Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Bleu Méthylène


Par : MassiveDynamic
Genre : Sentimental, Action
Statut : Terminée



Chapitre 23 : Couleur Morte


Publié le 30/04/2010 à 18:04:53 par MassiveDynamic



Après quelques trajets en bus et quelques ruelles étroites, je pense que ce jeune homme n'était pas stupide. Il savait que je le suivais depuis maintenant deux bonnes heures et me le fit remarquer en essayant de me semer et en accélérant le pas. C'est finalement à l'entrée de la réserve naturelle de la ville, complètement en forêt, que le blondinet stoppa le pas brusquement pour me faire face et prendre si bien un air qu'un ton menaçant.

"Arrête tout de suite de me suivre, pauvre taré ! Je t'ai remarqué depuis le centre ville et depuis t'es toujours dans mon dos. Tu cherches quoi, au juste ?! "

Dit-il précipitamment, le poing fermé et visiblement prêt à imploser.

"Du calme... "

Et là, sans trop savoir pourquoi, alors qu'une faible brise se levait calmement et que le soleil était à son zénith, je me suis mis à lui raconter ma vie. Si l'envie de m'interrompre pour me traiter de taré l'avait sûrement taquinée au début, il se résigna bien vite à m'écouter parler. Pendant 10, 20, 30 minutes. Je lui ai tout raconté, de ma première crise à la finition de mon autobiographie. Bien entendu, nous ne sommes pas restés statiques. Lui et moi avons commencé à marcher côte à côte dès lors qu'il montra de l'intérêt pour mon récit, le ponctuant de temps à autre de questions. Et c'est là toute la beauté de la vie, d'une vie, et des pouvoirs dont l'Homme est doté.

Cet inconnu d'il y a à peine quelques heures est désormais un ami en devenir, et quelqu'un de visiblement très intéressant. Ses yeux pétillants montraient clairement un intérêt clairement visible à mon égard.

"Blue... ce que tu as vécu... Putain, mais c'est incroyable ! T'es génial ! Tu te rends pas compte de tout ce que tu as fait et de tout le courage dont tu es pourvu ! Franchement, à ta place... j'aurais déjà sauté d'un pont depuis des lustres. Et ton idée d'autobiographie... dès que ton projet se lancera, je veux être le premier à en posséder un exemplaire. Tu as tout à fait raison, le monde doit savoir pour toi. Du moins, même si peu de personnes te croiront, moi je te crois ! "

Il affichait un sourire plein d'innocence. Loin de l'image du jeune adolescent impulsif qu'il a voulu me montrer tout à l'heure. Sa gentillesse et sa franchise étaient tellement... franches... que ça sonnait presque faux. J'ai vécu tellement de crasses que j'ai du mal à me dire qu'il existe encore des gens qui en valent la peine ici bas. Et pourtant c'est un adolescent qui s'efforce de me prouver le contraire.
A une époque, j'aurais très certainement pensé que ce jeune adolescent bien trop gentil était en fait un doppel me tendant un piège... Force est de constater que comme l'a dit Ben, j'ai changé. J'ai su changer.

"J'ai beaucoup parlé de moi, mais toi, tu restes une personne à découvrir... Parle-moi plutôt de toi, ça fait tellement longtemps que je n'ai plus entendu quelqu'un me parler normalement !"

Disais-je, amusé.

"Boarf, ma vie n'est pas aussi passionante que la tienne..."

Peste-il.

" J'ai 17 ans, je suis en première L. J'aime la musique et je joue du piano depuis 8 ans. A part ça... bah, banalité quoi. Mais je me dis qu'une fois majeur et plein d'argent, je pourrais enfin voyager à travers le monde ! "

Amusant. Ce gosse me rappelait moi-même, quand j'avais son âge. Aspirant à gagner beaucoup dans un métier qui me passionnerait, puis voyageant le monde, découvrant les beautés de mère nature. Ce à quoi Tom aspire toujours d'ailleurs. Et le monde entier y a probablement déjà pensé. Chaque personne a une liberté définie mais délimitée par des barrières invisibles, et chaque personne cherche à élargir cette liberté par un faux sentiment de liberté sur-augmenté par le voyage, l'argent, l'ascension sociale... La plupart des gens se résignent à ce dire que ça n'était que des rêves de gosses et que ceux qui réussissent sont déjà issus de familles bien aisées... Faux. Persévérance est le maître mot à la clé de la liberté.

"Je vois. Si je peux me permettre un conseil, crois-en tes rêves, et surtout, fais en sorte qu'ils deviennent réalité. Ne te relâche jamais et donne-toi au maximum pour réussir. Enfin, surtout, ne laisse pas tout tomber. Ne fais pas mon erreur. "

Nous nous étions installés sur une plaine, yeux rivés vers le ciel, observant un ciel bleu magnifique et sans nuages, à nouveau.

"Dis... J'ai bien compris que tu m'as suivi sous les conseils de ce Ben, là, ton psy, mais, au fond de toi... Qu'est ce qui t'as vraiment motivé... ? "

Les yeux à présent fermés, je laisse les mots venir à moi et parle avec aisance.

"Le changement. Le besoin d'aller vers les gens, de les observer, de découvrir leur petite vie à eux aussi l'espace d'une journée. "

"...D'une journée... ? Tu veux dire que... ? "

"Oui. Dès que le soleil se sera couché, toi et moi reprendront nos vies comme si nous ne nous étions jamais rencontré. Mais pour moi, chaque rencontre restera gravée dans ma mémoire. "

Je sens sa main sur mes épaules.

"Quoi ? Attends, tu ne peux pas juste m'ignorer après ça ! Tu voulais rencontrer des gens, tu m'as rencontré, non ? On a partagé cette journée ensemble, on peut très bien vivre notre vie en gardant contacte et en devenant au moins des connaissances !"

"Non. Ce qui fait de cette journée une journée unique, c'est qu'elle restera unique, justement. Si je te revois par la suite, si je fais de toi mon ami, je perdrais la saveur de cette journée que nous aurions alors passé ici, toute la magie s'envolerait, tu comprends ? Quelque chose de rare est forcément quelque chose de recherché. Toi, je t'ai recherché, suivi, et à présent, cette journée si précieuse, nous sommes en train de la créer, et nous n'en sommes qu'à sa moitié. Même si tu ne me reverras plus par la suite, à l'instant présent, tu es avec moi. C'est ce qui compte, non ? Le présent. Rien à foutre, du futur. "

Le blond avait du mal à comprendre ma philosophie, mais qu'importe. Il devait au moins avoir une idée de ce que je sous-entendais, puisqu'il acquiesça calmement, après ma petite tirade. Et j'en profitais pour ouvrir les yeux. C'est vrai, pourquoi déprimer, il fait un soleil radieux au beau milieu de nul part, et cette journée ne fait que commencer. J'ai encore beaucoup à apprendre de lui, mon compagnon d'un jour.


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