qu’y avait-il en ces murs ? C’était un nouveau moi qui sortirait, l’ancien était mort dans la neige et le métal gelé.
J’étais néanmoins bien obligé d’aller me perdre dans ces dédales de couloirs obscurs : on me faisait comprendre avec diplomatie que je n’avais pas vraiment le choix. Ils voulaient me voir, ah ! « Ils » ! Combien ? Si cet endroit servait de quartier général à la résistance contre le royaume, il était certain que des dizaines, peut-être des centaines de personnes étaient cachées dans ces entrailles qui m'avaient accueilli alors que j'étais aux portes de la mort. C’était immense, je le savais. Peut-être était-ce ce que j’avais perçu lorsque mon âme sortait de son réceptacle de chair ou peut-être était-ce tout simplement cette impression paradoxale de claustrophobie face aux choses trop immenses. Londres noircissait de son ombre les plaines et les mers dominées par le palais royal qui s’apparentait à une montagne à la poursuite des nuages. La demeure des De Mähleg s’étendait sûrement sur les cieux et dans les catacombes de l’ancienne citée légendaire. Cet univers qui était le mien, c’était un enfer de mécanismes, de rouages, de vapeur et de vie. Y avait-il une ville comparable à celle-ci de par le monde ? Le monde… trop immense pour être cartographié. Voyager était une quête sans fin sur cette terre. Mais qui pouvait songer à ces choses ici ? Le reste du monde en dehors du royaume était inconnu pour tous ces gens. Ils ne savaient même pas contre quels pays ils se battaient et si ces derniers existaient vraiment. Le moindre étranger leur apparaissait comme une créature venu d’une autre dimension…
Ces pensées me firent réaliser avec stupéfaction que tous ceux que j’avais vus dans ce manoir, hormis Lyla, venaient sûrement d’autres terres, étrangères à celles du royaume. Leur physionomie, leur accent, leurs connaissances, tout cela convergeait dans ce sens. Il y aurait donc d’autres peuples qui se soulèveraient contre la tyrannie que nous subissions ?
Anastasia venait sans doute des régions polaires et Kangistar devait être un voyageur, un homme ne vivant que pour l’aventure. Ils étaient sûrement venus à Londres dans un but précis… Merde, j’aurais mieux fait de réfléchir à tout cela au lieu de passer mes nuits et mes jours à graver les pensées qui m’obsédaient sur ce papier torturé par ma plume. Il fallait que je remédie à cette lacune : je devais en savoir plus sur ce manoir et ses habitants.
[ Note de l'auteur : la musique du début prête bien sûr à interprétation. Je vous invite à regarder le clip et à deviner qui peuvent incarner les deux chanteurs ]
Commentaires
- Droran
08/07/2012 à 18:48:41
Bien sympa
- Sheyne
08/07/2012 à 12:41:00
Gregor qui critique alors qu'il a même pas lu
Suite ! Quelques fautes, rien de bien méchant ! - Gregor
08/07/2012 à 11:30:13
Ne t'en fais pas, je compte bien lire. Les rares phrases que j'ai survolés me semblaient bien écrites, peut-être un chouïa lourde parfois ...