Note de la fic :
Publié le 05/07/2011 à 23:10:46 par Conan
Lundi 8 juin 2015.
Une chaleur d'été règne sur Paris. La ville en cuvette est ralentie par la lourdeur de l'atmosphère. Mais ça n'empêche pas les travailleurs de finir la construction de la tranchée Saint-Germain. Tout le monde met la main à la pâte pour la phase finale, même les chefs.
Nous finissons de creuser, installons les derniers sacs de sable, apportons les lourdes poutres de bois qui maintiendront les tunnels servant d'abris pour les occupants de cette immense tranchée de 3 kilomètres de long pour 15 mètres de large.
Certes, le confort y est Spartiate. Par terre, c'est de la glaise. Pour accéder aux postes de tir il n'y a que des échelles craquelantes ou des caisses de bois. Il n'y a pas de sac de sables ou de barricades partout. Parfois la tranchée est plus élevée, d'autres fois plus basse. Mais l'ensemble est plutôt satisfaisant.
Les casemates de pavés et les blockhaus de ciment et de béton à l'intérieur desquels sont installés des mitrailleuses et des lance-roquettes parcourent la tranchée.
Il est vrai que les loyalistes ont tenté de nous empêcher de finir nos fortifications. C'est d'ailleurs pour ça que nous avons eu un léger retard. Mais leurs obus et leurs bombes n'ont ni détruit notre ouvrage ni abordé notre moral. Certes, il y a parfois eu du dégât, de la fatigue, des pertes, mais nous avons tous tenu bon et avons réussi tant bien que mal à monter la Tranchée Saint-Germain. Les ennemis étaient vraisemblablement encore trop affaiblis par leur assaut avorté du 22 mai pour tenter des attaques directes contre nous.
En outre, j'ai reçu hier un appel radio des vendeurs d'armes Belges m'indiquant que le rendez-vous aura lieu en Alsace, une zone qui nous est acquise depuis un certain temps car c'est toujours là-bas que les futures recrues de Jack s'entrainent.
Le plus dur ne sera pas de sortir de la capitale, mais bien d'y rentrer. La voie de chemin de fer qui arrivait a Austerlitz ayant été détruite par l'aviation ennemie après le détournement du train de marchandises qui nous avait amené des lance-roquettes, seule la voie routière est possible. Et avec plusieurs milliers d'armes et de munitions, la tâche ne sera pas aisée. L'endroit précis me sera communiqué en langage codé via une liaison à très basse fréquence.
La tranchée étant fin prête, l'heure est à la distribution des postes. Les sections Beaussant et O'Reilly seront placées dans la tranchée même, au centre. Elles chapeauteront trois sections de partisans, ce qui fait plus de 175 combattants dans les boyaux en plus d'un détachement de la section Resnil et de mes Fantômes. L'autre partie de nos groupes sera placée à des avant postes et barrages à l'est et à l'ouest de la tranchée, plus en avant vers la Seine. En outre la Sorbonne, devant laquelle passe la tranchée, a été réquisitionnée et sert de nouvel état-major.
La seule voie praticable pour le gros des forces ennemies étant les ponts au centre de Paris, les quartiers qui nous font face vont très certainement payer un lourd tribu durant les combats à venir.
Tôt ce matin, nous avons envoyé la Jeune Garde visiter les bâtiments afin d'évacuer les habitants restés chez eux. Les civils sont en effet les grands oubliés de cette guerre alors qu'ils sont censés être la préoccupation principale des révolutionnaires. La Croix Rouge qui opère depuis le début de la guerre, même si elle manque cruellement de moyens, aurait recensé au moins 500 morts de civils depuis le début du conflit rien qu'à Paris. Bien sur, officiellement, tous ces décès sont imputés aux ignobles révolutionnaires de l'ARF. Mais je doute fort que nos grenades artisanales et nos RPG n'aient un pouvoir de destruction aussi élevé que celui des chars et des bombes des ennemis. Bien sûr il ne faut pas se voiler la face, nous avons nous-aussi notre part de responsabilité, ne serait-ce que pour les balles perdues où les obus qui tombent au mauvais endroit.
Ritchie veut absolument reprendre le combat. Cet après-midi, il se présente à moi le bras toujours en écharpe et sa mitrailleuse sur l'épaule.
-Conan, c'est du lourd ce qu'il se prépare, j'veux en être. Me dit-il en sortant son paquet de cigarettes de sa poche avec sa main bandée.
Je lui sort une clope et lui allume pour lui éviter de se faire chier en lui répondant :
-Tu sais ce que c'est une bastos de 7.62? C'est ce que tu t'es pris dans l'épaule. C'est un miracle que ton bras n'ait pas pendouillé en se prenant un truc aussi gros. Si t'avais fait mon gabarit tu serais peut-être crevé à cette heure-ci.
-Justement, je ne le suis pas. J'en ai marre de l'hôpital. Ça pue la viande avariée, j'en serais presque à sniffer de l'éther. Y'a des mecs beaucoup plus amochés qui ont plus besoin d'un lit et de soins que ma pomme. Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour eux.
Je prends un air complice :
-De toutes manières, qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher. Allez, toi et ta mitrailleuse allez dans les ruelles de la zone trois.
-Zone trois?
-Un quartier au nord de la tranchée, dans le vieux Paris. C'est un dédale de rues et d'impasses, impraticable pour les véhicules mais des commandos peuvent aisément s'y infiltrer et percer jusqu'à ici pour foutre le boxon. Une partie de ta section y fait des patrouilles et des partisans tiennent des barrages là-bas. Ça leur fera pas de mal d'avoir un bon chef à leur tête.
Jack arrive seulement quelques secondes après que Ritchie soit parti. Il croise les bras et lève la tête :
-Le temps semble se couvrir. S'il pleut on va patauger dans la bouillasse.
Je lui tape sur l'épaule :
-Pas moi! Je vais rejoindre mon avant-poste. Je te laisse t'occuper de tout ici.
-Ça roule. Préviens-moi en cas de problème. C'est quand qu'on alterne?
-Dans 24 heures. Bonne soirée.
-Toi aussi.
Je prends mon pistolet-mitrailleur qu'on pourrait qualifier de vulgaire face aux armes de dernière génération que les contractors ont en main et me dirige vers le barrage tenu pas une quinzaine de mes hommes. Ils font les cent-pas et scrutent l'horizon derrière leurs fils de fer barbelés et les hérissons Tchèques de fortune qu'ils ont fabriqué avec des reste de tôle et de carcasses métalliques.
Assis derrière un muret, mon mitrailleur me tend sa flasque de whisky.
-Tenez chef, on va en avoir besoin.
-Qu'est-ce qu'il se passe?
-Un éclaireur a vu pas mal de mouvement de l'autre coté. Ça va bouger c'te nuit.
-Qui t'a dit ça?
Il me fait un signe de tête vers le groupe :
-Lézard.
Je marche vers Lézard, assis sous un porche avec deux de ses camarades. Son corps et son visage sont recouverts de tatouages, d'où le surnom.
-Lézard.
-Chef?
-C'est toi qui est parti en reco?
-Affirmatif.
-Je n'en ai pas donné l'ordre.
-Mais la fin justifie les moyens chef.
-Raconte-moi un peu.
-Gros mouvements de troupes. J'ai pas vu de véhicules mais de la piétaille à tire-larigot. Pas un seul troufion dans le tas, juste une bande de mercenaires. Il me semble qu'ils parlaient Anglais.
-Ils allaient vers où?
-Chef, sauf votre respect, j'allais pas rester planté là et leur demander ce qu'ils comptaient faire de leur soirée. Mais je dirais qu'ils vont tenter des infiltrations derrière nos lignes.
-D'accord. Rien d'autre?
-Non chef.
-Merci. Bon les mecs, vous finissez vos clopes et plus question d'en griller une ou d'ouvrir vos gueules de la nuit. État d'alerte maximal jusqu'à l'aube. Pas de lumière.
Je me tourne vers mon opérateur-radio, un petit gars aussi chétif que rapide.
-Mets-moi en liaison avec Jack et Ritchie.
La nuit promet d'être longue.
Une chaleur d'été règne sur Paris. La ville en cuvette est ralentie par la lourdeur de l'atmosphère. Mais ça n'empêche pas les travailleurs de finir la construction de la tranchée Saint-Germain. Tout le monde met la main à la pâte pour la phase finale, même les chefs.
Nous finissons de creuser, installons les derniers sacs de sable, apportons les lourdes poutres de bois qui maintiendront les tunnels servant d'abris pour les occupants de cette immense tranchée de 3 kilomètres de long pour 15 mètres de large.
Certes, le confort y est Spartiate. Par terre, c'est de la glaise. Pour accéder aux postes de tir il n'y a que des échelles craquelantes ou des caisses de bois. Il n'y a pas de sac de sables ou de barricades partout. Parfois la tranchée est plus élevée, d'autres fois plus basse. Mais l'ensemble est plutôt satisfaisant.
Les casemates de pavés et les blockhaus de ciment et de béton à l'intérieur desquels sont installés des mitrailleuses et des lance-roquettes parcourent la tranchée.
Il est vrai que les loyalistes ont tenté de nous empêcher de finir nos fortifications. C'est d'ailleurs pour ça que nous avons eu un léger retard. Mais leurs obus et leurs bombes n'ont ni détruit notre ouvrage ni abordé notre moral. Certes, il y a parfois eu du dégât, de la fatigue, des pertes, mais nous avons tous tenu bon et avons réussi tant bien que mal à monter la Tranchée Saint-Germain. Les ennemis étaient vraisemblablement encore trop affaiblis par leur assaut avorté du 22 mai pour tenter des attaques directes contre nous.
En outre, j'ai reçu hier un appel radio des vendeurs d'armes Belges m'indiquant que le rendez-vous aura lieu en Alsace, une zone qui nous est acquise depuis un certain temps car c'est toujours là-bas que les futures recrues de Jack s'entrainent.
Le plus dur ne sera pas de sortir de la capitale, mais bien d'y rentrer. La voie de chemin de fer qui arrivait a Austerlitz ayant été détruite par l'aviation ennemie après le détournement du train de marchandises qui nous avait amené des lance-roquettes, seule la voie routière est possible. Et avec plusieurs milliers d'armes et de munitions, la tâche ne sera pas aisée. L'endroit précis me sera communiqué en langage codé via une liaison à très basse fréquence.
La tranchée étant fin prête, l'heure est à la distribution des postes. Les sections Beaussant et O'Reilly seront placées dans la tranchée même, au centre. Elles chapeauteront trois sections de partisans, ce qui fait plus de 175 combattants dans les boyaux en plus d'un détachement de la section Resnil et de mes Fantômes. L'autre partie de nos groupes sera placée à des avant postes et barrages à l'est et à l'ouest de la tranchée, plus en avant vers la Seine. En outre la Sorbonne, devant laquelle passe la tranchée, a été réquisitionnée et sert de nouvel état-major.
La seule voie praticable pour le gros des forces ennemies étant les ponts au centre de Paris, les quartiers qui nous font face vont très certainement payer un lourd tribu durant les combats à venir.
Tôt ce matin, nous avons envoyé la Jeune Garde visiter les bâtiments afin d'évacuer les habitants restés chez eux. Les civils sont en effet les grands oubliés de cette guerre alors qu'ils sont censés être la préoccupation principale des révolutionnaires. La Croix Rouge qui opère depuis le début de la guerre, même si elle manque cruellement de moyens, aurait recensé au moins 500 morts de civils depuis le début du conflit rien qu'à Paris. Bien sur, officiellement, tous ces décès sont imputés aux ignobles révolutionnaires de l'ARF. Mais je doute fort que nos grenades artisanales et nos RPG n'aient un pouvoir de destruction aussi élevé que celui des chars et des bombes des ennemis. Bien sûr il ne faut pas se voiler la face, nous avons nous-aussi notre part de responsabilité, ne serait-ce que pour les balles perdues où les obus qui tombent au mauvais endroit.
Ritchie veut absolument reprendre le combat. Cet après-midi, il se présente à moi le bras toujours en écharpe et sa mitrailleuse sur l'épaule.
-Conan, c'est du lourd ce qu'il se prépare, j'veux en être. Me dit-il en sortant son paquet de cigarettes de sa poche avec sa main bandée.
Je lui sort une clope et lui allume pour lui éviter de se faire chier en lui répondant :
-Tu sais ce que c'est une bastos de 7.62? C'est ce que tu t'es pris dans l'épaule. C'est un miracle que ton bras n'ait pas pendouillé en se prenant un truc aussi gros. Si t'avais fait mon gabarit tu serais peut-être crevé à cette heure-ci.
-Justement, je ne le suis pas. J'en ai marre de l'hôpital. Ça pue la viande avariée, j'en serais presque à sniffer de l'éther. Y'a des mecs beaucoup plus amochés qui ont plus besoin d'un lit et de soins que ma pomme. Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour eux.
Je prends un air complice :
-De toutes manières, qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher. Allez, toi et ta mitrailleuse allez dans les ruelles de la zone trois.
-Zone trois?
-Un quartier au nord de la tranchée, dans le vieux Paris. C'est un dédale de rues et d'impasses, impraticable pour les véhicules mais des commandos peuvent aisément s'y infiltrer et percer jusqu'à ici pour foutre le boxon. Une partie de ta section y fait des patrouilles et des partisans tiennent des barrages là-bas. Ça leur fera pas de mal d'avoir un bon chef à leur tête.
Jack arrive seulement quelques secondes après que Ritchie soit parti. Il croise les bras et lève la tête :
-Le temps semble se couvrir. S'il pleut on va patauger dans la bouillasse.
Je lui tape sur l'épaule :
-Pas moi! Je vais rejoindre mon avant-poste. Je te laisse t'occuper de tout ici.
-Ça roule. Préviens-moi en cas de problème. C'est quand qu'on alterne?
-Dans 24 heures. Bonne soirée.
-Toi aussi.
Je prends mon pistolet-mitrailleur qu'on pourrait qualifier de vulgaire face aux armes de dernière génération que les contractors ont en main et me dirige vers le barrage tenu pas une quinzaine de mes hommes. Ils font les cent-pas et scrutent l'horizon derrière leurs fils de fer barbelés et les hérissons Tchèques de fortune qu'ils ont fabriqué avec des reste de tôle et de carcasses métalliques.
Assis derrière un muret, mon mitrailleur me tend sa flasque de whisky.
-Tenez chef, on va en avoir besoin.
-Qu'est-ce qu'il se passe?
-Un éclaireur a vu pas mal de mouvement de l'autre coté. Ça va bouger c'te nuit.
-Qui t'a dit ça?
Il me fait un signe de tête vers le groupe :
-Lézard.
Je marche vers Lézard, assis sous un porche avec deux de ses camarades. Son corps et son visage sont recouverts de tatouages, d'où le surnom.
-Lézard.
-Chef?
-C'est toi qui est parti en reco?
-Affirmatif.
-Je n'en ai pas donné l'ordre.
-Mais la fin justifie les moyens chef.
-Raconte-moi un peu.
-Gros mouvements de troupes. J'ai pas vu de véhicules mais de la piétaille à tire-larigot. Pas un seul troufion dans le tas, juste une bande de mercenaires. Il me semble qu'ils parlaient Anglais.
-Ils allaient vers où?
-Chef, sauf votre respect, j'allais pas rester planté là et leur demander ce qu'ils comptaient faire de leur soirée. Mais je dirais qu'ils vont tenter des infiltrations derrière nos lignes.
-D'accord. Rien d'autre?
-Non chef.
-Merci. Bon les mecs, vous finissez vos clopes et plus question d'en griller une ou d'ouvrir vos gueules de la nuit. État d'alerte maximal jusqu'à l'aube. Pas de lumière.
Je me tourne vers mon opérateur-radio, un petit gars aussi chétif que rapide.
-Mets-moi en liaison avec Jack et Ritchie.
La nuit promet d'être longue.
Commentaires
- Yankee-Six
11/07/2011 à 15:16:10
Mais la j'ai l'impression que tu t'embourbes. C'est juste de la guérilla (bien décrite au passage) mais aucune évolution dans le scénario. Je ne vois pas vraiment sur quoi cela peut déboucher, mais je te fais confiance.