"Tu n'es jamais venu me voir. "

"Et tu ne m'as jamais appelé. "

" Te fous pas de moi. Tu m'as laissé tomber, alors que tu étais au courant de ma condition. "

"C'est justement parce que j'étais au courant de ta condition, tant mentale que physique, que je ne suis pas venu. Tu devais surmonter ça seul. C'était peut-être ça, la solution pour apaiser tes visions. Tu as tout laisser s'extérioriser, tu as vu le résultat, puis la rédemption a fini par te gagner. "

" Décidément, la structure de ton baratin fumant n'a toujours pas changée. Des mots pour essayer de me déstabiliser et me faire réagir. Tu sais que je sais déjà tout ça et que je l'ai envisagé, et tu me le dessers pour essayer de m'autopersuader. Je suis peut-être taré... Va savoir. Mais je ne suis pas le dernier des cons. Arrête de me parler comme si j'avais besoin de soins, ou je ne sais pas quoi. J'ai appris à me gérer. Je viens te demander conseil, là. "

" Et bah... Tu veux que je te dise quoi, franchement ? Ca va faire trois ans qu'on ne s'est pas vus. Ta manie à ne rien laisser au hasard est toujours présente, et maintenant tu me parles d'un amour, cette fille, Gwen, qui t'obsède alors que tu ne la connais pas... Tu veux vraiment un conseil ? Va pointer aux intérims, cherche un emploi, stabilise-toi et oublie cette inconnue, ça te passera. Change ta façon de vivre. Chaque journée, fixe-toi un objectif à atteindre le matin, et le soir, arrange toi pour l'avoir accompli. Sors, vois des gens, change-toi les idées. Vis. Tu n'as pas besoin de moi pour savoir ça, en plus que je commence à me faire vieux pour ce genre de choses... Le temps ne m'épargne pas, et on est jeune qu'une fois. "

"Tu continues d'être dans ma tête, Ben. Putain, que je hais les psys... "

"... T'as bien changé, Blue. "

"Toi aussi, Ben. Je te faisais confiance. "

Ainsi se termine ce dialogue aussi peu descriptif que froid. Posant quelques billets sur sa table, je quitte le cabinet sans même un au revoir. Et il devait prendre cela comme un adieu. Ce n'est pas à moi d'être pardonné, c'est plutôt à moi de les pardonner de ne pas m'avoir rendu visite. Mais je ne le ferai pas, ils ne méritent pas le pardon. Ont-ils été cléments avec moi avant ma détention ? Tous, tous mes amis, un retournement de veste massif. Ben m'a déçu, réellement. Mais peut importe, tant qu'un subsiste malgré tout. Quoi qu'il en soit, le soleil n'est même pas encore aligné. Il n'est qu'onze heure du matin. J'ai toute la journée pour accomplir mon objectif.

Et aussi stupide soit-il, le voilà choisi. J'ai repéré un blondinet adolescent vêtu d'un t-shirt jaune arborant un dessin de taureau noir, puis un jeans pour le bas. L'espace d'une journée, ce garçon est une partie de ma vie, et elle commence maintenant.